01 août 2025

Le tableau du maître flamand / Arturo Pérez-Reverte


Rien n’est plus trompeur que l’évidence. C’est un principe de logique qui s’applique aux échecs : ce qui paraît évident n’est pas toujours ce qui s’est produit en réalité, ou ce qui est sur le point de se produire…



Une radiographie de La partie d’échecs (1471), huile sur bois du peintre flamand Pieter Van Huys (1415-1481), révèle cette inscription cachée : QUIS NECAVIT EQUITEM.

QUI A TUÉ LE CHEVALIER ?

La phrase énigmatique est dévoilée au tout début du polar d’Arturo Pérez-Reverte. La suite du chapitre initiale porte sur la description minutieuse du tableau, l’identité des trois personnes qui y figurent et le contexte historique de la fin du 15e siècle.

Les relations professionnelles et sentimentales de plusieurs personnages sont aussi au cœur du récit : Julia, restauratrice, César, antiquaire, Menchu Roch, galeriste, et Álvaro, professeur d’histoire de l’art.

L’intrigue et les personnages sont en place.

Au chapitre suivant, les dessous de la mise en vente de La partie d’échecs sont révélés. Les personnes impliquées : Menchu, Paco Montegrifo, vendeur de tableaux, Don Miguel Belmonte, autrefois directeur de l’Orchestre de Madrid et propriétaire de la toile, sa nièce Lola Belmonte et son mari Alfonso Alpena.

Le roman témoigne de la vaste culture d’Arturo Pérez-Reverte, par exemple : les citations littéraires placées en exergue en début de chapitre, la peinture de la Renaissance et l’histoire européenne, au premier chapitre; la musique baroque, au deuxième chapitre, et le jeu d’échecs au troisième chapitre. Celui-ci porte d’ailleurs sur l’analyse du tableau sous l’angle d’une partie d’échecs, suivie par l’entrée en scène de Muñoz, joueur d’échecs.

Des portraits élaborés, des descriptions minutieuses, de vifs dialogues et de profonds monologues caractérisent l’écriture du récit. Aussi, des situations étonnantes ou anticipées, comme celle d’un meurtre présumé au quatrième chapitre…

Rédigé par une main de maître, le scénario se poursuit ainsi jusqu’au dénouement de l’enquête.

Quelques citations :

Je crois que la question se résume à un problème de point de vue.

– Une exception ne confirme rien du tout, elle invalide ou détruit une règle… C’est pour cette raison qu’il faut faire très attention lorsqu’on raisonne par induction.


Il arrive qu’on regarde un jardin qui ne présente pas d’ordre apparent sous un certain angle, mais dans lequel une régularité géométrique se dessine sous une autre perspective.

Vous savez bien que lorsqu’on élimine l’impossible, ce qui reste, pour improbable que cela puisse paraître, doit nécessairement être vrai.

Référence

Pérez-Reverte, Arturo. – Le tableau du maître flamand. – Traduit de l’espagnol par Jean-Pierre Quijano. – Paris : Gallimard, 2024 © 1990. – 463 p. – (Folio Policier, n° 1026). – ISBN 978-2-0730-4167-8. – [Citations : p. 121; 150, 227, 349, 409].

Le Grand Prix de littérature policière 1990 a été attribué à ce roman.

Image

Photo © Claude Trudel, Le monde en images (CCDMD).

Sur la Toile

J’ai parcouru plusieurs critiques après avoir lu le roman. Celle-ci a retenu mon attention :

Le Tableau du maître flamand : œuvre / bibliothèque (Anne-Sophie Huguet, Babel. Littératures plurielles, juin 2002). – Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0.