30 juin 2010

Dans ses yeux (Juan José Campanella)

J’ai trouvé ce film très émouvant. Il nous fait partager les joies, les angoisses, les ambitions et les drames du peuple argentin au cours des récentes années noires. Il nous permet de vivre une trame historique de l’Argentine sous ses différentes facettes sociale, culturelle et économique.

Un très grand chef-d’œuvre!

Site officiel

El secreto de sus ojos (Sitio oficial de la película)

Critiques

Chaput, Luc. - «Dans ses yeux». – Séquences. – N° 267 (2010). – ISSN 0037-2412. – P. 54. – [Revue disponible dans le Réseau des bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque].

**** Dans ses yeux, de Juan José Campanella (Jocelyne Gagné)
Argentine, la mémoire douloureuse des années troubles (Arnaud Schwartz)
Dans ses yeux (Wikipédia)
"Dans ses yeux" en met plein la vue (Pablo O. Scholz)
"Dans ses yeux" : un détective sur la trace d'un crime et d'un amour passés (Jean-Luc Douin)
Dans ses yeux : un genre de film noir… (Jean-Christophe Laurence)
Enquête passionnelle (François Lévesque)
Témoins du passé (Manon Dumais)
The Secret in Their Eyes (IMDb)

Remarque

Les quotidiens Le Devoir et La Presse, le périodique Voir et le journal Le Monde peuvent être consultés à la Grande Bibliothèque.

Vidéos

Dans ses yeux (sous-titres en français)
Trailer El secreto de sus ojos (version originale espagnole)

Plusieurs autres extraits du film sont affichés sur le site YouTube.

Article connexe

Buenos Aires (1516-1996)

Cet article est complété par un répertoire d’articles et de sites sur l’Argentine et sa capitale.

27 juin 2010

Description de l’Afrique (1526)

Alia Baccar, de l’Université de la Manouba, présente le processus d'écriture du récit de voyage, puis l’écrivain Jean-Léon l’Africain et sa Description de l’Afrique. Ensuite, elle étudie l’influence de cet ouvrage chez plusieurs auteurs des Temps modernes.

L’auteure décrit ainsi les caractéristiques de la Cosmographie et Géographie de l’Afrique (1526) de l’auteur arabe :

«Bien que littéraire, ce livre, dont la trame narrative et descriptive a pour cadre l’Afrique profonde, ses rivages, la Méditerranée et l’océan Atlantique, est une source inépuisable de découvertes et de renseignements de out ordre.»

L’influence de Jean-Léon l’Africain est démontrée par l’étude d’œuvres de plusieurs auteurs français : Pierre Corneille (Le Cid), Mlle de Scudéry (Artamène ou le Grand Cyrus), André Thevet (Voyages en Égypte des années 1549-1552), Pierre Viret (Sommaire Recueil de signez, sacrifices et sacrements instituez de Dieu depuis la creation du monde), et Henri Lancelot du Voisin de La Popelinière (Les trois Mondes).

Alia Baccar conclue ainsi son étude comparative :

«Utilisé à bon escient, la lecture du livre de Jean-Léon l’Africain a permis de donner plus d’exotisme et de relief aux relations, tout en engendrant des thèmes romanesques et des situations dramatiques dont sont friands les lecteurs de la Renaissance et du Grand Siècle.»

Références

Baccar, Alia. - «Influence littéraire de Jean-Léon l’Africain aux XVIe et XVIIe siècles». – Pioffet, Marie-Christine, dir. – Écrire des récits de voyage. – Québec : PUL, 2008. – 357 p. – ISBN 978-2-7637-8616-2. – Cote BAnQ : PN 56 T7E27 2008 RSV [Centre de conservation]. – P. 137-147.

L’œuvre de Jean-Léon l’Africain est en commande à BAnQ :

Léon l'Africain. – Description de l'Afrique. – Neuilly-sur-Seine : Altaïr, 2001-. – (Les Intégrales). – ISBN 978-2-9098-3633-1 (v.1), 978-2-9098-3635-5 (v.2), 978-2-9098-3634-8 (v.3). – Cote BAnQ : à venir.

