29 juin 2018

Les eaux printanières / Ivan Tourguéniev


Jamais il n’avait ressenti une telle lassitude corporelle et morale. […] Un sentiment de dégoût, de douleur l’oppressait, l’enveloppait de toutes parts dans un brouillard de nuit d’automne ; – et il ne savait comment se délivrer de cette obscurité ni de cette amertume. (P. 275, 276-277)

Las et nostalgique, un aristocrate russe se remémore ses amours de jeunesse. La structure de la nouvelle reflète ces deux temps du récit.

Structure de la nouvelle

La nouvelle est constituée de quatre parties regroupant l’incipit suivi de 44 sections. Les première et dernière parties se situent en 1870. Elle encadrent les parties centrales qui se passent au cours de l’été 1840.

La première partie correspond à l’incipit. La deuxième partie est constituée des sections 1 à 30. La partie suivante regroupe les sections 31-42. La partie finale compte les sections 43 et 44.

Le récit principal se retrouve dans les parties centrales de la nouvelle. Celles-ci se déroulent en Allemagne, successivement à Francfort et à Wiesbaden. Elles pourraient être intitulées par les prénoms Gemma et Marie, les amours successifs du protagoniste Sanine. Ces deux parties auraient pu faire l’objet de nouvelles séparées. Toutefois, le sens profond de la nouvelle provient des parties encadrant le double récit principal.

Par sa longueur, la nouvelle pourrait être considérée comme un court roman. Mais ses caractéristiques la relient davantage à la nouvelle: un récit (principal) se déroulant pendant une brève période de temps, un nombre restreint de personnages et un thème omniprésent.

Portraits et tableaux

La nouvelle est exemplaires à plusieurs égards, notamment pour ses portraits et ses tableaux. En voici quelques-uns à titre d’exemple.

A - Les portraits des principaux personnages: Gemma Roselli, Karl Kluber, Dimitri Sanine Pavlovitch, Hippolyte Sidorytch Polozov et Marie Nokolaïevna Kolychkine.

[ 1 ] Une jeune fille de dix-neuf ans, avec ses cheveux bruns déroulés sur ses épaules nues, et les bras tendus en avant, s’élança dans la confiserie […] Le nez de la jeune fille était un peu grand, mais d’une belle forme aquiline; un léger duvet ombrait imperceptiblement sa lèvre supérieure; son teint était uni et mat – un ton d’ivoire ou d’écume blanche; – les cheveux étaient onduleux et brillants comme ceux de la Judith d’Allori au palais Pitti, – les yeux surtout étaient remarquables, d’un gris sombre, l’iris encadré d’un liseré noir – des yeux splendides, triomphants, même à cette heure où l’effroi et la douleur en assombrissaient l’éclat. […] Gemma portait une ample blouse jaune retenue par une ceinture de cuir noir; elle semblait aussi un peu lasse; elle était légèrement pâle, des cercles noirs entouraient ses yeux, sans pourtant leur enlever leur éclat, et cette pâleur ajoutait un charme mystérieux aux traits classiquement sévères de la jeune Italienne. Cette fois Sanine fut surtout frappé par la beauté élégante des mains de la jeune fille. Lorsqu’elle rajustait ou soulevait ses boucles noires et brillantes, Sanine ne pouvait arracher ses regards de ces doigts souples, longs, écartés l’un de l’autre comme ceux de la Fornarine de Raphaël. (P. 278, 280, 293)

[ 2 ] Il est avéré qu’à cette époque on n’aurait pas trouvé dans tout Francfort un premier commis plus poli, plus comme il faut, plus sérieux ni plus avenant que M. Kluber. Sa toilette irréprochable était en harmonie avec sa prestance et la grâce de ses manières, un peu réservées et froides, il est vrai, un genre britannique, contracté pendant un séjour de deux ans en Angleterre, et en somme d’une élégance séduisante. De prime abord il sautait aux yeux que ce beau jeune homme, un peu grave, mais très bien élevé et encore mieux lavé, était habitué à obéir aux ordres d’un supérieur et à commander à des inférieurs, et que derrière le comptoir de son magasin, il devait fatalement inspirer du respect aux clients. Sa probité scrupuleuse ne pouvait pas être mise en doute; il suffisait pour s’en convaincre d’un coup d’œil sur ses manchettes impeccablement empesées! Sa voix d’ailleurs était en harmonie avec tout son être: une voix de basse assurée et moelleuse, mais pas trop élevée et même avec des inflexions caressantes dans le timbre. (P. 290-291)

