28 juin 2015

Exposition 2015 / David Altmejd - Flux

Flux, la première rétrospective de l’œuvre de David Altmejd présentée successivement au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, au Mudam Luxembourg et au Musée d’art contemporain de Montréal.

Flux, le catalogue publié à l’occasion de cette exposition exceptionnelle. La couverture translucide est détachable. Dépliée, elle mesure 54 x 85 cm. Plusieurs autres pages de l’ouvrage ont des textures inhabituelles.

Le livre compte trois grandes parties:

1° - la partie liminaire: des photos prises dans l’atelier d’Altmejd (16 pages) / la page de titre / l’avant-propos par Fabrice Hergott, directrice du Musée d’art moderne de la Ville de Paris / la table des matières illustrée / L’espace intérieur, deux entretiens avec David Altmejd, menés par François Michaud et Robert Vifian (18 pages) / Le codex Altmejd par Louise Déry (10 pages);

2° - la partie centrale: les œuvres d’Altmejd réparties en 39 sections numérotée en chiffres romains; au centre du livre, un petit encart;

3° - la partie complémentaire: la liste des expositions personnelles ou en duo par l’artiste d’origine québécoise / quelques monographies / un répertoire des collections publiques / des remerciements des contributeurs et du sculpteur / les responsables des expositions et des publications / les crédits photographiques / la notice bibliographique.

Les œuvres reproduites dans le catalogue nous permettent de les apprécier. Les entretiens avec David Altmejd et l’essai de Louise Déry nous permettent de les interpréter. Mais seules des visites répétées au musée nous les font progressivement découvrir.

L’exposition Flux se poursuit au Musée d’art contemporain de Montréal jusqu’au 13 septembre 2015.

Référence

Hergott, Fabrice. - David Altmejd. Flux. - Paris: Éditions Paris Musées, 2014. - 182p. - ISBN 978-2-7596-0262-9. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: à venir. - BnF: Notice biographique.

Photographies

Altmejd affiche plusieurs photos de ses œuvres sur son site personnel. Un très grand nombre de photos des œuvres du sculpteur peuvent aussi être visionnées depuis une recherche avec Google.

Sur la Toile

David Altmejd (Site de l’artiste)

David Altmejd / Flux (Exposition au MACM)
Musée d’art contemporain de Montréal (MACM)

1 / Compagnon des arts et des lettres du Québec (David Altmejd, C.A.L.Q.)
2 / Ordre des arts et des lettres (Diplômés honorés par le Conseil des arts et des lettres du Québec) (Actualités UQÀM, 24 mars 2015)
3 / La distance et la contrainte (Julie Ledoux, Voir, 18 juin 2015)
4 / David Altmejd au MAC: la beauté de l'infini travail (Mario Cloutier, La Presse, 20 juin 2015)
5 / Les anges et les bêtes de David Altmejd (Odile Tremblay, Le Devoir, 20 juin 2015)
6 / Altmejd au MAC: Flux ininterrompu (Mathias Marchal et Jessica Émond-Ferrat, Métro, 21 juin 2015)
7 / L’été Altmejd (Jérôme Delgado, Le Devoir, 27 juin 2014)
8 / «Flux» de David Altmejd au MAC (Vidéo) (Émilie Perreault rencontre David Altmejd, qui nous fait découvrir son exposition bilan, présentée au Musée d'art contemporain de Montréal du 20 juin au 13 septembre 2015)
9 / Exposition "David Altmejd -Flux" | Musée d'art moderne de la Ville de Paris (Vidéo) (Interview de l’artiste dans l’exposition "Flux" de David Altmejd au musée d'Art moderne de la Ville de Paris) (12 novembre 2014)

Ajout (09 08 2015):

Rencontre avec David Altmejd (Entretien avec Josée Bélisle, commissaire, vidéo, 1:04:30, Vimeo, 18 juin 2015)

Billets / Série David Altmejd

Exposition 2015 / David Altmejd - Flux
David Altmejd / La genèse du loup-garou
David Altmejd à la Biennale de Venise
David Altmejd / La galopade des zèbres
David Altmejd / L’atelier laboratoire
David Altmejd / Le flux et la flaque
David Altmejd / Les parcours du flux
David Altmejd et son œuvre
David Altmejd à la Galerie de l’UQÀM
David Altmejd / Au revoir Sarah
David Altmejd / Bibliographie

21 juin 2015

Atlas des plans de Paris

Sous la direction de Dominique Carré, Pierre Pinon et Bertrand Le Boudec présentent un livre remarquable sur la cartographie de la capitale française. L’ouvrage est coédité par la Bibliothèque nationale de France (BnF) et trois autres éditeurs.

