04 novembre 2025

Plantes en Asie du Sud


Livre numérique

L'album Plantes en Asie du Sud présente une sélection de photos de plantes de l’Asie méridionale, une région regroupant ces huit pays : Afghanistan, Pakistan, Inde, Népal, Bhoutan, Bangladesh, Sri Lanka, Maldives.

Les plantes sélectionnées ont été photographiées dans les jardins thématiques et les serres du Jardin botanique de Montréal. Par ailleurs, ces photos donnent un aperçu de la diversité et de la richesse des collections végétales du Jardin botanique de Montréal.

Chaque espèce photographiée est ainsi identifiée : nom vernaculaire en français, nom vernaculaire en anglais, nom scientifique en latin (genre et épithète spécifique et, s’il y lieu, sous-espèce ou variété), nom scientifique de la famille botanique en latin. Les noms scientifiques sont écrits en italiques.

Les 322 espèces, sous-espèces et variétés figurant dans l’album sont regroupées sous 94 familles botaniques, dont celles-ci qui en dénombrent le plus : Apiacées, Aracées, Astéracées, Fabacées, Lamiacées, Malvacées, Orchidacées, Poacées, Polygonacées, Rosacées.

Les données sur les espèces proviennent des étiquettes du Jardin botanique de Montréal, sauf certains noms vernaculaires anglais. Des synonymes sont insérés entre crochets. Les noms scientifiques des familles sont uniformisés d’après la base de données Plants of the World Online.

Les photographies peuvent être consultées en haute résolution sur le site Le monde en images. L’album photos est ainsi complété : noms traditionnels de huit familles botaniques, références (photographies, ressources, documentation), index des familles botaniques, index des noms latins, note sur le droit d’auteur.

Référence

Plantes en Asie du Sud

Ce livre numérique gratuit peut être reproduit d’une façon identique à des fins non commerciales.

Article connexe

Albums botaniques

02 novembre 2025

Le mystère Jérôme Bosch / Peter Dempf


Sans dévoiler l’intrigue du roman intitulé Le mystère Jérôme Bosch, voici un aperçu du récit et de la structure narrative de cette œuvre de fiction composée par Peter Dempf.

Aperçu

Le Jardin des délices (1490-1500), célèbre triptyque peint par Jérôme Bosch (1450-1516), est profané au Musée du Prado.

À la suite de cet outrage, quatre personnages entrent en scène : Michael Keie, spécialiste de la restauration, Antonio de Nebrija, historien de l’art et factotum au Musée du Prado, Grit Vanderwerf, psychologue et physiothérapeute; Braerle, accusé du méfait.

En observant des photos du tableau prises par Michael Keie, qui a utilisé la technique de réflectographie infrarouge, Antonio de Nebrija découvre des inscriptions secrètes maintenant visibles sur deux parties vandalisées du tableau. L’analyse du triptyque occupe une place significative tout au long du récit.

L’intrigue du roman porte sur le mobile du malfaiteur. Pour justifier son geste, Braerle évoque un manuscrit rédigé par Petronius Oris en 1511, dans les cachots de la Sainte Inquisition à Bois-le-Duc, dans le duché du Brabant. Mis en abyme, le dévoilement progressif du contenu de ce manuscrit est d’une importance cruciale.

Structure narrative

L’ouvrage compte trois sections [sous-titres ajoutés] :

I – Au commencement était le Verbe…

Tableau vandalisé (chapitres 1-3)
Bois-le-Duc au 16e siècle (chapitres 4-31)
Figures énigmatiques (chapitres 32-34)

II – Dans le jardin des délices…

Message crypté (chapitres 35-37)
Bois-le-Duc au 16e siècle (chapitres 38-56)
Interprétations hypothétiques (chapitres 57-60)

III – Et ils croquèrent le fruit défendu…

Signe indicatif (chapitres 61-63)
Bois-le-Duc au 16e siècle (chapitres 64-73)
Révélation (chapitres 74-76)

À l’image du triptyque de Jérôme Bosch, cette structure narrative du roman est symbolique.

Postface

Dans la postface, Peter Dempf souligne «que, dans un roman, la réalité décrite est toujours une interprétation issue de l’époque dans laquelle nous vivons». Ensuite, il résume «les rares faits avérés dont nous disposons sur la vie de Bosch».

Appréciation

Peter Dempf fait preuve de beaucoup d’imagination. Par ailleurs, il maîtrise bien l’art du suspense.

Référence

Dempf, Peter. – Le mystère Jérôme Bosch. – Traduit de l’allemand par Joël Falcoz. – Paris : Le cherche midi, 2018 © 2007. – 541 p. – (Collection Pocket, n° 17160). – ISBN 978-2-22628287-1. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ [édition 2017] : DEM Pet my ; Dempf D3891m.

Image

Le Jardin des délices par Jérôme Bosch – (Wikimedia Commons)

La consultation de la reproduction du tableau Le Jardin des délices, en haute résolution, permet d’observer les détails évoqués dans le roman.

Sur la Toile

[ 1 ] Jérôme Bosch (Biographie sur Wikipédia)

[ 2 ] Jheronimus Van Aken, dit Jérôme Bosch (Larousse)

[ 3 ] Jérôme Bosch, faiseur de diables et peintre du destin des hommes (Manuel Jover, Connaissance des arts, 31 octobre 2020)

[ 4 ] Le Jardin des Délices de Jérôme Bosch : entre fascination et interprétations (Une Brève Histoire d’Art, 15 septembre 2024)

[ 5 ] Le Jardin des délices (Jérôme Bosch, 1503) – (Ciné-club de Caen)

[ 6 ] Tríptico del Jardín de las delicias (Museo Nacional del Prado) – [Dates : Le Jardin des délices (1490-1500); Jérôme Bosch (1450-1516)]

Plusieurs vidéos sur Jérôme Bosch et Le Jardin des délices sont affichées sur YouTube, dont celles-ci:

[ 7 ] Jérôme Bosch (1450-1516) – Une vie, une œuvre [2016] (Luc Ponette et Jean-Claude Loiseau, France Culture, 59:47 min, 17 mars 2018)

[ 8 ] Jérôme Bosch (vers 1450-1516) – Peintre du fantastique, Le jardin des délices, par François Martin (UNIA Université Nice inter âges, 22:31 min, 13 mai 2020)

Articles connexes

Tentation de saint Antoine (Bosch)
Le Musée du Prado

26 octobre 2025

Le secret de Van Gogh / Éric Mercier


Dans la librairie Jasmin, située sur la ligne verte du métro, à la station Berri-UQÀM, la couverture du roman policier attire mon attention. Le portrait de Vincent Van Gogh. Le titre du livre. Le petit collant publicitaire : Prix des lecteurs, sélection 2025. Je lis la quatrième page de couverture, qui est captivante. Enfin, je lis une note au début de l’ouvrage : « À propos de l’auteur ». J’achète.



Le roman porte sur deux enquêtes reliées, mais parallèles : l’enquête sur le meurtre d’un riche homme d’affaires à la retraite et la recherche des propriétaires successifs de la peinture des Arlésiennes en promenade, un tableau peint à quatre mains par Paul Gauguin (1848-1903) et Vincent Van Gogh (1853-1890).

L’ouvrage compte plusieurs personnages, dont les deux principaux sont le commandant Frédéric Vicaux, qui fait partie de la Brigade criminelle de Paris, et sa compagne, l’historienne de l’art Anne Naudin.

Le roman est encadré par deux textes originaux : une lettre de Van Gogh à Gauguin, en date du 3 octobre 1888; un extrait du Registre des patients, rédigé par le Dr Théophile Peyron, daté du 9 mai 1889. Le premier texte constitue le prologue, le second suit l’épilogue.

Les 80 chapitres sont répartis en trois parties : L’oreille tranchée (1-25), La tuerie de Vitrolles (26-44) et John May (45-80). Une vingtaine de chapitres sont titrés Anne : 10, 14, 18, 24, 28, 32, 34, 36, 41, 43, 47, 49, 51, 59, 61, 63, 65, 67, 69, 70, 73. Cette distinction souligne les enquêtes parallèles des deux protagonistes.



Le premier chapitre se concentre sur l’assassinat d’un tueur à gages lors d’une opération policière. Les trois chapitres suivants relatent les rebondissements de cette affaire. La dernière ligne du chapitre 80 fait écho à ce fait divers.

L’enquête sur l’assassinat d’un riche homme d’affaires, commis dans le 17e arrondissement de Paris, débute au chapitre 5. Citons la scène de crime décrite par Vicaux : «Autour de nous, des flashs crépitent. Des techniciens glanent des indices – poils, peau, cheveux, terre, fibres textiles – et les glissent dans de petits sacs de plastique numérotés. Sans oublier bien évidemment la quête d’empreintes digitales à l’aide de poudre dactyloscopique et celle d’ADN. La routine.»