[ 3 ] Sanine était un fort beau garçon, de taille haute et svelte; il avait des traits agréables, un peu flous, de petits yeux teintés de bleu exprimant une grande bonté, des cheveux dorés et une peau blanche et rose. Ce qui le distinguait de prime abord, c’était cette expression de gaieté sincère, un peu naïve, ce rire confiant, ouvert, auquel on reconnaissait autrefois à première vue les fils de la petite noblesse rurale russe. Ces fils de famille étaient d’excellents jeunes gentilshommes, nés et librement élevés dans les vastes domaines des pays de demi-steppes. Sanine avait une démarche indécise, une voix légèrement sifflante, et dès qu’on le regardait il répondait par un sourire d’enfant. Enfin il avait la fraîcheur et la santé; mais le trait caractéristique de sa physionomie était la douceur, par-dessus tout la douceur! Il ne manquait pas d’intelligence et avait appris pas mal de choses. Malgré son voyage à l’étranger, il avait conservé toute sa fraîcheur d’esprit et les sentiments qui à cette époque troublaient l’élite de la jeunesse russe, lui étaient totalement inconnus. (P. 300-301)

[ 4 ] Une foule de plans s’entrecroisaient dans son cerveau, mais il ne voyait pas nettement sa voie. Il sortit de l’hôtel pour sentir l’air et réfléchir. Il voulait se présenter devant Gemma avec un plan arrêté. Tout à coup son attention fut arrêtée sur un personnage qui venait en sens inverse, une forme épaisse, mais correctement habillée, qui se balançait en vacillant légèrement sur de gros pieds. Sanine se demanda où il avait vu cette nuque couverte de cheveux d’un blond blanchâtre, cette tête qui semblait chevillée directement sur les épaules, ce dos replet, débordant de graisse, ces bras boursouflés qui pendaient le long du torse. Sanine se demanda s’il se pouvait vraiment qu’il eût devant les yeux Polosov, son camarade de pension, qu’il n’avait pas revu depuis cinq ans. Lorsque le nouveau venu l’eut dépassé, Sanine courut après lui, le devança puis se retourna... Il vit un large visage jaunâtre, de petits yeux de cochon avec des cils et des sourcils blancs, un nez court et plat, de grosses lèvres qui semblaient collées l’une à l’autre, un menton rond et imberbe. À l’expression aigre, indolente, méfiante de cette tête, il n’eut plus de doute, c’était bien Hippolyte Polosov! (P. 355)

[ 5 ] Marie Nicolaevna, née Kolychkine, était une femme qu’on ne pouvait s’empêcher de remarquer. Ce n’est pas qu’elle fût une beauté incontestée: on distinguait nettement en elle les traces de son origine plébéienne. Le front était bas, le nez un peu charnu et légèrement retroussé : elle ne pouvait pas se glorifier non plus de la finesse de sa peau, ni de l’élégance de ses mains et de ses pieds... mais que signifiaient ces détails? Celui qui la voyait ne restait pas en contemplation devant une «beauté sacrée» comme disait le poète Pouchkine, mais devant le prestige d’un vigoureux et florissant corps de femme, russe et tzigane... et il n’y avait pas moyen de ne pas tomber en arrêt devant elle. […] Lorsque Maria Nicolaevna souriait, on voyait se creuser sur chacune de ses joues non pas une, mais trois petites fossettes – et ses yeux souriaient plus encore que ses lèvres, longues, empourprées et rayonnantes avec deux minuscules grains de beauté à gauche. (P. 366, 367)

B - Quelques tableaux: jardins privé et public, dîner et premier amour.

