27 juin 2019

Les Brassicacées du sud du Québec


La famille des Brassicacées ou Brassicaceae Burnett est aussi connue, sinon plus, sous le nom de Crucifères. […] Rappelons que la plupart des espèces de cette famille sont difficiles à identifier et qu’il n’y a pas d’autre publication en français qui les décrivent. […] Les publications accessibles au grand public décrivent peu d’espèces et le font de manière partielle et brève. […] Le but premier de ce guide d’identification est donc d’aider les botanistes professionnels ou amateurs à les identifier correctement.

Comme le souligne ces quelques phrases de l’introduction de leur guide d’identification des Brassicacées, cette monographie d’André Sabourin, Denis Paquette et Bastien Fontaine constitue une ressource incomparable sur les quatre-vingt-sept taxons indigènes ou naturalisés de cette importante famille botanique.

S’agissant d’un livre de référence, indiquons ses diverses parties:

- les parties préliminaires du livre contiennent ces éléments: page de titre, page de la notice bibliographique, exergue, table des matières (avec les sources principales des occurrences), équipe de réalisation, remerciements, préface par Jacques Cayouette;

- le corps de l’ouvrage est constitué de l’introduction, des clés d’identification et des fiches sur les taxons;

- le guide est complété par une bibliographie, un glossaire et un index.

L’introduction est développée sur vingt-quatre pages: apport documentaire spécifique du livre, délimitation du territoire d’investigation, caractéristiques spécifiques des Brassicacées, systématique (tribus et genres, genres et taxons), esquisse phytogéographique des taxons recensés, informations sur une quarantaine de taxons utiles.

La clé d’interprétation des genres de Brassicacées est subdivisée en deux groupes (fruits longs, fruits courts). La clé d’interprétation des espèces de Brassicacées est subdivisée d’une façon similaire (fruits longs, fruits courts). Ces clés sont détaillées sur une dizaine de pages.

Les fiches sur les taxons sont présentées selon l’ordre alphabétique des taxons recensés au sud du Québec. Elles sont précédées par une description générale des éléments constitutifs de chaque fiche: genre, nomenclature latine, description, espèces voisines, habitat, répartition, notes, références, photographies (de plus d’une vingtaine de photographes), carte de répartition.

La bibliographie compte une dizaine de pages. Le glossaire contient plus de quarante définitions. L’index compte neuf pages.

En plus de son contenu exhaustif sur les Brassicacées au sud du Québec, la mise en page de ce livre de référence est exemplaire.

À titre d’exemple, j’ai utilisé ce guide pour identifier plusieurs plantes observées lors de randonnées pédestres à Montréal, dont celles-ci: Alliaire (Alliaria petiolata), Barbarée vulgaire (Barbarea vulgaris), Diplotaxe des murs (Diplotaxis muralis), Moutarde des champs (Sinapsis arvensis), et Tabouret des champs (Thlaspi arvense).

Référence

Sabourin, André; Paquette, Denis; Fontaine, Bastien. - Les Brassicacées du sud du Québec (au sud du 50e degré de latitude nord). - Préface par Jacques Cayouette. - Montréal: Carte blanche, 2017. - 234p. - ISBN 978-2-8959-0321-5. - [Citation, p. 1]. - Bibliothèque du Jardin botanique de Montréal: 0500 BRA S2.2; Bibliothèques de Montréal: 581.9714 S117b 2017; BAnQ: 583.7809714 S117b 2017.

Image

Drave de Norvège © Claude Trudel 2019, Le monde en images, CCDMD. - La fiche descriptible du taxon Draba norvegica est affichée aux pages 146-147 du guide d’identification Les Brassicacées du sud du Québec.

Autres photos de Brassicacées prises au Jardin botanique de Montréal.

La Collection de Claude Trudel compte plusieurs milliers de photos prises au Jardin botanique de Montréal. Les photos originales ont une résolution de 2048 x 1152 pixels, mais elles sont aussi disponibles aux formats 320 x 180 pixels, 800 x 450 pixels, 1024 x 576 pixels et 1920 x 1080 pixels. Les photos peuvent être vues individuellement ou en diaporama. Elles peuvent aussi être envoyées au format carte postale virtuelle.

14 juin 2019

Atlas des empires, de l’Antiquité à nos jours


L’humanité a longtemps vécu au sein d’empires. Aujourd’hui, ces formes politiques nous semblent dépassées. Pourtant, s’intéresser à ce qu’ils furent nous aide à mieux comprendre le monde actuel et à inventer notre futur. (Jane Burbank et Frederick Cooper, professeurs à l’université de New-York)

Le Groupe La Vie / Le Monde a édité un atlas remarquable, tant pour la facture des cartes que pour le contenu documentaire des articles thématiques. Plus d’une quarantaine de spécialistes ont d’ailleurs contribué aux exposés géohistoriques et géopolitiques.

