Un opuscule captivant sur la pratique de la philosophie par Michel Seymour, professeur de philosophie à l’Université de Montréal.
L’introduction se caractérise par ses traits négatifs. L’auteur indique ce que ne sera pas son livre en posant la question suivante : Quelles relations un philosophe entretient-il avec la société dans laquelle il se trouve, à commencer par la société des philosophes ? Par divers exemples, l’auteur dit que les réponses à cette question sont multiples comme en témoignent les historiens de la philosophie, les interprètes de la philosophie continentale et les adeptes de la philosophie orientale.
Le premier chapitre est consacré à la philosophie analytique, celle qui reçoit les faveurs de Seymour. Né au début du 20e siècle, ce courant philosophie a connu par la suite un rayonnement considérable. Il se caractérise par la publication d’un nombre considérables d’articles dans des revues. L’auteur souligne que cet éclatement de la recherche est unique dans l’histoire de la philosophie. Il ajoute que la philosophie analytique se caractérise surtout par sa méthode et sa sensibilité à l’égard du langage. Il en donne la définition suivante :
Il s’agit d’une conception globale de ce qu’est la philosophie (une conception métaphilosophique), née au début du XXe siècle, qui affirme le caractère central de la philosophie du langage au sein de l’ensemble des disciplines philosophiques et qui fait intervenir l’analyse du langage comme méthode de découverte philosophique, d’où sont caractère "analytique".
Seymour termine ce chapitre initial en rappelant le contexte historique de l’avènement de ce courant philosophique : l’hégémonie anglo-américaine et l’essor sans précédent de la science, de la technologie et des communications. Ce courant reflète l’individualisme de la mentalité anglo-américaine.
Dans son deuxième chapitre, l’auteur affirme son intérêt pour la philosophie du langage et la philosophie politique, mais surtout pour le communautaire face à l’individualisme. Compte tenu de cette dernière préoccupation et de son choix envers la souveraineté du Québec, Seymour explique sa singularité dans la société des philosophes canadiens, américains et européens.
Dans les chapitres suivants, l’auteur aborde trois aspects de la pratique de la philosophie analytique : la méthode analytique en tant que telle, la langue dans laquelle est écrite la philosophie analytique et le biais individualiste qui caractérise la plupart des contributions de ce courant de pensée.
Seymour dénonce d’une façon magistrale le libéralisme individualiste et l’attitude généralement critique de celui-ci envers le nationalisme des groupes minoritaires : Le nationalisme majoritaire continue d’être l’angle mort de la pensée libérale chez la plupart des auteurs […].
Enfin, dans son dernier chapitre, l’auteur traite de l’insertion de l’intellectuel dans la société québécoise, ou plutôt du silence des intellectuels. Cette absence des débats publics est attribuée aux causes suivantes : l’importance accrue des spécialistes, le fantasme de l’intellectuel étranger, la cote de rayonnement médiatique et le rétrécissement de l’espace de délibération publique.
L’auteur termine son exposé en suggérant cinq lectures complémentaires.
Référence : Seymour, Michel. – Profession philosophe. – Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal, 2006. – 71 p. – (Profession). – ISBN 2-7606-2003-4. – Cote BAnQ : 101 S5215p 2006.