[ 1a ] Il faisait extrêmement chaud dehors; après le déjeuner Sanine voulut se retirer, mais ses hôtes lui dirent que par une pareille chaleur il valait beaucoup mieux ne pas bouger de sa place; et il resta. Dans l’arrière-salon où il se tenait avec la famille Roselli, régnait une agréable fraîcheur: les fenêtres ouvraient sur un petit jardin planté d’acacias. Des essaims d’abeilles, des taons et des bourdons chantaient en chœur avec ivresse dans les branches touffues des arbres parsemées de fleurs d’or; à travers les volets à demi clos et les stores baissés, ce bourdonnement incessant pénétrait dans la chambre donnant l’impression de la chaleur répandue dans l’air au dehors, et la fraîcheur de la chambre fermée et confortable paraissait d’autant plus agréable... (P. 294)

[ 1b ] À cinq heures du matin, Sanine était déjà réveillé; à six heures il était tout habillé et à six heures et demie, il se promenait dans le jardin non loin d’un petit pavillon que Gemma avait indiqué dans son billet. La matinée était calme, tiède et grise. Par moments il semblait qu’il allait pleuvoir; cependant en étendant la main on ne sentait rien, bien qu’il fût possible de distinguer sur la manche du pardessus de minuscules gouttelettes, de la grosseur de perles de verre toutes menues. Pas plus de vent que si ce phénomène n’avait jamais existé. Les sons ne s’envolaient pas mais se répandaient dans l’air. Dans le lointain une vapeur blanche s’épaississait lentement; l’air était embaumé du parfum des résédas et des fleurs d’acacias. Les boutiques n’étaient pas encore ouvertes, mais déjà l’on apercevait des piétons dans la rue; de temps en temps une voiture isolée roulait bruyamment... Il n’y avait pas de promeneurs dans le jardin. (P. 341-342)

[ 2 ] Qui ne connaît pas le classique dîner allemand? Une soupe aqueuse avec de grosses boulettes de pâte et de la cannelle ; un bouilli archi-cuit, sec comme un bouchon, nageant dans de la graisse blanche gluante et flanqué de pommes de terre devenues poisseuses, et de raifort râpé. Ensuite, un plat d’anguille tournée au bleu, arrosée de vinaigre et semée de câpres, auquel succède le rôti servi avec de la confiture, et l’inévitable Mehlspeise, une sorte de pouding qu’accompagne une sauce rouge et aigre. Il est vrai qu’en revanche, le vin et la bière étaient de premier choix! (P. 304)

[ 3 ] Ces jeunes gens aimaient pour la première fois; tous les miracles du premier amour s’accomplissaient en eux. Le premier amour, c’est une révolution! Le va-et-vient monotone de l’existence est rompu en un instant; la jeunesse monte sur la barricade, son drapeau éclatant flotte très haut, et quel que soit le sort qui lui est réservé – la mort ou une vie nouvelle – elle envoie à l’avenir ses vœux extatiques. (P. 345)

Dans un contexte scolaire, ces descriptions peuvent servir de modèles.

Histoire

Cette nouvelle est une fiction psychologique analysant finement les amours de jeunesse. Toute l’action est centrée sur ce thème, plus précisément sur les sentiments ressentis et exprimés par les personnages. Le contexte socio-économique du récit est esquissé, mais seulement pour soutenir le jeu des personnes impliquées dans l’histoire. Celle-ci est encadrée par une réflexion portant sur le bilan de vie du protagoniste devenu âgé, dans la perspective d’une mort plus ou moins prochaine.

Références

Tourguéniev. - Romans et nouvelles complets. - Tome III. - Textes traduits par Françoise Flamant, Henri Mongault et Édith Scherrer. - Paris: Gallimard, 1986. - (Bibliothèque de la Pléiade, n° 326). - ISBN 2-07-011099-0. - BAnQ: Tourguéniev T7273r. - [Eaux printanières, traduction, notice et notes par Édith Scherrer, p. 275-407 et 1050-1077].