L’atlas compte cinq parties: l’introduction, cinquante plans de Paris (1550-2001), une postface, une bibliographie sélective et les crédits photographiques.

Les thèmes suivants sont abordés dans l’introduction:

- considérations générales: destinataires, critères de sélection des plans, terminologie et enjeu
- cartographie urbaine: définitions du plan et de la ville, objectifs des commanditaires et cartographes, typologie des plans, modes de représentation, éléments urbains
- historique de la cartographie parisienne: générations, spécificités et paradoxes, jalons historiques, usage et mémoire
- plans restitués de Paris (Antiquité et Moyen-Âge)
- premiers plans de Paris.

Chacun des cinquante plans de Paris est présenté sur une double page: année, titre, description, reproductions légendées (un ou des plans, un ou des extraits). Voyons un exemple (images ci-dessous): le plan de Turgot de 1739 (pages 60-61). La double page contient trois reproductions: le plan d’assemblage, la planche 11 (de la Cité au Luxembourg) et un extrait de la planche 15 (Pont Royal). Ces documents sont légendés: contenu, dimensions, auteurs. L’exposé adjacent raconte l’historique de «la plus somptueuse image de Paris jamais réalisée.»




La postface de l’atlas relate une brève histoire des techniques cartographiques. La bibliographie sélective compte plus de quarante références. Les crédits photographiques sont attribués principalement à trois institutions: Bibliothèque nationale de France, Archives nationales et Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Références

Pinon, Pierre; Le Boudec, Bertrand; Carré, Dominique, dir. - Les Plans de Paris. Histoire d’une capitale. - Paris: BnF, 2014. - 136p. - ISBN 978-2-847-42243-6.

Plan de Turgot - Paris au XVIIIe siècle. Plan de Paris: en 20 planches: fac-similé ([Reprod. en fac-sim.]) / dessiné et gravé sous les ordres de Michel-Etienne Turgot, prévôt des marchands, commencé en 1734, achevé de graver en 1739; levé et dessiné par Louis Bretez - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

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Livres numériques gratuits

Ces livres contiennent notamment des liens pointant vers des plans de Paris dressés au cours des années suivantes: 1383 [1705], 1666, 1734, 1758, 1790, 1817, 1818, 1823, 1828, 1830, 1846, 1861, 1866, 1870, 1871, 1890, 1904 et 1923.

Le répertoire Anciennes cartes géographiques recense les meilleures collections numériques d'anciennes cartes géographiques en libre accès, des ressources connexes, une sélection de documents cartographiques et une bibliographie. Les documents recensés dans les collections peuvent souvent être redimensionnés, imprimés ou téléchargés. Selon des modalités diverses, ils peuvent parfois être aussi libres de droits.

La Grammaire de la carte présente les principaux éléments de la carte en vue de favoriser l’observation, l’étude ou l’analyse d’anciennes cartes géographiques: définition, support, contour, cartouche, orientation, grille, projection, échelle, toponymie, topographie, légende, illustration, commentaire, carton, thème. Compléments: cinq synthèses, liste des cartes, bibliographie, notice sur l’auteur.

14 juin 2015

Le nouvel impérialisme (David Harvey)

Les enjeux actuels sont importants et nous avons besoin d’un débat ouvert pour comprendre où nous en sommes et comment nous pourrions aller de l’avant.

Au-delà de l’actualité internationale, souvent chaotique et difficilement compréhensible, David Harvey propose un cadre général de réflexion «assez fort pour survivre aux aléas et incertitudes des événements à venir». Il énonce son but et précise ainsi sa méthodologie: «Mon objectif est d’examiner le cours actuel du capitalisme mondial et le rôle qu’y joue le "nouvel" impérialisme. J’aborderai ces questions à partir d’une perspective de longue durée et à travers le prisme de ce que j’appelle le matérialisme historico-géographique.»