L’ouvrage compte six parties: Qu’est-ce qu’un empire?, L’invention des empires, Les empires musulmans, L’Europe impériale, Les empires coloniaux, Fin ou renouveau des empires? Chaque partie débute par une introduction. Le Sommaire du périodique-livre est détaillé. Par ailleurs, une Note de l’éditeur et une Bibliographie encadrent les regroupements thématiques.

La première partie est constituée de quatre sections: des considérations approfondies sur la notion d’empire; une série de quatre présentations graphiques (Les sens de l’empire, Des empires et des lieux, Des empires à épisodes, Un nouvel ordre impérial); des entrevues avec des personnalités de cinq domaines différents (peinture, littérature, cinéma, jeux vidéo, philosophie); une fresque historique sur Le film des empires, des origines à nos jours.

La grande diversité des empires, dans le temps et dans l’espace, fait l’objet de la deuxième partie: Mésopotamie, Égypte, Rome, Perse, Alexandre, Inde, Chine, Khmers, Steppes, Sahel, Aztèques et Incas. Outre les cartes de ces empires, le plan de la ville et une carte régionale de Tenochtitlan sont présentés d’une façon exemplaire. Ces empires, dans l’introduction de cette partie, sont regroupés sous cinq types de formations impériales: Les grands royaumes régionaux, Les hégémonies régionales, Les empires commerciaux, Les empires tribaux des steppes et Les empires à prétention universelle. Outre les cartes de chaque empire analysé, trois plans urbains méritent d’être signalés: Rome, Angkor et Tenochtitlan.

La partie trois est assurément l’une des plus intéressantes puisqu’elle porte sur les empires musulmans à la croisée des continents asiatique, africain et européen. Des empires initiés notamment par les peuples arabe, berbère, perse, turc et mongol. Ces histoires impériales sont d’une extrême complexité et diversité: Omeyyades, Abbassides, Fatimides, Almoravides, Almohades, Seldjoukides, Mamelouks, Timurides, Ottomans, Séfévides et Moghols. L’Asie du Sud-Est (Indonésie) est pratiquement ignorée. Les exposés sont rendus plus limpides grâce aux nombreuses cartes historiques, en plus du plan de Bagdad, la Cité de la Paix.

La partie quatre est consacrée à l’Europe où la nostalgie de l’ancien Empire romain a perduré avec l’émergence de quelques empires plus ou moins éphémères, dont l’Empire carolingien, le Saint-Empire romain germanique, l’Empire napoléonien, l’Empire austro-hongrois, l’Empire russe et les empires allemands. Seul l’Empire byzantin a connu une très longue durée. Les développements de plusieurs de ces empires sont illustrés par de nombreuses cartes, en plus du plan de Constantinople.

La cinquième partie porte sur les empires coloniaux des puissances européennes, dont ceux-ci: Portugal, Espagne, Pays-Bas, Grande-Bretagne, France et Allemagne. L’Empire du Japon est aussi considéré, mais pas celui des États-Unis d’Amérique. L’introduction souligne les caractéristiques de l’impérialisme colonial: occupation d’environ 70% des terres émergées couvrant tous les continents, soumission des peuples conquis au système dominant, creusement des inégalités économiques et aggravation des disparités régionales, flux migratoires de 125 millions de personnes (explosions démographiques successives et opposées, européenne puis africaine), effacement de nombreuses cultures et civilisations. Au cours de cette période, le racisme est institutionnalisé, avec ses conséquences déshumanisantes, meurtrières et pérennes. Un plan de la ville marchande d’Amsterdam (Pays-Bas) et plusieurs cartes sur les empires illustrent les exposés sur l’expansion coloniale européenne et japonaise.

La sixième partie traite des modalités impériales dans le monde actuel. L’introduction soulève les enjeux des marchés opaques, un marché opaque étant une «plateforme d’échange de blocs d’actions exploitée à l’extérieur des marchés officiels et de façon anonyme, où se traitent des volumes d’ordres importants, sans l’affichage du prix des transactions avant leur finalisation» (GDT). Les thématiques suivantes sont ensuite abordées: le monde unipolaire dominé par les États-Unis d’Amérique après la dislocation de l’URSS en 1991, l’interventionnisme américain tous azimuts (hégémonie du dollar et guerres commerciales), une rétrospective sur l’histoire du monde occidental (des grandes découvertes à nos jours), la résurgence de la Russie, les nouvelles routes de la soie développées par la Chine, l’influence et le nationalisme de l’Inde, les soubresauts de l’Union européenne, les monopoles américains contrôlant Internet, la concentration financière aux mains de multinationales. Par contre, les rivalités spatiales et surtout les changements climatiques, qui s’avèrent déjà déterminants pour la suite du monde, sont ignorés. Un entretien avec Catherine Clément, abordant diverses facettes de l’actualité, complète cette dernière partie: ses propos sont parfois partiaux et généralement idéalistes, voire jovialistes.

