28 septembre 2018

Fleur de magnolia / Agatha Christie


L’air fleurait le parfum sucré du magnolia et deux ou trois pétales s’étaient détachés, veloutés et odorants, pour ce poser sur ce visage qui se tournait vers lui, aussi crémeux, aussi doux et silencieux qu’eux. Fleur de magnolia… exotisme, senteurs, mystère

Une nouvelle de dix huit pages. Trois personnages: Vincent Easton, Théodora et son mari Richard Darrell. Deux villes: Londres et Douvres, en Angleterre. Temps: trois jours.

Le classique triangle relaté par la célèbre romancière.

Un récit en cinq épisodes, les trois premiers se déroulant le même jour, les deux autres survenant le surlendemain. Les épisodes sont constitués de deux séquences, chaque tournant entraînant une nouvelle péripétie:

1° la rencontre à la gare Victoria / Sous l’horloge de Victoria Station, Vincent Easton attendait.
> tournant: Tout à coup.

2° le voyage à Douvres / Théodora Darrell était assise en face de lui.
> tournant: Puis, se figeant au milieu de la pièce.

3° le retour à Londres / Les Darrell vivaient à Chelsea
> tournant: Mais la voix de Richard rendait un son faux.

4° le plan de sauvetage / – Richard, dit Théodora
> tournant: Et puis, au moment où elle se levait pour aller se coucher, il dit tout à coup.

5° le dénouement / – Théo !
> tournant: Elle scrutait toujours son visage, et la vérité finit par lui apparaître.

Les premières et dernières phrases de la nouvelle évoquent le temps court ressenti comme une longue durée, par Vincent Easton au début de l’incipit et par Richard Darrell en fin de récit.

Théodora, le fil conducteur de l’histoire: une fleur de magnolia, une véritable fleur de magnolia.

Une nouvelle captivante, construite avec habileté. Des personnages bien typés. Des lieux décrits avec précision. Un style alerte, des dialogues saisissants, des retournements inattendus. Bref, du Agatha Christie!

Référence

Christie, Agatha. - «Fleur de magnolia» (1981). - Dix brèves rencontres. Recueil de nouvelles. - Paris: LGF, 2017. - 160p. - (Le Livre de poche). - ISBN 978-2-253-11417-0. - [Citation, p. 75] - P. 75-93. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: CHR et Christie C55555d.

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Magnolia de Loebner (Loebner Magnolia), Magnolia × loebneri ‘Leonard Messel’, Magnoliaceae, Origine horticole, Jardin botanique de Montréal. - Photo © Claude Trudel 2018, Le monde en images, CCDMD.

21 septembre 2018

Points de vue sur le roman


À la croisée des genres et des histoires, le roman donne à rêver et à penser.

Dans un ouvrage synthèse remarquable, Nathalie Piégay-Gros propose une sélection de textes sur le roman. Les extraits sont commentés d’une façon analytique et captivante.

Les diverses facettes du roman sont présentées dans l’introduction sous plusieurs volets: un genre indéterminée, savoirs romanesques, une expérience de maîtrise, le registre romanesque, dénis et valorisation du romanesque, un art d’assouvissement.

Les textes choisis (auteurs) sont ainsi regroupés:

I - La représentation romantique (Sterne, Balzac, Descombes, Barthes, Lukacs)

II - Les enseignements du roman (Laclos, Mme de Staël, Sade, Rivière, Girard, Pavel, Marthe Robert, Pingaud, Barthes)

III - Le romanesque et ses pouvoirs (Frye, Rousseau, Stendhal, Goncourt, Chateaubriand, Proust, Aragon, Rimbaud, Pinget, Shakespeare)

IV - Le roman en procès (Rousseau, Furetière, Scarron, Breton, Aragon, Robe-Grillet, Sarraute)

V - L’impérialisme du roman: le genre de tous les genres (Bakhtine, Kundera, Hugo, Aragon, Quignard, Woolf).

Les parties III et V bénéficient d’une introduction particulière.

L’ouvrage est complété par un vade-mecum (antiroman, aventure, détail, dialogisme, femmes, fin, histoire, illusion, réalisme, reconnaissance, roman pur, romance, vraisemblance) et une bibliographie (perspectives historiques, les genres du roman, approches théoriques, le romanesque).

Une diversité de points de vue forts intéressants sur un genre littéraire très populaire. Une mise en page conviviale. Bref, un outil de référence dont la consultation est fort agréable.

