30 janvier 2020

Le châtiment de Prométhée


À l’issue d’une longue procédure, une séance extraordinaire du Sénat se déroule à l’ombre d’un olivier sacré.

Quatre personnalités participent aux délibérations: Hypométhée, le président du Sénat, Apométhée, l’assesseur, Améthée et Antiméthée.

Avant le prononcé de la sentence, pour éviter des objections de forme, le président du Sénat rappelle les faits. Prométhée est accusé d’avoir inventé le feu, de pouvoir reproduire à tout moment le feu par frottement, d’avoir diffusé cette invention, d’avoir indiqué l’usage du feu à des personnes incompétentes, au lieu de l’avoir déclaré aux autorités légitimes.

L’assesseur Apométhée intervient pour demander l’examen approfondi de l’accusation avant de prononcer l’énoncé de la sentence.

Comme cette requête est acceptée par le président du Sénat, Améthée intervient en évoquant le côté religieux de l’affaire, Prométhée ayant subtilisé le feu aux puissances divines. En conséquence, il doit être accusé de vol et de sacrilège et lèse-divinité.

Apométhée prend la parole pour s’opposer à Améthée, expliquant que le feu est une force naturelle dont la découverte était à la porter de n’importe qui voulant s’amuser à frotter des pierres. Par contre, le feu est un élément très dangereux pouvant détruire des biens et des vies, au risque de mettre fin à toute civilisation. En conséquence, Prométhée doit être accusé de voies de fait personnelles et de menace pour la sécurité publique. L’intervenant conclut en réclamant la peine de détention à vie, avec coucher sur la dure et mise aux fers.

Hypométhée approuve les propos d’Améthée et d’Apométhée. Il ajoute quelques remarques sur la gravité de la situation. La production du feu est un manque de respect envers l’héritage du passé, une activité subversive. De plus, le feu va causer le ramollissement des gens, la décadence des mœurs et le désordre.

Antiméthée renchérit ensuite en citant des effets imprévisibles de l’usage du feu dont les nouvelles possibilités sont prodigieuses. En conséquence, Prométhée doit être accusé d’avoir communiqué la découverte du feu au premier venu, de ne pas avoir confié sa découverte aux seules personnes autorisées, d’avoir appris aux étrangers (et ennemis) à allumer le feu, de haute trahison et de manœuvres contre la communauté. L’intervenant conclut en réclamant la peine de mort.

La séance est levée après une brève discussion sur la conciliation des accusations allant en crescendo et le prononcé de la sentence… que vous pourrez découvrir en lisant le récit apocryphe de Karel Čapek (1890-1938) intitulé Le châtiment de Prométhée (1932).

Commentaire

Une figure mythique présentée d’une façon étonnante. Un récit satirique comme l’épilogue le souligne. Une nouvelle toujours d’actualité en ce début du nouveau siècle.

Dans la même veine, les récits apocryphes portant sur l’impérialisme et le cynisme des dirigeants des grandes puissances sont tout aussi d’actualité, par exemple Alexandre le Grand, La mort d’Archimède et Napoléon.

Référence

Čapek, Karel. - «Le châtiment de Prométhée» (1932). - Dans Récits apocryphes. - Traduit du tchèque par Marlyse Poulette. - Préface de Marcel Aymonin. - Lausanne (Suisse): Éditions L’Âge d’Homme, 2001. - 204p. - (Petite bibliothèque slave, n° 03). - ISBN 978-2-8251-1226-7. - P. 13-18. - BAnQ: Capek C237r.

Image

Olivier © 2018, Claude Trudel, Le monde en image, CCDMD.

Sur la Toile

Karel Čapek (Wikipedie)

24 janvier 2020

Portraits de femmes bibliothécaires au Québec


Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec: portraits et parcours de vies professionnelles

Le présent ouvrage rassemble les portraits de sept femmes qui ont eu des parcours d’exception, que ce soit dans les bibliothèques publiques, scolaires, universitaires ou encore dans le milieu de l’enseignement de la profession de bibliothécaire au Québec. Grâce au leadership qu’elles ont exercé au sein de leurs établissements respectifs, ces femmes ont marqué leur profession et leur époque.

