30 octobre 2014

Activités de plein air pour les enfants

Un livre pratique abondamment illustré de photographies et de schémas explicatifs. Chaque activité est ainsi présentée: titre, exposé, liste du matériel requis, astuce, illustration (photo et/ou schéma).

Voici quelques exemples d’activités proposées:

- Cherche des insectes
- Crée ton labo potions
- Joue avec des ballons d’eau
- Décore une passoire avec des plantes grasses
- Organise un concours de boîtes d’allumettes
- Crée ton cerf-volant
- Explore une mare
- Cuisine des pâtés de boue
- Organise de mini-jeux olympiques
- Fabrique une lanterne de neige

Plusieurs rubriques complètent les 101 activités présentées:

- Carnet d’adresses (France et Canada)
- Classement thématique des activités: fêtes, petits, grands, aller vite, prendre son temps, saisons, jouer, jardiner, créer, observer les animaux, s’amuser sur la plage, améliorer une balade, jouer au parc ou dans un jardin
- Index
- Remerciements

Un guide qui saura plaire aux enfants de moins de 12 ans, aux parents, aux éducateurs de garderie et service de garde et aux animateurs de loisirs.

Référence

Isaac, Dawn. - 101 activités de plein air pour les enfants. - Photographies de Will Heap. - Traduction par Catherine Ludet. - Paris: Rustica, 2014. - 224p. - ISBN 978-2-8153-0570-9. - Bibliothèque du Jardin botanique de Montréal: 0185.5 17.1. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 796.5 I734c 2014 et 796.083 I734o F2014.

26 octobre 2014

Petite histoire de l’Afrique

L’Afrique est née de la cartographie. À partir du XVIe siècle, les écrits européens la décrivirent et la constituèrent de leur point de vue: marchands, missionnaires, explorateurs, voyageurs de toute sorte et trafiquants d’esclaves élaborèrent leur propre idée de l’Afrique.

Dans son nouvel essai Petite histoire de l’Afrique, Catherine Coquery-Vidrovitch révise justement cette vision eurocentriste de l’histoire de l’Afrique : « Après un demi-siècle de travaux fondamentaux sur la question, il s’agit enfin de faire comprendre à un public français et francophone non spécialiste que non seulement l’Afrique a une histoire, mais que celle-ci, la plus longue de toutes, n’est ni moins variée ni moins prenante que les autres. »

Tout en soulignant les grandes phases historiques du continent africain, la spécialiste présente son exposé d’une façon thématique en dix chapitres : les sources documentaires, les origines de l’humanité, l’environnement, les structures sociales, la mondialisation, la chronologie, l’esclavage, l’indépendance, l’ère coloniale, la décolonisation.

Quelques thèmes ont particulièrement retenu mon attention. Les sources d’abord, car l’auteure y aborde également la genèse et les péripéties du racisme envers les Africains subsahariens. Ce double sujet est abordé dans le chapitre initial.

Au chapitre trois, la spécialiste de l’histoire africaine traite de graves maladies récurrentes et de leurs répercussions sur l’évolution démographique : maladie du sommeil, malaria, lèpre, filariose, onchocercose, fièvre jaune. À ces maladies tropicales s’ajoutent les animaux dangereux : mygales, serpents venimeux, moustiques, etc. Puis les maladies transmises par des Arabes, des Européens et des Américains : variole, maladies vénériennes, poliomyélite, rougeole, tuberculose et forme aiguë du sida. Par ailleurs, plusieurs épizooties ont affecté les cheptels. Globalement, avec des variations contrastées, la population africaine est restée stable depuis le 16e siècle. Ce constat étonnant est aussi analysé dans ce chapitre.

Le chapitre suivant dégage certains traits caractéristiques des sociétés africaines : une économie de subsistance, les inégalités sociales (castes et esclavages), la division sexuelle des tâches et l’idéologie de la supériorité masculine.

Le chapitre cinq souligne les apports majeurs de l’Afrique à la mondialisation : l’or en provenance du Soudan et du Zimbabwe, les esclaves comme main-d’œuvre de plantations, les oléagineux tropicaux, les huiles de palme, d’arachide et de coco, les noix de coprah, les clous de girofle, les bois de teinture tropicaux et, plus tardivement, le caoutchouc.

Tout le chapitre sept est consacré à l’esclavage, aussi bien intérieur que celui des traites vers l’océan Indien, la Méditerranée et les Amériques, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Environ onze millions d’esclaves furent déportés aux Amériques, dont près de cinq millions le furent par les Portugais. Entre cinq et dix millions d’esclaves ont été forcés de traverser le Sahara vers la Méditerranée, alors qu’environ cinq à six millions d’esclaves auraient pris la direction de l’océan Indien. En estimant la mortalité à 50% des personnes mises en esclavage, c’est environ cinquante millions de personnes perdues pour l’Afrique et sa croissance démographique.