Intitulée Les habits neufs de l’impérialisme, la préface de Jean Batou précède les cinq parties de l’ouvrage: Une affaire de pétrole, Comment les États-Unis sont montés en puissance, Le capital entravé, Accumulation par dépossession, Du consentement à la coercition. Il n’y a pas de bibliographie, mais plusieurs notes en bas de page réfèrent à différents auteurs, dont la philosophe Hannah Arendt et le sociologue Giovanni Arrighi.

Préface

Jean Batou (professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Lausanne) spécifie le contexte de la publication de ce livre: la reprise de trois conférences de David Harvey données à l’Université Oxford et 2003, juste avant la journée de manifestation mondiale du 15 février contre la guerre en Irak (toute proportion gardée, la plus imposante manifestation s’est déroulée à Montréal) et peu de temps avant l’offensive militaire américaine contre le peuple irakien (20 mars). Il poursuit son exposé en présentant la démarche suivie par David Harvey (professeur de géographie à Université de la ville de New-York), tout en précisant le contenu des différents chapitres de l’ouvrage.

1. - Une affaire de pétrole

La première partie porte sur la guerre des États-Unis d’Amérique contre l’Irak: les précédents (coups d’État contre les régimes démocratiques de Mossadegh, en 1953, Allende, en 1973, et Chavez, en 2002), les prétextes invoqués (instauration d’un régime démocratique, problème des armes de destruction massive, méchanceté du dictateur), la tactique de diversion suscitée par la situation intérieure critique des États-Unis d’Amérique (récession, chômage, scandales financiers, inégalités sociales, climat de violence), le néoconservatisme de l’équipe de Bush (imposé aux citoyens américains face à l’ennemi extérieur). La seconde partie porte sur l’enjeu pétrolier qui doit être envisagé et subordonné à celui du contrôle global du Moyen-Orient visé par les États-Unis d’Amérique depuis la Seconde Guerre mondiale: le soutien à la guerre de l’Irak contre l’Iran, la présence militaire directe dans la région, la rareté progressive des réserves pétrolières, l’ambition de contrôler effectivement l’économie mondiale au cours des prochaines décennies.

2. - La puissance américaine

L’auteur distingue en premier lieu les différences entre les logiques territoriale et capitaliste du pouvoir en vue d’une «analyse de l’impérialisme capitaliste en termes d’intersection entre ces deux logiques de pouvoir distinctes mais entremêlées». Deux modalités d’hégémonie (favorisant l’accumulation illimitée du capital à l’échelle mondiale) sont ensuite spécifiées: le leadership (consensus) et la coercition (domination). Selon l’auteur, le régime capitaliste repose sur trois bases matérielles: l’argent, les capacités productives et la puissance militaire. Par ailleurs, la stratégie intérieure repose sur quelques principes intangibles: la stabilité de l’ordre social, le consumérisme et l’expansion de l’accumulation capitaliste. Harvey illustre ses propos en retraçant et décortiquant les trois phases récentes de l’hégémonie américaine (1870-1945, 1945-1970, 1970-2000). Il spécule ensuite sur les options envisageables par les États-Unis d’Amérique pour maintenir leur hégémonie, notamment face à l’Union européenne et à la Chine.

3. - Le capital entravé

Au point de départ, l’auteur formule et explique sa théorie de l’aménagement spacio-temporel reposant «sur la tendance chronique, inhérente au capitalisme, à produire des crises de surcapitalisation». L’accumulation du capital est favorisée par certaines structures institutionnelles, dont la propriété privée. Ce contexte favorable est plus ou moins accentué selon les époques et les États concernés. C’est dans ces espaces différenciés, instables et inégalitaires que se développe l’activité capitaliste. Celle-ci vise le monopole ou l’oligopole. Harvey s’attarde ensuite aux interactions dynamiques entre les logiques politique et capitaliste, entre les régions et l’État central. Un schéma des circuits de la circulation du capital est expliqué avec de nombreux exemples. L’impérialisme, en réaction aux revendications populaires internes des métropoles, et le néolibéralisme, imposé aux pays plus fables, sont démasqués et dénoncés.

