28 octobre 2007

Art oratoire au Québec (1760-1840)

Marc-André Bernier et Michel Brisebois ont donné une double communication intitulée La bibliothèque des premiers orateurs québécois (1760-1840) : de l’art de bien dire à l’invention d’une parole citoyenne, le 25 octobre 2007, à l’auditorium de la Grande Bibliothèque.

Marc-André Bernier, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en rhétorique à l’UQTR, a présenté des trésors patrimoniaux du Québec en lien avec l’enseignement de la rhétorique en France et au Québec, à la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle. Il a évoqué les échanges culturels entre l’ancienne métropole et le Québec désormais britannique. Il a illustré ces transferts en expliquant trois traditions pédagogiques.

La première tradition dans l’enseignement de la rhétorique est celle des Jésuites, au Collège Louis-le-Grand (Paris) et au Séminaire de Québec. Cette tradition recourt à l’éloquence théâtrale. Comme figure de proue, le conférencier cite Charles-François Bailly de Messein, enseignant au Séminaire de Québec.

La deuxième tradition est celle de l’Université de Paris. S’inspirant du néo-classicisme, elle se caractérise par l’argumentation logique et une prose ample inspirée de Cicéron et de Bossuet. Les discours de Louis-Joseph Papineau témoignent de cette tradition rhétorique.

La troisième tradition, fondée sur l’éloquence du cœur, provient des Sulpiciens. Elle s’inspire de saint Augustin, du Pseudo-Longin et de Fénelon. Elle est pratiquée aux collèges de Montréal, de Saint-Nicolet et de Saint-Hyacinthe. À titre d’exemple, le conférencier cite un discours du patriote Édouard-Étienne Rodier.

Marc-André Bernier a conclu ses propos en insistant sur l’importance des quelques quarante traités de rhétorique provenant de la période 1760-1840. Il a cité en particulier les ex-libris et les listes nominatives des élèves contenus dans ces ouvrages pédagogiques.

Michel Brisebois, spécialiste du livre ancien à BAnQ, a traité du projet Inventaire de l’imprimé ancien au Québec (IMAQ). Il a souligné l’importance de cet inventaire pour mieux connaître notre histoire intellectuelle. Il a insisté sur le caractère urgent de cette entreprise, compte tenu de la disparition graduelle des communautés religieuses.

Le projet IMAQ s’est réalisé en trois phases : le colloque initiateur regroupant des spécialistes du livre ancien ; l’organisation pratique et le financement du projet ; le travail sur le terrain toujours en cours de réalisation. Déjà 7 000 notices bibliographiques ont été produites par des étudiants supervisés par des responsables du projet. Plusieurs reproductions de notices ont été présentées et commentées par les deux conférenciers.

Cette rencontre a donc favorisé une double découverte : l’enseignement de la rhétorique, de la Conquête de 1760 aux insurrections de 1837-1838 ; le projet Inventaire de l’imprimé ancien au Québec (IMAQ).

Les conférenciers ont été présentés et remerciés par Jocelyne Dazé, agente à la Direction générale de diffusion de BAnQ.

Références

Bernier, Marc-André. – Portrait de l’éloquence à Québec (1760-1840), dans Andrès, Bernard ; Bernier, Marc-André ; dir. – Portrait des arts, des lettres et de l’éloquence au Québec (1760-1840). – Québec : Les Presses de l’Université Laval, 2002. – 509 p. – (Les collections de la République des lettres). – ISBN 2-7637-7883-6. – Cote BAnQ : 840.9005 P8533 2002. – P. 410-424.

Chaire de recherche du Canada en rhétorique (Université du Québec à Trois-Rivières)

Inventaire des imprimés anciens au Québec (CRCR, CRCHL, CIERL, BAnQ)

Dictionnaire biographique du Canada en ligne (Messein, Papineau, Rodier)

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