Les citations sont tirées de l’édition de 1895, chez Ernest Flammarion (Paris); traduction par Michel Delines. - Bibliothèque électronique du Québec (BéQ).

Image

Photo © Claude Trudel 2018

22 juin 2018

Tout savoir sur la Voie lactée


La revue américaine Astronomy vient de publier un numéro spécial sur la Voie lactée. Dans son éditorial, Richard Talcott présente les auteurs des différents articles, des spécialistes renommés dans leur domaine respectif.

Articles

Voici les sujets abordés dans les quinze articles de ce numéro:

- Les éléments constitutifs de la Galaxie / Francis Reddy, NASA
- Les secrets des étoiles voisines du Soleil / James B. Kaler, Université de l’Illinois
- La quête des exoplanètes / Michael Carroll, auteur scientifique et artiste astronomique
- La structure générale de la Galaxie / Robert Benjamin, Université du Wisconsin
- La Nébuleuse d’Orion / Raymond Shubinski, contributeur
- 10 choses que nous ignorons sur les étoiles massives / Yaël Nazé, Université de Liège
- Qu’est-ce qui provoque l’explosion des étoiles / Francis Reddy, NASA
- La structure spirale de la Galaxie / Robert Benjamin, Université du Wisconsin
- Le champ magnétique des magnétoiles / Steve Nadis, écrivain scientifique
- Voyage au cœur de la Voie lactée / John Dvorak, Télescope de Maura Kea
- Comment la Galaxie cannibalise ses voisines / Ray Jayawardhana, Université York (Toronto)
- L’exploration des amas globulaires / Marcia Bartusiak, MIT
- Archéologie stellaire / Francis Reddy, NASA
- Le Groupe local de galaxies / Ray Villard, STSI de Baltimore
- La future collision entre la Voie lactée et la galaxie Andromède / Abraham Loeb, Université Harvard, et Thomas Cox, CfA.

L’article How the Milky Way works de Robert Benjamin contient un encart illustrant la structure interne de la Galaxie. Dans cet encart, l’éditeur associé Daniel Pendick présente une double vue de la Voie lactée, aérienne et latérale.

Ces articles sont abondamment illustrés (photos, graphiques, tableaux, schémas, dessins). Toutes les images sont légendées.

Exemple

Les lecteurs francophones intéressés à l’astronomie connaissent sûrement bien l’auteure et astrophysicienne belge Yaël Nazé. Son article sur les étoiles massives est assurément l’un des plus intéressants de ce numéro. Voyons les dix questions dont elle fait état:

1 - À quelle distance se trouvent les étoiles massives?
2 - Comment ces étoiles se forment-t-elles?
3 - Quelle est leur masse maximum?
4 - Quel rôle ont-t-elles joué après le Big Bang?
5 - Comment les étoiles massives binaires se forment-t-elles?
6 - Peut-t-il y avoir des planètes autour des étoiles massives?
7 - Quel est le rôle de la rotation et des champs magnétiques dans les étoiles massives?
8 - Quelle est l’évolution des étoiles massives solitaires?
9 - Quelle est l’évolution des étoiles massives binaires?
10- Comment les étoiles massives meurent-elles?

Son exposé, comme ceux des autres articles, est limpide, instructif et captivant.

Encart

Un superbe encart de huit pages affichent plusieurs vues générales et des aspects particuliers de notre Voie lactée. Une présentation graphique par Richard Talcott.

Appréciation

Par son contenu didactique et sa mise en page exemplaire, ce numéro spécial de la revue Astronomy s’avère remarquable pour un survol et la compréhension de notre Galaxie.

Références

Astronomy
The Milky Way Inside and Out (Special Collector’s Edition 2018)

Les périodiques sur les sciences, dont la revue Astronomy, sont disponibles au niveau 2 de la Grande Bibliothèque (BAnQ). Les livres pourtant sur les sciences sont aussi disponibles au même niveau.