C’est un exemple représentatif des descriptions concises et précises qui fourmillent dans le récit.  Les brefs et colorés portraits sont aussi un des traits caractéristiques du roman : «L’homme qui vient de nous ouvrir semble avoir autour de quarante-cinq ans. Maigre comme un danseur anorexique, il se tient légèrement voûté. Le fardeau de son existence serait-il si lourd à porter ? Pour le reste, des cheveux brun foncé, gras et bouchés. Des yeux bleu vif évoquant ceux d’un husky, seule concession aux lois de l’hérédité. Des lèvres fines. Une dentition crénelée. Une cicatrice ancienne sur un menton carré comme une boîte de chaussures. Le tout logé sur un visage au teint crayeux typique des gens qui fument trop.»

Les dialogues sont vifs, quelques fois tranchants lors d’interrogatoires serrés. Ils dynamisent le récit, tout en révélant la personnalité des personnages. Bien sûr, ils sont essentiels au processus d’écriture, au déroulement de l’histoire.



Outre l’intrigue policière, le roman plonge la lectrice ou le lecteur dans le monde de l’art. Le lien entre le meurtre et l’implication de Anne, au sujet des Arlésiennes en promenade, se noue d’ailleurs dès le chapitre 9. Les informations sur les artistes, les œuvres marquantes, la peinture, les matériaux et les styles, entre autres, sont étayées avec minutie. De plus, les méandres du commerce des œuvres artistiques, en France comme à l’étranger, sont dévoilés au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire.

La vie des couples et des familles, des protagonistes comme d’autres personnages, occupe une place significative tout au long du roman. La lectrice ou le lecteur qui aime connaître les sentiments des personnages sauront apprécier cette dimension du roman.

Référence

Mercier, Éric. – Le secret de Van Gogh. – Paris : Les Éditions de La Martinière (EDLM) / HarperCollins, 2025 © 2024. – 347 p. – (HarperCollins Poche, n° 705 Noir). – [Citations : p. 33, 60-61]. – Prix des lecteurs, sélection 2025. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : Nouveauté ; Mercier M5552s.

Image

Portrait de l’artiste (Van Gogh) – (Wikipédia)

18 octobre 2025

Marketing, bibliothèques et services d’information

Sous la direction de Jean-Philippe Accart, les Éditions ISTE viennent de publier Marketing appliqué des bibliothèques et services d’information : dispositifs et évolutions.

Dans l’avant-propos, Jean-Philippe Accart présente les trois objectifs de l’ouvrage : faire le point sur la thématique du marketing au service des bibliothèques, présenter des expériences exemplaires et combler un vide sur ce sujet dans l’édition professionnelle française.

Dans l’introduction, Françoise Geoffroy-Bernard décrit les trois phases de la démarche marketing appliquée au livre : le recueil et l’analyse des informations externes et internes; la clarification de ses objectifs qualitatifs et quantitatifs, de ses cibles et de son positionnement; la mise en jeu de trois paramètres interreliés (lieu, gestion des acquisitions, équipe) par les divers secteurs du livre.

Aperçu

Les trois parties du volume regroupent douze chapitres.

I – L’utilisateur au cœur de la stratégie marketing des bibliothèques

Chapitre 1 – La communication au cœur de l’évolution des enquêtes de satisfaction en bibliothèques. – L’autrice Nelly Sciardis brosse un panorama des évolutions de quelques méthodologies d’enquêtes de publics. À titre d’exemple : l’approche quantitative des données induites, le recueil de données sollicitées, le dispositif Services Publics+.

Chapitre 2 – Le design UX en bibliothèque. – Nicolas Beudon retrace l’origine du terme informatique expérience utilisateur, distingue sa finalité par rapport au marketing et formule la philosophie qui en découle. Les quatre phases du processus adopté sont ensuite détaillées, puis des expériences en bibliothèque sont citées.

Chapitre 3 – Le potentiel de la marque Bibliothèque libéré et infléchissement du déficit de notoriété. – Empruntant le contexte des bibliothèques publiques aux Pays-Bas, Cathelijne Kuiters aborde la problématique de la perception des bibliothèques. Approche théorique, organisation et législation du réseau des bibliothèques néerlandaises, expériences terrain, sont illustrées.

Chapitre 4 – Comportements des publics, parcours d’achat et omnicanalité. – Au point de départ, Arnaud Dufour évoque l’émergence de la société d’information et du néolibéralisme depuis une trentaine d’années. L’appropriation du marketing à la nouvelle société est considérée ensuite sous ces volets : la caractérisation des usagers, leurs comportements, les multiples canaux utilisés, le caractère global de l’expérience client considéré comme essentiel.

II – L’utilisateur du livre, des bibliothèques et des musées : une cible marketing comme les autres

Chapitre 5 – Le merchandising en bibliothèque. – L’idée d’appliquer des pratiques de commercialisation dans l’agencement des bibliothèques, qui sont généralement des lieux en libre accès et en libre-service, est valorisée par Nicolas Beudon. Cette approche privilégie l’aménagement de l’espace à partir du parcours des usagers, plutôt qu’en fonction des collections.

Chapitre 6 – Le marketing des musées en point d’orgue : entretien avec Jean-Sébastien Belanger. – Quelques sujets abordés lors des échanges animés par Jean-Philippe Accart : les réalisations de JSB au Musée des beaux-arts de Montréal, un musée privé; le contexte québécois du financement public des institutions culturelles et l’autofinancement, notamment grâce à la philanthropie; les stratégies du modèle de la « pyramide de conversion ».

Chapitre 7 – De Lectures à Saison.Culture, quarante ans de revue culturelle professionnelle en Belgique francophone. – Jean-François Füeg détaille l’historique des périodiques destinés d’abord aux bibliothécaires et voués maintenant aux professionnels de toutes les institutions culturelles.

Chapitre 8 – Visibiliser les bibliothèques : une mission cardinale pour Bibliosuisse. – Au point de départ, Amélie Vallontton-Preisig spécifie les buts de Bibliosuisse, une nouvelle association nationale unifiée, créée en 2019. Les activités privilégiées et les moyens utilisés pour atteindre ces buts sont ensuite exposés. L’amélioration de la visibilité des bibliothèques peut être considérée comme bien engagée, malgré les défis à relever et les obstacles à surmonter.

Chapitre 9 – Marketing et marketing digital responsables. – Arnaud Dufour rappelle l’urgence climatique et la récente prise de conscience de la situation catastrophique dans laquelle nous sommes plongés. Compte tenu du dogme néolibéral ayant pour fondement la croissance illimitée, l’auteur identifie des mesures susceptibles de minimiser un tant soit peu les impacts négatifs de la commercialisation, notamment dans les domaines de la communication numérique.

III – Le marketing, domaine à investir pour les professionnels des bibliothèques et de la documentation

Chapitre 10 – Du marketing au marketing digital. – Arnaud Dufour traite de l’écosystème numérique : les implications de la transformation numérique, les canaux de communication et d’interaction numériques, les actions de conversion spécifiques aux bibliothèques, les mesures de performance, la maîtrise de logiciels et de services infonuagiques congruents, la direction et les ressources humaines, les outils dynamiques (veille, sites, infolettres, médias sociaux, moteurs de recherche, annonces, intelligence artificielle).

Chapitre 11 – Le bibliothécaire documentaliste « marketeur » : quelles compétences et formations ? – Véronique Mesguich rappelle la diversité des métiers concernant la commercialisation, y compris dans les milieux documentaires. Les compétences visées, développées et maîtrisées sont très diverses. L’autrice termine son exposé en abordant la formation initiale et continue des professionnels des bibliothèques et de la documentation, tout en soulignant les apports possibles des intelligences artificielles génératives.

Chapitre 12 – Marketing et intelligences artificielles. – Arnaud Dufour aborde ces volets : les grandes étapes historiques de l’intelligence artificielle (IA) et de l’intelligence artificielle générative (IAG), des applications des IAG dans les divers domaines du marketing, les coûts associés et l’emprise hégémonique de quelques entreprises américaines, l’impact sur l’environnement, l’insertion d’annonces commerciales dans les moteurs de recherche, les nouvelles médiations sur la communication humaine et celles des organisations.

Conclusion

Jean-Philippe Accart dégage les apports significatifs de ces exposés quant à l’utilisation du marketing dans différents secteurs, dont ceux des bibliothèques et services d’information.

Compléments

La table des matières est insérée au début du livre, les notices biographiques des auteurs après l’avant-propos. Alors que les exposés sont suivis d’une bibliographie, une bibliographie générale et rétrospective est présentée en annexe. Un glossaire, la liste des auteurs et l’index complètent l’ouvrage.

Appréciation

Les exposés présentent d’une façon bien structurée, claire et factuelle les différentes facettes du marketing. Par ailleurs, les nombreuses références bibliographiques citées suscitent leur approfondissement.

Les décideurs et les professionnels des bibliothèques et services d’information, les professeurs et formateurs en bibliothéconomie et techniques documentaires, ainsi que les étudiants en bibliothéconomie et sciences de l’information, sauront tirer profit de la consultation de ce livre.

