15 mai 2020

Voyage au cœur du monde végétal


Dans Flora, l’art se marie à la botanique pour révéler le monde végétal à travers de sublimes photographies. […] Rencontre exceptionnelle entre la beauté et le savoir, Flora est une invitation à découvrir, ou à redécouvrir, le monde fascinant des plantes.
Barbara W. Faust

Les jardins botaniques Smithsonian (Washington) et Kew (Londres) viennent de publier un livre exceptionnel, à la fois scientifique et artistique: Flora, un fascinant voyage au cœur du monde végétal. Abondamment illustré, ce grand livre luxueux est publié par les Éditions MultiMondes.

Quel plaisir de découvrir une foule de curiosités botaniques expliquées simplement avec des photos époustouflantes. Quelques exemples:


- le Tillandsia, une plante sans racines, se nourrit en absorbant l’humidité de l’air à travers ses feuilles tapissées d’écailles;
- les fleurs de la Rose trémière possèdent des taches invisibles pour nous, mais décelables par les pollinisateurs percevant la partie ultraviolette du spectre ;
- les inflorescences de l’Amour-en-cage contiennent un seul fruit de type baie;
- les petites fleurs au parfum sucré de l’Asclépiade ont chacune cinq capuchons remplis de nectar.

Soulignons aussi le caractère encyclopédique du volume qui illustre les différents types de racines, de tiges, d’écorces, de bourgeons, d’épines, de feuilles, de bractées, des formes des fleurs, des grains de pollens, d’inflorescences, de nectaires, de fruits, etc.

Plusieurs phénomènes sont aussi expliqués par de superbes schémas, par exemple la distribution des nutriments, la couleur verte des feuilles, le cycle de l’eau, la photosynthèse, les structures florales, l’exposition à la lumière du jour, l’écholocalisation, l’attraction des couleurs, la pollinisation, les variations thermiques, la structure d’une graine, le développement de la graine, l’anatomie du fruit, etc.

Voyons maintenant de plus près le contenu de ce livre exemplaire.

Le livre compte quatre parties: les parties préliminaires, les plantes, les familles de plantes et les compléments.

Les parties préliminaires contiennent la page titre, la notice bibliographique, la table des matières, l’avant-propos de Barbara W. Faust et le chapitre introductif le règne végétal. Celui-ci présente un exposé sur la définition du mot plante, les types de plantes et la classification des plantes. Ces notions de base serviront de références tout au long du volume.

La partie sur les plantes est la plus volumineuse du livre. Elle compte cinq sections: les racines; les tiges et les branches; les feuilles; les fleurs; les graines et les fruits. À l’image du chapitre introductif, chaque section commence par une ou deux définitions des éléments étudiés (racine, tige, branche, feuille, fleur, graine, fruit). Les plantes décrites sont présentées sur des pages doubles. Celles-ci sont introduites par un sommaire et comptent plusieurs images, ainsi qu’un ou deux encadrés portant sur un ou des aspects particuliers. Les photographies des plantes, les illustrations artistiques et les schémas des encadrés sont légendés.

Chacune de ces cinq parties dédiées à l’étude détaillée des plantes contient une ou plusieurs doubles pages intitulées les plantes dans l’art. Ces pages contiennent des illustrations et des notices biographiques de célèbres artistes botanistes. Voici les thèmes abordés dans ces pages, avec les noms des artistes:

- les racines / impressions de nature (Vincent Van Gogh)

- les tiges et les branches / renaissance de la nature (Albrecht Dürer, Léonard de Vinci), de l’Orient à l’Occident (William Roxburgh, peintre inconnu)

- les feuilles / inspirés par la nature (William Morris, Giovanni Beltrami, Jeannie Foord), la botanique réinventée (Rory McEwen, Pandora Sellars), herbiers d’autrefois (Pedanius Discoride, Nicolas Culpeper)

- les fleurs / la peinture chinoise (Chou Hongshou, Jin Yuan, Chen Chun), les estampes japonaises (Iwasaki Tsunemasa, Katsushika Hokusai), des visions radicales (Jimson Weed, Georgia O’Keeffe), floraisons royales (Pierre-Joseph Redouté, Franz Bauer, Gérard Van Spaendonck), une passion américaine (Mary Vaux Walcott, George Cochran Lambdin)

- les graines et les fruits / jardins antiques (mosaïque byzantine de Constantinople, fresque romaine de la Villa Livia), art et science (Johann Wilhelm Weinmann, Georg Dionysius Ehret), peindre le monde (Berthe Hoola Van Nooten, Marianne North).

