29 mars 2014

Pirates | Terpant & Bonifay

Sous un ciel orageux, la mer en furie. Une voile, un bras, un matelot. C’est la planche initiale de l’intégrale des Pirates du dessinateur Jacques Terpant et du scénariste Philippe Bonifray.

Quatre cases qui nous introduisent d’emblée dans une ambiance agitée et conflictuelle. Les quatre autres pages de l’incipit présentent les protagonistes : le héros John Woodlof, le capitaine et les autres officiers, les marins. Deux niveaux de langage, celui des marins étant populaire.

La dernière case de l’incipit reproduit la première, la mer déchaînée, avec la surimpression de la deuxième case, une voile blanche. Elle nous introduit dans un nouvel épisode de deux pages où s’ébattent Gallio et sa maîtresse. Un tableau de la mer constitue le cœur et la fin de cette séquence. Il reproduit la case initiale de l’album.

L’océan… un protagoniste omniprésent qui nous renvoi au titre même de l’album, à ces pirates qui écument les mers.

Laissons là la présentation de cette bande dessinée qui regroupe cinq histoires : Un autre monde, Bonne Espérance, Les naufrageurs, Paloma, Jusqu’au bout du rêve. Et poursuivons la lecture de cet album…

Référence

Terpant, Jacques (dessin); Bonifay, Philippe (scénario et lettrage). – Pirates. L’intégrale. – Paris : Casterman, 2008. – 240p. – ISBN 978-2-203-01459-6. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 741.59 B715.45p et BON.

25 mars 2014

Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information

Bibliothèques, archives, services de documentation et musées : des institutions où s’exercent les métiers des sciences de l’information. Dans son nouvel essai, le spécialiste Jean-Philippe Accart nous convie à une réflexion approfondie sur les changements en cours et quelques fondamentaux concernant ces métiers.

Le nouveau décor, né de l’émergence des technologies de l’information, est campé dans la préface de Carol Couture, professeur honoraire à l’ÉBSI / UdeM et ex-conservateur et directeur général des archives à BAnQ. Face aux nouveaux défis, deux approches novatrices sont évoquées : l’intégration des professions (BAC) et l’harmonisation des professions (BAnQ), celle-ci se révélant préférable.

Dans son introduction, Jean-Philippe Accart brosse un tableau général sur les services rendus par les bibliothécaires, archivistes, documentaliste et employés des musées dans quatre grandes sphères (citoyenne et administrative, professionnelle, privée et numérique).

Le chapitre initial est consacré aux missions communes des institutions culturelles. Leurs missions générales et spécifiques sont ventilées, décrites et illustrées par des exemples puisés dans divers pays. Toutes ces missions visent l’accès à l’information.

Le chapitre 2 est centré sur les utilisateurs. Les multiples besoins et sources d’information des usagers appellent un renouveau des pratiques des professionnels des sciences de l’information, notamment en lien avec l’informatisation de la société. Dans ce contexte, l’auteur cite plusieurs types de médiation.

Le chapitre suivant s’attarde sur trois caractéristiques des métiers des sciences de l’information : le traitement d’objets, le rapport aux usagers et les nouvelles composantes technologiques.

Le chapitre 4 aborde les méthodes de traitement des documents pratiquées dans les différents métiers des sciences de l’information, ainsi que les normes encadrant les professions de l’information. Les points communs et les dissemblances sont relevés, tout comme les nécessaires regards croisés entre ces métiers.

Le chapitre 5 trace un portrait avantageux des développements technologiques au sein des métiers des sciences de l’information, tout en procédant à une analyse fine de certaines innovations : les logiciels libres, les portails, les systèmes intégrés de gestion de bibliothèque, la numérisation, les archives ouvertes, les données publiques, les réseaux sociaux, l’infonuagique, les données de masse et les humanités numériques.

Le dernier chapitre rend compte de la concertation bénéfique entre les institutions culturelles en citant quelques projets exemplaires, dont Bibliothèque électronique suisse (e-lib.ch), Plateforme d'Indexation Régionale (PlaIR), Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Bibliothèque et Archives Canada (BAC), Wikipédien en résidence (Fondation Wikimédia), Bibliothèque numérique mondiale et Portal zu Bibliotheken, Archiven, Museen (BAM-Portal).