Références

Accart, Jean-Philippe, dir. – Marketing appliqué des bibliothèques et services d’information : dispositifs et évolutions. – Londres : ISTE Group, 2025. – 192 p. – (Systèmes d’information, web et société / Série : Bibliothèques et collections numériques). – ISBN papier : 978-1-8361-2032-2 ; ISBN numérique au format PDF : 978-1-8361-3032-1. – BAnQ : à venir.

Antidote (Montréal : Druide, 2025) :

« Définitions de marketing, nom masculin
COMMERCE
● Ensemble des techniques et méthodes basées sur la connaissance des besoins du consommateur et des structures du marché et utilisées pour développer les ventes d’un produit ou d’un service.
● Dans une organisation, personnel chargé de ces techniques et méthodes. »

Article connexe

Pour une analyse « marketing » de la bibliothèque (Jean-Marc Fontaine et Marie Brisebois-Mathieu, Documentation et bibliothèques, Volume 20, numéro 4, décembre 1974, p. 190–196)

Auteur (site, publications)

Jean-Philippe Accart (site dédié aux professionnels de l’information-documentation)

2023 – Le Métier de documentaliste - 5e édition
2021 – Les stratégies de transformation des bibliothèques
2018 – Personnaliser la bibliothèque
2016 – Les 500 mots métiers
2016 – La médiation à l’heure du numérique
2015 – Le Métier de documentaliste - 4e édition
2014 – Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information
2012 – Mémento de l’information numérique
2010 – Communiquer !
2008 – Les services de référence
2008 – Le Métier de documentaliste - 3e édition

11 octobre 2025

Ressources documentaires sur l’intelligence artificielle


Guides (Bibliothèques - Éducation - Lexique - Autres thèmes)

Bibliothèques

Association des bibliothèques de recherche du Canada (ABRC) / Intelligence artificielle générative

BnF / L'intelligence artificielle à la BnF

BnF / L’intelligence artificielle au service de la Bibliothèque et de ses usagers

ENSSIB / IA et les métiers de l'information, de la documentation et des bibliothèques

IA & Bibliothèques / Blogue et applications

OCLC / Des avancées significatives

Université Laval / Intelligence artificielle et transformation des métiers de la gestion documentaire (Steve Jacob, Seima Souissi et Charlie Martineau)

Université Laval / Outils d’intelligence artificielle (IA) en recherche documentaire

Éducation

Cégep Limoilou / Bien utiliser l’intelligence artificielle générative (IAG)

École branchée / L’intelligence artificielle à l’école : mieux comprendre le guide publié par le ministère de l’Éducation du Québec

École de l’intelligence artificielle en santé (ÉIAS) / Référentiel de compétences pour l’intégration de l’IA en santé

ÉTS / IA Générative : concepts de base, ChatGPT et plus

Gouvernement du Québec / L’utilisation pédagogique, éthique et légale de l’intelligence artificielle générative : guide destiné au personnel enseignant

Gouvernement du Québec / Intelligence artificielle en enseignement supérieur

Gouvernement du Nouveau-Brunswick / Le guide d’intégration de l'IA pour les écoles

Polytechnique Montréal / Intelligence artificielle générative en milieu universitaire

UNESCO Chaire et Nantes Université / IA pour les enseignants : un manuel ouvert (Colin de la Higuera et Jotsna Iyer, projet Erasmus + AI4T)

Université Concordia / Exploration rapide de l'IAG : Les essentiels pour le corps professoral

Université d'Ottawa / Guide sur l'intelligence artificielle (IA) générative

Université de Genève / Intelligence artificielle générative: Guide à l'intention de la communauté universitaire

Université de l'Alberta / IA générative : utilisation

Université de Montréal / Guide d’usages de l’intelligence artificielle générative (IAg) pour des tâches pédagogiques en enseignement supérieur

Université de Montréal / Intelligence artificielle générative

Université de Sherbrooke / Intelligences artificielles

Université Laval / L’intelligence artificielle et le monde du livre : Livre blanc (Tom Lebrun et René Audet)

Université Laval / Ressources et outils sur l’IA

Université McGill / IA générative dans l’enseignement supérieur

Université Téluq / Étudier à l'ère de l'IA

UQÀM / IA et enseignement à l’UQAM

UQÀM / L’IA générative en enseignement supérieur dans 11 établissements à Montréal

UQÀM / Intégrer l’IA dans la recherche universitaire

UQÀM / ChatGPT et intelligence artificielle générative

Lexique

Office québécois de la langue française (OQLF) / Une intelligence artificielle bien réelle : les termes de l’IA

Autres thèmes

Barreau du Québec / L’intelligence artificielle générative

Gouvernement de la France / Intelligence artificielle

Gouvernement du Québec / Obligations et encadrement de l'intelligence artificielle pour les organisations publiques

Gouvernement fédéral du Canada / Guide sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative

Gouvernement fédéral du Canada / Petit guide des instructions pour les outils d’IA générative (Banque de développement du Canada, BDC)

HÉC Montréal / L’intelligence artificielle en français pour le monde des affaires

Nations unies / L’intelligence artificielle

Nations unies / Gouverner l’IA au bénéfice de l’humanité : Rapport final

Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique (Obvia) / Guide pratique d’utilisation de l’IA générative pour les municipalités du Québec

Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) / Intelligence artificielle et pratique du génie : les lignes directrices

Sociétés

IVADO / Consortium de recherche, de formation et de mobilisation des connaissances en intelligence artificielle

MILA / Inspirer le développement de l'intelligence artificielle au bénéfice de tous·tes

Articles

« ChatGPT, qu’es-tu? » : portrait de l’intelligence artificielle au Québec (Audrey Houle et Catherine Picard, Première lecture, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec 26 avril 2023)

L’intelligence artificielle dans les bibliothèques (Balises, Bpi, 2023)

Intelligence artificielle (AGBD, Hors-Texte, N° 127, 2024)

Les bibliothèques publiques à l’ère de l’IA : perspectives et enjeux (Monde du livre, 19 août 2025)

Intelligence artificielle (IA) au Canada (L'Encyclopédie canadienne, 10 septembre 2025)

Intelligence artificielle (AI) et perspectives interdisciplinaires (Université d’Ottawa, 20-22 mai 2026)

Colloque international « Les Bibliothèques universitaires à l’épreuve de l’intelligence artificielle » (11-13 février 2026, Dakar, Sénégal) (BBF)

Articles connexes

Tout comprendre (ou presque) sur l’intelligence artificielle

Cappé, Olivier; Marc, Claire; dir. – Tout comprendre (ou presque) sur l’intelligence artificielle. – Avant-propos par Olivier Cappé, directeur de recherche CNRS. – Paris : CNRS Éditions, 2025. – 133 p. – ISBN 978-2-271-15424-8.

Contre-atlas de l’intelligence artificielle

Crawford, Kate. – Contre-atlas de l’intelligence artificielle. Les coûts politiques, sociaux et environnementaux de l’IA. – Traduit de l’anglais (Australie) par Laurent Bury. – Paris : Éditions Zulma, 2023. – 377 p. – ISBN 979-1-0387-0237-0.

Une contre-histoire d’Internet

Tréguer, Félix. – Contre-histoire d’Internet, du XVe siècle à nos jours. – Édition établie par Iris Delhoum. – Montréal : Éditions de la rue Dorion, 2023. – 503 p. – ISBN 978-2-924834-46-6.

03 octobre 2025

Photos d'Hochelaga-Maisonneuve (1860-1960)


Dans leur collection 100 ans noir sur blanc, Les Éditions GID viennent de publier une chronique en images et en textes de l’histoire des anciennes villes et quartiers populaires Hochelaga et Maisonneuve (1860-1960).

Dans cette nouvelle publication, près de 200 photos patrimoniales sont sélectionnées par Daniel Rolland et Sylvain Champagne. Chaque photo est ainsi présentée : titre, description d’une dizaine de lignes, source iconographique.

L’ouvrage compte six chapitres précédés des remerciements, du sommaire et de l’introduction. Le livre ne contient pas de bibliographie et d’index.

L’introduction brosse une fresque historique du territoire d’Hochelaga-Maisonneuve, depuis la Nouvelle-France jusqu’à nos jours. Les époques charnières sont évoquées et plusieurs événements marquants sont soulignés.

À titre d’exemple, citons des illustrations portant sur les différents thèmes retenus par les auteurs.

1. – Des bâtiments et des bâtisseurs

Bâtiments (photos) : Château Dufresne, Bain Morgan [Bain Maisonneuve], Hôtel de Ville de Maisonneuve (Institut du radium), Marché Maisonneuve.

Bâtisseurs (portraits) : Marius Dufresne, Raymond Préfontaine, Joseph Barsalou, Charles-Aimée Reeves, David M. Stewart.

Autres illustrations : première souffleuse (Arthur Sicard), gazomètre (Montreal Light, Heat & Power), Jardin botanique de Montréal (Marie-Victorin, Henry Teuscher), avenue Morgan (Frederick Gage Todd).