Référence

Piégay-Gros, Nathalie. - Le roman. - Paris: Flammarion, 2013. - (Corpus). - 255p. - ISBN 978-2-0812-9399-1. - [Citation, Introduction, p. 46]. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 809.3 R et 809.3 R7581 2013.

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Photo © Claude Trudel 2018 - Le monde en images, CCDMD

14 septembre 2018

Les chasseurs de plantes


Carolyn Fry nous convie à découvrir les aventures des grands explorateurs botaniques depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours:

The variety of species and cultivars we now take for granted is thanks to the exploits of numerous plant-collecting and horticultural pioneers. In the days before mass transport and commercialisation, explorers risked their lives to obtain specimens from remote lands, nations fought wars over supplies, and empires expanded and contracted on the strength of trade in plant-based commodities.

Les exposés sont aussi instructifs que captivants. Ils sont accompagnés de nombreuses et remarquables illustrations et photos. Le tout dans une mise en page exemplaire.

Les deux premiers chapitres nous introduisent aux explorations botaniques au cours de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Quelques temps forts sont soulignés, dont l’expédition au Pays de Pount menée par Hatchepsout (1508-1457), reine et pharaon d’Égypte (1479-1457), Théophraste (372-287) et les expéditions d’Alexandre le Grand, l’introduction de nouvelles plantes lors des conquêtes romaines et, à partir du 8e siècle, les nouvelles plantes acquises au sein des empires islamiques.

Les chapitres suivants sont consacrés aux débuts de l’Époque moderne: la recherche des précieuses épices orientales par les puissances européennes, la naissance des premiers jardins botaniques et leur évolution, et la fameuse tulipamanie. Dans ce contexte historique, deux personnages sont mis en évidence: Nicholas Culpeper (1616-1654) et Charles de L’Écluse (1526-1609).

La série de chapitre sur le Siècle des Lumières débute par la transformation et le développement des jardins botaniques européens, centrés désormais sur les plantes exotiques plutôt que sur les plantes médicales. Les contributions de plusieurs explorateurs sont soulignées, dont Jean-François de La Pérouse (1741-1788), André Thoüin (1747-1824) et Francisco Hernandez (1515-1578). Par ailleurs, plusieurs jardins botaniques sont créés dans les colonies européennes. Le chapitre suivant est dédié à Carl von Linné (1707-1778), le célèbre initiateur du système binominal des plantes.

L’œuvre remarquable de Joseph Banks (1743-1820) est mise en évidence dans les chapitres 9 et 12. Les chapitres suivants présentent les grands explorateurs de l’Amérique latine, dont Charles Marie de La Condamine (1701-1774), Alexander von Humboldt (1769-1859), Aimé Bonpland (1773-1858), Richard Spruce (1817-1893), Francis Masson (1741-1805) et Carl Peter Thunberg (1743-1828). Deux chasseurs de plantes en Amérique du Nord sont ensuite mis en vedette, Meriwether Lewis (1774-1809) et David Douglas (1799-1834).

Les chapitres 14-21 sont surtout dédiés aux explorateurs de la flore asiatique. Bien souvent, l’attrait des plantes exotiques font place aux plantes économiques, comme par exemple la canne à sucre, l’opium, le thé, le caoutchouc et la vanille. Ce nouvel intérêt commercial a provoqué l’exploitation de plusieurs millions d’esclaves et de nombreuses guerres. Dans ce contexte impérialiste, l’auteure parle notamment des chasseurs de plantes Joseph Hooker (1817-1911), Ernest Henry Wilson (1876-1930), Pierre Poivre (1719-1786), Robert Fortune (1812-1880) et Benedic Roezl (1823-1885). Notons que l’explorateur scientifique Wilson, au service des Jardins botaniques royaux de Kew (Londres) et de l’Arboretum Arnold (Boston), a été inhumé au Cimetière Mont-Royal (Montréal).

Les derniers chapitres sont thématiques. Ils portent sur les illustrations et les illustrateurs botaniques, la protection de la biodiversité, le rôle des jardins botaniques, les chasseurs de plantes contemporains, les plantes invasives, la conservations des semences et l’impact des changements climatiques.