Image

Two-Armed Spiral Milky Way (Astronomy Picture of the Day, 6 juin 2008) – [Les deux grands bras de la Voie lactée / Traduction par Didier Jamet].

Illustration Credit: R. Hurt (SSC), JPL-Caltech, NASA. – Survey Credit: GLIMPSE.

Explanation: Gazing out from within the Milky Way, our own galaxy's true structure is difficult to discern. But an ambitious survey effort with the Spitzer Space Telescope now offers convincing evidence that we live in a large galaxy distinguished by two main spiral arms (the Scutum-Centaurus and Perseus arms) emerging from the ends of a large central bar. In fact, from a vantage point that viewed our galaxy face-on, astronomers in distant galaxies would likely see the Milky Way as a two-armed barred spiral similar to this artist's illustration. Previous investigations have identified a smaller central barred structure and four spiral arms. Astronomers still place the Sun about a third of the way in from the Milky Way's outer edge, in a minor arm called the Orion Spur. To locate the Sun and identify the Milky Way's newly mapped features, just place your cursor over the image.

Une image similaire est affichée dans l’article de Robert Benjamin, How the Milky Way got a brand new look, p. 59.

Illustration mise à jour (7 août 2017): Milky Way and Our Location (NASA)

Graphic view of our Milky Way Galaxy. The Milky Way Galaxy is organized into spiral arms of giant stars that illuminate interstellar gas and dust. The Sun is in a finger called the Orion Spur. Overlaid is a graphic of galactic longitude in relation to our Sun. – Credit: NASA/Adler/U. Chicago/Wesleyan/JPL-Caltech. – Last Updated: Aug. 7, 2017. – Editor: Holly Zell.

Article connexe

La Voie lactée

15 juin 2018

Carte et territoire / évolution et mutations

The central concern of this book is the history of territory. […] The historical development of cartography has played a major role in this narrative. […] But more to the point, the goal of this book is to understand a new kind of infrastructure – one that is successful exactly because it transcends the military or diplomatic strategy of any individual state.

L’évolution de la cartographie et la nouvelle conception du territoire au 20e siècle sont présentées dans After the Map, un livre novateur publié par William Rankin aux Presses de l’Université de Chicago.

Introduction

Le passage de l’espace national/international à l’espace global/régional correspond à une réorganisation du savoir favorisant de nouvelles façons d’intervenir et de régir. Le point de vue de l’auteur sur cette mutation géo-épistémologique et sa méthodologie sont expliqués dans l’introduction (vingt pages).

Chapitres

Le livre compte six chapitres axés sur trois projets internationaux.

[ I ] Cartographie / The International Map of the World (IMW)

1 - The Authority of Representation: A Single Map for All Countries, 1891–1939
2 - Maps as Tools: Globalism, Regionalism, and the Erosion of Universal Cartography, 1940–1965

Exemple (extrait): carte du lac George (1927)


[ II ] Géodésie / The Universal Transverse Mercator System (UTM)

3 - Aiming Guns, Recording Land, and Stitching Map to Territory: The Invention of Cartographic Grid Systems, 1914–1939
4 - Territoriality Without Borders: Global Grids and the Universal Transverse Mercator, 1940–1965

Exemple (extrait): carte de la rivière Patuxent (1987)


[ III ] Navigation / The Global Positioning System (GPS)

5 - Inhabiting the Grid: Radionavigation and Electronic Coordinates, 1920–1965
6 - The Politics of Global Coverage: The Navy, NASA, and GPS, 1960–2010

Exemple: carte du réseau Internet (2009)

[Document cartographique supprimé sur le site]

Conclusion, compléments et appréciation

Dans sa conclusion, l’auteur rappelle deux caractéristiques de la nouvelle cartographie née au cours du siècle dernier: «Together the IMW, UTM, and GPS tell a relatively coherent strory about globalism and the mapping sciences in the twentieth century. […] At a more straightforward level, this has also been a story about a transition from international scientific collaboration to American military technology.»