Tout au long de l’exposé, de nombreux témoignages de spécialistes sont insérés dans des encadrés, dont ceux de Fabienne Chuat (Bibliothèques et Archives de la Ville de Lausanne) et Barbara Kräuchi (Archives fédérales suisses). Ces apports illustrent, enrichissent et multiplient les points de vue sur les divers thèmes abordés.

L’ouvrage est complété par un texte conclusif de Catherine Jeannin (Citroën Héritage), un index des auteurs, une bibliographie et la liste des livres publiés par Jean-Philippe Accart.

Cet essai fournit un tour d’horizon sur les spécificités et les convergences des métiers des sciences de l’information dans le contexte de l’informatisation des bibliothèques, archives, services de documentation et musées. Ces regards croisés sauront donc intéresser toutes les personnes soucieuses de l’avenir de ces professions et des institutions culturelles vouées à l’information.

Référence

Accart, Jean-Philippe. – Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information. Bibliothèques, Archives, Documentation, Musées. – Préface de Carol Couture. – Mont-Saint-Aignan (France) : Éditions Klog, 2014. – 119p. – ISBN 978-2-9539-4599-7. – BAnQ : à venir.

Articles connexes

Mémento de l’information numérique
Communiquer !
Les services de référence
Le métier de documentaliste

22 mars 2014

Grande manifestation nationale

Dans son essai Tenir tête, Gabriel Nadeau-Dubois rappelle ainsi la manifestation mythique du 22 mars 2012, un temps fort du Printemps québécois :

La mobilisation a atteint un premier sommet le 22 mars, alors que, dans le cadre de la grande manifestation nationale des trois organisations étudiantes, un nombre record de 303 000 étudiants étaient en grève. La liste des associations en grève est interminable et ratisse large : des traditionnelles sciences sociales à la biochimie, en passant par les étudiants de Polytechnique. Il s’agit encore, au moment d’écrire ces lignes, du plus grand débrayage de notre histoire, tous domaines confondus.

Source

Nadeau-Dubois, Gabriel. – Tenir tête. – Montréal : Lux Éditeur, 2013. – 224p. – ISBN 978-2-89596-175-8. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 371.81 N134t 2013. – P. 46.

Gabriel Nadeau-Dubois poursuit sa maîtrise en Sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) après avoir obtenu son baccalauréat (majeure en Histoire, Culture et Société à l’UQAM et mineure en Philosophie à l’Université de Montréal).

Articles connexes

Gabriel Nadeau-Dubois | Tenir tête
2012 - L’année des carrés rouges

Sur la Toile

Un sujet tabou! (Lisa-Marie Gervais, Le Devoir, 22 mars 2014)

Le quotidien Le Devoir peut être consulté dans les Bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque.

17 mars 2014

Mosquée al-Haram de La Mecque (1814)


J’ai découvert ce plan bicentenaire de la Grande mosquée de La Mecque dans la Bibliothèque numérique Gallica (Bibliothèque nationale de France). Au premier coup d’œil, on note trois éléments distinctifs : le plan de la mosquée, sa légende et son profil. Une observation plus attentive révèle un dessin très rigoureux basé sur une échelle tracée sous le profil de la mosquée.

Ce plan a été dessiné par le cartographe Aly Bey El Abbassi (1767-1818). Il a été gravé par Adam et reproduit dans le tome quatre des Voyages d'Ali Bey. Ces récits de voyage sont également disponibles dans Gallica (BnF). Le texte des récits a été rédigé par Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort (1777-1834), un des principaux rédacteurs du Mercure universel.

Au début du tome un des Voyages, Roquefort présente d’une façon élogieuse Aly Bey, le graveur Adam et l’éditeur P. Didot l’aîné: Prospectus, Variétés Sur les Voyages d’Aly-Bey en Afrique et en Asie (3 avril 1814), Préface (1er juillet 1814).

Dans L’Islam, arts et civilisations, l’archéologue et historien Oleg Grabar (1929-2011) présente une synthèse remarquable sur l’origine de la mosquée, les trois sanctuaires panislamiques, la structure et la fonction de la mosquée. Un plan de mosquée d’Arabie et plusieurs photos illustrent son exposé.

Image

Plan du temple de La Mecque nommé El Haram (1814) / dessiné par le cartographe Aly Bey El Abbassi, gravé par Adam / Description : Échelle(s) : 120 Pieds [de Paris] / 1 feuille : ms. ; 93 x 61 cm / Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE C-2839 (Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

Références

Domingo Badia y Leblich (Wikipédia)

Grabar, Oleg. – « La mosquée ». – Hattstein, Markus; Delius, Peter; dir. – L’Islam : arts et civilisations. – Cologne : H. F. Hullmann / Tandem Verlag GmbH, 2008. – 624p. – ISBN 978-3-8331-3535-4. – P. 40-45. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 709.17671 I822 2008.