2. – Des industries et des patrons

La page couverture du livre et la présentation de ce chapitre rendent hommage aux tisserandes de la filature Hudon où trois grèves ont été déclenchées, en 1880, 1908 et 1937 : «Le courage des tisserandes est honoré par un espace appelé La place des Tisserandes, qui est aménagé devant l’église de La Nativité, afin de perpétuer à jamais la mémoire de ces femmes.» (p. 65) Pour l’année 1875, les conditions de travail (semaine de 64 heures et 45 minutes) et les salaires hebdomadaires des enfants (1,20 $), des femmes (4,50 $) et des hommes (8 $) sont spécifiés à la page 74.

Plusieurs photos de bâtiments rendent compte de l’époque de l’industrialisation d’Hochelaga-Maisonneuve, par exemple celles de ces industries : chaussure, levure, biscuits, tabac, filature de coton, conserves, sucre, bonbonnes d’oxygène, carrière, portes et fenêtres, construction navale.

Les patrons sont des hommes, souvent anglophones, mais deux exceptions sont présentées : Marie-Victoire Du Sault et Lise Watier.

Les images les plus significatives sont assurément celles du vrai monde, les travailleuses et travailleurs anonymes, par exemple, la photo de la page 82 ainsi commentée : «Qu’est-ce qu’ils ont bossé nos ancêtres. Pour une pitance. Pour l’industrie dominante d’Hochelaga-Maisonneuve, celle de la chaussure, c’est atroce.»

3. – Des commerces et des propriétaires

Ce chapitre affiche des photos sur les commerces de proximité et de livraison, par exemple : tabac, bonbons, glace, buanderies (chinoises), pharmacies, épiceries, marchandises sèches (linge et tissus), meubles, feuilles de musique, lait, eau, bois et charbon, quincailleries, eau de Javel.

Le chapitre compte peu de portraits. Celui du grand détective Georges Farah-Lajoie (1876-1941) fait l’objet d’un commentaire sur l’affaire Delorme (1922-1924) et sur sa carrière.

4. – La vie quotidienne et les citadins

Les photos de ce chapitre portent sur des faits divers, par exemple : un macabre assassinat non résolu (1953), l’incendie mortel au chantier de la Vickers (1932), le braquage mortel au tunnel Ontario (1924), la crise du logement et les maisons des vétérans, les jeunes soumis au couvre-feu (1942).

Plusieurs photos relatives à des figures de proue méritent de retenir l’attention : la pionnière du syndicalisme Christine Cadet (1885-1965); Sarah Maxwell (1875-1907), la directrice de l’Hochelaga Protestant School brûlée vive en secourant des élèves; le pharmacien Henry Dart, fondateur de la Grace Dart Home for Destitute Incurables (1907), en l’honneur de sa fille Grace, décédée de la tuberculose en 1898; Gustave Meurling (1824-1911) qui lègue ses biens à la Ville de Montréal pour aider les nécessiteux.

5. – Les églises et les curés

Les photos des trois églises cathédrales : Très-Saint-Nom-de-Jésus, Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga, Très-Saint-Rédempteur.

Des photos reliées à des œuvres sociales : éducation (écoles), santé (Hôpital des varioleux d’Hochelaga), refuge pour femmes (Les Glaneuses), soins aux orphelines et aux vieillards (Hospice de la Providence).

6. – Culture et artistes

Des portraits d’artistes célèbres : Diane Dufresne, Guido Nincheri, La Bolduc [Mary Travers], Alfred Laliberté, Marc-Aurèle Fortin, Jean Duceppe, Gilles Pellerin, Jean Lalonde, Tante Lucille [Lucille Desparois].

Photos d’édifices : Théâtre Granada [Théâtre Denise-Pelletier], Caserne Letourneux, Bain Morgan, École Maisonneuve, Bibliothèque pour enfants [Jeanne-Marguerite Saint-Pierre, assistante-bibliothécaire].

Appréciation

Un album photos captivant. Un livre suscitant l’exploration approfondie de l’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve.

Référence

Rolland, Daniel; Champagne, Sylvain. – Hochelaga-Maisonneuve : dérouler le passé. – Montréal : Les Éditions GID, 2025. – 205 p. – (Collection 100 ans noir sur blanc). – ISBN 978-2-89634-555-7. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 971.428 ROL et 971.42800222 R7493h 2024.

Image

Caserne Letourneux © 2007, Claude Trudel, Le monde en images, CCDMD.

«Pouvez-vous imaginer que la caserne est laissée à l’abandon de 1981 à 2002? Elle est même menacée de disparition. Après des locations successives, c’est devenu en fin de compte le centre d’entraînement du club de soccer l’Impact de Montréal.» (p. 182)

Sur la Toile

Principales sources iconographiques

Archives de Montréal (Ville de Montréal)

Archives du Diocèse de Montréal (Archives diocésaines de la Chancellerie)

Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (AHMHM)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec : Advitam, Collections numériques (BAnQ)

Musée des pompiers de Montréal (APAM)

Musée McCord Stewart

Compléments

Bibliographie – Bibliographie sur l’histoire de Montréal (LHPM, UQÀM)

Biographies – Dictionnaire biographique du Canada (DBC)

Cartographie – Atlas du Québec en Amérique et dans le monde (Plusieurs références à des atlas, cartes et plans de Montréal)

Encyclopédie – Encyclopédie du MEM : Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, une richesse insoupçonnée (Centre des mémoires montréalaises)

Parcours – Mes quartiers : Hochelaga, Maisonneuve (Gilles Beaudry)

Toponymie – Répertoire historique des toponymes (Ville de Montréal)

28 septembre 2025

Furie / Alex Michaelides


À maintes reprises, au cours du récit, le narrateur s’adresse directement à la lectrice ou au lecteur. Saisissons quelques moments de cette pièce en cinq actes, pardon de ce roman policier.

Épigraphe

«Le caractère d’un homme est son destin.» (Héraclite)

Prologue

«Mon histoire est celle du vent. Celui qui balaie les îles grecques. Ce vent grec terrible, imprévisible. Celui qui rend fou.»

«Trois coups de feu, rapprochés». Quelques indices à noter…

ACTE I – 21 chapitres

Chapitre 1. – «L’histoire que je vais vous raconter est celle d’un meurtre. […] Je suis le narrateur de cette histoire – et aussi l’un de ses protagonistes.» Puis, le narrateur précise le but et les sources de son récit.

Le narrateur, dans les chapitres suivants, présente successivement les suspects : Lana Farrar (étoile de cinéma), Kate Crosby (actrice de théâtre), Nikos (gardien de l’île Aura), Elliot Chase (dramaturge, narrateur), Jason (2e mari de Lana), Aghati (gouvernante), Leo (fils de Otto et Lana). Le lecteur connaît maintenant les suspects, mais il ignore encore lequel d’entre eux est la victime…

Chapitre 12 – Intermède : introspection du narrateur.

Suite de l’histoire. – Un pique-nique sur la plage d’Aura, l’armurerie, un souper à Mykonos, une première consommation de cannabis, la soirée après le retour sur l’île.

Chapitre 13. – La scène du crime : la victime.

ACTE II – 22 chapitres

Londres. – Les premiers chapitres relatent les circonstances précédant le séjour en Grèce.

Chapitres 12 et suivants. – Le séjour à l’île d’Aura : les événements précédant le meurtre.

ACTE III – 15 chapitres

Les chapitres 1 à 13. – L’histoire des personnages et de leurs relations dans le milieu du théâtre à Londres, bien avant la tragédie.

La première phrase du chapitre 14 : «Retournons sur l’île, lors de la nuit du meurtre.»

Coup de théâtre.

ACTE IV – 10 chapitres

Rebondissements.

ACTE V – 7 chapitres

Dénouement.

Épilogue

«[…] permettez-moi, avant que nous nous séparions, de vous livrer un dernier récit.»

Appréciation

Un huis clos palpitant, ingénieusement construit.

Références

Livre

Michaelides, Alex. – Furie. – Traduit de l’anglais britannique par Nicolas Saint-Jean. – Paris : Calmann-Lévy, 2025 © 2024. – 352 p. – (Le Livre de Poche, n° 37955). – ISBN 978-2-253-25011-1. – [Citations : Prologue, p. 12; Acte I, p. 15; Acte III, p. 267; Épilogue : p. 348]. – Prix des lecteurs, sélection 2025.

Auteur

Alex Michaelides (Wikipedia)

Compléments

La structure d’une pièce de théâtre (Alloprof)

Le récit policier (Alloprof)
Le récit psychologique (Alloprof)
Roman psychologique (Wikipédia)

Image

Photo © 2024, Claude Trudel, Le monde en images, CCDMD.

21 septembre 2025

Cartes ornées : monstres et merveilles du monde


Dans son introduction aux Monstres et merveilles du monde, le cartothécaire Alban Berson aborde ces thèmes : les origines mythiques des ornements, les usages et la rareté des cartes ornées, l’emplacement des ornements sur la carte, le contenu du livre.

Toute carte est un guide. […] Sur une carte géographique, le sens est produit par l’interaction de différentes catégories d’informations : le tracé, les toponymes et autres segments textuels, les codes géographiques, les coordonnées, etc. Les ornements font partie intégrante de cet ensemble organique. […] Si une carte est la représentation d’un territoire, elle témoigne bien souvent aussi d’une vision du monde.

