Le romancier Robert van Gulik
Comment comprendre les hommes de génie ? Leur dimension particulière, qui les distingue de ceux qui n’ont que du talent, et les rend parfois imprévisibles, en fait des êtres insaisissables. Comment donc décrire un Robert van Gulik, esprit universel s’il en fut, diplomate habile, grand érudit, sinologue distingué, bon calligraphe et brillant auteur de romans policiers chinois célèbres dans le monde entier ?
C’est ainsi que débute la biographie de Robert van Gulik rédigée par Carl Barkman et Helena de Vries-Van der Hoeven. En plus d’avoir bien connu le romancier, les auteurs ont consulté une notice autobiographique et les agendas de Robert van Gulik. Les auteurs ont aussi consulté les membres de la famille, des amis et des connaissances du romancier. Leurs sources de renseignements sont donc de première main.
Les auteurs abordent la vie de Robert van Gulik d’une façon chronologique. Mais sa triple vie peut être envisagée en fonction de ses principaux lieux de résidence (Europe, Japon, Chine), de ses occupations marquantes (diplomate, sinologue, auteur) et de ses innombrables fréquentations. Parmi celles-ci, trois furent durables.
Pendant ses études universitaires aux Pays-Bas, Robert reste avec Nellie Remouchamps, une veuve beaucoup plus âgée que lui et ayant un enfant de sept ans. Il la quitte définitivement en 1935, lors de son départ pour sa première affectation au Japon. Au pays du Soleil Levant, il emménage avec Okaya Katsuyo qu’il quitte à regret en 1942. Enfin, il épouse Shui Shi-fang en 1943, lors de son affectation à Tchong-king (Chine). Le couple aura quatre enfants.
Robert van Gulik est né le 29 août 1910 à Zutphen (Pays-Bas) et il est décédé à La Haye le 24 septembre 1967.
Robert van Gulik a une enfance heureuse à Java, de 1915 à 1923. Il en gardera un souvenir impérissable. Il apprend le javanais et le malais et apprécie le théâtre d’ombres qui le marquera pour le reste de ses jours. Il fait ses études secondaires à Nimègue (Pays-Bas), de 1923 à 1930. Il fréquente un professeur à la retraite qui lui apprend le sanscrit et le russe. Il s’initie aussi au chinois. Au cours de ses études universitaires à Leyde, de 1930 à 1935, il apprend le chinois, le japonais et le droit. Boursier du ministère des Affaires étrangères, il se destine à une carrière diplomatique.
Sa vie professionnelle se déroule en deux grandes étapes : interprète / conseiller au Japon, en Afrique, en Inde et en Chine ; ambassadeur au Liban, en Malaisie et au Japon. Tout au long de sa carrière, il accorde la plus grande partie de son temps à ses études sinologiques. Dans tous les endroits où il travaille, il apprend et pratique la langue du pays.
Sa carrière d’écrivain d’œuvres policières occupe les vingt dernières années de sa vie. Elle débute d’une façon inusitée. Le 30 juillet 1942, Robert van Gulik doit quitter la Chine occupée avec seulement une valise à la main. Il décide alors de garder avec lui un livre policier chinois d’un auteur anonyme du 18e siècle : Quatre affaires importantes et curieuses du temps de l’impératrice Wou.
Lors de son deuxième séjour au Japon, de 1948 à 1951, Robert van Gulik traduit en anglais de larges extraits de ce petit roman sous le titre Dee Goong An (1949), en français Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti (1987). Cette traduction est rapidement suivie par la publication de ses deux premiers romans : Le squelette sous cloche (1948-1951) et Le mystère du labyrinthe (1950).
À titre d’auteur de récits policiers, Robert van Gulik a écrit 14 romans et 10 nouvelles mettant en vedette le juge Ti (630-700). D’abord publiés séparément en français (1984-1986), ces ouvrages ont été récemment regroupés et réédités en quatre tomes (2004-2005). Ceux-ci sont disponibles à la Grande Bibliothèque.
Outre ses ouvrages policiers, van Gulik a publié de nombreux livres spécialisés tout au long de sa vie, notamment sur la vie sexuelle dans la Chine antique, l’art érotique chinois à l’époque des Ming, le luth chinois qu’il pratique à merveille et les gibbons.
Le livre de Carl Barkman et Helena de Vries-Van der Hoeven contient un grand nombre de photos familiales et protocolaires de Robert van Gulik. Il présente aussi un bon nombre d’illustrations réalisées par le grand romancier néerlandais.
Cette biographie nous présente donc un portrait fascinant et saisissant d’un des plus grands auteurs d’ouvrages policiers du 20e siècle.
Référence
Barkman, Carl ; De Vries-Van der Hoeven, Helena. – Les trois vies de Robert van Gulik : une biographie. – Traduit du néerlandais par Raoul Mengarduque. – Paris : Christian Bourgois Éditeur, 1997. – 355 p. – ISBN 2-267-01375-4. – Code BAnQ : 928.21 V253b 1997. – [Préface : p. 7].
Remarque
Le romancier Robert van Gulik a été présenté au Club de lecture des Amis de BAnQ, en fin de rencontre, le 7 novembre 2007.
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Sur la Toile
Le juge Ti (Sven Roussel)
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