14 octobre 2012

Le propre et le sale

Georges Vigarello présente une histoire intéressante de l’hygiène du corps depuis le Moyen Âge jusqu’au début du 20e siècle. Les nombreuses notes sont regroupées en fin d’ouvrage, mais le livre ne contient pas de bibliographie.

Partie 1

Son ouvrage commence par une série de témoignages révélant les craintes des gens face à la porosité de la peau dans le contexte moyenâgeux des pandémies de la peste. Ensuite, les pratiques du bain privé et du bain public disparaissent aux 16e et 17e siècles.

Partie 2

Les vermines dont sont affublées les personnes, surtout les enfants, sont attribuées aux humeurs internes du corps. Pour les neutraliser, on accorde une grande importance à l’alimentation et au changement des vêtements apparents. La blancheur de la chemise tient lieu graduellement de propreté. Celle-ci s’identifie finalement aux apparences.

Partie 3

Au 18e siècle, la pratique du bain privé commence chez une partie de l’aristocratie, mais sans lien avec l’hygiène. Le bidet et le cabinet de toilette, signes de richesse, font leur apparition. Le bain froid gagne en popularité au nom de la santé.

À la fin du siècle, les préoccupations sanitaires portent sur l’air infesté des cimetières, prisons, hôpitaux et abattoirs. L’arrosage des rues est alors préconisé pour éliminer les odeurs nauséabondes, causes de maladie et de mortalité. Les bains publics s’installent lentement et les ablutions partielles commencent à se répandre.

Partie 4

Au début du 19e siècle, l’hygiène devient une branche spécifique de la médecine. Ce nouveau statut se manifeste par l’apparition de nouvelles institutions publiques, l’intervention de médecins dans la politique de salubrité urbaine, la valorisation de l’eau tiède et du savon. Par contre, la pudeur fait encore obstacle à la pratique du bain tout au long du siècle.

Les ingénieurs entrent en action avec la mise en place graduelle des infrastructures sanitaires d’aqueduc et d’égout. La vague de choléra popularise le bain, surtout dans les établissements de luxe et les quartiers riches de Paris. Les moins nantis prennent leur bain dans la rivière.

Au milieu du siècle, les élites favorisent la propreté chez les pauvres urbains en vue de maintenir l’ordre social. Cette préoccupation morale est renforcée dans le contexte d’une nouvelle poussée de choléra.

À la fin du siècle, suite aux travaux de Pasteur, le lavage vise désormais l’élimination des microbes. Chez les riches, les innovations techniques vont favoriser la toilette intime sans l’aide de domestique. Par contre, la douche cellulaire est réservée aux militaires, malades hospitalisés, prisonniers et aux pauvres.

Conclusion

L’auteur récapitule les grands jalons de l’histoire de la propreté en Occident selon les différentes classes sociales :

Ce que montre une histoire de la propreté corporelle, c’est la variété, dans le temps, des usages, ou même des imaginaires de l’eau, et la distance séparant les représentations archaïques de celles d’aujourd’hui.

Appréciation

Une histoire quantitative d’une lecture agréable, bien que les répétitions soient nombreuses. L’absence d’une bibliographie sélective est étonnante.

Club de lecture

Ce livre est au programme du Club de lecture (section histoire) des Amis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (ABAnQ).

Référence

Vigarello, Georges. – Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge. – Paris : Seuil, 1998 © 1985. – 287p. – ISBN 2978-2-0200-9452-8. – Bibliothèque de Montréal (Saint-Laurent) : 391.64 V672p 1998. – [Citation, p. 242].

Sur la Toile

Le bain (Musée historique environnement urbain)

Par ordre chronologique :

Le propre et le sale (Yannick Ripa, Histoire de l’éducation, 1986)
Le propre et le sale (Suzanne Mollo-Bouvier, Revue française de pédagogie, 1988)
Le propre et le sale (Dissertations et mémoires)
Le propre et le sale (Entrevues de Serge Bouchard avec Georges Vigarello, Jean Provencher et Frédéric Benjamin Laugrand) (Radio-Canada, Les chemins de travers, 2012)

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