La partie sur les familles de plantes compte deux sections: le catalogue des familles de plantes et les familles du règne végétal. Le catalogue recense plus de 70 familles de plantes présentées par ordre alphabétique des ordres botaniques. Chaque page contient une fiche ainsi constituée: titre (nom générique de la famille), famille (spécifique), ordre, exposé, illustration artistique, quatre photos de différentes espèces.

Voici la liste des artistes dont une ou plusieurs illustrations accompagnent les exposés: F. Bauer, W. Baxter,C.L. Blume, S.A. Drake, M.E. Eaton, G.D. Ehret, W.H. Fitch, E.E. Gleadall, J.J. Haid, H.S. Holtzbecker, N.J. Jacquin, C.A.M. Lindman, J. Kops, F. Losch, A. Masclef, J. Miller, G.B. Moradi, W. Müller, G.C. Oeder, J.J. Plenck, P.J. Redouté, J.E. Smith, M. Smith, J. Sibthorp, J. Sowerby, J. Sturm, J.W. Sturm, H. Thiselton-Dyer, O.W. Thomé, L. Van Houtte, W. Weinmann.

La section sur les familles du règne végétal recense 639 familles de plantes vasculaires et non vasculaires: plantes à fleurs (angiospermes), conifères et cycadophytes (gymnospermes), fougères (ptéridophytes), lycopodes, anthocérotes, mousses (bryophytes), hépatiques. Les familles sont classées par ordre alphabétique à l’intérieur de leur ordre.

Les compléments contiennent plusieurs outils et références: le glossaire, l’index, la liste des illustrations botaniques (par page), les remerciements et les crédits photographiques.

En conclusion, ce livre est une encyclopédie visuelle, un outil de référence scientifique et une œuvre d’art.

Référence

Fewster, Helen, dir. - Flora. Un fascinant voyage au cœur du monde végétal. - Avant-propos par Barbara W. Faust. - Traduction par Valérie Feugeaset et Marie-Noëllle Pichard. - Montréal: MultiMondes, 2019. - 440p. - ISBN 978-2-8977-3125-0. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 580 F632 2019 et 500 F.

Images

Millepertuis à grandes fleurs (Hypericum ascyron ssp. pyramidatum, Hypericaceae)

Tillandsia (Tillandsia ionantha var. ionantha, Bromeliaceae)
Rose trémière (Alcea rosea 'Spotlight Polarstar', Malvaceae)
Alkékenge[Amour-en-cage] (Physalis alkekengi var. franchetii 'Gigantea', Solanaceae)
Asclépiade commune (Asclepias syriaca, Apocynaceae)

Photos © Claude Trudel 2020, Le monde en images, CCDMD.

La Collection de Claude Trudel compte plusieurs milliers de photos prises au Jardin botanique de Montréal. Les photos originales ont une résolution de 2048 x 1152 pixels, mais elles sont aussi disponibles aux formats 320 x 180 pixels, 800 x 450 pixels, 1024 x 576 pixels et 1920 x 1080 pixels. Les photos peuvent être vues individuellement ou en diaporama. Elles peuvent aussi être envoyées au format carte postale virtuelle. Sous une licence CC BY-NC-SA, les photos peuvent être utilisées gratuitement à des fins éducatives non commerciales.

08 mai 2020

La guerre du Vietnam


Diên Biên Phu conditionna la pensée des principaux protagonistes, notamment celle de trois présidents américains, de Thieu et de ses commandants, de nombre de dirigeants de Hanoi et même des meneurs du mouvement antiguerre.

John Prados a entrepris l’étude de la guerre du Vietnam depuis le milieu des années 1960. Son livre sur cette guerre a été publié initialement par les Presses de l’Université du Kansas, en 2009, puis édité en français en 2011, avec une réédition française en 2015.