4. - Accumulation par dépossession

Harvey confronte les points de vue de plusieurs penseurs sur la théorie de la suraccumulation du capital qui génère l’impérialisme. À la prédation primitive, une nouvelle phase du capitalisme surgit au début du 20e siècle: «le système de crédit et le capital financier sont devenus des leviers majeurs de prédation, de fraude et de vol». Plusieurs exemples contemporains sont cités, tel l’ALENA. L’auteur présente ensuite l’historique du néolibéralisme, de la fin des années 1930 à nos jours, dans les sections «La privatisation: pierre angulaire de l’accumulation par dépossession» et «Les luttes à propos de l’accumulation par dépossession». Harvey distingue l’accumulation primitive de l’accumulation par dépossession. L’auteur compare les luttes pionnières du mouvement syndical (maintenant décalées) aux nouvelles luttes (éclatées) pratiquées par des mouvements sociaux. Il suggère des mesures de rapprochement entre ces deux formes de résistance à l’accumulation par dépossession.

5. - Du consentement à la coercition

La partie conclusive débute par cette assertion synthétique: «L’impérialisme capitaliste émerge d’une relation dialectique entre les logiques territoriales et capitalistes du pouvoir. Ces deux logiques sont distinctes et ne sont en aucune manière réductibles l’une à l’autre; elles sont cependant étroitement entrelacées. Chacune d’elle peut être analysée en fonction de l’autre, mais leurs résultats peuvent très substantiellement varier dans l’espace et dans le temps. Chacune de ces logiques est porteuse de contradictions que l’autre doit contenir. […] Par conséquent, on ne peut comprendre l’impérialisme sans d’abord se confronter à la théorie de l’État capitaliste dans toute sa diversité.» Harvey illustre ses propos en considérant le cas récent de l’impérialisme américain (néolibéral sous Clinton, puis néoconservateur sous Bush), plus spécifiquement la guerre contre l’Irak (commencée officiellement le 20 mars 2003). Dans l’ensemble de cette dernière partie, l’auteur spécule sur l’avenir prochain et émet plusieurs hypothèses sur le devenir des États-Unis d’Amérique et du monde.

Appréciation

David Harvey propose un cadre de réflexion susceptible d’être valable pour expliquer la complexité du monde sur une longue durée, depuis les origines du capitalisme jusqu’à ses métamorphoses contemporaines. Les lecteurs, compte tenu des événements récents, en cours, et des crises prévisibles, sauront possiblement apprécier cette grille d’analyse. À titre d’exemple, citons la Grande Récession (2008), la révolte populaire en Tunisie (2010), la crise de la dette publique de la Grèce (2010), la grève étudiante au Québec (2012), la révélation des écoutes électroniques par Edward Snowden (2013), le scandale de la manipulation des devises par les grandes banques (2013), les investissements chinois au Brésil (2015). Ajoutons les luttes autochtones, les manifestations répétées contre les politiques d’austérité, la militarisation des corps de police, les multiples restrictions aux libertés civiles, les accords de libre-échange (conclus et en négociation), les crises humanitaires sur plusieurs continents, les nombreuses guerres civiles et régionales, l’exploitation des sables bitumineux et le réchauffement climatique. À tous égards, relisons cette citation: Les enjeux actuels sont importants et nous avons besoin d’un débat ouvert pour comprendre où nous en sommes et comment nous pourrions aller de l’avant.

Référence

Harvey, David. - Le nouvel impérialisme. - Préface par Jean Batou. - Paris: Les Prairies ordinaires, 2010. - 246p. - (Penser/Croiser). - ISBN 978-2-35096-004-3. - BAnQ: 320.97309051 H3414n 2010. - [Citations: p. 21, 21, 23, 55, 113, 175, 213].

Lecture complémentaire

Tremblay-Pepin, Simon, dir. - Dépossession. Une histoire économique du Québec contemporain / Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). - Tome 1 - Les ressources. - Montréal: Lux Éditeur, 2015. - 325p. - ISBN 978-2-89596-187-1. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 320.5109714 D422 2015. - [Dans son introduction, Simon Tremblay-Pepin (jeune chercheur à l’IRIS) indique que le terme Dépossession et l’expression accumulation par dépossession sont empruntés au livre Le nouvel impérialisme de David Harvey].