Notice biographique et littéraire sur J. B. B. de Roquefort (G. F. de Martonne, 1844) (Google Livres)

Voyages d'Ali-Bey el Abbassi (Domingo Badia y Leyblich) en Afrique et en Asie : pendant les années 1803, 1804, 1805, 1806 et 1807.- (Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4) / (rédigé par Roquefort) / Auteur : Ali Bey (1767-1818) / Éditeur : impr. de P. Didot (Paris) / Date d'édition : 1814 / Contributeur : Roquefort-Flaméricourt, Jean-Baptiste-Bonaventure de (1777-1834) - (Gallica/BnF)

Articles connexes

La grande mosquée de Damas
Grande mosquée des Omeyyades
Voyage au centre du monde

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13 mars 2014

Parc botanique À fleur d’eau


Au centre de cette carte topographique de la ville de Rouyn-Noranda (1957), nous pouvons localiser le lac Édouard au milieu d’une zone marécageuse. C’est précisément à cet endroit que Julienne Mercier Cliche a aménagé le Parc botanique À fleur d’eau.

Un article de Victor Larivière, publié dans le numéro courant de la revue Quatre-Temps, raconte l’histoire de cette réalisation horticole singulière :

- la création de la Société d’horticulture et d’écologie de Rouyn-Noranda (1985)
- l’autorisation de la ville pour l’aménagement d’un parc botanique (1989)
- une mobilisation de près de 2 000 bénévoles pour la préparation du terrain (1989-1991)
- le plan d’aménagement élaboré par le paysagiste Milan Havlin de l’ITA de Saint-Hyacinthe (1991).

Ce magnifique jardin est situé en zone de rusticité 2, une zone nordique caractérisée par une courte saison de végétation variant de 70 à 80 jours. Aujourd’hui, le parc abrite plus de 20 000 arbres et arbustes, 5 000 annuelles et 750 vivaces.

Avec toutes ses richesses naturelles, végétales et minérales, son jardin alpin, ses bassins d’eau, son petit ruisseau et ses sentiers, ce parc urbain est devenu un des plus beaux attraits touristiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

Références

Cliche, Julienne Mercier. – La naissance d'un jardin nordique "À fleur d'eau" inc. – Lévis : Fondation littéraire Fleur de lys, 2012. - 295p. – (Récit vécu - Environnement). – ISBN 978-2-8961-2417-6. – BAnQ : 580.74714136 C636n 2012.

Larivière, Victor. – « Le Parc botanique À fleur d’eau de Rouyn-Noranda ». – Quatre-Temps, vol. 38, n° 1 (printemps 2014), p. 8-10. – [Plusieurs photos]. – [Cette revue peut être consultée dans les Bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque].

Image

32-D-03-E, Rouyn (extrait) (BAnQ)

Titre : Carte topographique du Canada à l'échelle de 1:50 000]
Date de publication : 1957
Description : 1 carte
Collection : Québec topographique
Notes : Numéro SNRC: 32-D-03-E
Localisation de l'original : Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Cote : G 3400 s50 C37 32-D-03-E 1957 DCA
G 3400 s50 C37 32-D-03-E 1957 CAR
Numéro SNRC : 32-D-03-E
Numéro catalogue Iris : 0002670567

Sur la Toile

Parc botanique À fleur d’eau
Quatre-Temps (Revue des Amis du Jardin botanique de Montréal)

09 mars 2014

Carte de la Chine de Selden (1608)

The man who drew the map acknowledged long-established traditions of how to draw China, but he also stepped outside that tradition to picture the lands that lay beyong China in a fashion no other Chinese cartographer had ever done.

Découvrir et explorer une ancienne carte géographique est toujours passionnant, encore plus lorsqu’il s’agit d’une carte chinoise anonyme du 17e siècle redécouverte au début du 21e siècle. Les secrets de cette carte fascinante sont dévoilés dans le récent livre du sinologue Timothy Brook, Mr Selden’s Map of China.