Les remerciements, la liste des acronymes, la liste des illustrations en couleurs, les notes et l’index complètent l’ouvrage. Par ailleurs, la bibliographie (auteurs, dates) et les illustrations (en haute résolution) peuvent être consultées et téléchargées depuis le site éponyme du livre.

Le contenu du livre est très bien structuré. Les enjeux sont clairement expliqués. Les explications sont limpides. Le style de l’auteur est dynamique. Les nombreuses cartes sont légendées et plusieurs d’entre elles sont reproduites en couleurs dans un cahier inséré au milieu du livre.

Références

Rankin, William. - After the Map. Cartography, Navigation, and the Transformation of Territory in the Twentieth Century. - Chicago: University of Chicago Press, 2016. - viii, 398p. - ISBN 978-0-226-33936-8. - [Citations, p. 5, 6, 5; 295; 298]. - Diplômé des universités Harvard et Race, l’auteur enseigne l’histoire des sciences à l’Université Yale. - BAnQ: 526.0904 R2116a 2016.

After the Map (William Rankin)
Radical Geography (William Rankin)

Cartes

Lake George (International Map of the World, 1927) (USGS) (Gouvernement des États-Unis d’Amérique) [Chapitre 1, p. 24]
Patuxent River (Map of Coastal Maryland, 1987) (USGS) (Gouvernement des États-Unis d’Amérique) [Chapitre 3, p. 122]
Global Internet Map 2009 (TeleGeography) [Introduction, p. 12] [Document cartographique supprimé sur le site]

Sur la Toile

La Carte internationale du monde au millionième (Paul Vidal de la Blache, Annales de géographie, 1910)
La Carte internationale du monde au millionième et la Conférence de Paris de 1913 (Emmanuel de Margerie, Annales de géographie, 1914)
La genèse de la Commission de la Carte géologique du Monde (Philippe Bouysse, Comité français d’histoire de la géologie, 2012)
L’introuvable «carte du monde au millionième» (Joëlle Kuntz, Le Temps, 2013)
International Map of the World 1:1,000,000 (Perry-Castañeda Library, The University of Texas at Austin)
Index diagram of sheets for the International map on the scale of 1:1,000,000 (Norman B. Leventhal Map Center)

08 juin 2018

La revanche du petit juge / Mimmo Gangemi

L’ambulance trouva la mort et s’en retourna à vide à l’hôpital. La ville fut prise de frénésie, des policiers accoururent de toutes parts, des journalistes et des visages connus de la télévision locale vinrent fixer la scène, une grande foule de curieux se pressa devant la porte, des sirènes déchirèrent la nuit.

Calabre. Il y a ce meurtre. Il y en aura d’autres. Bien sûr. C’est un roman policier. Mais ce n’est pas seulement cela qui en fait l’intérêt. C’est plutôt le récit, plus précisément le style oral du narrateur, qui accapare le lecteur. La traduction y est aussi sûrement pour quelque chose.

Les portraits pittoresques abondent, au grand plaisir du lecteur. Beaucoup d’interrogatoires et d’introspections. Les palabres, les échanges colorés, les métaphores, tout comme les monologues intérieurs, occupent même une place prédominante. En plus, de multiples péripéties. Des événements parfois surprenants, étonnants, saisissants.

L’histoire commence, évidemment, par le chapitre initial. Le narrateur y présente le personnage don Mico Rota: sa résidence, son ultime ambition, son ascendance sociale, ses traits de caractère et sa situation problématique. Le tout est raconté avec beaucoup d’humour.

Le narrateur, toujours aussi pince-sans-rire, introduit dans les chapitres suivants d’autres personnages, dont les amis et joueurs de poker Giorgio Maremmi, Alberto Lenzi et Lucio Cianci Faraone. S’ajoutent ensuite des personnages impliqués dans l’enquête consécutive au premier meurtre du polar. Le lecteur découvre tour à tour les personnalités, ainsi que les vies personnelles, familiales et professionnelles de tous ces personnages. Leurs descriptions sont captivantes, souvent même très amusantes.