Le chapitre neuf raconte les différentes phases de la colonisation européenne en Afrique. Les aspects commerciaux, missionnaires, politiques et militaires sont décortiqués. Certains événements sont longuement expliqués, dont la Conférence internationale de Berlin (1884-1885) sur le partage de l’Afrique, la création de l’État indépendant du Congo (reconnu comme propriété personnelle du roi belge Léopold II), le génocide des Herero en Namibie (1904-1907), les révoltes de désespoir des esclaves dans plusieurs régions au cours du 19e siècle et les mouvements de résistance au 20e siècle.

La conclusion de l’auteure est encourageante, compte tenu des capacités des populations africaines et des immenses richesses de leur continent. À cet égard, les progrès de l’éducation vont jouer un rôle déterminant.

Par son contenu captivant et le style dynamique de l’écriture, ce livre est d’une lecture à la fois instructive et fort agréable.

À l’automne 2014, un atelier du Club de lecture - histoire des Amis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (ABAnQ) portera sur cet essai novateur.

Référence

Coquery-Vidrovitch, Catherine. - Petite histoire de l’Afrique. L’Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours. - Paris: La Découverte, 2011. - 222p. - ISBN 978-2-7071-6713-2. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 967 C786p 2011 et 967 C786p 2010. – [Citation, p. 12].

Lecture complémentaire

Maurel, Chloé. - « L’Histoire générale de l’Afrique de l’UNESCO. Un projet de coopération intellectuelle transnationale d’esprit afro-centré (1964-1999) ». - Dans Cahiers d’Études africaines. - ISSN 0008-0055. - Paris, EHESS, n° 215, 2014/3. - P. 715-737. - [Numéro consulté à la Grande Bibliothèque de BAnQ]. - [Pour les abonnés à BAnQ: accès gratuit au texte intégral de l’article dans la base de données CAIRN].

Sur la Toile

Histoire générale de l’Afrique (UNESCO).

Cartes de l’Afrique

Le livre annoncé ci-dessous référence notamment un très grand nombre de cartes géographiques de l’Afrique, de l’Antiquité à l’Époque contemporaine, dans le chapitre intitulé Documents cartographiques.

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Livre numérique gratuit

Le répertoire Anciennes cartes géographiques recense les meilleures collections numériques d'anciennes cartes géographiques en libre accès, des ressources connexes, une sélection de documents cartographiques et une bibliographie. Les documents recensés dans les collections peuvent souvent être redimensionnés, imprimés ou téléchargés. Selon des modalités diverses, ils peuvent parfois être aussi libres de droits.

22 octobre 2014

Silence | Didier Comès

Muet et simple d'esprit, Silence habite et travaille chez un fermier dominateur dans un petit village des Ardennes. Ignorant les rapports de force omniprésents dans la société, son destin sera tragiquement bouleversé par sa rencontre avec Sara. Ami des bêtes et naturellement bon, il apprendra à découvrir l'amour et la haine.

Le récit témoigne des instincts, émotions et sentiments séculaire des humains, malgré la Seconde Guerre mondiale et le développement d'outils modernes (arme à feu, automobile, avion, camion, cinéma, photographie, tracteur, téléphone, télévision): l'incompréhension et la peur de la différence (Silence, muet et simple d'esprit), l'exploitation et l'oppression des plus faibles (Silence aux travaux forcés, sans rémunération, Sara aveuglée et isolée), le racisme (contre les Tziganes), la croyance au surnaturel (magie, sorcellerie, religion), le recours à l'assassinat comme solution à des situations problématiques (meurtres de Georgio, de La Mouche, de Sara, de Silence, d'Abel Mauvy)...

Réalisé en noir et blanc, ce chef-d’œuvre de Didier Comès met donc en opposition, d'une façon exemplaire, la simplicité et la fourberie, la quiétude et la violence, la différence et la norme. Un témoignage émouvant sur l'incommunicabilité.

Auteur

Didier Comès est né en 1942, à Sourbrodt, en Belgique. Il a publié ses bandes dessinées dans Le Soir, Spirou, Pilote, Tintin, Le trombone illustré et À suivre. C'est dans cette dernière revue qu'est paru d'abord Silence, avant d'être publié en album chez Casterman en 1980, puis réédité ensuite à plusieurs reprises.

Référence

Comès, Didier. - Silence. - Tournai: Casterman, 1991. - 159p. - ISBN 2-203-34307-9. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: COM.

Sur la Toile

Silence (Analyse de l'œuvre)

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Livre numérique gratuit


Ce recueil regroupe une sélection de comptes rendus littéraires. Les auteurs de ces œuvres de fiction sont originaires de plusieurs continents et pays. Les exposés sont généralement brefs, mais certaines analyses sont très développées. Une ou des références bibliographiques complètent les commentaires. Une table des matières interactive permet d’accéder directement aux auteurs et livres désirés. Ce livre numérique est également offert dans la boutique iTunes d'Apple.

