Annibal (Napoléon Legendre)
C’est le titre de ce roman québécois qui a d’abord suscité ma curiosité. Je m’attendais à un récit sur l’Antiquité. Ce n’est pas le cas!
Le livre de Napoléon Legendre (1841-1907) raconte la saga de la riche famille Ladouceur, de 1820 à 1850. Outre Jérôme-Épaminondas-Annibal, les principaux acteurs du roman sont les parents d’Annibal et son parrain Jérôme.
Le récit se déroule au cours de huit chapitres. Le premier est consacré à la formation militaire du jeune Annibal par son oncle Jérôme, lieutenant-colonel de la milice du village de Saint-Xiste. Jérôme avait combattu les Américains lors de la guerre de 1812.
Le chapitre suivant raconte les péripéties d’Annibal, maintenant âge de neuf ans, à l’école de la paroisse. Ce chapitre, à l’exemple de tout le roman, est fort moralisateur. Toutefois, la description des relations entre enfants est exemplaire.
Mécontent des piètres résultats de leur fils et de son comportement inadéquat, les parents d’Annibal décident de l’envoyer dans un collège situé à l’extérieur du village. Dans ce troisième chapitre, l’auteur excelle à raconter l’intégration du nouvel élève et les relations entre collégiens. À la fin de la première année, les notes d’Annibal ne sont guère plus reluisantes.
Après la reprise des classes, Annibal tombe malade. Il devra séjourner chez lui pendant une très longue période. Les péripéties de sa convalescence sont racontées dans le chapitre quatre. Il s’agit d’un tournant dans la vie du jeune Annibal puisque sa vision de l’instruction sera complètement inversée, celle-ci devenant désormais fort importante. Son retour au collège donne lieu à la description du leadership chez les adolescents.
Au terme des ses études collégiales, réussies avec succès, Annibal doit choisir son orientation. C’est le thème du chapitre cinq. Son oncle l’incite à choisir l’armée. Son père aimerait plutôt qu’il devienne avocat. Quel sera le choix d’Annibal? Cultivateur! Ce choix reflète bien la littérature du terroir dont relève Napoléon Legendre. Soulignons qu’Annibal, âgé de dix-huit ans, ambitionne d’établir à Saint-Xiste une ferme modèle, une ferme moderne. Ses parents et son oncle soutiennent finalement le choix d’Annibal.
Le début du chapitre six marque une césure dans le continuum du récit. L’auteur présente une rétrospective de l’histoire du Québec depuis la Conquête, les derniers épisodes ayant trait aux rébellions de 1837-1838. L’oncle Jérôme justifie ainsi l’insurrection contre l’autorité britannique : « Nous sommes un pays cédé en vertu des traités, et cependant on nous gouverne comme si nous étions un pays conquis. »
Annibal se laisse convaincre par les propos de son parrain. Il s’engage auprès des patriotes et combat victorieusement l’armée anglaise à Saint-Denis. Ensuite, la déroute des patriotes à Saint-Charles l’oblige à se réfugier au Vermont. Le curé irlandais d’un petit village, situé à proximité de Vergennes, installe Annibal dans une famille de cultivateurs. Le jeune Québécois est ébahi par la ferme des Murphy : « Jamais il n’avait vu une culture faite avec autant d’ordre et d’intelligence ».
Grâce à une correspondance épisodique entre Annibal et sa famille, le chapitre sept renoue avec la famille Ladouceur restée au Québec. Après une année chez les Murphy, le jeune exilé retourne chez lui.
Le dernier chapitre nous apprend que l’histoire se déroule dans la fertile région des Bois-Francs. L’auteur y insère une longue digression sur l’histoire des sucres. La fin du roman est idyllique. Alors, je laisse le soin aux lecteurs de la découvrir par eux-mêmes…
Enseignement
Outre son analyse littéraire proprement dite, les éléments suivants de ce roman pourraient faire l’objet d’une étude en classe :
- importance du parrain dans la famille
- le développement de l’enfant et de l’adolescent
- le statut de la femme
- les visions de l’éducation
- le rôle subalterne et social de l’Église (baptême ostentatoire pour les riches, autorité exclus du monde scolaire, éducation collégiale au service des riches, etc.)
- les classes sociales : élite éclairée (avide de modernité), peuple ignorant (réfractaire aux changements, analphabète)
- le statut des immigrants
- l'ouverture vers les États-Unis d'Amérique et l'influence de ce pays limitrophe
- les différents métiers et leur statut respectif
- les activités économiques du Québec (ville, province)
- la chronologie et l’interprétation de l’histoire du Québec
Référence
Legendre, Napoléon. – Annibal – Lévis : Pierre-Georges Roy, éditeur, 1898. – 120 p. – (Bibliothèque canadienne). – Cote BAnQ : C843.4 L511an 1898. – [Collection Saint-Sulpice, Fonds L.W. Sicotte].
Lectures complémentaires
Frankland, Michel. – Outils de lecture. – Montréal : ERPI, 2000. – viii-64 p. – ISBN 2-7613-1165-5. – Cote BAnQ : 808.0441 F8312o 2000.
Paquin, Michel; Reny, Roger. – La lecture du roman. Une initiation. – Beloeil : La Lignée, 1994 © 1984. – 258 p. – ISBN 2-920190-04-0. – Cote BAnQ : 809.3 P219Le 1984.
Sur la Toile
Annibal (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Collection numérique, À lire, Livres et partitions) (BAnQ)
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Annibal (La Bibliothèque électronique du Québec, Collection Littérature québécoise) (BeQ, Jean-Yves Dupuis)
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Hamel, Réginald; Hare, John; Wyczynski, Paul. – Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord. – Montréal : Fides, 1989. – (Article LEGENDRE, NAPOLÉON). – [BAnQ, Collection numérique, À lire, Ouvrages de référence].
Lemire, Maurice. – Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec des origines à 1900. – Montréal : Fides, 1980. – (Article ANNIBAL, roman de Napoléon LEGENDRE, par Aurélien Boivin). – [BAnQ, Collection numérique, À lire, Ouvrages de référence].