La préface commence par le rappel d’un événement marquant : l’achat de la carte de 1507 de Martin Waldseemüller par la Bibliothèque du Congrès, en 2003, pour la somme de dix millions de dollars. L’auteur compare ensuite cette carte singulière à la carte de la Chine surnommée Selden : vicissitudes de la carte de Waldseemüller, don de la carte chinoise par John Selden, en 1654, à la Bibliothèque Bodleian (Université Oxford), espace géographique couvert, dimensions et techniques de production, importance respective et implications différentes. L’auteur complète son introduction en précisant le but de sa démarche : l’exploration du monde contemporain de la carte Selden, une exploration qui l’a conduit à plusieurs découvertes surprenantes.

Le chapitre initial commence par des péripéties anecdotiques vécues par l’auteur lors d’un séjour en Chine, en 1976, sous le régime de Mao Tsé-toung. L’incident d’Hainan du 1er avril 2001 est ensuite relaté, le point de vue américain étant de nouveau privilégié par l’auteur. L’auteur raconte ensuite sa découverte de la carte Selden à la Bibliothèque Bodleian en 2009. Il fut alors étonné par diverses caractéristiques de cette carte singulière du 17e siècle : son grand format, l’espace représenté qui excède de beaucoup la Chine propre, les terres à la périphérie et la Mer de Chine méridionale au centre de la carte, le tracé de routes maritimes et surtout la ressemblance avec notre cartographie contemporaine. L’auteur enchaîne avec des considérations sur le droit de la mer : le traité de Tordesillas de 1494 d’abord, puis les points de vue du Néerlandais Huig de Groot (Grotius) et de l’Anglais John Selden. Il complète le chapitre en attirant l’attention du lecteur sur des archipels situés à proximité de l’île d’Hainan.

Le deuxième chapitre décrit le leg de John Selden (1584-1654) à l’Université Oxford, dont la carte de la Chine. La carrière du juriste est ensuite racontée. Le premier épisode a trait à la publication d’un livre controversé sur la dîme dans lequel Selden nie le droit divin. Le second présente deux œuvres à l’origine du droit international et les emprisonnements de Selden. Les connaissances linguistiques du juriste anglais sont abordées en fin de chapitre.

Le chapitre suivant présente Michel Shun Fo-Çung, le premier chinois invité à la Bibliothèque Bodleian, en 1687. L’auteur s’attarde sur l’étude des langues orientales à l’Université Oxford, tout particulièrement sur le rôle du bibliothécaire en chef Thomas Hyde. Les deux personnages, devenus amis en peu de temps, ont annoté la carte de la Chine donnée par Selden.

Le chapitre 4 commence par les vicissitudes vécues par le gouverneur de l’East India Company (EIC), Thomas Smythe, notamment au sujet d’une cargaison d’images érotiques rapportées du Japon en décembre 1614 par le commandant John Saris. Le commerce des épices est ensuite abordé sous l’angle de la rivalité anglo-hollandaise dans les Moluques. Les perspectives du commerce avec la Chine sont ensuite évoquées dans le contexte des relations anglo-chinoises menées par les Anglais John Saris, Richard Cocks et Will Adams, d’une part, et les frères chinois Li Dan et Li Huayu, d’autre part, dans le port japonais d’Hirado situé à proximité de Nagasaki. Des considérations sur la suprématie maritime tentée par Zheng Zhilong complètent ce chapitre.

Le chapitre 5 étudie trois traits uniques figurant sur la carte de la Chine de Selden : une rose des vents, une échelle graphique et un rectangle vide doublement encadré. Tout en rappelant que les Chinois ont inventé le compas de mer, l’auteur révèle avoir travaillé comme assistant de recherche auprès du célèbre sinologue Joseph Needham. Brook explique ensuite le contenu de deux sources uniques sur le monde maritime à l’époque des Ming (1368-1644) : Étude des mers orientale et occidentale (1617), de Zhang Xie, et un routier donné par William Laud en 1639 à la Bibliothèque Bodleian. À la fin du chapitre, l’auteur émet l’hypothèse que le compas et l’échelle sur la carte de Selden ont pu être empruntés à des cartes européennes, mais leur portée sur la carte chinoise est sans précédent chez les cartographes européens. Ces figures illustrent les routes maritimes commerciales.