23 juin 2010

La grande histoire de la navigation

Dans ce livre, nous traitons principalement de l’histoire de la navigation et de l’évolution des techniques de navigation en Europe. […] L’ouvrage aborde également les motivations qui ont poussé les hommes à traverser les mers du monde à diverses périodes de l’histoire, que ce soit la religion, les guerres, le pouvoir ou la politique. Néanmoins, la première de ces motivations fut le commerce. […] La navigation est un art multidisciplinaire qui fait appel à de nombreuses sciences parmi lesquelles les plus importantes sont, sans doute, la géographie, l’astronomie et la cartographie. Nous considérons aussi comme essentiel d’aborder la navigation du point de vue du marin.

Les orientations générales du livre sont ainsi présentées par son rédacteur en chef, le Finlandais Juha Nurminen. L’ouvrage est volumineux (35 x 25 cm) et très lourd. Il contient plusieurs outils de repérage : une table des matières détaillée, les notices et sources des 353 illustrations, une bibliographie et un index des noms de personnes.

L’ordre chronologique est naturellement suivi, mais une trentaine d’encadrés traitent de trois grands thèmes : «les phénomènes naturels rencontrés par les navigateurs, les outils de navigation utilisés en mer, les navires enfin, ainsi que leurs principales évolutions.»

Voici donc la liste de ces encadrés :

Les premiers bateaux
La navigation à latitude constante
Les phénomènes naturels lumineux
L’architecture navale dans la Méditerranée antique
La projection cartographique
Les bateaux des marchands au Moyen Âge
De la rose des vents à la rose du compas
Michel de Rhodes
Le boutre arabe
L’énigme des courants océaniques
Les sondeurs
La circulation atmosphérique
Les bateaux vikings
Les jongles géantes de Zheng He
Le compas magnétique
Le loch
Du quadrant nautique à l’arbalestrille
La navigation à l’estime
Les navires de l’âge des grandes découvertes
Le phénomène des marées
De l’astrolabe au sextant
Amers, phares et balises
Les dangers de l’océan
La flûte hollandaise
Les Retourschepen et les Indiamen
Du sablier au chronomètre
Hauts-fonds et passages dangereux
Les premiers navires d’exploration scientifique
Les clippers
Le Vega et les premiers cargos à vapeur

Les illustrations de trésors patrimoniaux provenant de la Collection Joha Nurminen, de la Fondation John Nurminen et de la Bibliothèque nationale de Finlande sont parmi les plus remarquables de tout l’ouvrage.

Un livre exceptionnel pour découvrir l’histoire de la navigation, l’évolution des techniques liées à la navigation et la contribution de cartographes et de marins remarquables.

Référence

Johnson, Donald S.; Nurminen, Juha. – La grande histoire de la navigation. – Paris : National Geographic France, 2009. – 375 p. – ISBN 978-2-84582-297-9. – Cote BAnQ : 387.09 J667g 2009. – [Extraits : Introduction par Juha Nurminen, p. 6 et 7].

Sur la Toile

John Nurminen Foundation

18 juin 2010

Comment lire les peintures chinoises

À l’occasion d’une exposition tenue au Metropolitan Museum of Art de New-York, Maxwell K. Hearn a publié un catalogue didactique présentant la façon de lire les peintures chinoises.

Dans son introduction, l’auteur décrit les caractéristiques des œuvres peintes par les lettrés, généralement à l’encre noire sur papier, avec celles des professionnels de la cour peintes en couleurs sur de la soie. Les peintres lettrés sont d’abord et avant tout des calligraphes. C’est pourquoi leurs peintures représentent non seulement l’apparence, mais aussi la quintessence de l’objet peint.

