12 janvier 2013

Lady Sherbrooke

Le Château Dufresne présente une exposition captivante d’archéologie subaquatique intitulée « Enquête sur le Lady Sherbrooke, joyau de la flotte Molson ».

Tout au fond du couloir d’accès à l’exposition, une grande vitrine accueille les visiteurs. Étrange, elle ne contient qu’un artefact : une boîte aux lettres sur laquelle est inscrit Lady Sherbrooke. La présence et l’origine de cet objet singulier seront expliquées au terme de la visite.

L’exposition se déroule en quatre étapes : l’accueil, l’épave, la vie à bord, la vidéo. Tout au long de ce parcours, les affiches et les castels permettent d’explorer les différentes facettes de la découverte du Lady Sherbrooke.

La salle initiale présente deux affiches. La première raconte l’histoire des pionniers des bateaux à vapeur, dont le Lady Sherbrooke (1817-1826). Des reproductions de documents en provenance du Glasgow Museum of Transport et de la Birmingham Public Library illustrent l’exposé. Une biographie de l’entrepreneur John Molson (1763-1836) est esquissée sur la seconde affiche.

Un grand tableau nous permet de comparer les dimensions des cinq bateaux à vapeur de la flotte Molson : Accommodation (1809), Swiftsure (1812), Malsham (1814), Lady Sherbrooke (1817), New Swiftsure (1818).

Un carnet de notes de John Molson et plusieurs artefacts du Lady Sherbrooke sont exposés dans cette première partie de l’exposition, dont des outils et des pièces en métal.

La deuxième salle nous présente le cœur de l’exposition : une maquette à l’échelle de l’épave du Lady Sherbrooke trouvée sous les eaux boueuses du Saint-Laurent, à proximité de l’île Sainte-Marguerite (autrefois île Molson), en face de Boucherville. L’observation de cette maquette et de ses diverses parties est fascinante.

Deux affiches attirent l’attention du visiteur. La première précise la vocation du Lady Sherbrooke : la liaison rapide entre Montréal et Québec. La seconde porte sur la découverte et la sauvegarde de l’épave par Jean Bélisle et André Lépine : 1° enlever les sédiments à l’aide d’une suceuse et récupérer les artefacts; 2° calquer grandeur nature la coque sur une feuille de polythène (exemple : la feuille n° 6016 en date du 16 juin 1993), puis réduction du dessin à l’échelle 1:10.

Localisée en 1983, l’épave a fait l’objet de onze ans de recherche et de neuf années de campagne de fouilles. Un bilan impressionnant : 70% de la coque préservée, tout comme des milliers d’artefacts.

La troisième salle est dédiée à la vie à bord du bateau. Celui-ci pouvait transporter dix à douze personnes dans les cabines de première classe et de 200 à 300 autres passagers ailleurs sur le bateau. Plusieurs artefacts illustrent la vie à bord : bouteille de vin, vaisselle de style chinois, boutons, ceinture et soulier de cuir. Une installation reproduit même une cabine logeant une passagère avec d’autres artefacts : pipes, pentures, jeux et lampes à l’huile.

Une vidéo d’une douzaine de minutes complète la visite. L’archéologue Jean Bélisle nous raconte l’aventure de la découverte de l’épave du Lady Sherbrooke, les méthodes de l’archéologie subaquatique, l’utilisation d’un bateau-laboratoire de recherche, la fabrication et la description de la maquette, les membres d’équipage et le nombre de passagers, la durée du voyage entre Montréal et Québec, le retour à l’eau de l’épave pour assurer sa préservation et son étude futures, etc.

Le 16 février prochain, à 14 h, Jean Bélisle présentera une conférence sur l’aventure archéologique du Lady Sherbrooke au Château Dufresne. Par ailleurs, l’exposition se poursuit jusqu’au 31 mars 2013. Les personnes intéressées peuvent compléter cette visite par une exploration des différentes pièces du fameux Château Dufresne.

La fouille du P.S. Lady Sherbrooke est une incursion dans le domaine de la navigation fluviale qui nous permet de voir comment nos ancêtres voyageaient. Mais il y a plus, cette recherche nous plonge dans une ère où les industriels montréalais s'adaptent à une révolution technologique majeure. En effet, l'introduction de la vapeur au début du 19e siècle équivaut à la révolution technologique de notre fin de 20e siècle. (CHASQ)

Référence

Les dessous du Lady Sherbrooke (Frédérique Doyon, Le Devoir, 5 janvier 2013)

Présenté à la une du journal, cet article m’a incité à visiter l’exposition présentée au Château Dufresne. Le quotidien Le Devoir peut être consulté à la Grande Bibliothèque et dans les Bibliothèques de Montréal.

Sur la Toile

Le Musée du Château Dufresne

John Molson (1763-1836) (Alfred Dubuc, Dictionnaire biographique du Canada en ligne, 2000)

Comité d'histoire et d'archéologie subaquatique du Québec (CHASQ)

La fouille du Lady Sherbrooke (Une porte vers le passé) [MCC, 1997]

Le transport maritime à Montréal à l’ère des premiers vapeurs (Jean Bélisle, Université Concordia, et André Lépine du Comité d'histoire et d'archéologie du Québec, La Plongée, 1994)

Lady Sherbrooke (Une fenêtre sur les débuts de la navigation à vapeur sur le Saint-Laurent) (André Lépine, Musée David Stewart, et Jean Bélisle, Université Concordia, La Plongée, août 1991)

Projet Molson (Tristan Léonard, La Plongée, 1986)

Les Canadiens-Français et les bateaux à vapeur (Paul-Henri Hudon, Histoire Québec, 2006) (Érudit)

Article connexe

Dictionnaire de la mer

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