Le chapitre suivant porte précisément sur ce commerce maritime. Sous les Ming, les points de départ des flottes chinoises sont les ports de Xiamen (Amoy) et Quanzhou, deux villes du Fujian, vers les mers Nanyang (Mer de Chine méridionale), Dongyang (Mer de Chine orientale) et Beiyang (Mer de Chine). Cette dernière direction se subdivise en deux routes, l’une vers l’île japonaise Kyushu, l’autre vers l’archipel Ryükyü. La route vers la Mer de Chine méridionale bifurque à plusieurs endroits pour conduire les navires jusqu’au détroit de Singapour et l’Océan Indien (Calcutta et ports sudarabiques inscrits dans un cartouche). L’autre route conduit à Manille, sur l’île de Luzon, dans Philippines, puis vers l’île de Bornéo. Une carte historique de ces trajets figure dans le livre de Brook.

Le chapitre 7 retrace la publication en 1625 de cartes de la Chine à Londres par Samuel Purchas. La première est une copie tirée de l’atlas publié en 1608 par Jodocus Hondius, celui-ci ayant copié la carte de la Chine publiée en 1584 par Abraham Ortelius. La seconde est une réplique d’une carte murale chinoise importée par John Saris en 1609, mais disparue depuis. L’auteur raconte ensuite la production de deux atlas, celui de John Speed (1612) et celui de Luo Hongxian (1555) utilisant la méthode du quadrillage géométrique. La carte de la Chine par Luo est reproduite dans le livre de Brook. Découverte par les jésuites, cette méthode sera dès lors adoptée par les cartographes européens. L’auteur rend hommage au travail encyclopédique de Zhang Huang, ainsi qu’à sa carte de la Chine publiée en 1613 dans son Tushu bian, tout en évoquant son bref contact avec le missionnaire Matteo Ricci. Le chapitre est complété par la comparaison des projections de Zhang Huang, Gerard Mercator, Abraham Ortelius et Samuel Purchas.

Le chapitre final révèle d’une façon exhaustive et palpitante les six secrets de la carte Selden, des secrets insoupçonnés que le lecteur découvre avec beaucoup d’étonnement. Tout comme la critique d’un polar ne dévoile pas la résolution d’un meurtre, cette recension ne dévoile pas les secrets mis à jour par Brook et son assistante Martha Lee.

L’épilogue réserve une autre surprise au lecteur. En plus, bien sûr, de la morale de l’histoire…

Cet ouvrage se lit comme un roman. Une étude captivante sur une ancienne carte géographique comme on en voit rarement. Son dénouement est digne d’une enquête historique passionannte.

Ouvrage d’un érudit, le livre de Timothy Brooks contient plusieurs outils de repérage : table des matières, liste des vingt-huit illustrations, notices biographiques de quatorze personnages, descriptions de neuf lieux, chronologie (1600-1692), annexes (compas chinois, côtes chinoises), remerciements et sources, index, photo et notice biographique de l’auteur.

Référence

Brook, Timothy. – Mr Selden’s Map of China. Decoding the Secrets of a Vanished Cartographer. – Toronto : Anansi, 2013. – xxiv, 213p, illustrations. – ISBN 978-1-77089-353-5. – BAnQ : 912.16472 S4642b 2013. – [Citation, p. xxi].

Sur la Toile

The Selden Map of China (Site officiel)

There were two independent ventures to China under English commanders in 1635, one by Henry Bornford (1635-6, chartered by the Portuguese from Goa to Macao and returning to Surat), and the other by William Courteen’s Association, which arrived in Macao in 1637, but neither records the capture of the map and the compass. Perhaps they were taken from a Chinese merchant ship associated with Quanzhou, as that is the starting point of all the sea routes on the map.

John Selden’s Map of East Asia (The Selden Map of China)

Dong Xi Yang Kao (A Study of the Eastern and Western Oceans)

Of the Dominion, or, Ownership of the Sea : Two Books

Ouvrage en latin de John Selden (1584-1654) traduit en anglais par Marchamont Nedham et imprimé à Londres en 1652 par William Du-Gard. Plusieurs éditions de ce livre sont contenues dans la Bibliothèque numérique Gallica (BnF), dont celle en latin de 1635.

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Livre numérique gratuit

Le répertoire Anciennes cartes géographiques recense les meilleures collections numériques d'anciennes cartes géographiques en libre accès, des ressources connexes, une sélection de documents cartographiques et une bibliographie. Les documents recensés dans les collections peuvent souvent être redimensionnés, imprimés ou téléchargés. Selon des modalités diverses, ils peuvent parfois être aussi libres de droits.

