25 août 2023

Iroquoiens du Saint-Laurent : étude de paysages du passé


L’objectif de cette recherche est d’apporter une contribution à la compréhension de la nature et de l’étendue des modifications du paysage végétal par les Iroquoiens du Saint-Laurent.

L’ethnologue et ethnobotaniste Daniel Fortin présente une étude originale, instructive et fascinante. Précédé par des remerciements, la table des matières et l’introduction, la recherche présente huit thématiques. Les huit chapitres sont ainsi structurés : introduction, exposé (sous-titré et illustré), conclusion, notes. L’ouvrage est complété par une conclusion et une bibliographie exhaustive (28 pages).

L’introduction contient trois volets : l’approche pragmatique retenue par l’auteur, l’hypothèse de base sur la transformation de l’environnement de la vallée du Saint-Laurent par les Iroquoiens, la présentation succincte des thèmes abordés dans les différents chapitres.

Le chapitre 1 est consacré à l’emploi et à la portée de certains termes, dont ceux-ci : empreinte humaine (villages iroquoiens du Haut-Saint-Laurent), climax, hominidés considérés comme organismes, niche écologique, paysage.

Le chapitre 2 aborde ces points : la méthodologie adoptée par l’auteur, la difficile interprétation des données paléoécologiques, la nécessité d’une intégration interdisciplinaire, la sélection des sources utilisées (écrits, cartes et plans, bibliographies produites par Gordon M. Day et William Cronon).

Le chapitre 3 décrit la construction de niche chez les Autochtones de l’est de l’Amérique du Nord. L’utilisation des brûlis, contrôlés ou non, était alors courante, comme l’attestent de nombreux témoins des premiers contacts entre Autochtones et colons européens. Cette pratique favorisait notamment la chasse, ainsi que la cueillette des glands, des noix et des fruits.

Le chapitre 4 présente une étude paléoécologique des sédiments du lac Crawford (Ontario). L’auteur retient l’hypothèse de la transformation de l’environnement dans cette région au cours de la période 1360-1650 par une occupation iroquoienne.

Le chapitre 5 explique les techniques agricoles des Iroquoiens, selon le procédé des monticules et de la polyculture des trois sœurs : le maïs, les haricots et les cucurbitacées (courges). Les besoins en matériaux ligneux (maisons longues, palissades) et l’usage des brûlis contrôlés sont aussi illustrés. Les sources documentaires de l’auteur proviennent notamment des recherches de Conrad E. Heidenreich (Ontario) et Henry T. Lewis (Alberta), et des témoignages de Jean de Brébeuf, Samuel de Champlain, Gabriel Sagard et Pehr Kalm.

Le chapitre 6 porte le territoire, le mode de vie et la population des Iroquoiens du Saint-Laurent. Deux cartes historiques sur Iroquoiens du Saint-Laurent permettent de localiser leurs regroupements dans la vallée laurentienne. Vers 500, les Iroquoiens de la région de Montréal dépendent de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Après la révolution horticole, entre 1000 et 1300, s’ajoute la culture des trois sœurs. L’Iroquoisie laurentienne aurait compté entre 8 000 et 10 000 personnes au début du 16e siècle. La troisième partie du chapitre aborde les épidémies affectant les Autochtones après les premiers contacts avec les Européens, possiblement dès le début du 16e siècle.

Le chapitre 7 étudie des écrits de la Nouvelle-France : des textes décrivant les paysages découverts par les Français, dans un premier temps, puis des plans et des cartes de Samuel de Champlain, dans un deuxième temps. Plusieurs témoignages sont cités, dont ceux de ces auteurs : Jacques Cartier, Jean Alfonse, Samuel de Champlain, Pierre Boucher, Louis Nicolas, François Gendron, René Bréhan de Galilée, Dollier de Casson, baron de Lahontan. Les plans de ces endroits sont reproduits et analysés : Port Saint-Louis, Chouacouët, Le Beau port, Tadoussac, région de Québec, Grand Sault Saint-Louis. La carte manuscrite de 1607 et une section de la carte de 1632 sont aussi reproduites et analysées. Au terme de son étude, l’auteur affirme « qu’une partie de la vallée laurentienne et des territoires adjacents présentaient des paysages anthropiques qui découlaient de la construction de niche des Autochtones ».

Le chapitre 8 porte sur la technologie des feux anthropiques dans les marais de la Réserve nationale de faune du Lac-Sani-François (réserve iroquoise d’Akwesasne). Les conséquences de la pratique du brûlis contrôlé, ou son absence sont décrites avec minutie. Une carte du territoire et plusieurs photos illustrent les propos de l’auteur. L’auteur conclut le chapitre en proposant des mesures réparatrices à l’invasion de l’algue rugueuses et du roseau commun, en particulier le recours aux brûlis contrôlés.

La conclusion contient une rétrospective des hypothèses et des données étudiées dans l’essai. Les résultats de ces analyses sont nuancés, tout en soulignant l’apport probable du brûlis contrôlé pour la constitution de la niche iroquoienne dans la vallée du Saint-Laurent.

Référence

Fortin, Daniel. — La vallée laurentienne au XVIe siècle, entrevoir la construction de la niche des Iroquoiens du Saint-Laurent. Étude de paysage du passé. — Québec : Les Éditions GID, 2023. — 278 p. — ISBN 978-2-89634-443-7. — [Citations : Introduction, p. 16 ; Chapitre 7, p. 206].

Carte

1632 — Nouvelle-France — Carte de la Nouvelle France, augmentée depuis la dernière, servant à la navigation faicte en son vray meridien, par le Sr. de Champlain capitaine pour le Roy en la Marine : lequel depuis l’an 1603 jusques en l’année 1629 ; a descouvert plusieurs costes, terres, lacs, rivières et nations de sauvages, par cy devant incognuës, comme il se voit en ses relations quil a faict imprimer en 1632, ou il se voit cette marque… / Samuel de Champlain. — [BAnQ - Domaine public au Canada].

Une section de cette carte est reproduite à la page 204 du livre de Daniel Fortin, puis commentée à la page 205.

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