Sur la Toile

David Harvey et le matérialisme historico-géographique (CAIRN / Anne Clerval, Espaces et sociétés, 2011)
Accumulation par dépossession et luttes anticapitalistes: une perspective historique longue (Jean Batou, Contretemps, 9 février 2015)

Articles connexes

L’oligopole bancaire mondial (François Morin)
L’austérité au temps de l’abondance (Collectif)
Introduction au capital(Thomas Piketty)
Les concessions de Tientsin (Pierre Singaravélou)
La révolte des riches (Gabriel Nadeau-Dubois)
La fabrique de l’homme endetté (Maurizio Lazzarato)
Les milliardaires (Linda McQuaig et Neil Brooks)

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Livres numériques gratuits

Ce recueil regroupe une sélection de comptes rendus sur des ouvrages relatifs à la société: sociologie, science politique, économie politique, administration publique, problèmes sociaux, éducation, commerce, ethnologie, philosophie. Une ou des références bibliographiques complètent les commentaires. Une table des matières interactive permet d’accéder directement aux auteurs et livres désirés.

Le livre Anciennes cartes géographiques référence un grand nombre de cartes relatives à des empires, dont celles-ci: Tableau politique de la Terre (1821), Nouveau planisphère indiquant les grandes divisions physiques et politiques de la Terre (1853), Map of the World Showing the Extent of the British Empire (1886), Mappemonde coloniale (1897).

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07 juin 2015

Carte de l’Amérique du Nord (1755)


Cette carte de l’Amérique du Nord, dressée à Paris par Jacques-Nicolas Bellin, est constituée de deux parties jointes. Elle est coloriée à la main. Les degrés des coordonnées géographiques, latitudes et longitudes, sont insérés dans le cadre rectiligne.

Deux cartouches imposants sont insérés en diagonale, le cartouche de titre dans le coin inférieur droit et le cartouche des remarques dans le coin supérieur gauche.

Le cartouche de titre est encadré d’éléments végétaux et surmonté par les armoiries du roi de France (trois fleurs de lys). Il contient les informations bibliographiques:

- titre: Carte de L’AMERIQUE SEPTENTRIONALE Depuis le 28. Degré de Latitude jusqu'au 72.
- auteur: Par M. Bellin Ingénieur de la Marine et du Dêpost des Plans, Censeur Royal, de l’Académie de Marine, et de la Société Royale de Londres.
- année: M.DCC.LV.
- commentaire: Avec une Description Géographique de cette Partie de l’Amerique Nota qu’on na point marqué de Limites.

Le contour du cartouche des remarques est moins élaboré que celui du cartouche de titre. Il contient trois éléments: les légendes des couleurs et des signes, les échelles de la carte. Les couleurs délimitent les possessions françaises (Bleu), anglaises (Jaune) et espagnoles (Rouge). Les signes ont trait aux forts français (actuels, abandonnés), anglais et espagnols. Les trois échelles graphiques correspondent aux lieues communes de France, aux lieues marines de France et d’Angleterre, et aux milles d’Angleterre.

Produite au début de la Guerre de la Conquête (1754-1760), en Amérique, et à la veille de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), en Europe, cette carte est propagandiste. En effet, les possessions anglaises sont circonscrites dans une étroite bande territoriale limitée à l’est par l’océan Atlantique, à l’ouest par les Appalaches, au nord par la rivière Kennebec et au sud par la Floride. Les colonies anglaises comprises dans ce corridor sont ainsi dénommées: Nouvelle-Angleterre, Nouvelle-York, Pennsylvanie, Nouveau-Jersey, Maryland, Virginie, Caroline et Géorgie. Les territoires acquis par l’Angleterre lors du Traité d’Utrecht de 1713 sont attribués à la France: l’île de Terre-Neuve, l’Acadie et la baie d’Hudson. Toutefois, la désignation des forts de la baie d’Hudon par leurs nouveaux noms anglais, ainsi que des remarques inscrites ici et là, indiquent clairement que la région de la baie d’Hudson est une possession anglaise. À titre d’exemple, ce commentaire sarcastique: Les Anglais cherchent un passage dans cette Partie mais il n’existe pas. Par ailleurs, Bellin préfère le toponyme LABRADOR nommé anciennement par les Français NOUVELLE BRETAGNE.