Une bibliographie est présentée en fin d’ouvrage: les références sont regroupées en fonction des six parties du livre-périodique. Enfin, des notices sur les auteurs sont insérées sur la page d’informations bibliographiques.

La lecture de cet Atlas des empires est fascinante, mais il importe de se rappeler que les points de vue exprimés sont occidentaux.

Référence

Cabé, Chantal; Lefebvre, Michel; éditeurs. - L’Atlas des empires. - Paris: La Vie / Le Monde, 2019. - 186p. - Hors-série, n° 27. - ISBN 978-2-36804-091-1 et ISSN 0151-2323. - [Citation, p. 8].

«Les dynamiques d'empire forgent notre histoire depuis plus de 6 000 ans. De l'Égypte pharaonique à la Chine impériale, de Rome et Byzance aux divers califats, des vastes espaces coloniaux européens aux géants modernes du Net et de la dominance internationale. Retour sur les ambitions, les conquêtes et les rivalités de tous ces empires que notre monde a successivement portés, démantelés et qu'il réinvente autrement aujourd'hui. Une épopée impériale des sociétés humaines racontée par les meilleurs spécialistes dans une nouvelle édition entièrement actualisée de cet ouvrage de référence aux textes pédagogiques et aux 200 cartes originales.»

Image

1892 - Empire ottoman - Carte générale des provinces européennes et asiatiques de l'Empire Ottoman (sans l'Arabie), dressée par Henrich Kiepert (Berlin). - Document mis en ligne le 10 juin 2019. - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Carte supplémentaire

1893 - Empire ottoman - Carte ecclésiastique de l'Empire Ottoman d'après les Missiones Catholicae, dessinée et gravée par R. Hausermann (Paris). - Document mis en ligne le 10 juin 2019. - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

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07 juin 2019

L’Hôte secret / Joseph Conrad

Il considéra attentivement la carte, comme s’il examinait, de très haut, chances et distances, et s’il suivait des yeux sa propre silhouette avançant sur l’espace blanc qui représentait la Cochinchine, puis dépassant cette feuille de papier et se perdant dans les régions inconnues de la carte.


Dans leur collection Folioplus classiques 20e siècle, les Éditions Gallimard ont publié une édition enrichie de la célèbre nouvelle L’Hôte secret (1912) de Joseph Conrad (1857-1924). La mise en page de l’ouvrage est exemplaire.

Le texte intégral de la nouvelle compte quatre-vingts notes infrapaginales. Un grand nombre d’entre elles ont trait à des termes marins: abatée, amure, artimon, balancine, bitte, bossoir, cambuse, claire-voie, coupée, dunette, écoute, erre, gaillard, gréement, hauban, hunier, lisse, misaine, passavant, ri, sabord, soute, timonier, vergue, etc.

Le dossier, aux multiples auteurs, est constitué de plusieurs éléments:

- analyse du tableau Wapping (1860-1864) peint par James Abbott McNeil Whistler (1834-1903);

- considérations sur le genre littéraire de la nouvelle;

- Conrad et le récit de mer;

- groupement de textes thématique (Moi et l’autre): Herman Melville, Philippe Claudel, Didier van Cauwelaert, Robert Louis Stevenson, Guy de Maupassant;

- groupement de textes stylistique (Les mots de la mer): Edgar Allan Poe, Virginia Woolf, Arthur Rimbaud, Marguerite Duras, Marie Darrieussecq, Victor Hugo, Lautréamont;

- chronologie en trois séquences, avec des encadrés: enfance polonaise (1857-1874), marin confirmé (1875-1893), écrivain anglais (1894-1924);

- éléments pour une fiche de lecture.

Un excellent guide pédagogique destiné aux élèves du secondaire, mais susceptible d’intéresser tout lecteur de nouvelles littéraires.

Référence

Conrad, Joseph. - L’Hôte secret. Un épisode de la côte. - Traduit de l’anglais par Gérard Jean-Aubry (traduction relue par Dominique Goy-Blanquet). - Dossier et notes réalisés par Marianne et Stéphane Chomienne. - Lecture d’image par Alain Jaubert. - Paris: Gallimard, 2008. - 143p. - (Folioplus classiques 20e siècle, n° 135). - ISBN 987-2-07-035672-0. - [Citation, p. 56]. - BAnQ: Conrad C7543h.

Carte

1911 - Golfe de Siam [encart] - Indochine, Carte dressée et publiée par le Service géographique de l'Indochine / Indochine française, Service géographique (Hanoï) - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Sur la Toile

The Secret Sharer by Joseph Conrad (Free Barron's Booknotes)

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Dictionnaire de la mer