Hearn traite ensuite du symbolisme du cheval en Chine en comparant une peinture de Han Gan, Night-Shining White, à une autre de Zhao Mengfu, Groom and Horse. Dans ce contexte, les relations entre les lettrés et le pouvoir impérial sont évoquées. Enfin, l’influence des lettrés au cours de l’histoire chinoise est expliquée.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteur lit trente-six peintures de divers artistes en dégageant des thèmes particuliers. Autant de lectures différentes. Plusieurs de ces chefs-d’œuvre peuvent être consultés sur le site du Metropolitan Museum of Art :

Dragon Steed : Night-Shining White - Han Gan - v.742-756

Portraying Talent : Groom and Horse - Zhao Mengfu -1296

The Vastness and Multiplicity of Creation : Summer Mountains - Qu Ding - 11e siècle

Landscape and Emotion : Old Trees, Level Distance - Guo Xi - v.1080

Identification with Nature : Narcissus - Zhao Mengjian - 13e siècle

Archaism and Activist Art : Wang Xizhi Watching Geese - Qian Xuan - v.1295

Painting as Calligraphy : Twin Pines, Level Distance - Zhao Mengfu - v.1310

Holy Grotesques : The Sixteen Luohans - Wu Bin - 1591

Les lectures de l’auteur nous aident à mieux saisir les connotations des peintures chinoises.

Un très beau livre!

Référence

Hearn, Maxwell K. – How to Read Chinese Paintings. – New-York : The Metropolitan Museum of Art, 2008. – x, 173 p. – ISBN 978-0-300-14187-0. – Cote BAnQ : 759.951 H4362h 2008.

14 juin 2010

Atlas routier de l’Argentine

L’Atlas de rutas Firestone est centré sur l’Argentine, mais il contient aussi des cartes routières et urbaines des pays limitrophes : Chili, Paraguay, Brésil méridional et Uruguay.

Les outils de repérages sont nombreux et leur consultation est conviviale : Sommaire (index général, régional et urbain), Tableau des distances routières, Index des rues des grandes villes, Carte des stations d’essence (GNC), Carte de l’Argentine continentale, insulaire et antarctique, Hébergement (hôtels, gîtes et campings), Légende des abréviations et des symboles.

Les tranches en couleur correspondent aux regroupements suivants : ville de Buenos Aires (3 pages doubles), provinces argentines (dont 8 pages doubles sur celle de Buenos Aires), pays limitrophes (dont 4 pages doubles sur le sud du Brésil, 3 pages doubles sur le Chili, 1 page double sur le Paraguay et 2 pages doubles sur l’Uruguay).

Sur chaque province argentine, les informations suivantes sont indiquées : localisation de la province sur une minicarte muette de l’Argentine, carte provinciale avec son échelle, tableau des distances routières, superficie, population, capitale, principales villes (et le nombre de leurs habitants), altitudes maximales de certains lieux, zones protégées (noms et superficies des parcs et réserves), graphiques climatiques (précipitations et ensoleillement), index des lieux, cartes des principales villes et de leurs environs.

Plusieurs cartes régionales sont dédiées à des lieux singuliers ou des aires protégées : delta du Río de la Plata (Buenos Aires), environs de San Fernando del valle de Catamarca (Catamarca), péninsule Valdez, parcs nationaux Lago Puelo et Los Alerces (Chubut), Sierras de Córdoba (Córdoba), environs de San Salvador de Jujuy (Jujuy), parcs nationaux Nahuel Huapi et Lanín (Neuquen et Río Negro), environs de Bariloche, parc national Los Glaciares (Santa Cruz), environs d’Ushuaia, îles Malvinas, Antarctique (Tierra del Fuego).

L’ouvrage contient aussi neuf pages de publicité non paginées sur les services offerts par la société Bridgestone Firestone Argentina, ainsi que des conseils sur l’entretien sécuritaire des pneus.

Cet atlas est assurément un outil de référence exceptionnel sur le réseau routier, les villes et les zones protégées de l’Argentine et des pays limitrophes.

Référence

Curti, Pablo A., dir. – Atlas de rutas Firestone : Argentina, Chile, Sur de Brasil, Uruguay. – Buenos Aires : Megamapa, 2005. – 88 doubles pages + 9 pages non paginées. – ISBN 9-8721-4905-4. – Cote BAnQ : 912.8 B8518a 2006.