Cet ouvrage est une somme. Il propose d’ailleurs aux lecteurs et chercheurs plusieurs outils de recherche: les Notes par chapitre (95 pages), la Notice bibliographique (32 pages), l’Index (26 pages) et la liste des Cartes. Le livre contient aussi une liste des Acronymes (5 pages) et les Remerciements (3 pages). La Table des matières est sommaire (1 page), mais les titres des 17 chapitres sont accompagnés d’une séquence chronologique spécifique.

Comme il s’agit d’une étude historique, le lecteur a tout intérêt à lire les parties préliminaires et le chapitre conclusif avant d’entreprendre la lecture des chapitres : Avant-propos (9 pages), Un mot au lecteur (4 pages), Avril 1971: les vétérans de la guerre (20 pages), 17 - La vérité est en marche vers sa demeure (53 pages).

La consultation préalable des cartes est tout aussi indiquée:

- Le Viêt Nam: situation générale (1965)
- Bataille de la vallée de la Drang (1965)
- Khe Sanh et la ligne McNamara (1967)
- Offensive du Têt (janvier 1968)
- Offensive Nguyen Huê (avril 1971).

Le style dynamique de John Prados est remarquable, le texte se lisant comme celui d’un reportage, d’un reportage tragique, absurde et meurtrier. Tout au long du récit, l’auteur décrit et explique les événements, comme un pédagogue. Les forces politiques, morales, sociales et militaires sont décrites avec minutie et pertinence. Le déroulement de batailles décisives est relaté avec précision, sans alourdir la poursuite de la lecture du récit. Le rôle des figures marquantes, présidents américains et autres personnalités, s’insère naturellement et d’une façon significative dans l’événementiel.

À plusieurs reprises, l’auteur compare la guerre ingagnable du Vietnam à celle tout aussi ingagnable de l’Irak. Le chapitre conclusif met bien en évidence la dynamique funeste de ces guerres impérialistes, des guerres américaines menées aussi bien contre des populations appauvries, déjà victime d’une guerre civile, que contre les opposants américains en sol américain.

Une étude exhaustive à lire et à méditer pour bien comprendre les récentes guerres et interventions américaines à répétition en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Europe.

Référence

Prados, John. - La guerre du Viêt Nam, 1945-1975. - Paris: Perrin, 2015. - 1079p. - (Collection Tempus). - ISBN 978-2-262-05027-6. - [Citation, p. 904]. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 959.7043 P896g et 959.7043 P896g 2015.

Image

Massacre de My Lai - Photo taken by United States Army photographer Ronald L. Haeberle on March 16, 1968 in the aftermath of the My Lai massacre showing mostly women and children dead on a road.

Sur la Toile

John Prados (Site de l’auteur)
Vietnam War (Archives nationales des États-Unis d’Amérique)

01 mai 2020

Empires, Islam et commerce au Sahel central


Dans un livre encyclopédique sur L’Afrique ancienne, de 20 000 avant notre ère au 17e siècle, Detlef Gronenborn présente l’histoire du Pays des Noirs.

L’espace considéré est limité à l’ouest par la rive orientale du fleuve Niger, à l’est par le lac Tchad, au nord par le désert du Sahara et au sud par des régions montagneuses (situées dans le Nigeria et le Cameroun actuels). Le trait distinctif de cette région est le lac Tchad dont la surface était autrefois beaucoup plus étendue.

La carte intitulée Formations politiques du Sahel central accompagne l’exposé. On y trouve notamment les différentes entités politiques, les principaux centres urbains, la localisation des peuples, les axes commerciaux, les zones de capture d’esclaves, les grandes ressources et les sites archéologiques.

Les sources écrites sur la région sont nombreuses, mais elles sont d’inégale valeur. Les écrits d’auteurs romains sont imprécis, par exemple Julius Maternus et Septimius Flaccus. Les auteurs musulmans communiquent des informations plus exhaustives et pertinentes, en particulier al-Yaqûbî, al-Bakrî, al-Idrîsî et Ibd Saîd. Deux auteurs de l’époque précoloniale sont signalés, Giovanni Lorenzo Anania et Friedrich Hornemann. Les apports d’auteurs de l’époque coloniale sont notés, dont ceux de Hugh Clapperton, Heinrich Barth, William Baikie, Gerhard Rohlfs, Gustav Nachtigal, Parfait-Louis Monteuil et Leo Frobenius. Par ailleurs, les sources archéologiques permettent, dans une certaine mesure, de découvrir l’évolution de la complexification sociale, plus spécifiquement celle de la culture Nok.