Après avoir souligné l’absence d’étude produite au Québec sur le rôle joué par les femmes au sein des bibliothèques, l’introduction présente une fresque historique de la présence des femmes bibliothécaires aux États-Unis d’Amérique, en Grande-Bretagne, en France et au Québec, au 19e siècle d’abord, puis au 20e siècle.

La place occupée par les femmes au sein de quelques bibliothèques québécoises est précisée: Bibliothèque de Saint-Sulpice, Bibliothèque de l’Assemblée législative, Bibliothèque de droit de l’Université McGill et Bibliothèque générale de l’Université Laval.

Trois constats sont ensuite formulés: l’absence ou la quasi-absence de femmes bibliothécaires au 19e siècle, sauf aux États-Unis d’Amérique; la présence importante de femmes bibliothécaires depuis le 20e siècle; la lente et progressive ascension des femmes bibliothécaires, depuis leurs rôles subalternes jusqu’aux postes de direction.

Sept auteurs font les portraits et retracent les parcours professionnels de huit femmes bibliothécaires:

[ 1 ] - Éva Circé-Côté (1871-1949), première bibliothécaire de la Ville de Montréal / Andrée Lévesque

[ 2 ] - Mary Sollace Saxe (1865-1942) et la Bibliothèque publique de Westmount / Marcel Lajeunesse

[ 3 ] - Marie-Claire Daveluy (1880-1968), bibliothécaire de carrière / Johanne Biron

[ 4 ] - Hélène Grenier (1900-1992), pionnière des bibliothèques scolaires à Montréal / Éric Leroux

[ 5 ] - Céline Robitaille-Cartier (1930-2017), bibliothécaire engagée et gestionnaire humaniste / Claude Bonnelly

[ 6 ] - Paule Rolland-Thomas (1929-): transmettre la passion du catalogage / Michèle Hudon

[ 7 ] - Hélène Charbonneau (1929-) et Louise Guillemette-Labory (1953-): une mémoire encrée dans le souci des inégalités sociales / Marie D. Martel.

Ces biographies sont illustrées par des photographies de ces bibliothécaires remarquables et par des documents patrimoniaux. Elles sont complétées par des bibliographies.

La préface de Jean-Louis Roy, président-directeur général de BAnQ, la table des matières, la liste des figures et des tableaux sont insérées en début d’ouvrage, tandis que des notices biographiques sur les auteurs figurent à la fin du livre.

Alors que les auteurs racontent les vies de huit bibliothécaires dans leur contexte historique respectif, le préfacier situe ces personnalités marquantes dans le nouveau contexte de réévaluation de la place des femmes, trop souvent exclues des narrations historiques. Jean-Louis Roy souligne ensuite quelques-unes des grandes réalisations de ces femmes d’action et de résolution. Il conclut ainsi ses propos: «Ce livre fait de portraits de femmes compétentes et entrepreneuses, exigeantes et déterminées, appartient à cette entreprise de reconstruction, de reconstruction québécoise et universelle.»

Référence

Lajeunesse, Marcel; Leroux, Éric; Martel, Marie D.; dir. - Préface de Jean-Louis Roy. - Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec. Portraits et parcours de vies professionnelles. - Québec: Presses de l’Université du Québec (PUQ), 2020. xviii-178p. - (Gestion de l’information). - ISBN 978-2-7605-5251-7. - [Citations: Introduction, p. 1; Préface, p. vii et x]. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: à venir. - [ Extraits ].

Image

Hélène Grenier (15 novembre 1946) - BAnQ, Fonds Conrad Poirier, P48,S1,P13935. - Cette photo est reproduite dans le chapitre intitulé Hélène Grenier, pionnière des bibliothèques scolaires à Montréal, p. 85.

Colloque

Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec [Enregistrements des conférences et des périodes de questions] (23 novembre 2018, Grande Bibliothèque, BAnQ)

Rates de bibliothèque (Catherine Lalonde, Le Devoir, 23 novembre 2018)

Pour une histoire des femmes bibliothécaires au Québec (Amel Boudina, BBF, 17 mai 2019)

Sur la Toile

À propos de BAnQ / Historique (BAnQ)

Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ)

Association pour la promotion des services documentaires scolaires (APSDS)

Association professionnelle des techniciennes et techniciens en documentation du Québec (APTDQ)

Bibliothèques de Montréal (Ville de Montréal)

Les bibliothèques universitaires unissent leurs forces (Jean-François Venne, Le Devoir, 25-26 janvier 2020)