Les chapitres présentent l’analyse des ornements de dix cartes remarquables (titres abrégés et francisés) :

1 – Mappemonde, manuscrit anonyme, vers 1180
2 – Carte de l’Atlas catalan, manuscrit, Cresques Abraham,1375
3 – Mappemonde, anonyme, 1532 (édition de 1537)
4 – Carte marine de la Scandinavie, Olaus Magnus, 1539
5 – Mappemonde, Pierre Desceliers, 1550
6 – Amérique, Diego Gutiérrez, 1562
7 – Amérique, Jodocus Hondius, 1606
8 – Mappemonde, Atelier jésuite au Japon, 1611-1614
9 – Carte de la Mer du Sud, Nicolas de Fer, 1713
10 – Carte d’Hawaii et des îles Samoa, Ruth Taylor White, 1935.

Dans chaque chapitre, plusieurs autres documents cartographiques enrichissent les analyses de ces cartes exemplaires. Les exposés sont bien documentés. Les explications sont limpides. La mise en page est achevée. Par ailleurs, le style d’écriture rend captivante la lecture du livre.

Dans l’épilogue, l’auteur synthétise son interprétation des ornements d’anciennes cartes, un point de vue d’abord présenté dans l’introduction : le voyage d’un héros combattant le danger dans un espace inconnu. Une illustration d’archétypes d’origine mythologique.

L’ouvrage est complété par une bibliographie exhaustive, un index des sujets d’ornement (animaux, artefacts, créatures merveilleuses et mythologiques, humains et activités humaines, minéraux et phénomènes naturels, végétaux), et la table des matières.

Un livre de référence passionnant !

Référence

Berson, Alban. – Monstres et merveilles du monde : huit siècles de cartes ornées. – Québec : Les éditions du Septentrion, 2025. – 192 p. – ISBN 978-2089791-611-4. – [Citations : p. 10, 19; 117]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 912.0222 BER ; 912.0222 B535m 2025.

Auteur

Alban Berson (BAnQ) – Alban Berson (Wikipédia)

Images

1550 – Mappemonde – Pierre Desceliers, manuscrit, 1550, British Library (Wikipedia Commons)

1550 – Mappemonde [extrait] – Pierre Desceliers, manuscrit, 1550, British Library /A Glance – from a Safe Distance – at the Human Monsters on Pierre Desceliers’ World Map of 1550 (Chet Van Duzer, Maps and views blog, British Library, 16 novembre 2015)

Article connexe

Des mirages cartographiques en Amérique du Nord (Alban Berson)

Sur la Toile

Atlas du Québec en Amérique et dans le monde [Répertoire de cartes et de plans, du 16e siècle à nos jours]

Le récit circulaire pour boucler la boucle (Une autre voix, 7 janvier 2025)

14 septembre 2025

Avec ses yeux / Liu Cixin

Voici une œuvre émouvante, créée par l’écrivain de science-fiction chinois renommé, Liu Cixin. Depuis le Centre de navigation aérospatial, l’histoire se déroule dans deux lieux hostiles : le désert du Taklamakan et le cœur de notre planète.

Pendant le récit, des allusions révèlent et éclaircissent le sens de la nouvelle : Trois jours pour voir (Helen Keller), Clair de lune (Claude Debussy) et L’Enfer (Dante Alighieri).

Aperçu

Centre de navigation

Le narrateur, qui est aussi le personnage principal, obtient deux jours de congé, à condition d’apporter une paire d’yeux. Ces yeux fonctionnent selon le principe de la télédétection, c’est-à-dire qu’ils sont en réalité des lunettes offrant une expérience sensorielle complète : la vision, l’odorat, le goût, l’ouïe et le toucher.


Les yeux empruntés appartiennent à une jeune femme encapsulée. À sa demande, le protagoniste accepte de se rendre au désert du Taklamakan, situé à plus de 2 000 kilomètres du Centre de navigation. Le voyage dure environ un quart d’heure.

Les désirs exprimés et les émotions ressenties par la jeune femme sont intenses : «Elle voulait voir chaque fleur sauvage, chaque brin d’herbe, chaque rayon de soleil insufflant la vie à chaque buisson, elle voulait écouter chaque bruit de la prairie. Le moindre ruisselet qui surgissait sous nos pas, le moindre poisson nageant dans celui-ci l’émerveillait au plus haut point; le plus infime murmure de la brise, la moindre fragrance d’herbe portée par le vent lui arrachaient un sanglot…»

Crépuscule VI


Longtemps après son retour au Centre, le protagoniste s’informe du lieu où se trouve la jeune femme. Comme il l’avait soudainement soupçonné, elle fait partie de l’expédition Crépuscule VI envoyée au cœur de la Terre. Au moment de leur voyage synchrone au Taklamakan, la troglonaute franchissait la discontinuité de Gutenberg. Or, le vaisseau qui l’abritait n’était pas conçu pour y naviguer…

Terre transparente

Dans l’épilogue, l’accomplissement de l’histoire est ainsi formulé par le protagoniste : «Les années qui suivirent, je voyageai dans de nombreuses contrées. […] Une pensée en particulier apaisait mon âme : même aux confins de la Terre, je serais toujours aussi proche d’elle.»

Références

Livre

Liu Cixin. – « Avec ses yeux », dans L’Équateur d’Einstein. – Nouvelles complètes 1. – Édition préparée sous la direction de Gwennaël Gaffric. – Paris : Actes Sud, 2025 © 2022. – 649 p. – (Collection Babel, n° 2015). – ISBN 978-2-330-18850-4. – Pages 53-73; première publication originale en chinois : 1999. – [Citation : p. 60-61]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : LIU Cix no v.1 ; Liu L7832e.

Auteur

Liu Cixin (Wikipédia)

Entrevue

Liu Cixin : la science-fiction chinoise vit-elle son âge d’or ? (Xie Ping et Li Xiang, Chine-Info, 27 janvier 2022)

Compléments

Désert du Taklamakan (Wikipédia)
Une bataille titanesque contre le désert Taklamakan (Luc Laporte, Mes plaisirs)

La structure interne de la Terre (Alloprof)
Structure interne de la Terre (Wikipédia)



L’Enfer (Dante Alighieri, c.1266-1321) – (Divine Comédie)
Clair de lune (Claude Debussy, 1862-1918) – (YouTube, 6 octobre 2008)
Helen Keller (1880-1968) – Biographie (Wikipédia)
Three Days to See [Trois jours pour voir] (Helen Keller) – (The Atlantic, janvier 1933)
Three Days to See [Trois jours pour voir] (Helen Keller) – (Reader’s Digest, 27 juin 2023)

Chuck Yeager (1923-2020) – Biographie (Wikipédia)



Les types de narrateurs (Alloprof)

Images

Taklamakan – CC BY-SA 2.5 ES (Colegota, Wikimedia Commons, 12 octobre 2005)
Earth cutaway – CC BY-SA 3.0 (CharlesC, Wikimedia Commons, 7 février 2009)

Article connexe

L’Instituteur du village / Liu Cixin

07 septembre 2025

Le masque de Dimitrios / Eric Ambler


Préface et note de l’éditeur

La réédition du célèbre roman est préfacée par l’éditeur Olivier Cohen. Intitulée Le retour d’Eric Ambler, la préface présente une rencontre de l’éditeur avec l’auteur du Masque de Dimitrios en 1978, une biographie succincte d’Eric Ambler, puis les caractéristiques et l’actualité des œuvres de l’écrivain britannique.

La note apporte cette précision : la traduction de Gabriel Veraldi révisée par Patricia Doaz contient des passages remaniés ainsi que d’autres qui avaient été coupés. Cette réédition est ainsi plus conforme au texte d’origine.

Incipit

Thèse et protagoniste (deux pages).

Neuf paragraphes :

[ 1 ] – Le narrateur rappelle les propos du moraliste français Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort (1740-1794) sur le hasard : «Un Français nommé Chamfort, qui aurait dû être mieux inspiré, a dit que le hasard était un sobriquet de la providence.»

[ 2 ] – Le narrateur réfute ce point de vue : «C’est là un de ces aphorismes commodes, fabriqués pour nier une vérité déplaisante : le hasard joue un rôle important, sinon prédominant, dans les affaires humaines.» Toutefois, il reconnaît que le hasard peut agir avec une certaine cohérence : «L’histoire de Dimitrios Makropoulos en est un bon exemple.»

[ 3 ] – Le narrateur esquisse les séquences majeures de cette histoire exemplaire : Latimer apprend l’existence de Dimitrios et voit le cadavre de Dimitrios (chapitre 1), consacre plusieurs semaines à reconstituer la vie de Dimitrios (chapitres 2-13) et survit grâce à un criminel (chapitres 14-15).

[ 4 ] – Le narrateur reprend sa réflexion sur le hasard, puis formule cette déduction conclusive : «Le choix de Latimer comme instrument ne pouvait être fait que par un idiot.»