Laissons maintenant au lecteur le soin de déchiffrer par lui-même les dessous rocambolesques et dramatiques de la société italienne à travers ce premier roman policier de Mimmo Gangemi.

Référence

Gangemi, Mimmo. - La revanche du petit juge. - Traduit de l’italien par Christophe Mileschi [professeur de littérature italienne contemporaine à l’université de Nanterre]. - Paris: Seuil, 2016 © 2009. - 401p. - (Points, n° P4285). - ISBN 978-2-02-117762-6. - [Citation, p. 32]. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 858 GANG.R et Gangemi G1973r.

01 juin 2018

Une île d’arbres / Bronwyn Chester

Par son contenu et son format, un livre compagnon pour visiter une cinquantaine d’arbres sur l’île de Montréal. Un recueil de chroniques rédigées et sélectionnées par feu Bronwyn Chester, chroniqueuse au quotidien The Montreal Gazette.

Dans la préface, l’écrivaine Michèle Plomer présente ainsi ce volume: «Botanique, histoire, anecdotes, comptines et généreuses doses d’esprit composent ce livre unique et inqualifiable qui se veut un chant d’amour à l’île de Montréal et un poème aux arbres qui la peuplent.»

Dans son introduction, Bronwyn Chester raconte sa passion pour la nature et plus spécifiquement pour les arbres de l’île de Montréal. Une passion qu’elle a partagée pendant de nombreuses années au cours de visites guidées, ainsi que dans les billets de son blogue Tree Thuesday / Le mardi des arbres et ses chroniques journalistiques. Elle rend ensuite hommage au frère Marie-Victorin (Conrad Kirouac), fondateur du Jardin botanique de Montréal, et au frère Adrien Rivard, fondateur du Cercle des jeunes naturalistes (CJN). Elle complète sa présentation en soulignant quelques-uns des traits particuliers de son livre.

Dans la postface, Bryan Demchinsky indique comment il a finalisé la publication du livre après le décès de Bronwyn Chester, notamment avec l’aide de Jean-Luc Trudel et Charles L’Heureux qui ont illustré les arbres répertoriés, ainsi que des fils de l’auteure et de nombreux amis.

Les chapitres

Un index complète le livre, mais il n’y a pas de table des matières. Les chapitres, numérotés et titrés, débutent par une introduction. Voici donc le regroupement des cinquante arbres décrits par Bronwyn Chester dans son merveilleux florilège. L’énumération des arbres est suivie d’une photo que j’ai prise au Jardin botanique de Montréal. Soulignons d’ailleurs qu’à plusieurs reprises l’auteure parle de cette grande institution botanique.

1 - Les arbres ordinaires / bouleau blanc, frêne rouge, érable à Giguère, érable argenté, érable à sucre, orme d’Amérique, peuplier deltoïde - Exemple > Forêt feuillue (érable à sucre, frêne et orme)


2 - Le parc du Mont-Royal: une forêt en ville / érable à épis, ostryer de Virginie, chêne rouge, cerisier tardif, caryer ovale, pin blanc, épinette blanche, frêne vert, sureau, orme rouge - Exemple > Pin blanc


3 - Les arbres comme monuments: les cimetières du mont Royal / ginkgo, métaséquoia, bouleau jaune, bouleau blanc (bouleau à papier), sorbier des oiseleurs, sapin argenté - Exemple > Métaséquoia


4 - À deux pas de chez soi: les arbres de quartier / sapin baumier, robinier faux-acacia, cerisier à grappes, chicot févier, olivier de Bohème, chêne à gros fruits, pommetier, érable de Norvège, orme de Sibérie, pin sylvestre, sumac, chêne blanc, frêne blanc d’Amérique, if - Exemple > Pommetier


