Lucien Laubier (1936-2008) nous présente les péripéties de la découverte des fonds abyssaux qui constituent la plus vaste unité écologique de la Terre. Ce récit captivant est accompagné de magnifiques planches et photos nous présentant la vie étonnante dans les profondeurs des océans et des mers.
Le livre est divisé en quatorze chapitres complétés par une bibliographie et une annexe. Celle-ci énumère les dizaines d’espèces dédiées à l’auteur : Protozoaires (4), Plathelminthes (1), Annélides (79), Mollusques (6), Crustacés (38), Acariens (3), Échinodermes (2), Ascidies (1).
La première partie de l’ouvrage porte sur l’historique de l’exploration des abysses, alors que la seconde s’attarde à la vie dans les abysses.
Première partie
Le premier chapitre traite des monstres marins imaginés à l’époque antique et au cours du Moyen Âge. Le chapitre suivant est dédié aux calmars géants.
Le chapitre 3 est consacré aux précurseurs de l’océanographie : Luigi Ferdinando Marsigli (1658-1730), Antoine Joseph Risso (1777-1845), John Ross (1777-1856), Edward Forbes (1815-1854), George Charles Wallich (1815-1899). La seconde partie du chapitre porte sur des entreprises collectives : la réparation du câble télégraphique sous-marin entre la Sardaigne et l’Algérie (1860), les campagnes des navires HSM Lightning et HMS Porcupine (1868, 1869 et 1870), la circumnavigation du HMS Challenger (1872-1876).
Le chapitre 4 présentes les activités océanographiques qui se sont déroulées à la fin du 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle. Les contributions européennes (Norvège, France, Monaco, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne) et américaines sont mises en évidence. La seconde partie du chapitre est dédiée aux explorations norvégiennes du SS Michael Sars (1910). Le rapport conjoint de cette mission par John Murray (1841-1914) et Johan Hjort (1869-1948) est considéré comme la première synthèse de l’océanographie hauturière.
Le chapitre 5 présente les caractéristiques des abysses : hydroclimat, lumière solaire, température, respiration (oxygène), dioxyde de carbone et carbonates, masse volumétrique de l’eau de mer, pression hydrostatique. Ce chapitre contient de nombreux tableaux.
Le chapitre 6 traite des aspects biologiques des fonds abyssaux : les extraordinaires adaptations des poissons bathypélagiques, l’origine de la vie abyssale, la répartition de la faune de l’océan profond. La seconde partie du chapitre est consacrée aux missions scandinaves de l’Albatros (Suède, 1947-1948) et de la Galathea 2 (Danemark, 1950-1952). La fin du chapitre présente les réalisations soviétiques, particulièrement la synthèse des connaissances de la faune ultra-abyssale publiée par G. M. Belyaev (1966). Ce chapitre contient plusieurs tableaux.
Les chapitres 7 et 8 portent sur les équipements techniques qui ont permis l’exploration des fonds abyssaux. L’auteur s’attarde raconte les exploits des bathyscaphes, celui des Américains William Beebe et Otis Barton (1930, 1932, 1934), le FNRN 2 belge (1948) , le FNRS 3 franco-belge (1953, 1958), le Trieste 1 (1953), le Trieste 2 américain (1959), le B 11 000 – Archimède français (1961-1985). Le chapitre se termine par le récit des explorations effectuées avec sous-marins, d’abord habités puis ensuite robotisés.
Seconde partie
Le chapitre 9 porte sur les théories écologiques et la biodiversité spcifique des abysses. En 1968, l’Américain H. L. Sanders émet la théorie de la stabilité dans le temps : «la cause de l’exceptionnelle biodiversité de la pente continentale réside dans la stabilité des conditions physiques sur de longues périodes de temps». Cette théorie est rapidement mise en cause par Dayton et Robert R. Hessler (1972). Les recherches ultérieures de J. Frederick Grassle et Nancy J. Maciolec susciteront de grands débats sur le nombre potentiel de nouvelles espèces marines (1992).
Le chapitre suivant traite de la disponibilité de la nourriture pour la faune abyssale. La théorie de la tectonique des plaques renouvela complètement l’étude biologique des abysses. Les campagnes de l’Alvin (1977, 1979, 1987), à l’origine d’importantes découvertes auprès des sites hydrothermaux, sont longuement présentées par l’auteur. D’autres campagnes similaires suivront et un total de près de 70 sites seront ainsi découverts en l’espace de vingt ans (1987-2006). La dernière partie du chapitre porte sur la circulation hydrothermale et la chimiosynthèse.
Le chapitre 11 porte sur certains traits et caractéristiques des organismes associés à ces milieux hydrothermaux et de suintements froids où la photosynthèse est remplacée par la chimiosynthèse. Leur contenu scientifique est extrêmement spécialisé. Le chapitre 12 présente quelques groupes zoologiques abyssaux. Parmi ces groupes, un des plus surprenants est celui des poissons ceratioïdes (p. 255-256; photos : p. 109, 257)
Le dernier chapitre aborde les perspectives en océanographie profonde. L’auteur présente les conclusions de plusieurs ouvrages à grande diffusion sur les fonds abyssaux, depuis les années 1960. Et l’auteur complète le tous par des considérations personnelles.
Référence
Laubier, Lucien. – Ténèbres océanes : le triomphe de la vie dans les abysses. – Préface de Jean-Yves Perrot. – Paris : Buchet/Chastel (Meta-Éditions), 2008. – 299 p. – ISBN 978-2-283-02271-6. – Cote BAnQ : 577.799 L3668t 2008.
Sur la Toile
Census of Marine Life (COML)
Galathea Report : Scientific Results of The Danish Deep-Sea Expedition (1950-1952) (Torben Wolff)
HMS Challenger (Jennifer Jones)
Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer)
Institut Maurice-Lamontagne (Gouvernement fédéral du Canada)
Institut océanographique (Fondation Albert 1er, prince de Monaco)
L'institut océanographique de Bedford (Gouvernement fédéral du Canada)
Le peuple de la mer : monstres et divinités (BnF)
Ocean Explorer (NOAA) (Gouvernement des États-Unis d’Amérique)
United Nations Atlas of the Oceans (Organisation des Nations unies)