Comme la France et l’Espagne sont des alliés, les limites territoriales entre les possessions espagnoles et françaises ne sont pas délimitées, sauf partiellement au nord de la Floride. Ainsi, il n’y a pas de démarcation entre la Louisiane et les territoires espagnols du Nouveau-Mexique et de la Nouvelle-Navarre. Par contre, les territoires revendiqués par l’Angleterre sur la côte de l’océan Pacifique sont attribués à l’Espagne: Quelques Cartes Anglaises nomment cette coste Nouvelle-Albion a cause du Voyage de Drac de 1578. quoi quelle eut été decouverte en 1542 par les Espagnols. Les prétentions russes, au nord du Pacifique, sont aussi déconsidérées: Terre découvertes par les Russes en 1741. Sans y avoir abordé.

Les possessions françaises couvrent pratiquement toute l’Amérique du Nord. Trois toponymes en larges caractères gras soulignent cette prétention impérialiste: Nouvelle-France, au nord des bassins hydrauliques des plaines de l’ouest, des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, ou Canada, au sud des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, Louisiane, au milieu du vaste bassin hydraulique du Mississippi.

Dans les espaces connus, les toponymes sont innombrables et bien hiérarchisés par des polices variées, notamment pour les éléments naturels (océans, caps, baies, golfes, détroits, îles, fleuves, rivières, lacs, montagnes, hauteurs des terres) et anthropiques (bancs de pêche, villes et villages, nations amérindiennes).

En ce qui concerne les régions méconnues ou inconnues, il importe de souligner la rigueur scientifique de Bellin. Notons quelques exemples: Tout ce Pais est rempli de Lacs et de Rivieres dont le detail n’est pas trop bien connu, Ces Contrées et Nations Sauvages sont peu connus, On ignore si dans cette Partie ce sont des Terres ou la Mer, Ces Parties sont entierement inconnues.

Bellin fait état de certaines de ses sources documentaires. Il manifeste aussi son sens critique envers ses devanciers. Cette observation notée au nord de la péninsule d’Ungava l’atteste: Il n’y a point ici de communication comme certains Auteurs l’ont cru mais une longue chaine de montagnes.

Cette carte se caractérise donc par sa double dimension. D’une part, sa visée éminemment politique, la manifestation de l’hégémonie française en Amérique du Nord, et d’autre part, sa rigueur scientifique en ce qui concerne la géographie physique du continent nord-américain, avec ses précisions et ses vides. Ce dernier aspect est souligné par le cartothécaire Jean-François Palomino, dans La mesure d’un continent: «Bellin, homme de science spécialisé dans les questions de marine et de cartographie, est un fier représentant du siècle des Lumières.»

Carte

1755 - Amérique du Nord - Carte de l'Amérique septentrionale depuis le 28 degré de latitude jusqu'au 72, dressée par Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772), coloriée à la main, 53 x 83 cm. - [Collection numérique de cartes et plans, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)].

Référence

Palomino, Jean-François. - «Nicolas Bellin et le Dépôt des cartes et plans de la Marine». - Dans Litalien, Raymonde; Palomino, Jean-François; Vaugeois, Denis. - La mesure d’un continent: atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492-1814. - Québec: Septentrion, 2007. - 300p. - ISBN 978-2-89448-519-4. - P. 232-237. - [Un exemplaire similaire de la Carte de l'Amérique septentrionale depuis le 28e degré de latitude jusqu'au 72e est légendé à la page 235 et reproduit aux pages 236-237. Plusieurs autres cartes de Bellin sont reproduites dans cet ouvrage.]

Articles connexes

Carte de l'Amérique septentrionale (1755)
Les cartographes Bellin et d’Anville
La mesure d'un continent

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L'Atlas du Québec compte trois parties. La première contient un répertoire de cartes et plans relatifs au Québec couvrant cinq siècles. La deuxième est un guide d’interprétation d’anciennes cartes géographiques selon trois étapes: observation globale de la carte, analyse de ses éléments et élaboration d’une synthèse. La troisième présente quelques descriptions de cartes exemplaires.

La Grammaire de la carte présente les principaux éléments de la carte en vue de favoriser l’observation, l’étude ou l’analyse d’anciennes cartes géographiques: définition, support, contour, cartouche, orientation, grille, projection, échelle, toponymie, topographie, légende, illustration, commentaire, carton, thème. Compléments: cinq synthèses, liste des cartes, bibliographie, notice sur l’auteur.