[ 5 ] – Le narrateur présente la carrière du protagoniste Charles Latimer, maître de conférences en économie politique et auteur de trois ouvrages : une étude sur Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), le Programme de Gotha (1875), et un ouvrage exposant les implications économiques du livre Le Mythe du vingtième siècle (1930) d’Alfred Rosenberg (1893-1946).

[ 6 ] – Le narrateur explique la circonstance ayant mené Latimer à devenir écrivain de romans policiers : «Ce fut peu après la fin des corrections de cet ouvrage [Le Mythe du vingtième siècle], et dans l’espoir de chasser la dépression engendrée par la philosophie du prophète national-socialiste, qu’il écrivit son premier roman policier.»

[ 7 ] – Le narrateur cite les titres des premiers polars de Latimer, mentionne sa démission de l’université pour se consacrer à sa nouvelle carrière d’écrivain, puis son départ vers une destination soleil pour compléter son cinquième roman.

[ 8 ] – Le narrateur indique que Latiner passe un an à Athènes, puis quitte pour Istanbul après avoir achevé son sixième roman.

[ 9 ] – Le narrateur tire le rideau et plonge le lecteur dans l’action, sans dévoiler quoi que ce soit sur Dimitrios : «Ce fut là, et par le colonel Haki, que pour la première fois il entendit parler de Dimitrios.»

Les liaisons entre les paragraphes et entre les chapitres sont exemplaires, aussi bien dans l’incipit que dans l’ensemble du roman.

Observations

Le roman est publié en 1939.

L’histoire se déroule après la Grande Guerre, plus précisément de 1922 à 1938.

Le thème du hasard est omniprésent dans le roman.

Les portraits sont saisissants, en particulier celui du protagoniste. La personnalité de Latimer est constante tout au long du récit : un intellectuel détaché de la réalité, spéculant sur différentes hypothèses, introspectif et hésitant sur des décisions à prendre; un homme passionné de recherches (livresques), imbu de morale.

Les écrits tiennent une place significative dans le roman : les publications citées dans l’incipit, les rapports, lettres et autres documents reproduits au cours de l’histoire en témoignent.

Le titre du volume trouve son explication dans le chapitre intitulé Le masque de Dimitrios, le concept «masque» faisant l’objet de son paragraphe initial.

Épilogue

La dernière page du roman peut être considérée comme un épilogue. Depuis Paris, dans le train de l’Orient-Express qui le ramène en Orient, Latimer décide de poursuivre son métier d’écrivain, en suivant la recette traditionnelle qui a fait sa réputation, mais en y ajoutant un peu d’humour.

Les dernières phrases. Le retour à la normale après ses nombreuses et dangereuses péripéties : «Bientôt Belfort. Deux jours de voyage encore. Il devait absolument avoir imaginé une intrigue avant l’arrivée. Le train s’enfonça dans un tunnel.»

Un romancier au diapason de ses lectrices et lecteurs : oublier la réalité du monde… pour s’évader; s’évader… pour échapper aux réalités du monde.

Quelques citations

S’il n’y avait eu le hasard du transfert du colonel Haki à la police secrète, rien de l’aurait jamais relié à cette insignifiante affaire. (p. 55)

Dans une civilisation mourante, le prestige politique n’appartient pas au profond diagnosticien mais à l’habile charlatan. C’est la distinction accordée à la médiocrité par l’ignorance. (p. 79)

Je l’ai senti, perçu comme un homme, pas comme un cadavre, comme… un élément d’un système social en décomposition, pas comme un cas isolé… (p. 84)

Depuis qu’elle existe, la finance internationale a provoqué des révolutions pour protéger ses intérêts. (p. 92)

Le capitalisme international gouverne la terre par le papier, mais l’encre dont il se sert est du sang humain ! (p. 93-94)

Si cela n’était pas aussi dangereux, on en rirait. Mais la méthode est claire. La propagande commence par des mots, qui bientôt se transforment en actes. Quand les mensonges ne reposent sur aucun fait réel, il faut en créer de toutes pièces. (p. 280)

Référence

Ambler, Eric. – Le masque de Dimitrios. – Traduit de l’anglais par Gabriel Veraldi. – Édition révisée par Patricia Doaz. – Préface et note d’Olivier Cohen. – Paris : Éditions de l’Olivier, 2024 © 1939. – 288 p. – (Collection Points, n° P441) – ISBN 979-10-414-1862-6. – [Citation : p. 283, 15, 16]. – [Extrait]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : AMB Eri ma ; Ambler A493m.

Image

Istanbul (Plan d’ensemble de la ville de Constantinople, Société anonyme ottomane d’études et d’entreprises urbaines, 1922) – (Wikipedia Commons)

Sur la Toile

Articles

[ 1 ] – Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort (1740-1794) : Biographie (Wikipédia) - Biographie (Scribe+)

[ 5 ] – Articles dans Wikipédia : Pierre-Joseph Proudhon - Programme de Gotha - Alfred Rosenberg

Critiques

Eric Ambler : du monde aux Balkans (Le Masque de Dimitrios) (Dominique Bry, 18 mars 2024)
Embrouilles sur le Bosphore (Claude Grimal, 2 mars 2024)

The Mask of Dimitrios / Eric Ambler with an introduction by Robert Harris (1939, 1999)
Dangerous games (Thomas Jones, The Guardian, 6 juin 2009)
A Point of View : The enduring relevance of Eric Ambler’s spy novels (BBC News, 23 août 2015)
A Coffin for Dimitrios: Analysis of Major Characters (Eugene S. Lardon, EBSCO, 2021)
The Mask of Dimitrios (fullybooked2017, Classics revisited, 12 septembe 2023)
A Coffin for Dimitrios (Blogue de Jordan M. Poss, 7 mars 2024)

01 septembre 2025

Tout comprendre (ou presque) sur l’intelligence artificielle


L’IA d’aujourd’hui s’appuie sur des méthodes d’apprentissage à grande échelle reposant sur le traitement de données brutes et optimisant la prédiction à partir d’énormes échantillons d’exemples. Elle produit ainsi de spectaculaires résultats.

L’intelligence artificielle suscite une foule de questions, en plus de générer de multiples débats. Sous la direction d’Olivier Cappé et Claire Marc, ce livre permet de s’informer sur une vingtaine de questions relatives à cette nouvelle discipline.

Les thèmes abordés sont variés, dont ceux-ci : origine de l’IA, apprentissage automatique, réseau de neurones, grand modèle de langue, IA générative, création artistique, langues, autoapprentissage, robots, santé, IA sociale, erreurs, vie privée, biais, éthique.

Les énoncés des questions sont clairs et succincts. Les réponses apportées par une vingtaine de contributeurs scientifiques sont limpides, d’autant plus que les exposés sont illustrés avec brio par Claire Marc.

Le livre est complété par la présentation des auteurs et contributeurs scientifiques.

Un ouvrage remarquable pour s’initier à l’IA et comprendre ses concepts, méthodes et techniques de base.

Référence

Cappé, Olivier; Marc, Claire; dir. – Tout comprendre (ou presque) sur l’intelligence artificielle. – Avant-propos par Olivier Cappé, directeur de recherche CNRS. – Paris : CNRS Éditions, 2025. – 133 p. – ISBN 978-2-271-15424-8. – [Citation : Question n° 3, D’où vient l’IA que l’on connaît actuellement?, p. 23]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 006.3 C247t 2025.

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Photo © Claude Trudel, Le monde en images, CCDMD.

Articles connexes

Une contre-histoire d’Internet
Contre-atlas de l’intelligence artificielle
Le calcul à découvert / CNRS

24 août 2025

Le mort du chemin des Arsène


On avait trouvé le cadavre d’un homme dans le salon de sa maison du chemin des Arsène, à L’Étang-du-Nord.

Le roman policier de Jean Lemieux se déroule aux îles de la Madeleine. La plupart des épisodes ont lieu sur l’île du Cap aux meules. Le chemin des Arsène est situé à proximité de L’Étang-du-Nord. Le lecteur peu familier avec la géographie de l’archipel pourra consulter les cartes référencées ci-dessous.

Le polar compte 32 chapitres ainsi regroupés : Dimanche, 25 août 2002 (16 chapitres), Lundi, 26 août 2002 (14 chapitres), Mercredi, 11 septembre 2002 (2 chapitres). Cette chronologie laisse entrevoir un récit serré dans un court laps de temps. Effectivement, les péripéties surviennent, se multiplient et se complexifient au cours de 48 heures, de la découverte d’un mort sur le chemin des Arsène à la résolution du meurtre. Les deux derniers chapitres peuvent être considérés comme un épilogue.

Les nombreux personnages sont bien typés. Les dialogues sont précis, directs et saisissants. Les descriptions des lieux et des paysages sont évocatrices. Les rebondissements et les retournements sont étonnants et contrastés. Le style dynamique de l’écriture tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

S’il écrivait quelque chose, ce serait un roman, l’histoire d’un homme qui avait perdu son âme. Ou qui l’avait regagnée? Dans cette galerie de personnages, il manquait un témoin important : la victime.

Une histoire fascinante sur le monde artistique des îles de la Madeleine, le milieu policier de l’archipel, les insulaires d’origine acadienne et, d’une façon générale, la condition humaine.

