02 juin 2013

Michel de Broin

L’exposition Michel de Broin se déroule au Musée d’art contemporain de Montréal (MACM), du 24 mai au 2 septembre 2013. Une trentaine d’œuvres singulières de cet artiste québécois sont présentées au public.

Avant de présenter un aperçu de cette exposition, soulignons que deux sculptures grandioses de Michel de Broin sont déjà bien connues du public montréalais : Révolutions (parc Maisonneuve-Cartier, station de métro Papineau) et L’Arc (en hommage à Salvador Allende, parc Jean-Drapeau, île Notre-Dame, jardins des Floralies, station de métro Jean-Drapeau).


MACM - Un texte de présentation nous introduit à la démarche de l’artiste, ainsi qu’à ses œuvres exposées dans six salles :

Salle obscure 1

Révolutions (maquette, 2010)
Cent pas (vidéo, 2 min 30 sec)

Salle 2

Embrasse-moi (1993-2013)
Solitude (2002)
Bagarre d’ivrognes (vidéo, 5 min 35 sec, 2011)
Matière en freinage (2006-2013)
Tenir sans servir c’est résister (2013)
Keep on Smoking (2005-2010)
Fumée (vidéo 2 min 50 sec, 2011)

Salle 3

Testudo (2009)
Trompe (2006)
Bleed (2009)
Pile (2010)
100 watts / 3 watts
Relief (2008-2012)

Salle obscure 4

Trancher dans la noirceur (vidéo, 4 min 2 sec, 2010)

Salle 5

Hurlement silencieux (2006)
L’abîme de la Liberté (2013)
Têtes de pioches (2013)
Sofia (2003)
Étant donnés (2013)
Objet perdu (2002-2013)

Salle 6

Objet perdu (salles 5/6)
L’étendue de l’abîme (2013)
La maîtresse de la tour Eiffel (vidéos, 2009)
Anthropométrie (2013)
Réparations (vidéo et installation, 2004)
Dead Star (2008)
Blowback (2013)

Appréciation

J’ai été impressionné par plusieurs œuvres, dont Trancher dans la noirceur. La vidéo de 4 minutes se déroule en quatre séquences : un paysage nocturne éclairé par de lointains lampadaires, un lampadaire au premier plan (insectes virevoltant près des lumières), arrivée d’un forgeron qui tronçonne et fait tomber le lampadaire, retour au paysage initial où git le lampadaire en premier plan.

Parmi les autres œuvres aussi étonnantes que saisissantes, notons les scènes suivantes : le mur blanc tapissé de pièces arrondies multicolores (Matière en freinage), la bicyclette circulant dans un cimetière tout en dégageant de la fumée (Keep on Smoking), la perceuse électrique d’où jailli des jets d’eau (Bleed), le fusil de chasse recourbé au-dessus d’un foyer de cheminée (Trompe), le bronze évoquant l’enseignement et le livre L’abîme de la liberté de Michel Freitag (L’abîme de la Liberté), le squelette d’une colonne vertébrale carrée (Têtes de pioches), la flamme surgissant d’un lavabo d’où l’eau s’écoule (Étant donnés), les amusantes explosions de bouteilles d’eau (Réparations), et les imposants canons reliés par un arc (Blowback).

Une exposition d'œuvres captivantes aux multiples significations!

Citations

[ 1 ] – Michel de Broin (Montréal, 1970) est un artiste multidisciplinaire qui explore les notions de résistance, de détournement et de recyclage avec un sens de l’humour cynique. Ses œuvres estompent souvent les distinctions entre maquette préliminaire, sculpture, vidéo, action et documentation photographique. Malgré ces chevauchements, de Broin fait preuve de cohérence : entre ses mains, les objets quotidiens – poubelles, lavabos, escaliers, outils électriques, bouteilles d’eau vides et lampadaires – peuvent devenir quelque peu agressifs, se replier sur eux-mêmes ou afficher une certaine vulnérabilité. La présente exposition, organisée par le Musée d’art contemporain de Montréal, est la première rétrospective muséale du travail de l’artiste à se tenir au Canada. Michel de Broin vit et travaille à Montréal.

Michel de Broin (Musée d’art contemporain de Montréal)

[ 2 ] – Une pointe d’humour, un clin d’œil séducteur et, surtout, cette volonté de révéler un élément discordant à l’intérieur d’un système. Avec Embrase-moi, il se penche sur la résistance électrique, instant où « les électrons se mobilisent pour produire un dégagement de chaleur ». « La chaleur est une perte, qui échappe au circuit électrique, explique-t-il. Je la vois comme une métaphore de la résistance sociale. La résistance est liée au système, au pouvoir. Et le pouvoir sans résistance ne peut pas circuler, n’agit pas. On l’a vu avec le printemps arabe. »

[ 3 ] – Parmi ses œuvres récentes, de Broin évoque L’abîme de la Liberté (2013) - titre emprunté à feu Michel Freitag, le professeur de philo qui a marqué le sculpteur pendant ses études à l’UQAM. Ce bronze représente la statue de la Liberté à l’envers. « En la retournant, je présente la Liberté pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une prouesse, un exploit, un défi à la gravité, alors que la Liberté de Bartholdi est une image de l’institution, rigide, très lourde. J’expose l’abîme, le vide, le creux, une notion de liberté plus près du défi. »

Un électron libre aux confins des genres (Michel de Broin célèbre ses 20 ans de carrière avec un solo majeur au MACM) (Jérôme Delgado, Le Devoir, 18 mai 2013)

Référence

Lanctôt, Mark ; Sherer, Daniel. – Michel de Broin. – Montréal : Musée d’art contemporain de Montréal, 2013. – BAnQ : à venir. – [Catalogue].

Sur la Toile

Michel de Broin (Site de l’artiste)
Musée d’art contemporain de Montréal (MACM)
Objets rebelles et utopies vacillantes (Marie-Ève Charron, Le Devoir, 20 juillet 2013)

Articles connexes

Introduction à l’œuvre de Michel Freitag

Image

Photo de Révolutions © Claude Trudel 2013

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