01 mai 2020

Empires, Islam et commerce au Sahel central


Dans un livre encyclopédique sur L’Afrique ancienne, de 20 000 avant notre ère au 17e siècle, Detlef Gronenborn présente l’histoire du Pays des Noirs.

L’espace considéré est limité à l’ouest par la rive orientale du fleuve Niger, à l’est par le lac Tchad, au nord par le désert du Sahara et au sud par des régions montagneuses (situées dans le Nigeria et le Cameroun actuels). Le trait distinctif de cette région est le lac Tchad dont la surface était autrefois beaucoup plus étendue.

La carte intitulée Formations politiques du Sahel central accompagne l’exposé. On y trouve notamment les différentes entités politiques, les principaux centres urbains, la localisation des peuples, les axes commerciaux, les zones de capture d’esclaves, les grandes ressources et les sites archéologiques.

Les sources écrites sur la région sont nombreuses, mais elles sont d’inégale valeur. Les écrits d’auteurs romains sont imprécis, par exemple Julius Maternus et Septimius Flaccus. Les auteurs musulmans communiquent des informations plus exhaustives et pertinentes, en particulier al-Yaqûbî, al-Bakrî, al-Idrîsî et Ibd Saîd. Deux auteurs de l’époque précoloniale sont signalés, Giovanni Lorenzo Anania et Friedrich Hornemann. Les apports d’auteurs de l’époque coloniale sont notés, dont ceux de Hugh Clapperton, Heinrich Barth, William Baikie, Gerhard Rohlfs, Gustav Nachtigal, Parfait-Louis Monteuil et Leo Frobenius. Par ailleurs, les sources archéologiques permettent, dans une certaine mesure, de découvrir l’évolution de la complexification sociale, plus spécifiquement celle de la culture Nok.

Les parties suivantes de l’exposé portent sur l’histoire de deux grandes régions, Karen-Bornou et Haoussa. Karen-Bornou fut le centre économique du Sahel central pendant plus d’un millénaire, mais peu de traces archéologiques de cette hégémonie ont survécu. Cette puissance économique reposait sur le commerce des esclaves. L’auteur s’attarde plus longuement sur le pays haoussa, dont l’essor fut plus tardif. Le commerce des esclaves y fut aussi déterminant. Les sources archéologiques de cette région sont largement décrites.

En conclusion, l’auteur souligne l’importance des facteurs internes pour expliquer le temps long de l’histoire du Pays des Noirs. Après le contact avec le monde musulman, l’activité économique dominante fut le commerce des esclaves dans le contexte de nouvelles puissantes cités-États.

Outre la carte initiale déjà indiquée, l’exposé est illustré par plusieurs documents iconographiques: Le roi caché du Bornou (1826), Caravane haoussa (1895), Musicien haoussa (1912), Buste de femme, culture Nok (10e av. jc - 3e s.), Four de réduction du fer (Baidesuru), Place centrale de Kukawa (1860), Razzia d’esclaves (1872), Rue de Kano. Le chapitre compte aussi deux encarts illustrés: La géographie d’al-Idrîsî, de Gao à Manân et Les riches défuntes de Durbi Takusheyi.

L’étude de Detlef Gronenborn correspond au 7e chapitre de la première partie du livre L’Afrique ancienne. Cet ouvrage volumineux et richement illustré, sur papier glacé, est ainsi constitué:

Prologue
Partie 1 - Les continents de l’histoire africaine (13 chapitres)
Partie 2 - La fabrique de la diversité culturelle (6 chapitres)
Atelier de l’historien (5 chapitres)
Annexes (bibliographie, index, table des cartes)
Table des matières
Crédits photographiques et autres

Une encyclopédie exceptionnelle pour mieux connaître et apprécier les histoires multiples et les diverses cultures des Africains.

Références

Gronenborn, Detlef. - «Du Karen-Bounou aux cités Haoussa, Empires, Islam et commerce au Sahel central». - Dans Fauvelle, François-Xavier. - L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe (20 000 avant notre ère - XVIIe siècle). - Paris: Belin, 2018. - 678p. - (Mondes anciens). - ISBN 978-2-7011-9836-1. - Texte, p. 202-225; bibliographie, p. 635-636; notice biographique, p. 656. - BAnQ: 960 A2586 2018.

Detlef Gronenborn, archéologue, est chercheur-conservateur principal au Römish-Germanisches Zentralmuseum et professeur adjoint à l’Université Johannes-Gutenberg, à Mayenne.

Source documentaire recommandée

Henri Barth - Voyages et découvertes dans l'Afrique septentrionale et centrale pendant les années 1849 à 1855. - Tome 1 - Tome 2 - Tome 3 - Tome 4.

La contribution probablement la plus importante à l’exploration scientifique du Bilâd al-Sûdân [Pays des Noirs] central nous vient de Heinrich Barth. (Detlef Gronenborn, p. 208)

Carte

1858 - Afrique occidentale - Karte Eines Theils von Africa zur Übersicht von Dr. Bath's Reisen, 1850-1855 und der von ihm Gesammelten Itinerarien: Westiches-Östliches Blatt / Entworfen u. Gezeichnet v. A. Petermann / August Heinrich Petermann (1822-1878), cartographe; Heinrich Barth (1821-1865), auteur du texte; Verlag Klett-Perthes, éditeur scientifique / Éditeur: (Gotha). - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Cette carte figure à la fin du tome 4 des Voyages et découvertes dans l'Afrique septentrionale et centrale pendant les années 1849 à 1855, par Heinrich Barth.

Ressource complémentaire

Jolly, Jean. - L’Afrique et son environnement européen et asiatique. Atlas historique. - Paris: L’Harmattan, 2008. - 167p. - ISBN 978-2-2960-5773-9. - BAnQ 911.6 J756a 2002.

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