Jean-Louis Brazier, pharmacologue et professeur émérite de l’Université de Montréal, retrace les grandes étapes de l’histoire du pavot depuis 5 400 ans. Son exposé scientifique est publié dans le numéro courant de
Quatre-Temps, la revue des Amis du Jardin botanique de Montréal.
Un parcours botanique qui prend ses origines en Mésopotamie, puis en Égypte. Il explique ensuite les mentions du pavot et de l’opium chez les Grecs Homère et Théophraste (372-287), puis dans
Le Canon de la médecine écrit par le célèbre médecin arabe Avicenne (980-1037).
Le médecin suisse Paracelse (1493-1541) recommande l’usage de l’opium sous la désignation
laudanum. Thomas Sydenham (1624-1689) modifie la formulation du remède laudanum qui sera en vente libre, comme les paquets d’opium, dans les pharmacies européennes au cours du 19e siècle.
Après les recherches des chimistes français Armand Seguin (1767-1835) et Bernard Courtois (1777-1838), le pharmacien allemand Friedrich Wilhelm Sertürner (1783-1841) décrit en 1817 le principe actif extrait de l’opium sous le nom de
morphine. La désignation de ce médicament sera toutefois disputée par Joseph Gay-Lussac (1778-1850). Le terme
alcaloïde est créé en 1819 par le pharmacien allemand Carl F. W. Meissner (1792-1853). Cette découverte donnera lieu à la chasse aux alcaloïdes.
À partir de la seconde partie du 19e siècle, la chimie organique de synthèse et la chimie structurale se développent en prenant le relais de la chimie extractive de la première moitié du 19e siècle. Parallèlement, la pharmacologie s’intéresse au concept de récepteur.
Les recherches sur les récepteurs agissant sur certains types de neurones se concrétisent à partir des années 1960. Candace Pert (1946-2013) et Solomon Synder (né en 1938) démontrent la présence de récepteurs opioïdes, certaines de leurs caractéristiques et leur localisation, en 1973. Deux ans plus tard, le pharmacologue Hans Walter Kosterlitz (1903-1996) découvre les enképhalines, les endocrines et d’autres peptides.
La morphine soulage la douleur, mais elle a des effets secondaires lourds. En cherchant à améliorer la tolérance à ce médicament, le chimiste allemand Heinrich Dreser (1860-1924) aboutit à la découverte de l’
héroïne en testant en 1898 une molécule synthétisée auparavant par Felix Hoffmann (1868-1949). À cause de sa forte dépendance, l’héroïne sera retirée de la pharmacopée en 1914.
L’auteur souligne l’apport du pavot à l’arsenal thérapeutique des analgésiques : la morphine et la codéine, les molécules hémisynthétiques et les molécules entièrement synthétiques. Il conclut ainsi son article : « L’histoire du pavot nous montre comment les médicaments sont des cadeaux de la nature. »
Complété par une bibliographie et abondamment illustré, cet article écrit dans un style dynamique est instructif et captivant.
Référence
Brazier, Jean-Louis. – « 5 400 d’histoire du pavot ». –
Quatre-Temps, la revue des Amis du Jardin botanique de Montréal. – ISSN 0820-5515. – Hiver 2013, vol. 37, n° 4, p. 33-37 et 39.
Image
Photo prise par Claude Trudel au Jardin botanique de Montréal.