Mémoires | Philippe Aubert de Gaspé
Le lecteur me pardonnera d’entrer en matière par un conte : je ne prends rien au sérieux, à mon âge, si ce n’est la mort; le reste n’est qu’une comédie qui tourne souvent au tragique.
Dès les premières lignes de ses Mémoires, Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871) nous enchante par son style, sa simplicité et ses talents de conteur. Son livre nous renseigne notamment sur les institutions, les mœurs, les mentalités et les classes sociales au 19e siècle.
Les Presses de l’Université Laval ont regroupé et publié récemment une dizaine d’études sur ce classique de la littérature québécoise : Philippe Aubert de Gaspé mémorialiste, sous la direction de Marc André Bernier et Claude La Charité.
La diversité et la profondeur de ces études captivantes témoignent de l’importance et de la singularité des Mémoires (1866) de Philippe Aubert de Gaspé dans l’histoire de notre littérature nationale.
La tempête
Les descriptions saisissantes de tempêtes ont rendu célèbres un grand nombre d’auteurs, de peintres et de musiciens. Voici un extrait de celle de Philippe Aubert de Gaspé, au chapitre 12 de ses Mémoires :
La tempête éclata bien vite dans toute sa fureur avec accompagnement de voix lugubres, que je n’avais jamais ouïes même pendant les plus terribles ouragans, et à ma tristesse succéda tout à coup une exaltation nerveuse qui me faisait entendre le vagissement de l’enfant nouveau-né, la plainte du malade sur un lit de souffrances, les lamentations de la veuve à l’aspect du corps sanglant d’un époux chéri, les cris perçants du criminel que l’on torture et les gémissements du captif dont on rive les chaînes. J’écoutais avec un profond sentiment de compassion ces cris lamentables, lorsque des voix plus puissantes, celles des bêtes féroces, couvrirent les voix humaines ; c’était le rugissement des tigres et des lions, le mugissement du taureau en fureur et les hurlements sinistres des loups. Et mon chien, qui s’était réfugié entre mes jambes, levait la tête de temps à autre en poussant des cris plaintifs ; le système nerveux de mon fidèle compagnon, plus sensible en apparence que le mien, était ébranlé par ce bruit infernal.
Selon Lucie Robert, professeure à l’UQAM, ce récit évoque les rébellions de 1837-1838 (Les Mémoires d’Aubert de Gaspé ou le refus du temps historique, dans Philippe Aubert de Gaspé mémorialiste, p. 87-89).
Références
BAnQ propose les Mémoires de Philippe Aubert de Gaspé en versions imprimée (plusieurs éditions), microfilmée, sonore et numérique (au format pdf). Par ailleurs, la Bibliothèque électronique du Québec (Jean-Yves Dupuis) diffuse les Mémoires aux formats epub et pdf.
Bernier, Marc André; La Charité, Claude. – Philippe Aubert de Gaspé mémorialiste. – Québec : PUL, 2009. – 242 p. – (Cultures québécoises). – ISBN 978-2-7637-8870-8. – Cote BAnQ : 843.8 A889p 2009.
Philippe Aubert de Gaspé (Photo vers 1860). – Cote BAnQ (Centre d’archives de Québec, Fonds Livernois) : P560, S2, D1, P1551.
Image
City of Quebec (Joseph Bouchette, 1815) (BAnQ)
Cette carte, contemporaine de Philippe Aubert de Gaspé, permet de localiser de nombreux édifices évoqués ou décrits dans les Mémoires : Château Saint-Louis, Palais de justice, Cathédrale, Évêché, Couvent des ursulines, Casernes, Palais de l’intendant en ruines, Séminaire, Hôtel-Dieu, etc.
Sur la Toile
Aubert de Gaspé, père, Philippe-Joseph (Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord) (Réginald Hamel, John Hare et Paul Wyczynski) (Fides, BAnQ)
Aubert de Gaspé, Philippe-Joseph (Luc Lacourcière) (Dictionnaire biographique du Canada)
Philippe Aubert de Gaspé (Des Anciens canadiens au Musée de la mémoire vivante) (Serge Saint-Pierre) (Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française)
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