Brève chronologie de l’histoire des bibliothèques et de la bibliothéconomie au Québec: des débuts aux années 1960 (Éric Leroux, Topographie du Québec documentaire, Volume 54, numéro 2, avril–juin 2008)

Les cent ans de la Bibliothèque de la Ville de Montréal (Nicolas Bednarz, Archives de Montréal, 5 septembre 2017)

Communication-Jeunesse (CJ)

Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec (CBPQ)

École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI)

Fédération des milieux documentaires (FMD)

17 janvier 2020

Une carte du monde en 1854


Ce planisphère encyclopédique a été produit par Joseph Hutchins Colton (1800-1893), un éditeur américain de réputation internationale. Attardons-nous à quelques-unes de ses caractéristiques: support et contour, cartouche de titre, cartouches techniques, typographie, découvertes et explorations, frontières, relief, villes et commerce, zones polaires.

Support et contour

La carte a été gravée sur une plaque d’acier. Colorée à la main, elle mesure 118 x 176 cm. Le contour est constitué d’une large bande décorative illustrant des scènes typiques et des villes importantes, dont plusieurs grands ports.

L’Amérique est mise en évidence dans cette mise en situation. La gravure centrale supérieure (sans contour délimité) illustre le débarquement de Christophe Colomb (12 octobre 1492), tandis que celle du bas figure le port de New-York au milieu du 19e siècle. Trois types d’embarcations sont illustrés: chaloupe, voilier et bateau à aubes. Alors que l’image de Colomb illustre les premiers contacts entre Autochtones et Européens, celle de New-York illustre la Révolution industrielle marquée par l’utilisation de machines à vapeur. Comme dans les autres illustrations urbaines, plusieurs édifices new-yorkais sont identifiés: Hôtel de Ville, Bourse, église de la Trinité, etc.

Deux villes européennes et deux villes asiatiques sont illustrées dans les coins de la carte: Londres et Paris, d’une part, Constantinople et Canton d’autre part. Visuellement, ce sont les illustrations les plus imposantes. Les constructions emblématiques de ces villes sont identifiées. Londres: ponts, cathédrale Saint-Paul, monument du Grand Incendie de 1666. Paris: église Notre-Dame, église Saint-Sulpice, Hôtel des Invalides, Palais des Tuileries et Hôtel de Ville. Constantinople: mosquées et tour de Galata; types d'embarcations: radeau, chaloupe, galère, voilier, bateau à aubes. Canton: quartier des factoreries illustrant l’impérialisme occidental en Chine (drapeaux des États-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni et des Pays- Bas); type d’embarcations: sampan.


Les gravures urbaines intermédiaires illustrent une ville américaine et trois villes européennes: La Nouvelle-Orléans, Saint-Pétersbourg, Naples et Rome. Quelques sites signalés: industrie du coton à La Nouvelle-Orléans, Palais d’hiver et statut de Pierre le Grand à Saint-Pétersbourg, mont Vésuve à Naples, basilique Saint-Pierre et château Saint-Ange à Rome.

Les scènes représentées sur les bordures latérales ont trait à l’habillement d’Européens, d’Asiatiques et d’Amérindiens dans leur milieu respectif: costumes folkloriques (suisse, circassien et grec), cour d’un mandarin chinois, harem ottoman, Amérindien d’Amérique septentrionale et Amérindienne d’Amérique méridionale.

Fait à noter, aucune illustration relative au continent africain, tant pour les villes que pour les scènes ethniques. Ainsi, l’auteur et l’éditeur américains de cette carte maquillent subrepticement la nature esclavagiste de leur pays.

Cartouche de titre

Le cartouche de titre contient plusieurs informations bibliographiques:
- titre de la carte: Colton's illustrated & embellished steel plate map of the world
- type de projection: on Mercator's projection
- sources documentaires: compiled from the latest & most authentic sources exhibiting the recent Arctic and Antarctic discoveries & explorations
- cartographe et graveur: D. Griffing Johnson
- éditeur: Joseph Hutchins Colton
- adresse de l’éditeur: N° 86 Cedar Street, New York
- année de publication: 1854.


Cartouches techniques

Outre le cartouche de titre, la carte contient plusieurs autres cartouches: rose des vents, orientation, projection, longitudes et latitudes, échelle, grille, distances et chronologie.

