12 février 2023

Le Métier de documentaliste - 5e édition

Jean-Philippe Accart vient de publier une cinquième édition entièrement refondue et actualisée du livre de référence Le Métier de documentaliste, aux Éditions du Cercle de la Librairie.

Le préfacier Marc Martinez, directeur de la Bibliothèque de Sciences Po Paris et président de l’Association des directeurs et directrices de bibliothèques universitaires (ADBU) pose ainsi le socle de ses propos : « Traiter, classer, conserver, diffuser, rendre accessible l’information : si les formes matérielles et techniques de ces processus ne cessent d’évoluer ainsi que les contextes dans lesquels les professionnels de l’information scientifique et technique travaillent, les missions de fond demeurent. » Il poursuit son exposé en soulignant l’importance sociale du documentaliste et les défis à relever dans les nouveaux contextes de l’information.

D’entrée de jeu, Jean-Philippe Accart précise dans son introduction le but de l’ouvrage : faire connaître un métier souvent méconnu ou sous-estimé, celui de documentaliste. À cet égard, trois volets sont abordés : les attraits du métier, son utilité et sa dénomination. Les cinq parties du livre sont ensuite présentées. Puis ses destinataires sont spécifiés : les lycéens et les futurs étudiants, les parents, les employeurs; les étudiants en information-documentation, les enseignants en sciences de l’information, les professionnels.

I - Devenir documentaliste

La partie initiale du volume aborde quatre thèmes : la société et l’information, l’environnement professionnel, les formations et le monde du travail. Les aspects sociaux et légaux de l’information sont présentés et détaillés : la définition et la typologie de l’information, l’information pertinente et numérique, l’économie de l’information, les lois afférentes (droit d’auteur et autres aspects légaux). L’historique du métier de documentaliste est ensuite présenté, ainsi que les associations nationales et internationales reliées aux métiers de la documentation. Les formations de documentaliste en France sont décrites sous trois volets : les diverses filières scolaires, les compétences et aptitudes pour être documentaliste, l’éthique professionnelle. Un panorama sur le monde du travail en France, en Suisse, en Belgique et au Québec complète cette partie.

II - Exercer le métier de documentaliste

Cette partie est éminemment pratique. Après avoir souligné l’importance des stages et des pratiques professionnelles, deux dimensions du métier de documentaliste sont présentées : la création et le développement du service de documentation, la gestion du service de documentation. Quelques dimensions préliminaires sont abordées : la définition, la ventilation des objectifs, la formulation des missions, et les particularités du service de documentation. Les cinq étapes de la démarche d'un projet de création d’un service de documentation sont ensuite détaillées, avec de multiples exemples à l’appui. La description des différents types de gestion complète cette partie, dont la gestion participative, empathique, de projet, d’équipe, économique et financière, des moyens techniques et du matériel.

III - Traiter l’information

Cette partie porte sur les deux premières étapes de la chaîne documentaire : l’acquisition des documents, l’analyse des contenus. La troisième étape, la diffusion de l’information, est abordée dans la partie suivante. L’auteur précise que ces opérations sont au cœur du métier de documentaliste.

Les paramètres de la politique d’acquisition des documents sont décrits, puis présentés sous la forme d’un schéma. Les aspects suivants sont ensuite abordés : 1° une typologie des documents à acquérir (périodiques, revues, quotidiens de presse, ouvrages); 2° les outils d’acquisition (bibliographies, catalogue d’éditeurs, de libraires et de diffuseurs, bases de données bibliographiques, répertoires d’éditeurs et de libraires; dons, dépôts, échanges; libraires, bases de données professionnelles, littérature grise, thèses et mémoires, brevets, actes de conférences, publications gouvernementales, statistiques, archives ouvertes); 3° les éléments complémentaires (accès libre, multimédia, évaluation de la politique d’acquisition, inventaire et désherbage des collections, réception, équipement et mise à disposition des documents).