Les parties suivantes de l’exposé portent sur l’histoire de deux grandes régions, Karen-Bornou et Haoussa. Karen-Bornou fut le centre économique du Sahel central pendant plus d’un millénaire, mais peu de traces archéologiques de cette hégémonie ont survécu. Cette puissance économique reposait sur le commerce des esclaves. L’auteur s’attarde plus longuement sur le pays haoussa, dont l’essor fut plus tardif. Le commerce des esclaves y fut aussi déterminant. Les sources archéologiques de cette région sont largement décrites.

En conclusion, l’auteur souligne l’importance des facteurs internes pour expliquer le temps long de l’histoire du Pays des Noirs. Après le contact avec le monde musulman, l’activité économique dominante fut le commerce des esclaves dans le contexte de nouvelles puissantes cités-États.

Outre la carte initiale déjà indiquée, l’exposé est illustré par plusieurs documents iconographiques: Le roi caché du Bornou (1826), Caravane haoussa (1895), Musicien haoussa (1912), Buste de femme, culture Nok (10e av. jc - 3e s.), Four de réduction du fer (Baidesuru), Place centrale de Kukawa (1860), Razzia d’esclaves (1872), Rue de Kano. Le chapitre compte aussi deux encarts illustrés: La géographie d’al-Idrîsî, de Gao à Manân et Les riches défuntes de Durbi Takusheyi.

L’étude de Detlef Gronenborn correspond au 7e chapitre de la première partie du livre L’Afrique ancienne. Cet ouvrage volumineux et richement illustré, sur papier glacé, est ainsi constitué:

Prologue
Partie 1 - Les continents de l’histoire africaine (13 chapitres)
Partie 2 - La fabrique de la diversité culturelle (6 chapitres)
Atelier de l’historien (5 chapitres)
Annexes (bibliographie, index, table des cartes)
Table des matières
Crédits photographiques et autres

Une encyclopédie exceptionnelle pour mieux connaître et apprécier les histoires multiples et les diverses cultures des Africains.

Références

Gronenborn, Detlef. - «Du Karen-Bounou aux cités Haoussa, Empires, Islam et commerce au Sahel central». - Dans Fauvelle, François-Xavier. - L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe (20 000 avant notre ère - XVIIe siècle). - Paris: Belin, 2018. - 678p. - (Mondes anciens). - ISBN 978-2-7011-9836-1. - Texte, p. 202-225; bibliographie, p. 635-636; notice biographique, p. 656. - BAnQ: 960 A2586 2018.

Detlef Gronenborn, archéologue, est chercheur-conservateur principal au Römish-Germanisches Zentralmuseum et professeur adjoint à l’Université Johannes-Gutenberg, à Mayenne.

Source documentaire recommandée

Henri Barth - Voyages et découvertes dans l'Afrique septentrionale et centrale pendant les années 1849 à 1855. - Tome 1 - Tome 2 - Tome 3 - Tome 4.

La contribution probablement la plus importante à l’exploration scientifique du Bilâd al-Sûdân [Pays des Noirs] central nous vient de Heinrich Barth. (Detlef Gronenborn, p. 208)

Carte

1858 - Afrique occidentale - Karte Eines Theils von Africa zur Übersicht von Dr. Bath's Reisen, 1850-1855 und der von ihm Gesammelten Itinerarien: Westiches-Östliches Blatt / Entworfen u. Gezeichnet v. A. Petermann / August Heinrich Petermann (1822-1878), cartographe; Heinrich Barth (1821-1865), auteur du texte; Verlag Klett-Perthes, éditeur scientifique / Éditeur: (Gotha). - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Cette carte figure à la fin du tome 4 des Voyages et découvertes dans l'Afrique septentrionale et centrale pendant les années 1849 à 1855, par Heinrich Barth.

Ressource complémentaire

Jolly, Jean. - L’Afrique et son environnement européen et asiatique. Atlas historique. - Paris: L’Harmattan, 2008. - 167p. - ISBN 978-2-2960-5773-9. - BAnQ 911.6 J756a 2002.