Une histoire des livres botaniques marquants
The books and manuscripts included in our Botanists’ Library reflect our interpretation of how botany has developed over time amid shifting attitudes, approaches, knowledge and resources. […] It is a tumultuous story of curiosity, power and greed – and of our relentless quest to quatify and classify the natural world that is ongoing today.
Les autrices britanniques Carolyn Fry et Emma Wayland recensent et présentent les livres ayant eu un impact majeur sur l’émergence et le développement de la botanique au cours de l’histoire. L’image d’un tournesol figure sur la page de couverture.
L’introduction explique le but des autrices et les modalités de sélection des ouvrages, compte tenu des œuvres détruites par les catastrophes naturelles et humaines. Puis, le contenu des six parties du livre est ensuite esquissé.
Première partie (Antiquité à 1450) – Les livres retenus sont des manuscrits portant principalement sur des plantes médicinales composés dans les premières civilisations : Égypte, Inde, Grèce, Monde gréco-romain, Europe médiévale (monastères), Chine, Inde médiévale, Monde islamique (et son influence en Europe chrétienne). Une quarantaine d’illustrations (livres, planches botaniques, portraits, œuvres d’art) accompagnent et enrichissent les exposés, par exemple 4 planches du Codex Vindobonensis [Dioscoride] et 7 planches du Carrara Herbal [Sérapion le Jeune ou Ibn Sarabi].
Deuxième partie (1450-1600) – C’est l’époque de la Renaissance. L’importance de l’imprimerie est soulignée : «The stydy of plants was changed completely by printed books, a global shift in the way knowledge was owned, distribued ans used.» Plusieurs publications européennes illustrent les changements successifs apportés pour l’édition de livres botaniques. À titre d’exemple (plusieurs planches) : Herbarium vivae eicones (Otto Brunfels, 1530) et De historia stirpium (Leonhart Fuchs, 1542). Le bref et dernier chapitre est dédié au monde non européen. Le Codex de Florence [Bernardino de Sahagún, 1558-1577] est cité en exemple. Cette partie compte 40 illustrations, dont 20 planches, 5 portraits et la Carte de la Floride (Jacques Le Moyne de Morgues, Théodore de Bry, 1591).
Troisième partie (1600-1750) – Les botanistes européens s’intéressent davantage à l’ensemble des plantes, dont les plantes non médicinales ou importées des autres continents. L’impression des livres par gravure sur bois cède graduellement la place à la gravure sur plaque de cuivre.
Les florilèges mettent en valeur l’esthétique des plantes, par exemple le Mr. Marshal’s Book (Alexander Marshal, 1650). La commercialisation des plantes se développe, comme l’atteste ce catalogue de semences : Twelve Months of Flowers (Robert Furber, 1730). Par ailleurs, les botanistes commencent à publier des flores [taxonomie], par exemple : Catalogus plantarum Angliae [espèces] (John Ray, 1670); Prodromus historiae generalis [familles] (Pierre Magnol, 1689); Éléments de botanique ou méthode pour connaître les plantes [genres] (Joseph Pitton de Tournefort, 1694).
L’impérialisme et le mercantilisme européens favorisent l’exploitation de leurs colonies, notamment dans le domaine botanique. Ces publications en témoignent : Rerum medicarum Novae Hispaniae thesaurus (Francisco Hernández, 1651), Historia naturalis Brasiliae (Georg Macgrave et Willem Piso, 1648), Herbarium amboinense (Johannes Burman, 1741-1750), Hortus Malabaricus (Hendrik van Rheede, 1678-1693).
Deux ouvrages illustrent l’intérêt envers la biodiversité : Metamorphosis Insectorum Surinamensium (Maria Sibylla Merian, 1705), The Natural History of Carolina, Florida and the Bahama Islands (Mark Catesby, 1731-1743).
Un bref passage porte sur l’exploration botanique en Extrême-Orient (Chine, Japon) et la publication de ces deux livres européens : Flora sinensis (Michał Piotr Boym, 1656), Amoenitatm exoticarum (Engelbert Kaempfer, 1712).
Les derniers chapitres ont trait à deux innovations : l’utilisation du microscope pour étudier l’anatomie des plantes (Micrographia, Robert Hooke, 1665) et la nouvelle classification des plantes par Carl Linnaeus (Species Plantarum, 1753).