La deuxième étape de la chaîne documentaire est présentée en deux séquences : l’identité du document, puis l’analyse documentaire. La première séquence traite et exemplifie quelques notions de catalogage et la notice bibliographique. La seconde séquence porte sur la lecture documentaire, l’indexation des documents, les langages documentaires, la création d’un plan de classement, le résumé et la typologie des résumés documentaires. Les normes reliées à cette étape sont décrites et illustrées par des exemples.

IV - Comprendre et construire l’information

Avant d’aborder la troisième étape de la chaîne documentaire, la diffusion de l’information, l’auteur s’attarde aux technologies de l’information numérique : le portail documentaire, la plateforme de services documentaires (infonuagique) et autres services de documentation (chaîne de blocs, réalité augmentée, intelligence artificielle), les logiciels documentaires et les logiciels libres, la gestion électronique de documents (GED).

La diffusion de l’information est abordée sous deux volets : les services documentaires (accueil des usagers, circulation et prêts des documents), et les produits documentaires courants, dynamiques, interactifs et personnalisés. Un chapitre particulier est consacré à la veuille, tandis qu’un dernier chapitre est dédié au partenariat utilisateur-documentaliste (modalités de recherche, formation et éducation à l’information, fraude et plagiat).

V - Rendre visibles le service de documentation et son activité

Cette dernière partie s’attarde à l’image du service de documentation, un aspect essentiel selon l’auteur. Trois aspects sont développés : la communication, la commercialisation et l’image de marque du service de documentation.

Après en avoir identifié les bases de la stratégie de communication, le plan général et les étapes de cette stratégie sont décrits. À cet égard, les éléments suivants sont notamment exposés : le rapport annuel d’activité (indicateurs documentaires), la communication documentaire interne et externe (objectifs, contenus, moyens, supports).

La commercialisation du service de documentation est présentée sous diverses approches, l’orientation générale de ces démarches devant être plus centrée sur les utilisateurs que sur les produits offerts. Plusieurs exemples illustrent ce processus publicitaire.

La création et le rayonnement de l’image de marque visent à distinguer le service de communication à l’interne de l’organisation ou de l’entreprise, dans un contexte de compétition avec d’autres services, comme à l’extérieur, dans un contexte concurrentiel généralisé. Les démarches propres à la création et à la diffusion de l’image de marque sont illustrées par nombre d’exemples.

Conclusion

L’auteur dresse un tableau de la société contemporaine et de la dynamique interactive du monde actuel de l’information. Dans ce contexte, le métier de documentaliste se transforme et prend un nouveau visage : « Insensiblement, la fonction documentaire évolue donc et occupe d’autres terrains : elle est plus souple, diversifiée et s’exerce avec moins de contraintes. […] Des missions plus courtes, techniques selon la demande des entreprises, tel est peut-être le futur du professionnel de l’information. »

Les documentalistes sont assurément appelés à relever de nouveaux défis. Le Métier de documentaliste du spécialiste Jean-Philippe Accart pourra leur servir de guide pratique au début et tout au long de leur passionnante carrière.

L’ouvrage compte plusieurs outils de repérage : une table des matières détaillée, dès les premières pages du livre; de nombreuses notes infrapaginales, dont des adresses de sites; des références bibliographiques proposées à la fin de chaque chapitre, sous le thème Pour en savoir plus; un index des auteurs cités et un index des termes.

Références

Accart, Jean-Philippe. - Le Métier de documentaliste. - 5e édition. - Préface de Marc Martinez. - Électre / Éditions du Cercle de la Librairie, 2023. - 268p. - ISBN 978-2-7654-1626-5. - [Citations, p. 13, 251].

Site de l’auteur

Jean-Philippe Accart (Site dédié aux professionnels de l’information-documentation)

Autres publications de l’auteur

Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information (Préface de Carol Couture)
La médiation à l’heure du numérique (Préface de Christophe Deschamps)
Personnaliser la bibliothèque

02 février 2023

Le catalogue raisonné numérique en arts visuels

Depuis l’avènement des technologies de l’information (environ une quarantaine d’années), et plus particulièrement depuis l’apparition d’Internet et de la numérisation massive du patrimoine (environ une vingtaine d’années), a surgi l’idée de réunir et de rendre accessible en un lieu virtuel l’ensemble des connaissances préservées par des instituions patrimoniales telles que les bibliothèques, les centres d’archives et les musées.

