Une nouvelle de
Lu Xun (1881-1936), le plus grand écrivain de la Chine contemporaine. Une nouvelle publiée pour la première fois en 1925 dans la revue
Fil de paroles. Une nouvelle traduite, annotée et rééditée en 2015 par Sebastian Veg aux Éditions Rue d’Ulm / Presses de l’École normale supérieure.
La nouvelle évoque deux
thèmes récurrents dans les écrits du célèbre écrivain: un pauvre hère exposé à la foule des curieux: «Comme dans d’autres nouvelles, la foule ignorante est indifférente au malheur des autres qu’elle regarde tels de purs objets de divertissement.» (Sebastian Veg).
Le récit
Situation initiale - Le récit se déroule dans une rue de la capitale, au cours d’une canicule estivale. Aucune agitation à ce moment-là, si ce n’est le bruit éloigné d’une taverne et le bruit de pas de tireurs de pousse silencieux.
Élément déclencheur - Cette atmosphère paisible est brisée par les cris d’un gamin offrant à la volée ses brioches et beignets. Tout à coup, l’enfant s’élance de l’autre côté de la rue lorsqu’il aperçoit deux hommes s’arrêter: un policier et son prisonnier.
Péripéties - Aussitôt, une foule de badauds s’agglutine pour voir ce spectacle, cette
exposition. Tout un chacun se bouscule pour mieux observer la scène: crâne chauve, gros gaillard torse nu au nez rouge, nounou avec son enfant, écolier, grand corps, ouvrier, grand type tenant une ombrelle occidentale, maigrichon surnommé perche morte, gros visage, étudiant, visage ovale, etc.
Rebondissement - La foule est distraite par un incident survenu à un pâté de maisons: «un pousse arrêté et un tireur en train de se relever.» La foule se déplace vers cette nouvelle scène, mais elle est rapidement désappointée lorsque le pousse-pousse reprend sa route.
Situation finale - Tout revient à l’oisiveté, alors que le gamin cri «Beignets chauds! À peine sortis du panier…»
Commentaire
Le récit est cyclique. Les situations initiale et finale sont similaires.
Malgré les nombreux mouvements dans la foule (bousculades) et le déplacement de la foule (d’une scène à l’autre), l’histoire est statique.
Tous les personnages sont anonymes, même si certains font l’objet d’une description, comme le vendeur de beignets, le policier et le prisonnier.
Le crime du prisonnier est inconnu. Les badauds, sauf un ouvrier, se désintéressent ou ignorent même la signification des caractères inscrits sur le maillot du prisonnier.
Outre le style d’écriture remarquable de Lu Xun, le jeu des regards réciproques peut être considéré comme le principal intérêt de cette nouvelle. Les regards entre le prisonnier et certains badauds, entre des membres de la foule et le prisonnier.
Apparemment, cette nouvelle est insignifiante. Seulement en apparence, bien sûr, car cette nouvelle suscite de profondes réflexions.
Référence
Lu Xun. - «L’exposition à la foule», dans Nouvelles et poèmes en prose. - Traduction, annotation et postface de Sebastian Veg. - Paris: Éditions Rue d’Ulm / École normale supérieure, 2015. - 663p. - (Versions françaises). - Pages 335-341 (nouvelle), 448 (notes), 483-485 (notice). - [Citation, p. 484]. - ISBN 978-2-728-80514-3. - BAnQ: 895.1351 L9267n 2015.
Image
Acacia © Claude Trudel 2016,
Le monde en images, CCDMD.
«Le gros gaillard n’avait pas fait la moitié du chemin qu’il devait déjà se reposer sous un acacia au bord de la rue.» (
L’exposition à la foule, p. 341)
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