Références

Livre

Lemieux, Jean. – Le mort du chemin des Arsène. – 3e édition. – Montréal : Québec Amérique, 2024 © 2009, 2016. – (Collection qa). – 409 p. – ISBN 978-2-7644-5523-4. – [Citations : p. 17, 346] – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : Lemieux L5542m.

Prix Arthur-Ellis du roman policier en langue française – Prix de création littéraire de la Ville de Québec – Prix du Salon du livre de Québec – Prix des abonnés de la Bibliothèque de Québec, fiction.

Cartes

Îles de la Madeleine. – Québec : Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Service de la recherche socio-économique, Direction de la planification, 1977. – Échelle : 1/50 000. – Remarque : le chemin des Arsène est indiqué sur cette carte géographique.

Îles-de-la-Madeleine. – Québec : Direction générale du domaine territorial. Service de la cartographie, Ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, Commission de développement touristique des Îles-de-la-Madeleine, 1983. – Échelle : 1/100 000. – Remarque : carte topographique.

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L’Étang-du-Nord © Daniel Bellemare, Le monde en images, CCDMD.

17 août 2025

Le mal en personne


Une enquête de William Wisting, par le romancier Jørn Lier Horst.

Un prisonnier coupable de féminicides sordides.

En vue d’obtenir l’allégement de sa peine, il en reconnaît un autre et accepte de participer à sa reconstitution. Au cours du déroulement de celle-ci, filmé par la fille de l’enquêteur William Wisting, le prisonnier s’échappe.

La chasse à l’évadé suit un scénario stéréotypé, avec une panoplie d’outils technologiques et de moyens matériels usuels. Dans ce contexte, en changeant les noms et les lieux, l’histoire pourrait tout aussi bien se dérouler en Floride plutôt qu’en Norvège.

La suite du polar est plus intéressante. En général, les épisodes sont bien construits, mais certains événements sont télescopés ou peu crédibles, tandis que d’autres sont anticipés.

Comme l’écriture est dynamique, la lecture reste captivante tout au long du récit.

La Postface porte sur le titre du roman, les sources documentaires de la thématique du polar et le but moralisateur de l’auteur.

Citation

«L’abus de pouvoir, l’oppression et la domination d’autrui constituaient un terrain fertile pour la cruauté, tout comme l’obéissance aveugle et la fidélité imperturbable à des règles coercitives pouvaient transformer des démocraties pacifiques en dictatures fascistes.»

Référence

Horst, Jørn Lier. – Le mal en personne. Une enquête de William Wisting. – Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier. – Paris : Gallimard, 2025 © 2019, 2023. – (Collection Folio Policier, n° 1040). – 408 p. – ISBN 978-2-07-308761-4. – [Citation : p. 260]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : HOR Jor ma ; Horst H819m.

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Photo © Claude Trudel, Le monde en images, CCDMD.

10 août 2025

L’Instituteur du village / Liu Cixin

Au 20e siècle, dans un village misérable d’une région montagneuse du nord-ouest de la Chine, un enseignant apprend qu’il va bientôt mourir d’un cancer. Malgré ses forces déclinantes, il va continuer à consacrer tout son temps à ses élèves, jusqu’à son dernier souffle. En parallèle, une guerre interstellaire se déroule entre l’Empire silencieux et la Fédération carbonée:


L’histoire de l’instituteur est réaliste. Elle peut être lue indépendamment du récit de la guerre interstellaire. Celui-ci relève de la science-fiction.

I – Histoire de l’instituteur

Aperçu

L’histoire de l’instituteur compte une vingtaine de pages. Les trois premières sections de l’histoire proprement dite sont de longueurs différentes: 14, 6 et 2 pages. La quatrième, de moins d’une page, peut être considérée comme un épilogue.

La vie et les souvenirs de l’instituteur sont racontés dans la première section, d’où sa longueur. Les deux sections suivantes portent sur les derniers cours de l’instituteur. La première et la dernière phrase de chaque section sont remarquables:

[ 1 ] «Il le sait, il va devoir donner son dernier cours plus tôt.» (p. 198) / «À minuit, il était monté dans le train pour retourner chez lui, portant deux lourds paquets de livres reliés par une ficelle.» (p. 212)

[ 2 ] «Il est tard dans la nuit.» (p. 220) / «Il ne reste plus beaucoup de temps.» (p. 226)

[ 3 ] «– Bon, le moment est maintenant venu de parler de la deuxième loi de Newton…» (p. 232) / «Les élèves entourent le corps sans vie de l’instituteur et commencent à pleurer.» (p. 235)

[ 4 ] «L’est s’illumine déjà lorsque les enfants ont terminé de creuser la tombe.» (p. 250) / «Ils continueront à vivre leurs vies sur ces vieilles terres stériles et récolteront de maigres mais tangibles espoirs.» (p. 250)

Ces phrases (transitoires) illustrent la détermination de l’instituteur à prodiguer son enseignement malgré sa maladie terminale qui lui laisse de moins en moins de temps pour enseigner des leçons de niveau collégial à ses élèves du primaire. Sans avoir compris les dernières leçons, les élèves restent très attachés à leur institutrice.



Les derniers cours de l’instituteur

Hier

Le long passage relatif à l’influence déterminante de Lu Xun (1881-1936) sur l’instituteur explicite le sens de la nouvelle L’Instituteur du village (p. 221-222). Le narrateur cite deux œuvres du plus grand écrivain de la Chine contemporaine:

Journal d’un fou, dont l’instituteur a parlé à ses élèves: «Hier, nous avons parlé du Journal d’un fou. […] Lu Xun était un grand homme, tous les Chinois devraient lire ses livres. Et vous aussi plus tard.»

Préface de l’auteur au recueil de nouvelles Cris, dont un extrait est reproduit: «Plusieurs paragraphes écrits par Lu Xun lui reviennent en mémoire […] Il les a lus dans son anthologie incomplète des œuvres intégrales de Lu Xun, qu’il a lue et relue jusqu’à l’usure.»

Aujourd’hui

«Aujourd’hui, nous allons parler de physique de niveau collégial. […] Pour cette leçon, nous allons aborder les trois lois de Newton. Newton était un grand scientifique anglais qui a vécu il y a très longtemps.» (p. 222-223)



Certains comportements relatés dans l’histoire de l’instituteur peuvent susciter l’étonnement, mais ils ne sont pas spécifiques au peuple chinois. À titre d’exemple, la « guerre des éteignoirs » au Québec dans les années 1840 et 1850, où des écoles furent saccagées et incendiées.

II – Guerre interstellaire

Alors que l’histoire de l’instituteur reflète la société et la culture chinoises, le récit de la guerre interstellaire évoque le simplisme d’un western américain (les bons contre les méchants) jumelé aux banalités d’une superproduction de science-fiction (armements technologiques massifs).

Le récit de la guerre interstellaire peut être lu indépendamment de l’histoire de l’instituteur. Ses trois sections sont de longueurs différentes: 8, 7 et 15 pages. Il est encadré par un résumé introductif et un dialogue conclusif:

«À une distance de vingt-cinq mille années-lumière de la Terre, au centre de la Voie lactée, une guerre interstellaire qui dure depuis près de vingt mille ans est sur le point de se terminer.» (p. 212)

«– Ce qui le plus incompréhensible dans l’Univers, c’est qu’il soit compréhensible, dit le Chancelier suprême.
– Ce qui le plus compréhensible dans l’Univers, c’est qu’il soit incompréhensible, dit le sénateur.» (p. 249-250)

La première section relate les temps forts de la guerre interstellaire: le début de la guerre, il y a 20 000 ans; la bataille du deuxième bras spiral, il y a 15 000 ans; la dernière bataille décisive, entre le deuxième et le premier bras, il y a juste un an. La Fédération carbonée entreprend maintenant l’isolement de l’Empire silencieux dans l’extrémité du premier bras, tout en cherchant à préserver les planètes hébergeant des formes de vie civilisée.

La deuxième section décrit la construction de la ceinture d’isolation de l’Empire silencieux par la Fédération carbonée. Cette construction requiert la destruction d’un grand nombre de systèmes planétaires. Ceux-ci sont détruits si des signes de vie civilisée n’y sont pas détectés.

La dernière section, la plus longue, concerne l’inspection du Système solaire, une vérification préalable à son éventuelle destruction. Grâce aux élèves du village de la montagne, faisant l’objet de répliques numériques, une civilisation est attestée sur la Terre. Ainsi, sans s’en apercevoir, les enfants sauvent la Terre. On peut voir dans ce passage une forme d’intertextualité en référence à l’histoire de l’enseignant.