Le livre de l’archiviste René St-Pierre explore les cas Barbeau, Borduas, Riopelle et Vaillancourt dans son livre intitulé Le catalogue raisonné numérique en arts visuels. Il est destiné aux artistes et leur succession, collectionneurs, galeristes, marchands d’art, commissaires d’exposition, conservateurs de musée, évaluateurs, historiens de l’art, et étudiants (arts, histoire de l’art, muséologie, sciences de l’information, archivistique).

Le contenu de cet ouvrage de référence est structuré et mis en page d’une manière didactique. La version numérique du livre pourra s’avérer avantageuse pour les personnes utilisant cette ressource comme outil de travail, les hyperliens intégrés au texte étant très nombreux. À titre d’exemple, certains liens sont insérés dans cette recension.

La partie préliminaire présente la table des matières, les listes des figures, des tableaux, des sigles et acronymes, et de l’introduction. Le corps de l’ouvrage contient trois chapitres : Définition et origine des catalogues raisonnés, Formes et fonctions des catalogues raisonnés, Vers une méthodologie de recherche/production. La partie complémentaire comprend la conclusion, une annexe (tableau comparatif de catalogues d’artistes, sites Web, repères pour l’interprétation des entrées du catalogue), et une bibliographie.

Dans l’introduction, l’auteur explique comment le catalogue raisonné numérique favorise la complémentarité des dimensions documentaires, archivistiques et muséales du travail de l’artiste. Il précise ainsi son but : « étudier les variations contemporaines que peut prendre le portfolio d’artiste dans sa forme la plus achevée, le catalogue raisonné numérique. » Son étude porte spécifiquement sur quatre figures marquantes de la modernité québécoise : Barbeau, Borduas, Riopelle et Vaillancourt. Des témoignages d’intervenant du domaine de l’art sont insérés dans l’exposé. Au terme de son introduction, l’auteur annonce des recommandations contributives à la recherche en histoire de l’art.

Le chapitre initial aborde quatre thématiques relatives aux catalogues raisonnés : définition et origine, statistiques, historique, problématique et cadre théorique. Les jalons historiques des catalogues raisonnés sont relatés en deux temps : les catalogues imprimés, puis les catalogues numériques. Quelques créations phares sont illustrées : Catalogue raisonné de toutes les pièces qui forment l’œuvre de Rembrandt (Edme-François Gersaint, 1751), et Online Picasso Project (Enrique Mallen, 1998), pourtant sur un artiste particulier, et Gemini G.E.L. Online Catalogue Raisonné (National Gallery of Art, 2001) portant sur un groupe d’artistes. Par ailleurs, des catalogues exemplaires récents sont listés sur deux tableaux : Catalogues intégrant les dimensions élémentaires des corpus artistiques et Catalogues intégrant les trois domaines patrimoniaux (mises en ligne, artistes, adresses des sites). La dernière partie de ce chapitre présente la genèse du projet de René St-Pierre, les enjeux de plusieurs problématiques afférentes, le cadrage théorique et conceptuel du catalogue raisonné.

