25 juillet 2011

La légende du cheval noir


Le conte du cheval noir est raconté de diverses façons par plusieurs auteurs qui le situent dans différents villages. Attardons-nous à la version de Victor-Lévy Beaulieu dont le récit se déroule aux Trois-Pistoles.

Le Grand cheval noir du Diable contient trois parties. La première est celle du narrateur, la seconde est celle du conteur et la dernière est à la fois celle du narrateur et du conteur.

Partie 1

L’incipit comprend trois paragraphes. Le premier situe le conte dans le temps, soit les dimanches après-midi. Il présente aussi Bélial, un colossal cheval noir, que seul le grand-père du narrateur réussit à atteler.

Ces éléments annoncent le contenu du conte du cheval noir. Le nom Bélial attribué au cheval noir du grand-père correspond à celui d’un démon biblique. Le prestige du grand-père auprès des enfants est d’autant plus significatif qu’il est le seul à pouvoir maîtriser cet animal rétif. Le temps réfère au jour saint de la religion, le dimanche, et à une tradition familiale, le même cérémonial se déroulant tous les dimanches.

Les deux autres paragraphes indiquent le contexte général du conte : le pique-nique hebdomadaire au chalet des grands-parents et la présence des empreintes de quatre fer à cheval dans le roc.

Partie 2

La partie principale du récit correspond au conte proprement dit. La mise en scène du conteur, le grand-père, commence et finit par une formule identique : « Sacàtibi, sacàtabac! Salut ben, la compagnée! » Les auditeurs, les enfants, et le lecteur sont dès lors conviés dans un monde fantastique.

D’entrée de jeu, le grand-père recourt à un style et à des mots imitant la narration orale d’une histoire : « Écoutez-moi ben parce que mon narré commence drette là de même… » Ce langage typique sera utilisé tout au long du conte.

Le conteur enrichit ses propos par des expressions savoureuses, souvent moqueuses, comme celles-ci : « les Pistolets […] portaient bien leur appellation non contrôlée »; « être tranquilles comme des pipes de plâtre »; « le bon Dieu qui gouverne et dégouverne le monde »; « résolver le grand péché commis dans je jardin d’Éden par le bonhomme Adam »; « Imaginationnez-moi ça. »

Le récit se déroule en plusieurs phases. Dans un premier temps, le conteur situe ses protagonistes dans l’espace (refoule de la rivière des Trois-Pistoles) et le temps (lointain). Il valorise les Pistolets pour mieux souligner leur caractéristique, celle de querelleurs invétérés.

Le tempérament batailleur des Pistolets est démontré par le récit de la guerre des clochers, Ce conflit est comparé, pour sa durée et la mortalité, à la guerre de Troie. Par l’évocation de cette légende épique grecque, le grand-père amplifie l’importance de son récit.

Un miracle résout la querelle de la localisation de la nouvelle église entre les Pistolets du bord du fleuve et ceux du sommet de la côte. Cela n’empêche pas le problème de la taille et du transport des pierres pour l’échéance de la fête de Noël.

Découragé par le retard dans la construction de l’église, le vieux curé Barrette consulte le Petit Albert, un almanach de magie noire. Suite à des incantations formulées par le curé, une terrible tempête survient et Lucifer propose un marché au curé. Le pacte est conclu!

Le lendemain un petit homme aux yeux rouges apparaît dans le village avec son superbe cheval noir. Il le prête aux ouvriers pour le transport rapide des pierres destinées à la construction de l’église à condition de ne pas le débrider.

Le travail s’effectue ensuite rapidement. Juste avant le transport de la dernière pierre, l’ouvrier Pit Dublanc débride le cheval noir. Celui-ci se métamorphose et disparait aussitôt!

Partie 3

Au moment où le conteur vient pour formuler la clôture du conte, les enfants l’interrompent pour une explication sur le sort du curé Barrette. Les enfants restent sceptiques suite aux explications de leur grand-père… et le conte se termine par le retour à la maison et la clôture du conte selon la formule consacrée.

Festival FanTasia

Une illustration de cette légende québécoise est affichée sur la page couverture du programme du 15e Festival international de films FanTasia. Cette affiche officielle a été produite par l’illustrateur Donald Caron. Par ailleurs, le prix du « meilleur film » attribué annuellement par ce festival sera dorénavant dénommé Le prix du Cheval Noir.

Le superbe et volumineux programme du festival est accompagné d’un DVD. Tous les synopsis des films sont présentés par ordre alphabétique dans le programme, alors que le DVD contient 99 bandes annonces et 29 extras (publicités).

Le festival se déroule du 14 juillet au 7 août 2011.

Image

Trois-Pistoles (Nicogag, 2009) (Wikipédia)

Ce paysage est décrit au début du texte de Victor-Lévy Beaulieu : une vue magnifique sur le fleuve Saint-Laurent, l’église des Trois-Pistoles et l’île aux Basques, au soleil couchant.

Références

Beaulieu, Victor-Lévy. - « Le Grand cheval noir du Diable ». – Simard, Mathieu. – Contes du Québec : recueil de contes choisis. – Montréal : ERPI, 2010. – xx, 251 p. – ISBN 978-2-7613-3560-7. – Cote BAnQ : 398.209714 C7618 2010. – P. 173-183.

Définitions (TLFi)

CONTE : Récit d'aventures imaginaires destiné à distraire, à instruire en amusant.

LÉGENDE : Récit à caractère merveilleux, ayant parfois pour thème des faits et des événements plus ou moins historiques mais dont la réalité a été déformée et amplifiée par l'imagination populaire ou littéraire.

Sur la Toile

Donald Caron (Illustration)
Prix du Cheval Noir (FanTasia)
Victor-Lévy Beaulieu (Site de l’auteur)

Articles de Wikipédia

Barrette (lithurgie)
Bélial
Cheval noir (légende)
Curé
Diable
Petit Albert (grimoire)
Trois-Pistoles

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