Cette partie compte 65 illustrations, dont 39 planches et 10 portraits.
Quatrième partie (1750-1830) – C’est le siècle des Lumières. Les publications de grands naturalistes et botanistes de cette époque sont présentées. À titre d’exemple : Curtis’ Botanical Magazine (1787-) [William Curtis], La Botanique mise à la portée de tout le monde (Nicolas Regnault, 1774-1780), Herbier de la France (Pierre Bulliard, 1780-1793), Selectarum stirpium americanarum (Nikolaus von Jacquin, 1763), Plantae Asiaticae rariores (Nathaniel Wallich,1839-1832), Les Roses et Choix des plus belles fleurs (Pierre-Joseph Redouté, 1817-1824 et 1827), Flore française (Alphonse de Candolle, 1805-1815), Muscologia Britannica (William Jackson Hooker et Thomas Taylor, 1818). Cette partie compte 65 illustrations, dont 39 planches et 13 portraits.
Cinquième partie (1830-1950) – La botanique devient une science. Le premier chapitre est consacré à la botanique au Japon. À titre d’exemple : l’atlas Honzō Zufu (Iwasaki Tsunemasa, 1828-). Les chapitres suivants portent sur les collections d’orchidées, la théorie de l’évolution de Charles Darwin, le rôle de pionnières en botanique (Anna Atkins, Jane London, Charlotte Mary Young), la classification des plantes de George Bentham (Genera plantarum, 1862-1863), les travaux sur la génétique de Gregor Mendel, l’intérêt envers l’écologie, les jardins et les parcs, la ferveur envers les flores nationales (ex.: Gaston Bonnier, Flore complète illustrée de France, Suisse et Belgique, 1911-1934), et l’étude des plantes au niveau de la cellule. Cette partie compte 66 illustrations, dont 28 planches et 18 portraits.
Sixième partie (1850 à nos jours) – Le monde contemporain. Ces thèmes sont successivement abordés : la découverte de la structure de l’acide désoxyribonucléique (ADN); de nouvelles classifications des plantes (Armen Takhtajan, Arthur Cronquist, Angiosperm Phylogeny Group); la publication de nouvelles flores [éventuellement sous forme numérique] : Flora Europaea (1964-1993), Flora of the USSR (1931-1964), Flora Reipublicae Popularis Sinicae (1959-2004), Flora of North America (1993-2024), Flora of Tropical East Africa (1948-2012), Flora of West Tropical of Africa (1954-1972); les préoccupations envers l’environnement et les changements climatiques. La pertinence d’illustrations botaniques est ensuite abordée, la découverte de l’espèce Victoria boliviana (2022) illustrée par l’artiste Lucy T. Smith est relatée à titre d’exemple. Le chapitre est complété par la présentation de florilèges et de guides botaniques, par exemple : The Alcatraz Florilegium (2016) et Collins Pocket Guide to Wild Flowers (David McClintock et R.S.R. Fitter).
Le livre est complété par un index, des suggestions de lectures complémentaires, les crédits photographiques et les remerciements.
Une synthèse intéressante et instructive sur l’histoire des publications botaniques majeures, avec une abondance d’illustrations exemplaires.
Référence
Fry, Carolyn; Wayland, Emma. – The Botanists’ Library. The Most Important Botanical Books in History. – Londres : Ivy Press, 2024. – 272 p. – ISBN 978-0-71129-495-0. – [Citations : p. 10, 1, 52]. – BAnQ : 016.58 F946b 2024.
Image
Tournesol (Helianthus annuus, Asteraceae) © Claude Trudel, Le monde en images, CCDMD. Photo prise au Jardin botanique de Montréal, tirée de l’album Plantes traditionnelles. – Une planche de Tournesol dessinée par Alexander Marshal est reproduite dans The Botanists’ Library, à la page 94.
Sur la Toile
Albums botaniques (livres numériques gratuits). – Les albums de photos peuvent être consultés directement en ligne, sans téléchargement préalable.
Collection de photos. – La collection de Claude Trudel compte plusieurs milliers de photos botaniques. Les photos peuvent être vues individuellement ou en diaporama. Elles peuvent aussi être envoyées au format carte postale virtuelle. Sous une licence CC BY-NC-SA, les photos peuvent être utilisées gratuitement à des fins éducatives non commerciales.