Archiv’ART (René St-Pierre)
International Foundation for Art Research (IFAR)
Catalogue raisonné de toutes les estampes qui forment l'œuvre de Rembrandt, et des principales pièces de ses élèves (Gersaint, Edme-François et autres / Nouvelle édition, 1824)
On-line Picasso Project (Enrique Mallen, Sam Houston University)
Gemini G.E.L. Online Catalogue Raisonné (National Galery of Art)

Le chapitre 2 s’attarde à la fonction d’authentification des œuvres d’art, plus spécifiquement au service des acteurs du marché de l’art. Dans un premier temps, l’auteur cite les témoignages de plusieurs professionnels et spécialistes, dont Tania Poggione, Jean-Pierre Valentin, Alain Lacourcière, Ninon Gauthier, François-Marc Gagnon, Éric Devlin, Yseult Riopelle, Paul Maréchal et Gilles Lapointe. Dans un deuxième temps, l’auteur traite des catalogues de Borduas, Riopelle, Barbeau et Vaillancourt. L’auteur aborde successivement ces aspects pour chacun de ces catalogues : genèse du projet, présentation du catalogue avec plusieurs copies-écran, critique des composantes du catalogue, réception publique. Une synthèse de ces analyses est présentée ensuite sous forme de tableau, dont les repères sont explicités en annexe. Enfin, le chapitre fait état de trois facteurs entourant l’évolution des projets : la motivation par la filiation de l’auteur, le contexte socioéconomique, les interactions des intervenants du milieu.

Paul- Émile Borduas / Catalogue raisonné
Le catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle
Fondation Marcel Barbeau
Fondation Armand Vaillancourt
L'entrepôt numérique d’œuvres artistiques contemporaines

Le chapitre 3 propose une méthodologie propre au développement d’un catalogue raisonné numérique d’un artiste. En lien avec le chapitre précédent, l’auteur énumère les cinq éléments constitutifs d’un tel catalogue : la recension complète de sa production artistique, le dossier d’exposition et de reproduction des œuvres, la fortune critique, une biographie ou une chronologie, des textes explicatifs ou interprétatifs. Les lignes directrices pour développement d’un catalogue raisonné numérique sont ensuite présentées et expliquées : la formation d’une équipe professionnelle, le choix d’une plateforme de gestion de contenus, la recherche ses sources d’information, les éléments de présentation de l’interface. L’auteur propose ensuite ces ajouts : une cartographie des œuvres, une ligne du temps, une production participative. Le chapitre se termine par l’exploration d’applications du Web sémantique (données liées, données ouvertes et liées).

JocondeLab
Europeana
American Art Collaborative

Dans sa conclusion, l’auteur présente des « perspectives plutôt prometteuses et encourageantes pour la recherche appliquée aux humanités numériques ». Il cite notamment les pratiques exemplaires ci-dessous. Ensuite, il rappelle l’importance du catalogue raisonné numérique dans le domaine des arts visuels. Enfin, il souligne l’originalité de sa contribution : « Notre apport dans la discipline de l’histoire de l’art représente une contribution à la recherche théorique et appliquée à ce domaine. »

Getty Research Institute
National Gallery of Art (NGA)
Rijksmuseum
Digital Public Library of America (DPLA)
ResearchSpace (British Museum)

Référence

St-Pierre, René. - Le catalogue raisonné numérique en arts visuels. Exploration des cas Barbeau, Borduas, Riopelle et Vaillancourt. - Québec : Presses de l’Université du Québec (PUQ), 2022. - xvi-178p. - (Collection Sciences de l’information). - ISBN 978-2-7605-5770-3. - [Citations : p. 1, 2, 155, 158]. - BAnQ : 707.4 S149c 2022.

Auteur

Livres

René St-Pierre (PUQ)

Mémoire et article

La conception d'un catalogue raisonné numérique (Mémoire, Université du Québec à Montréal, UQÀM, janvier 2022) - [Extrait : Le catalogue raisonné est devenu un outil essentiel pour le marché et la recherche en histoire de l’art depuis la fin du XVIIIe siècle.]

La conception d’un catalogue raisonné numérique: vers une méthodologie de recherche/production basée sur l’étude d’un corpus en arts visuels de la modernité québécoise (Barbeau, Borduas, Riopelle et Vaillancourt) - (Convergence, AAQ, 2 mai 2022) - [Extrait : il ne faut pas perdre de vue que le principal usage de cet objet de connaissance demeure l’authentification d’œuvres pour le marché de l’art.]

Article connexe

Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information