III – Note de l’auteur

Un extrait de la présentation de la nouvelle L’Instituteur du village, par Liu Cixin: «Ce qui m’intéresse avant tout ici, c’est d’explorer la nature de la création artistique. Ne vous laissez pas troubler par le début du récit, les choses ne sont pas telles que vous les imaginez. […] la nouvelle que vous vous apprêtez à lire présente l’une des idées les plus farfelues et les plus incroyables de l’histoire de la science-fiction chinoise.» (p. 197)

Références

Livre

Liu Cixin. – « L’Instituteur du village », dans L’Équateur d’Einstein. – Nouvelles complètes 1. – Édition préparée sous la direction de Gwennaël Gaffric. – Paris: Actes Sud, 2025 © 2022. – 649 p. – (Collection Babel, n° 2015). – ISBN 978-2-330-18850-4. – Pages 197-250; traduction par Morgan Vicente; première publication originale en chinois : 2001. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : LIU Cix no v.1 ; Liu L7832e.

Auteur

Liu Cixin (Wikipédia)

Entrevue

Liu Cixin : la science-fiction chinoise vit-elle son âge d’or ? (Xie Ping et Li Xiang, Chine-Info, 27 janvier 2022)

Compléments

[ 1 ]

Anthologie de Lu Xun

Lu Xun. – Nouvelles et poèmes en prose. – Traduction, annotation et postface de Sebastian Veg. – Paris: Éditions Rue d’Ulm / École normale supérieure, 2015. – 663 p. – (Versions françaises). – ISBN 978-2-728-80514-3. – BAnQ: 895.1351 L9267n 2015.

Références aux deux œuvres de Lu Xun citées dans L’Instituteur du village:

Cris / Préface de l’auteur (p. 19-25) – Notice de Sebastian Veg (p. 211-215);

Journal d’un fou (p. 26-39) – Notice de Sebastian Veg (p. 215-220).

[ 2 ]

Les trois de Newton : première, deuxième, troisième (Alloprof)

[ 3 ]

Caulier, Brigitte; Dufour, Andrée; Hamel, Thérèse; dir. – L’École au Québec. – Avant-propos par Marc St-Hilaire et Thierry Nootens. – Québec: Les Presses de l’Université Laval (PUL), 2023. – (Collection Atlas historique du Québec). – xiv, 490 p. – ISBN 978-2-7637-3573-3. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 370.9714 ECO ; 370.9714 E1931 2023.

La «guerre des éteignoirs»: «Dans un premier temps, [la population des campagnes] manifeste son opposition de façon passive: refus de verser les taxes foncières, refus des magistrats de poursuivre les contrevenants, refus des conseils municipaux de faire ou de transmettre le rôle d’évaluation. Puis l’opposition se fait plus violente: vol des registres scolaires, saccage et incendie d’écoles, menaces et charivaris à l’endroit des commissaires.» (p. 23)

Remarque

Systèmes éducatifs chinois, français et québécois

Comme la nouvelle L’Instituteur du village se déroule en Chine et qu’elle a été traduite en France, il importe de noter que le niveau collégial évoqué dans cette nouvelle correspond au premier cycle du niveau secondaire au Québec.

Le système scolaire en Chine / La scolarité en Chine commence dès l’âge de six ans. Les enfants ont le droit à neuf années d’instruction obligatoire: six ans d’école primaire et trois ans de collège. L’enseignement secondaire de deuxième cycle commence vers quinze-seize ans et dure trois ans. (Union des Français de l’étranger).

Le niveau collégial français correspond à la 6 année du primaire et aux niveaux Secondaire I, II et III au Québec. – Tableau synthèse (menu déroulant): Comparaison entre les systèmes scolaires québécois et français. (Québec en tête).

France : guide de comparaison des études avec le système éducatif du Québec (Ministère de l'immigration et des communautés culturelles).

Article connexe

Terre errante / Liu Cixin

01 août 2025

Le tableau du maître flamand / Arturo Pérez-Reverte


Rien n’est plus trompeur que l’évidence. C’est un principe de logique qui s’applique aux échecs : ce qui paraît évident n’est pas toujours ce qui s’est produit en réalité, ou ce qui est sur le point de se produire…



Une radiographie de La partie d’échecs (1471), huile sur bois du peintre flamand Pieter Van Huys (1415-1481), révèle cette inscription cachée : QUIS NECAVIT EQUITEM.

QUI A TUÉ LE CHEVALIER ?

La phrase énigmatique est dévoilée au tout début du polar d’Arturo Pérez-Reverte. La suite du chapitre initiale porte sur la description minutieuse du tableau, l’identité des trois personnes qui y figurent et le contexte historique de la fin du 15e siècle.

Les relations professionnelles et sentimentales de plusieurs personnages sont aussi au cœur du récit : Julia, restauratrice, César, antiquaire, Menchu Roch, galeriste, et Álvaro, professeur d’histoire de l’art.

L’intrigue et les personnages sont en place.

Au chapitre suivant, les dessous de la mise en vente de La partie d’échecs sont révélés. Les personnes impliquées : Menchu, Paco Montegrifo, vendeur de tableaux, Don Miguel Belmonte, autrefois directeur de l’Orchestre de Madrid et propriétaire de la toile, sa nièce Lola Belmonte et son mari Alfonso Alpena.

Le roman témoigne de la vaste culture d’Arturo Pérez-Reverte, par exemple : les citations littéraires placées en exergue en début de chapitre, la peinture de la Renaissance et l’histoire européenne, au premier chapitre; la musique baroque, au deuxième chapitre, et le jeu d’échecs au troisième chapitre. Celui-ci porte d’ailleurs sur l’analyse du tableau sous l’angle d’une partie d’échecs, suivie par l’entrée en scène de Muñoz, joueur d’échecs.

Des portraits élaborés, des descriptions minutieuses, de vifs dialogues et de profonds monologues caractérisent l’écriture du récit. Aussi, des situations étonnantes ou anticipées, comme celle d’un meurtre présumé au quatrième chapitre…

Rédigé par une main de maître, le scénario se poursuit ainsi jusqu’au dénouement de l’enquête.

Quelques citations :

Je crois que la question se résume à un problème de point de vue.

– Une exception ne confirme rien du tout, elle invalide ou détruit une règle… C’est pour cette raison qu’il faut faire très attention lorsqu’on raisonne par induction.


Il arrive qu’on regarde un jardin qui ne présente pas d’ordre apparent sous un certain angle, mais dans lequel une régularité géométrique se dessine sous une autre perspective.

Vous savez bien que lorsqu’on élimine l’impossible, ce qui reste, pour improbable que cela puisse paraître, doit nécessairement être vrai.

Référence

Pérez-Reverte, Arturo. – Le tableau du maître flamand. – Traduit de l’espagnol par Jean-Pierre Quijano. – Paris : Gallimard, 2024 © 1990. – 463 p. – (Folio Policier, n° 1026). – ISBN 978-2-0730-4167-8. – [Citations : p. 121; 150, 227, 349, 409].

Le Grand Prix de littérature policière 1990 a été attribué à ce roman.

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Photo © Claude Trudel, Le monde en images (CCDMD).

Sur la Toile

J’ai parcouru plusieurs critiques après avoir lu le roman. Celle-ci a retenu mon attention :

Le Tableau du maître flamand : œuvre / bibliothèque (Anne-Sophie Huguet, Babel. Littératures plurielles, juin 2002). – Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0.

20 juillet 2025

Tous des loups / Ronald Lavallée


La domination des faibles par les forts. La cruauté sans état d’âme. La soif du sang. C’est nous. Tout craché. Pourquoi les hommes seraient-ils moins féroces que les loups? Pourquoi plus justes? On est le pétris de la matière, issus de la même évolution.

Matthew Callwood : jeune et nouveau policier affecté à la Mission Saint-Paul, en territoire cri, dans le Nord ontarien. Il succède à Suchenko. Constable adjoint : Harvey Gruber, qui reste en fonction.

La mission : arrêter Moïse Corneau, qui a tué sa femme et son bébé, et s’est enfui de la prison après avoir été jugé coupage de ce double meurtre.

Le village autochtone est bordé par un grand lac qui permet l’approvisionnement épisodique du poste de police. Un magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson est situé au cœur du village, la traite des fourrures faisant l’objet du commerce régional.

La chasse à l’homme se déroule en forêt boréale, au début du 20e siècle. Le contexte social est enchevêtré, plusieurs ethnies, classes sociales et nations étant entremêlées. La nature joue un rôle déterminant au cours du récit. Les descriptions des paysages sont d’ailleurs captivantes, tout comme les portraits physiques et psychologiques des personnages sont saisissants. Les communications sont celles d’une époque ancestrale : risquées, lentes, irrégulières, tant à pied qu’en canot.

L’intrigue se complexifie au cours des épisodes. Les péripéties sont diversifiées, étonnantes, haletantes. Du début à la fin de l’histoire. Les dialogues sont saillants, souvent caustiques. Les réflexions innombrables. Le style est limpide.

Bref, un polar super intéressant !

Référence

Lavallée, Ronald. – Tous des loups. – Montréal : Groupe Fides, 2024. – (Collection Biblio-Fides). – 363 p. – ISBN 978-2-7621-4643-1. – [Citation : p. 337-338]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : LAV Ron to ; Lavallée L394t.

Prix Saint-Pacôme 2023 Meilleur roman policier. – [4e page de couverture].

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Cendres de feu de camp © Claude Trudel, Le monde en images, CCDMD.