5 - Une multiplicité de jardins / pommier, érable de l’Amour, hêtre, pin noir d’Autriche, épinette bleue, noyer cendré, orme de Camperdown, sapin de Douglas, marronnier d’Inde, pin gris, lilas japonais, magnolia, saule - Exemple > Magnolia


6 - Le campus de l’université McGill – Sanctuaire de la forêt des gratte-ciel / tulipier de Virginie, catalpa, arbre liège de Chine, nerprun commun - Exemple > Catalpa


7 - Dans une ville agréable, il y a des fruits à cueillir / Les débuts, Adieu, L’amélanchier - Exemple > Amélanchier


Ce dernier chapitre est composite. La première partie, composée par Bryan Demchinsky, relate la cérémonie commémorative du 17 novembre 2012 à la mémoire de Bronwyn Chester sur le campus de l’Université McGill. La partie suivante reproduit la première chronique de Bronwyn Chester: Les débuts. Une île d’arbres, le dimanche 8 novembre 2009. La troisième partie recense des livres recommandés et commentés par l’auteure alors qu’elle était atteinte d’un cancer qui allait la terrassée quelques mois plus tard, d’où le titre Adieu, le samedi 22 octobre 2011. La dernière partie est un article de l’auteure sur un de ses arbres favoris: L’amélanchier. Un spécimen de cette espèce rappelle son souvenir sur le campus de l’Université McGill.

Sans plus tarder, allons à la rencontre des arbres de l’île de Montréal: «ce n’est qu’à travers le plaisir de découvrir les arbres – de même que toutes les créatures vivantes avec lesquelles nous partageons notre île – que nous arriverons à vivre différemment, à vivre mieux, sur notre petit bout de terre.»

Références

Chester, Bronwyn. - Une île d’arbres. Cinquante arbres, cinquante façons de raconter. - Préface de Michèle Plomer. - Postface de Bryan Demchinsky. - Illustrations de Jean-Luc Trudel et Charles L’Heureux. - Traduit de l’anglais par Annie Pronovost. - Montréal: Marchand de feuilles, 2017. - 288p. - ISBN 878-2-923896-73-1. - [Citation de Michèle Plomer, Préface, p. 7; citation de Bronwyn Chester, Les débuts, p. 271]. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 635.977097142 C5251i 2017.

Le mardi des arbres / Tree Tuesday (Bronwyn Chester)

Livres recommandés par l’auteure (p. 273-277):

Farrar, John Laird. - Les arbres du Canada. - Traduction, Suzanne Chatrand, Maryse Chynchuck, Marc Favreau; illustrations, Stephen Aitken; photographies, Anthony Scullion. - Montréal: Fides, 2017. - x, 502p. - ISBN 978-2-7621-4093-4. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 582.160971 F243a 2017.

Lebœuf, Michel. - Arbres et plantes forestières du Québec et des Maritimes. - Montréal: Michel Quintin, 2016. - 415p. - ISBN 978-2-8976-2098-1. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 1.7309714 L447a 2016.

Reid, Barbara. - Imagine un arbre. - Teste français de Hélène Pilotto. - Montréal: Scolastic, 2011. - 30p. ISBN 978-1-4431-0774-7. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: REI (Espace Jeunes).

Sibley, David Allen. - The Sibley Guide to Trees. - New-York: Knopf, 2009. - xxxviii, 426p. - ISBN 978-0-3754-1519-7. -Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 582.16097 S564s 2009.

Images

Photos © Claude Trudel 2018 / Flore du jardin botanique de Montréal (Le monde en images - CCDMD)

Plusieurs autres photos d’arbres sont affichées dans cette collection comptant plus de 3 000 photos prises au Jardin botanique de Montréal. Les photos originales ont une résolution de 2048 x 1152 pixels, mais elles sont aussi disponibles aux formats 320 x 180 pixels, 800 x 450 pixels, 1024 x 576 pixels et 1920 x 1080 pixels. Les photos peuvent être vues individuellement ou en diaporama. Elles peuvent aussi être envoyées au format carte postale virtuelle.

Sur la Toile

Jardin botanique de Montréal (JBM)