Comme l’indique la rose des vents, figurant au croisement du méridien de Greenwich et du Cercle arctique, la carte est orientée vers le Nord:


Le cartographe attribue à la projection de Gérard Mercator (1512-1594), publiée en 1566, plusieurs avantages par rapport à d’autres types de projection, tout particulièrement pour les cartes marines:


Le méridien de la grille des coordonnées géographiques est celui de Greenwich. De part et d’autre de ce méridien, les longitudes sont indiquées par séquence de 15° (et par des chiffres romains). De part et d’autre de l’Équateur, les latitudes sont indiquées par séquence 10°. Le quadrillage de référence est constitué par des lettres majuscules et minuscules (ex.: Mer de Béring dans le quadrilatère Ac).


L’échelle graphique pour calculer les distances est expliquée par le cartographe, exemple à l’appui:


Un tableau affiche les distances entre un grand nombre de villes portuaires et les ports de Londres, New-York et La Nouvelle-Orléans. Les distances entre ces trois ports sont également indiquées:


Typographie

La typographie est caractérisée par l’utilisation d’un très grand nombre de polices et de tailles de caractères. À titre d’exemple, la typographie de l’Empire russe avec ses trois composantes majeures (Russie, Sibérie occidentale, Sibérie orientale) et leurs subdivisions respectives.


Un autre exemple, celui de la Confédération germanique (Allemagne) alors constituée d’un grand nombre d’États, dont plusieurs font l’objet d’une notice (au large de l’Irlande):


Par ailleurs, la typographie d’éléments d’une même catégorie géographique peut varier, comme la taille des noms des continents: Afrique, Amérique méridionale, Amérique septentrionale, Asie, Europe, Océanie. Sur cette carte, l’absence d’homogénéité typographique est manifeste.

Découvertes et explorations

Les Grandes Découvertes et les explorations ultérieures à travers le monde sont un des thèmes majeurs de cette carte. Un grand nombre d’itinéraires sont tracés sur les océans, tandis que des notices sur plusieurs explorateurs sont insérées ici et là. Par exemple, les découvertes de la côte du Labrador par Jean et Sébastien Cabot (1497, 1498):


Les explorations à l’intérieur du continent américain par les Français sont absentes de la carte: golfe et fleuve Saint-Laurent, région des Grands Lacs, fleuve Mississippi, Prairies et Rocheuses. Par contre, certaines explorations à l’intérieur de l’Afrique sont notées, comme celles de Mungo Park (1806):


Un sommaire sur de grands explorateurs est présenté sous forme de tableau, la dernière entrée ayant trait à l’exploration de l’Antarctique:


Frontières

Au milieu du 19e siècle, les frontières entre les empires et pays sont bien différentes de celles d’aujourd’hui. À titre d’exemple, voyons le cas des États-Unis d’Amérique.

Le pays d’origine du cartographe et de l’éditeur de la carte est indépendant depuis le Traité de Paris de 1783. Ses frontières sont mouvantes, en particulier peu de temps avant que cette carte soit dressée. Sa frontière septentrionale fait l’objet du Traité Webster-Ashburton de 1842 et du Traité de l’Oregon de 1846. Sa frontière méridionale fait l’objet du traité de Guadeloupe Hidalgo de 1848. À l’exception notable de la Californie, la presque totalité de l’espace à l’ouest du Mississippi est constituée de territoires fédéraux.

Deux exemples illustrant cette dimension historique de la frontière mouvante des États-Unis d’Amérique au milieu du 19e siècle:
- la revendication territoriale américaine indiquée par un tracé en filigrane dans la région de Madawaska, à la jonction du Québec (Canada-Est), du Nouveau-Brunswick et du Maine;
- la présence de plusieurs nations amérindiennes dans l’Ouest américain.


Relief, villes et commerce

Les montagnes sont illustrées par des hachures, tandis que les déserts le sont par des pointillés. La population de plusieurs villes est notée. Exemples:
- Empire chinois: chaîne de montagnes Tian Shan et désert de Gobi;
- Empire russe: chaîne de montagnes Oural, population de certaines villes (dont Tobolsk) et notice historique sur le plus vieux centre urbain de Sibérie.