Sur la Toile

Argentine (L’Amérique latine)
Bridgestone Argentina
Enargas (GNC) (Gouvernement de l’Argentine)

10 juin 2010

Le monde des fougères


Dorénavant, ils ramassèrent chaque jour des osmondes. Chou-yi alla d’abord seul à la cueillette, tandis que son frère se chargeait de la cuisson; puis Po-yi se sentant plus vigoureux l’accompagna. Les recettes se multipliaient : postage d’osmondes, potage épicé aux osmondes, purée d’osmondes, osmondes à l’eau, pousses d’osmondes à l’étouffée, jeunes feuilles d’osmondes séchées.

Cette citation provient d’un conte composé en 1935, La cueillette des osmondes, par Lu Xun (1881-1936), le plus grand écrivain de la Chine contemporaine. Ce récit démontre l’utilisation alimentaire des fougères dès le 9e siècle avant J.-C.

J’ai choisi cette introduction pour présenter le dossier courant de Quatre-Temps, la revue des Amis du Jardin botanique de Montréal. Intitulé Frondeuses fougères, ce dossier est entièrement consacré au monde fascinant des fougères.

Le professeur Luc Brouillet, avec des illustrations de Frefron, présente la classification des fougères. On y trouve notamment la description des Osmundales dont les osmondes font partie.

L’horticulteur Albert Mondor indique comment intégrer des fougères dans son jardin en fonction de ses différentes zones : ombre dense, ombre, rocailles et lieux humides. Des photos accompagnent le texte.

Le chercheur Denis Barabé, avec des schémas et des photos, raconte d’abord le cycle de vie des plantes à fleurs, puis celui des fougères.

Qui n’a pas visité la surprenante serre des fougères au Jardin botanique de Montréal? L’article de l’horticultrice Claire Lebrun porte précisément sur les fascinantes fougères tropicales poussant dans cette serre. Elle présente l’histoire de la collection des fougères et des plantes apparentées, leurs diversités géographiques et morphologiques, les spécimens les plus remarquables et la mise en valeur de la collection dans la serre d’exposition. Des photos de Lan-Anh Vuong illustrent l’exposé.

Le botaniste Alexandre Bergeron nous invite à découvrir les trente-quatre espèces de fougères, prêles et lycopodes réparties dans les divers espaces verts de la métropole. Fait intéressant, l’auteur indique comment identifier les fougères, en particulier certaines plantes rares et vulnérables. Son article est complété par des photos, des caricatures et une nomenclature de fougères à observer sur l’île de Montréal.

Le journaliste André Dumont raconte la carrière du jeune producteur de fougères Adamo Sénécal. Les techniques de production utilisées successivement par Sénécal pour produire des fougères en grande quantité sont expliquées. Dumont illustre son récit de photos dont quatre représentant les suggestions du producteur québécois pour les zones de rusticité 2 et 4.

Jean-Baptiste Gallé, étudiant français en pharmacie, présente dans deux articles les diverses utilités des fougères, des prêles et des lycopodes à travers les âges et les pays : aliments, médicaments, engrais, abrasifs, teinture et vannerie. Des dessins amusants agrémentent la lecture de ces textes.

Un dernier article, par la journaliste Marie-Hélène Croisetière, est dédié à la cueillette des têtes-de-violons de la matteuccie fougère-à-l’autruche. Plusieurs photos illustrent les explications. Afin de prévenir le dépérissement de ces fougères, l’auteure édicte des règles de cueillette à suivre et suggère de ne pas acheter les crosses de fougères en vente dans les épiceries. Ses propos sont basés sur des études effectuées par Line Lapointe et Gisèle Lamoureux.

Références

Lou Siun [Lu Xun].- Contes anciens à notre manière. – Traduit du chinois et présenté par Li Tche-houa. – Paris : Gallimard / Unesco, 1988. – 205 p. – (Connaissance de l’Orient). – ISBN 2-07-071327-X. – Cote BAnQ : Luxun L977c. – [La cueillette des osmondes, p. 86-110; citation : p. 103].