05 mars 2014

Histoires d’étoiles

Immenses sphères de gaz incandescent, les étoiles constituent les sources de la lumière de l’Univers. Sans elles, l’infinité de l’espace resterait plongée dans une profonde obscurité. Cette lumière, émise par les étoiles, procure aussi la chaleur, sans laquelle la vie ne se serait jamais développée sur Terre.

Philippe Henarejos, journaliste à Ciel et Espace, nous présente les histoires singulières et étonnantes de sept étoiles :

- Êta de la Carène
- Sirius
- Bêta Pictoris
- V 838 de la Licorne
- SN 1987A
- Geminga
- Epsilon du Cocher

Les différents chapitres racontent les péripéties de leurs découvertes par les astronomes à travers le temps. J’ai particulièrement aimé le premier chapitre sur l’exploration de l’étoile Êta de la Carène, dont voici une image prise par le télescope Hubble :


L’ouvrage est complété par une bibliographie avec des références pour chacun des sept chapitres.

Un livre captivant!

Image

Eta Carinae (NASA, ESA, and the Hubble SM4 ERO Team)

Référence

Henarejos, Philippe. – Histoires d’étoiles : enquêtes d’astronomes sur 7 grands mystères. – Paris : Delachaux et Niestlé, 2011. – 192p. – ISBN 978-2-603-01748-7. – Cote BAnQ : 523.8 H493h 2011. – [Citation, p. 10]. – [Auteur].

Sur la Toile

Ciel et Espace
Eta Carinae (The University of Minnesota)

Articles connexes

Poussières d’étoiles (Hubert Reeves)
Promenades dans les étoiles (Philippe Henarejos)

01 mars 2014

Histoire secrète de Guernica

Innombrables dans l’histoire de l’humanité, les massacres de civils perdurent jusqu’à nos jours. Dans le contexte de l’Exposition internationale de 1937 et du bombardement de la ville basque de Guenica, le célèbre tableau éponyme de Pablo Picasso est devenu rapidement le « symbole » de la dénonciation de tout massacre de populations civiles.

C’est l’histoire secrète de ce tableau que raconte Germain Latour d’une façon magistrale et parfois anecdotique. Son livre compte dix-sept chapitres, un épilogue, des reproductions de documents de première source, des illustrations et une bibliographie.

Les trois premiers chapitres tracent une fresque historique de l’Espagne au 20e siècle : la transition pacifique de l’après-franquisme vers la démocratie (1975-1981), le raid aérien contre la ville de Guernica le 26 avril 1937, l’indifférence initiale de Picasso envers la guerre civile. Le contexte général du tableau est ainsi bien campé.

Les chapitres suivants (4-7) traitent spécifiquement du tableau : la genèse de Guernica et ses interprétations, l’exposition du tableau au Pavillon de l’Espagne (Paris) et sa réception, l’analyse détaillée de l’œuvre, les expositions de la peinture en Europe et en Amérique du Nord. Cette partie est instructive et fascinante.

Le chapitre 8 porte sur le régime dictatorial de Franco, au cours de la période 1960-1975, ainsi que des personnalités impliquées autour du pavillon espagnol de l’Exposition internationale de 1937. Les chapitres suivants (9-13) décortiquent les aspects juridiques relatifs aux héritiers et à la succession de Pablo Picasso, dont son chef-d’œuvre Guernica laissé en dépôt au MoMA depuis 1939. S’appuyant sur des documents de première source, notamment des documents non dévoilés auparavant, l’auteur révèle un secret étonnant.

Les derniers chapitres abordent les questions de propriété et de transfert en Espagne de Guernica. L’auteur, avocat de profession, explique simplement et clairement les enjeux et les documents juridiques. Tout comme l’épilogue et l’ensemble du livre, cette partie se lit comme un roman. Les dimensions diplomatiques sont particulièrement bien documentées et bien mises en contexte.

Germain Latour, tout en reconnaissant le génie artistique de l’artiste Picasso, déboulonne l’individu Picasso.

Référence

Latour, Germain. – Guernica : histoire secrète d’un tableau. – Paris : Seuil, 2013. – 298p, annexes et reproduction du tableau. – ISBN 978-2-02-111474-4. – BAnQ : 759.6 P5868g 2013. – [Citation, p. 102]. – [Extrait].

Sur la Toile

Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (espagnol, anglais)
Analyse d’œuvre : Guernica de Pablo Picasso (Sylvia Ladic, 27 mars 2013)