Histoire des États-Unis d’Amérique / Howard Zinn
Les nations ne sont pas des communautés et ne l’ont jamais été. L’histoire de n’importe quel pays, présentée comme une histoire de famille, dissimule les plus âpres conflits d’intérêts (qui parfois éclatent au grand jour et sont le plus souvent réprimés) entre les conquérants et les populations soumises, les maîtres et les esclaves, les capitalistes et les travailleurs, les dominants et les dominés, qu’ils le soient pour des raisons de race ou de sexe.
Cette citation est tirée de la troisième section du chapitre initial du livre Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours, par Howard Zinn (1928-2010). Cette section tient lieu d’introduction à l’ouvrage. Par ailleurs, la somme historique de plus de 800 pages du célèbre professeur émérite (Université de Boston) comprend 24 chapitres, un post-scriptum, une bibliographie et un index.
Ce billet porte sur les trois premiers chapitres : la dépossession des Autochtones, l’esclavage des Noirs et les révoltes des Blancs pauvres.
[ 1 ] - L’invasion européenne des terres autochtones
Dès les premières pages, le célèbre historien américain relate d’une façon saisissante le génocide des Arawaks perpétré par et sous la gouverne de Christophe Colomb (1451-1506). Ses propos sont fondés sur des écrits de première source, ceux du génocidaire et ceux de Bartolomé de Las Casas (1484-1566).
L’auteur dénonce ensuite les manuels d’histoire et l’historiographie traditionnelle qui qualifient d’épopée héroïque l’invasion européenne des terres autochtones aux Amériques. Il précise ensuite le point de vue historique qu’il privilégie et qui est à la base de son interprétation de l’histoire. Comme indiqué ci-dessus, cette section peut tenir lieu d’introduction à l’ouvrage.
L’historien relate les massacres de plusieurs peuples autochtones, dont les Aztèques et les Incas par les Espagnols en Amérique latine, les Powhatans et les Pequots par les Anglais en Amérique du Nord. Il juge ensuite sévèrement ces violences meurtrières perpétrées au nom du progrès, de la civilisation, au seul bénéfice des classes supérieures des pays conquérants.
Dans la dernière section, l’auteur dresse un portrait exhaustif des civilisations autochtones nord-américaines, dont celle de la Confédération iroquoise. Les valeurs égalitaires de ces civilisations sont à l’opposé des valeurs européennes basées sur la propriété privée et les inégalités sociales.
[ 2 ] - L’esclavage des Noirs
Le chapitre 2 porte sur l’origine et la description de l’esclavage dans les colonies anglaises, notamment en Virginie : « Tout, dans l’expérience des premiers colons blancs, les incitait à pratiquer l’esclavage des Noirs. […] Les Virginiens avaient besoin de main-d’œuvre pour cultiver le maïs dont ils se nourrissaient et le tabac qu’ils cultivaient. »
Après avoir illustré l’impossibilité de réduire les Autochtones à l’esclavage, l’auteur décrit le commerce des esclaves des Noirs, puis compare l’esclavage pratiqué en Afrique avec celui imposé aux Noirs dans les colonies anglaises. Les révoltes d’esclaves sont illustrées par plusieurs exemples, malgré les représailles meurtrières de la classe supérieure blanche.
[ 3 ] - Les révoltes contre les élites
Après avoir démontré la dépossession des Autochtones et la condition esclavagiste des Noirs, l’auteur rend compte de la condition des Blancs pauvres. Le récit de la révolte de Bacon (1676) illustre l’opposition des pauvres, notamment ceux vivant à la frontière occidentale de la Virginie, confrontés aux Autochtones. La répression de ce mouvement égalitaire par les autorités coloniales et métropolitaines fut meurtrière.
L’auteur s’attarde ensuite à la condition des serviteurs anglais sous contrat : « Les serviteurs sous contrat étaient achetés ou vendus comme des esclaves. » Les mesures de contrôle contre les pauvres, répressives et légales, sont ensuite illustrées. L’historien constate que la distinction de classes s’est ainsi accentuée dès l’époque coloniale, le fossé entre riches et pauvres étant de plus en plus marqué. En plus, des mesures racistes à l’encontre des Noirs furent pratiquées et légalisées, dans le contexte de l’émergence d’une classe moyenne.
Référence
Zinn, Howard. - Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours. - Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton. - Seconde édition revue et corrigée. - Montréal : Lux Éditeur, 2006 [2019]. - 811 p. - ISBN 978-2-89596-016-4. - Citations : p. 15, 3, 33, 56. ◌ Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 973 Z et 306.4830973 Z81h 2017.
Cartes
1607 - Virginie [facsimilé] (John Smith) - Bibliothèque du Congrès. Cette carte n’est pas affichée dans le livre, mais John Smith fait l’objet du récit historique aux pages 19, 32-33.
1720 - Iroquoisie - [Lewis Henry Morgan, 1831] - Bibliothèque du Congrès. Cette carte n’est pas affichée dans le livre, mais les Iroquois font l’objet du récit historique aux pages 26-29 : « Des monts Adirondacks jusqu’aux Grands Lacs, sur le territoire actuel de la Pennsylvanie et du nord de New York, vivait le plus puissant groupe de population du Nord-Est américain […]. »
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