« Dossier Frondeuses fougères ». – Quatre-Temps. – Vol. 34, n° 2 (2010). – ISSN 0820-5515. – P. 13-43. – [Consultable à la Grande Bibliothèque].

Photo © Claude Trudel – Jardin botanique de Montréal (07 06 2010)

Sur la Toile

Depuis le Dévorien (Jardin botanique de Montréal) (Photos de Claude Trudel)
Fougères Boréales (Adamo Senécal)

06 juin 2010

Buenos Aires (1516-1996)

Dans un livre passionnant, Carmen Bernand raconte l’histoire mythique, mouvementée et souvent tragique de la capitale argentine. La plus grande partie de l’ouvrage relève du récit historique, alors que la dernière section bénéficie des souvenirs personnels de l’auteure. Le livre est divisé en quatre sections et treize chapitres.

I – Fondations (1516-1820)

1. - Un camp au milieu du cataclysme universel
2. - Vachers, contrebandiers, missionnaires (1618-1777)
3. - Lumières dans une grande bourgade (1777-1804)
4. - Le fracas des chaînes brisées (1805-1820)

II – Civilisation ou barbarie? (1820-1880)

5. - La revanche de la terre (1820-1835)
6. - La Fédération ou la mort (1835-1852)
7. - Le grand tournant (1853-1880)

III – La Reine du Plata (1880-1952)

8. - Le creuset argentin (1880-1916)
9. - La cité des illusions (1916-1930)
10. - L’heure des « sans-chemise » (1932-1952)

IV – Barbarie ou civilisation? (1952-1996)

11. - Quêtes identitaires (1952-1966)
12. - La cité des absents (1966-1983)
13. - La mémoire de l’oublie (1983-1996)

Parmi les chapitres les plus intéressants, soulignons ceux qui ont trait à la culture et à la mentalité particulière des Portègnes, ainsi qu’aux nombreux récits de voyage.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteure situe dans leur contexte historique les « grands personnages » de l’Argentine, y compris un nombre considérable de femmes.

L’ouvrage contient un Avant-propos et plusieurs annexes : Chronologie, Gouverneurs, vice-rois et présidents, Bibliographie, Glossaire, Index de Buenos Aires, Index des noms de personnes. Le livre compte aussi plus d’une trentaine de documents iconographiques, dont plusieurs cartes et plans.

L’auteure nous révèle non seulement l’histoire de la ville de Buenos Aires, mais aussi celle de l’Argentine, de l’Amérique latine et du monde occidental depuis les grandes explorations du 16e siècle jusqu’à la fin du 20e siècle.

Ce livre se lit comme un roman!

Référence

Bernand, Carmen. – Histoire de Buenos Aires. – Paris : Fayard, 1997. – 432 p. – (Histoire des grandes villes du monde). – ISBN 2-213-59865-7. – Cote RBM (Bibliothèque Rosemont) : 982.11 B.

Articles connexes

Buenos Aires : Corto Maltese, Tango
Atlas encyclopédique de l’Amérique
L’Argentine, un pays de rêve
Buenos Aires (Argentine)

Sur la Toile

Buenos Aires (Guide en français au format pdf) (Site officiel)
Le Petit Hergé de Buenos Aires
Portail de l’Argentine (Wiképédia)
Portal oficial de turismo de la Ciudad de Buenos Aires

02 juin 2010

Carte de l’Amérique de Danet (1731)

La Collection numérique des cartes et plans de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) compte maintenant plus de 9 500 documents cartographiques. Parmi ceux-ci, attardons-nous à cette ancienne et fascinante carte française :


Un survol de la carte de l’Amérique méridionale et septentrionale de Guillaume Danet (1670-1732), gendre de Nicolas de Fer (1646-1720), laisse voir ces caractéristiques :

- un contour illustré de portraits, en haut et en bas, et des signes du zodiaque, à gauche et à droite;
- trois grands espaces : au centre, le continent américain bordé de part et d’autre par les océans Pacifique et Atlantique;
- des éléments marginaux à gauche, le cartouche et la légende, et à droite, la partie occidentale des continents africain et européen;
- la grille des coordonnées géographiques, latitudes et longitudes, avec l’identification de l’Équateur et des tropiques du Cancer et du Capricorne, ainsi que l’indication du méridien de l’île de Fer retenue par Louis XIII (1634) et la ligne de partage du monde entre le Portugal et l’Espagne par Alexandre VI (1493);
- les divisions politiques de l’Amérique par des lignes pointillées et des couleurs;
- un hiérarchisation des toponymes.