Le livre est complété par un index (noms et images) et les crédits iconographiques. Outre la mise en page exemplaire et les exposés captivants, ce livre est aussi merveilleux pour la qualité et la diversité des images: illustrations tirées de livres botaniques et d’herbiers, photographies, anciennes cartes géographiques, plans de jardins botaniques, portraits d’explorateurs, manuscrits tirés de carnets botaniques, objets, etc. Notons aussi que des encadrés biographiques et thématiques sont insérés dans chaque chapitre.

Un livre tout simplement admirable!

Référence

Fry, Carolyn. - The Plant Hunters. - Londres: Andre Deutsch Book / Royal Botanical Gardens Kew, 2017. - 160p. - ISBN 978-0-233-00516.4. - [Citation, Introduction, p. 6].

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Pivoine arbustive (Tree Peony), Paeonia suffruticosa, Paeoniaceae, Chine orientale, Jardin botanique de Montréal © Claude Trudel 2018 - Le monde en images / CCDMD

La collection de Claude Trudel compte plus de 3 600 photos prises au Jardin botanique de Montréal. Les photos originales ont une résolution de 2048 x 1152 pixels, mais elles sont aussi disponibles aux formats 320 x 180 pixels, 800 x 450 pixels, 1024 x 576 pixels et 1920 x 1080 pixels. Les photos peuvent être vues individuellement ou en diaporama. Elles peuvent aussi être envoyées au format carte postale virtuelle.

Articles connexes

À la découverte du Nord
Des chasseurs de plantes
Le transport maritime des plantes

07 septembre 2018

Atlas du Québec (1492 à nos jours)


L’Atlas du Québec compte trois parties: un répertoire de cartes numériques, un guide d’interprétation d’anciennes cartes géographiques et des descriptions de cartes exemplaires.

La première partie contient un répertoire de cartes et plans relatifs au Québec couvrant cinq siècles: le régime français, le régime anglais et la fédération canadienne.

La deuxième partie est destinée plus particulièrement aux étudiants pour l’interprétation d’anciennes cartes géographiques. L’observation globale de la carte, l’analyse de ses éléments et l’élaboration d’une synthèse constituent les trois étapes de l’interprétation d’une carte. Ainsi, les cartes contenues dans cette partie sont regroupées sous les thèmes Types de cartes, Grille d’analyse et Synthèse.

La troisième partie présente les descriptions de cinq cartes exemplaires: Nouvelle-France (Gastaldi, 1556), Amérique du Nord (Franquelin, 1688), Amérique (Danet, 1731), Pistes cyclables à Montréal (Anonyme, 1897), Atlas de Montréal (Pinsoneault, 1907).

Table des matières

Introduction

A - Cartes numériques

1. – Présentation
2. – Répertoire
2.1 – Régime français
2.1.1 – Découvertes (1492-1608)
2.1.2 – Compagnies (1608-1663)
2.1.3 – Colonie royale (1663-1763)
2.2 – Régime anglais
2.2.1 – Province de Québec (1763-1791)
2.2.2 – Bas-Canada (1791-1840)
2.2.3 – Canada-Est (1840-1867)
2.3 – Fédération canadienne
2.3.1 – Territoire initial (1867-1898)
2.3.2 – Territoire contemporain (1898 à nos jours)

B - Guide d’interprétation

1. – Présentation
2. – Types de cartes
2.1. – Surfaces représentées
2.2. – Sujets
2.3. – Époques
2.4. – Auteurs
2.5. – Supports
3. – Grille d’analyse
3.1. – Éléments généraux
3.2. – Éléments administratifs
3.3. – Éléments humains
3.4. – Éléments naturels
4. – Synthèse
4.1. – Carte d’une région
4.2. – Plan d’une ville
4.3. – Exercices
5. – Liste des cartes
6. – Lexique
7. – Bibliographie
8. – Index des auteurs

C - Descriptions

1 – Présentation
2 – Cartes exemplaires
2.1 – Nouvelle-France (1556)
2.2 – Amérique du Nord (1688)
2.3 – Amérique (1731)
2.4 – Pistes cyclables à Montréal (1897)
2.5 – Atlas de Montréal (1907)

Auteur

Référence

Atlas du Québec / Nouvelle édition revue et augmentée / Livre numérique gratuit.

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1688 - Carte de l'Amerique Septentrionnale : depuis le 25, jusqu'au 65⁰ deg. de latt. & environ 140, & 235 deg. de longitude (Jean-Baptiste-Louis Franquelin) - Library of Congress (LoC)