En lien avec les découvertes et explorations, le commerce maritime fait l’objet de plusieurs notices, comme les exportations indonésiennes de poivre et de café [un volcan sous-marin (1789) est localisé par un point]:


Zones polaires

Les explorations de l’Arctique et de l’Antarctique font l’objet de plusieurs annotations, l’Antarctique faisant même l’objet d’une gravure:


Appréciation

Cette carte encyclopédique poursuit une longue tradition cartographique visant à reproduire une image complète et dynamique du monde. Elle illustre le monde au milieu du 19e siècle, un monde caractérisé par la poursuite des explorations et du commerce mondial à l’ère de la Révolution industrielle. Un monde dont les contours et des espaces restent à découvrir et explorer, notamment aux pôles et au cœur de l’Afrique. Un monde dominé par quelques grands empires.

Carte

1854 - Monde - (Colton's illustrated & embellished steel plate map of the world on Mercator's projection: compiled from the latest & most authentic sources exhibiting the recent Arctic and Antarctic discoveries & explorations / D. Griffing Johnson, graveur / Joseph Hutchins Colton, éditeur, New-York, 1854) - Bibliothèque du Congrès.

Références

Cartes et coordonnées (Commission de la frontière internationale)
Expansion territoriale américaine (Lionel Jean, Université Laval)
Grammaire de la carte (livre numérique gratuit)
Joseph Hutchins Colton (biographie)

Articles connexes

Atlas historique de l’Arctique
Exploration de la Sibérie
La Grande Expédition américaine de 1838-1842
La nouvelle nature des cartes
Un voyage à travers le temps

10 janvier 2020

Trente images révélant l’Univers

Les images scientifiques constituent un pilier de la découverte du monde et une source de nouvelles connaissances.


Trois images, dont une transformatrice et deux contemporaines. La première image montre des taches solaires dessinées par Galilée le 23 juin 1612. Les deux autres ont été produites quatre siècles plus tard: une photographie des taches solaires prise le 7 juillet 2012 et l’image d’une éruption solaire survenue le 31 août 2012.

Ces images sont reproduites dans Trente images qui ont révélé l’Univers, un livre grand public sur l’histoire de l’astronomie, par l’astrophysicien québécois Jean-René Roy. Elles illustrent l’approche didactique privilégiée par l’auteur pour nous raconter l’histoire de l’astronomie, depuis le début du 17e siècle - avec des incursions dans les siècles précédents - jusqu’à nos jours.

L’auteur présente 30 images transformatrices, c’est-à-dire des images qui correspondent à des ruptures dans le continuum des découvertes astronomiques. Des images qui ont transformé notre façon de voir les objets cosmiques: l’après fut différent de l’avant. À titre d’exemple, le dessin de Galilée établit la nature de la surface solaire et la localisation des taches solaires. Par ailleurs, le savant italien démontre que l’utilisation du télescope rend possibles des découvertes aussi novatrices qu’inattendues. Sa contribution à la science fut donc révolutionnaire. Dans son exposé, Jean-René Roy ajoute des images complémentaires sur les avancées scientifiques relatives à l’étude du Soleil, dont les deux images contemporaines ci-dessus.

Comme la démarche de l’auteur est basée sur l’exploitation d’images, il prend la peine d’expliquer l’importance des images en astronomie et en astrophysique. Ainsi, dans son introduction, il distingue les deux catégories d’images utilisées par les scientifiques: les images représentatives (ex.: dessins, portraits, graphiques, photographies) et les images non représentatives (ex.: cartes, simulations numériques, reconstructions picturales). Deux autres thèmes sont abordés dans l’introduction: la fabrication des cartes du ciel et l’apport révolutionnaire du télescope.

Le livre compte une trentaine de chapitres regroupés dans cinq parties:

I - Soleil et système solaire
II - La Voie lactée
III- Le monde des galaxies
IV - La cosmologie
V - Des images pour l’esprit.

Tout comme dans l’introduction, chaque partie est introduite par une image historique, une citation significative et un sommaire conséquent. Les chapitres contiennent un grand nombre de sections et d’illustrations, dont une image transformatrice. Toutes les images sont légendées et créditées. Les divers épisodes et grands moments relatés dans cet essai de cosmographie sont racontés d’une façon captivante.