Le cartouche retient d’abord notre attention. On y trouve

- les armoiries de Louis XV;
- le titre, l’objet et les sources de la carte : L'Amérique méridionale et septentrionale dressée sur les nouvelles découvertes et dernières relations des meilleurs navigateurs de ce temps conformes aux observations astronomiques;
- les informations bibliographiques : une mise à jour par Guillaume Danet [d’une carte héritée de son beau-père?], le lieu d’édition (Paris, Pont Notre-Dame, Sphère royale), l’autorisation royale de publication et l’année d’édition (1731);
- deux personnages illustrant l’Europe, à gauche, et l’Amérique, à droite, avec des costumes et des instruments évoquant respectivement le monde évolué et le monde primitif.

Bien que des instruments de mesure figurent auprès du personnage représentant l’Europe, le carton Avertissement explique l’absence d’une échelle dans cette carte. Toutefois, on précise qu’un degré de latitude correspond à 20 grandes lieues de France.

Les contours du continent américain sont bien tracés, à l’exception du nord et du nord-ouest qui sont encore inconnus au début du 18e siècle. Les divisions politiques du continent sont tracées, alors qu’elles sont ignorées pour les régions européennes et africaines.

La plus grande partie de l’Amérique du Nord est considérée comme étant un territoire français, la Nouvelle-France comprenant notamment le Canada et la Louisiane. Plusieurs nations amérindiennes, généralement alliées des Français, sont localisées et identifiées.

Les possessions britanniques sont minimisées, réduites ou ignorées : les toponymes de la région de la baie d’Hudson sont français, ainsi que ceux de l’Acadie et de Terre-Neuve. Par contre, certaines colonies atlantiques sont bien identifiées : Nouvelle-Angleterre, Maryland, Virginie et Caroline.

Les possessions espagnoles sont regroupées dans la Nouvelle-Espagne : Vieux-Mexique, Nouveau-Mexique, Nouvelle-Navarre et Californie, celle-ci étant jointe correctement au continent.

Un grand nombre d’îles adjacentes au continent, notamment celles des Antilles, sont identifiées. En Amérique du Nord, elles sont colorées en jaune comme les autres parties de l’Amérique septentrionale, alors que celles de l’Amérique du Sud sont colorées en rouge, y compris certaines îles des Antilles.

L’Amérique du Sud est partagée entre les possessions portugaises (Brésil) et espagnoles (Castille, Pérou, Paraguay, Chili, Terre magellanique, Terre de Feu). Certaines singularités méritent d’être signalées : la Guyane incluse dans la Castille [Nouvelle-Grenade], le Pays des Amazones non partagé entre le Portugal et l’Espagne, l’Uruguay intégré au Brésil.

L’absence de la démarcation du traité de Tordesillas (1494) et des divisions politiques laissant souvent à désirer suggère que le but premier de Danet est de produire une carte plus décorative que scientifique, une carte plus axée sur l’histoire des explorateurs que sur la géographie proprement dite.

Le relief des montagnes est signalé d’une façon spécifique. Plusieurs mines sud-américaines sont localisées.

La large bande du contour contient des portraits, des armoiries et les signes du Zodiaque. Des fleurs de lys et des fruits indigènes sont ajoutés aux quatre coins de la carte.

Les portraits sont regroupés en quatre sections :

- partie supérieure gauche : Colomb, Vespucci, Alvares, Aubert, Ponce et Nuñez;
- partie supérieure droite : Cortez, Montezuma, Magellan, Cano, Verrazano et Cartier;
- partie inférieure gauche : Pizarro, Atabalipa, Du Nord;
- partie inférieure droite : Schoten et Maire, Marquette et Jolliet, La Salle.

Les contributions de ces personnages sont énoncées dans le carton Remarques. Signalons une remarque particulière : La Nouvelle France ou Canada fut découverte par des François Bretons l’an 1504. Certaines notes historiques sont ajoutées directement sous les toponymes de plusieurs îles de l’Atlantique et du Pacifique.

Dans la partie médiane inférieure, on retrouve plusieurs armoiries : Nouvelle-France, Canada, Mississippi, Nouvelle-Espagne, Mexique, Pérou, Pays portugais, Brésil, Canaries.

Les toponymes ont des tailles différentes hiérarchisant et imbriquant les lieux. Voyons quelques exemples situés en Amérique du Nord :

- Amérique septentrionale
- Nouvelle-France, Louisiane, Nouvelle-Espagne
- Acadie, Gaspésie
- Québec, Montréal
- Trois-Rivières, lac des Hurons.

L’analyse sommaire de cette carte s’avère fort instructive. Elle présente un résumé des explorations européennes en Amérique depuis 1492 jusqu’en 1731 (1682). Elle est aussi un hommage aux Européens ayant exploré le Nouveau Monde. Elle vise l’édification de ses lecteurs.

L’étude de cette carte pourra servir à des fins didactiques en classe d’histoire.

Références

Danet, Guillaume. – L'Amérique Méridionale et Septentrionale dressée sur les nouv.les découv.tes et dernières relations... – Paris : l’auteur, 1731. – Cote BAnQ : G 3290 1731 D3 CAR. – [Version numérique].

L’Université d’État de la Louisiane affiche aussi une version numérique d’un exemplaire de cette carte. La notice attribue la création de la carte à Guillaume Danet, avec la contribution de J. Luillier.

Un autre exemplaire numérisé est affiché sur le site de la Bibliothèque municipale de New York (NYPL). La notice du catalogue attribue la création de la carte à J. Luillier et sa publication à l’éditeur Guillaume Danet.

Des sites commerciaux offrent en vente la carte de Danet pour plusieurs milliers de dollars (exemple).

Hale, Elizabeth. – La découverte du monde : cartographes et cosmographes. – Montréal : Musée David M. Stewart, 1985. – 88 p. – ISBN 0-9690951-7-1. – Cote BAnQ : 912.07471428 D297 f1985. – [La carte de Danet est reproduite à la page 58].

Livres numériques gratuits

Destiné aux personnes désirant explorer le monde fascinant des cartes géographiques, le recueil Cartes commentées contient trois grandes parties: les descriptions de documents cartographiques, les recensions de livres reliés au monde de la cartographie et la liste par ordre chronologique de toutes les cartes reproduites dans le livre.

Le livre Anciennes cartes géographiques recense les meilleures collections numériques d'anciennes cartes géographiques en libre accès, des ressources connexes, une sélection de documents cartographiques et une bibliographie. Les documents recensés dans les collections peuvent souvent être redimensionnés, imprimés ou téléchargés. Selon des modalités diverses, ils peuvent parfois être aussi libres de droits.

Cette Grammaire de la carte présente les principaux éléments de la carte en vue de favoriser l’observation, l’étude ou l’analyse d’anciennes cartes géographiques: définition, support, contour, cartouche, orientation, grille, projection, échelle, toponymie, topographie, légende, illustration, commentaire, carton, thème. Compléments: cinq synthèses, liste des cartes, bibliographie, notice sur l’auteur.

L’Atlas du Québec est un guide destiné aux étudiants pour l’interprétation d’anciennes cartes géographiques. Les trois étapes de cette démarche sont illustrées par un grand nombre de cartes et de plans de différentes époques. Ce livre numérique gratuit est complété par une liste des cartes, un répertoire de cartothèques, un lexique, une bibliographie, un index des auteurs et une notice biographique.