Cette photographie du croissant lunaire vu au-dessus de l’atmosphère terrestre a été prise le 31 juillet 2011. La portion orange correspond à la troposphère, la région la plus dense de l’atmosphère terrestre d’une épaisseur moyenne de 13 km. C’est la dernière image transformatrice incluse dans le livre. Elle illustre l’importance de l’image pour comprendre l’Univers et le futur aléatoire de l’humanité. Deux brèves citations de la conclusion suscitent une profonde réflexion sur notre monde et notre devenir:

Nous sommes minuscules, l’univers est immense. L’histoire des civilisations se mesure en milliers d’années tout au plus. L’univers a 13,8 milliards d’années et durera l’éternité.

Les images obtenues de l’espace non seulement nous rappellent la beauté de notre planète, mais nous mettent en garde contre l’équilibre délicat de ce système et nous avertissent de sa fragilité. La parenthèse de l’humain dans l’éternité pourrait se refermer brusquement.

Commentaire

Les nombreuses notes infrapaginales dénotent la vaste culture générale et scientifique de Jean-René Roy. En plus de souligner les contributions de dizaines de scientifiques, dont plusieurs femmes, l’auteur nous parle de ses études universitaires et des ses expériences astronomiques dans divers milieux scientifiques. Ces témoignages personnels enrichissent et vivifient son exposé.

L’ouvrage est complété par une chronologie des 30 images transformatrices, un lexique, une bibliographie et un index. Les remerciements d’usage sont indiqués au début du livre. La dédicace rappelle la mémoire d’Adelaïde Ames (1900-1932), pionnière du monde extragalactique (portrait et contribution à la page 13).

Les images astronomiques sont innombrables. Un très grand nombre d’entre elles peuvent être consultées sur la Toile. Les images transformatrices et les images connexes sélectionnées et expliquées par Jean-René Roy nous aident à comprendre leur importance et à mieux connaître l’Univers.

Quel livre merveilleux, quelle œuvre admirable !

Référence

Roy, Jean-René. - Trente images qui ont révélé l’Univers. De la Lune à l’aube cosmique. - Québec: Presses de l’Université Laval (PUL), 2019. - xiv, 296p. - ISBN 978-2-7637-4386-8. - [Citations, p. xi, xii, 277, 275, 276]. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 522.6309 R8882t 2019.

Images

Taches solaires (23 juin 1612) (Galilée) (BnF / Gallica) - Page 30.

Taches solaires (7 juillet 2012) (NASA / Goddard Space Flight Center) - Page 31.

Éruption solaire observée en lumière ultraviolette par l’observatoire spatial Solar Dynamics Observatory (31 août 2012) (NASA / Goddard Space Flight Center) - Page 33.

Atmosphère terrestre (31 juillet 2011) (NASA / JSC Gateway to Astronaut Photography of Earth) - P. 276-277.

Sur la Toile

Jean-René Roy (Ordre national du Québec)

Plusieurs biographies et articles sur Jean-René Roy sont diffusés sur la Toile, dont une biographie dans Wikipédia.

03 janvier 2020

Découvertes botaniques [ B ]

Une seconde série d'espèces découvertes en 2019 au Jardin botanique de Montréal.

[ 21-24 ] - Myriophylle aquatique - Néobuxbaumia - Penthorum faux-orpin - Peristrophe


[ 25-28 ] - Phégoptère du hêtre - Phlegmariurus - Pontédérie cordée - Queue-de-lion


[ 29-32 ] - Réglisse - Réséda des teinturiers - Rubanier à gros fruits - Ruttye fruticuleuse


[ 33-36 ] - Saurure penché - Staphylier à trois folioles - Thaumatophyllum - Thélyptéride des marais


[ 37-40 ] - Troscart maritime Tussilage Woodwardie Zédoaire


Images

Séries > A [ 1-20 ] - B [ 21-40 ]

Photos © Claude Trudel 2019, Le monde en images, CCDMD.

La Collection de Claude Trudel compte plusieurs milliers de photos prises au Jardin botanique de Montréal. Les photos originales ont une résolution de 2048 x 1152 pixels, mais elles sont aussi disponibles aux formats 320 x 180 pixels, 800 x 450 pixels, 1024 x 576 pixels et 1920 x 1080 pixels. Les photos peuvent être vues individuellement ou en diaporama. Elles peuvent aussi être envoyées au format carte postale virtuelle. Sous une licence CC BY-NC-SA, les photos peuvent être utilisées gratuitement à des fins éducatives non commerciales.