18 octobre 2014

Le plus grand poète chinois : Li Bo

Li Zhexian, dans son ivresse, compose la lettre qui jeta l’effroi parmi les barbares

Tel est le titre du chapitre sur le poète Li Bo (701-762) inséré dans les Spectacles curieux d’aujourd’hui et d’autrefois, un recueil chinois traduit, présenté et annoté par Rainier Lanselle, dans la Bibliothèque de la Pléiade, aux Éditions Gallimard. Le chapitre consacré à la vie de l’Immortel en exil aurait été écrit par Feng Menglong (1574-1646).

Voyons cette biographie sous trois aspects : structure du récit, analyse littéraire, étude critique.

Structure du récit

Le prologue est suivi de deux sections d’égale longueur :

a) introduction, première partie;
b) seconde partie, conclusion.

Prologue

- hommage dithyrambique

Introduction

- généalogie prestigieuse
- enfance prometteuse
- poème élogieux par Da Fu
- surnoms attribué et choisi
- ivresse et itinérance

Première partie

- rencontre avec le mandarin Jiaye
- rencontre avec l’académicien He Zhizhang
- examens de recrutement
- message d’un ambassadeur barbare
- lettre au prince barbare

Seconde partie

- reconnaissance de l’empereur Xuanzong
- libération du prisonnier Guo Ziyi
- composition de trois poèmes
- cabale de Gao Lishi
- départ de la cour impériale
- rencontre avec le mandarin de Huayin
- révolte d’An Lushan

Conclusion

- morale
- sort des principaux personnages
- ascension céleste de Li Bo
- renommée légendaire

Analyse littéraire

Le prologue versifié explicite le but du conteur : rendre hommage à Li Bo, un ivrogne dénigré par l’élite, mais dont les talents prodigieux dépassent ceux des sages, un écrivain rendu célèbre par ses écrits puis commémoré par un sanctuaire. Ces éléments sont repris tout au long du récit.

Chaque section débute par le marquage d’une séquence historique distingue :

L’histoire nous dit que…
Ici l’histoire comporte une autre voie.

À plusieurs égards, la conclusion fait écho à l’introduction. Un trait de la civilisation chinoise est assurément sa longue durée, sa pérennité. Ce temps long est évoqué dans l’introduction par ces termes : dynastie, génération, siècle, immortel céleste. Il est repris en conclusion : époque, immortel, empyrée, sanctuaire, annuel, toujours, trace. Cette correspondance entre le début et la fin du récit se retrouve aussi dans les allusions aux éléments, naturels et surnaturels, et à la gloire insigne du poète Li Bo.

Dans les deux parties du récit, les différentes anecdotes sont introduites d’une façon stéréotypée, généralement en recourant au mot jour :

Un jour, quelqu’un lui apprit
Un jour qu’il visitait le palais
Enfin, le troisième jour…
Or il advint qu’un ambassadeur barbare se présenta un beau jour…
Le lendemain


Elle [l’histoire] nous raconte
Un jour qu’il parcourait à cheval…
Ce jour-là…
Or un jour ce ministre…
Après plusieurs jours de voyage…
C’est ainsi qu’il parvint un beau jour…
Par la suite…

Ces péripéties apparemment disparates sont liées par un fil conducteur : chaque obstacle rencontré par Li Bo est surmonté d’une manière éclatante, par-delà son ascension fulgurante suivie d’une déchéance soudaine. Chaque épisode rend hommage au plus grand des poètes chinois.

Étude critique

Rainier Lanselle propose plusieurs ressources pour mieux comprendre le récit de Feng Menglong, composé à l’époque des Ming (1368-1644), et la vie de Li Bo se déroulant à l’époque des Tang (618-907) : la Notice de présentation du chapitre VI, les nombreuses Notes explicatives sur le texte du récit et plusieurs entrées dans le Répertoire, dont celle dédiée au poète Li Bai (Li Bo). Ces informations exhaustives sont de nature encyclopédique.

La genèse du chapitre VI est détaillée dans la Notice : « Ce conte représente un état de la légende de Li Bai (701-762) au XVIIe siècle. […] Le conte est le résultat d’un long amalgame de données historiques et parahistoriques, et d’affabulations. » Lanselle évoque successivement les sources utilisées sous les dynasties Tang, Song et Ming. La Lettre aux barbares occupe une place centrale dans la deuxième partie de son analyse. Lanselle complète son exposé en mettant en parallèle le rôle de héros national attribué à Li Bo avec le destin non moins tragique de Du Shiniang, objet du chapitre V.

Certaines Notes sont concises, mais elles sont en général assez élaborées. Elles portent à la fois sur le récit proprement dit et sur des aspects majeurs de la société chinoise. Lanselle apporte ici et là des rectifications aux faits évoqués dans le récit et ailleurs il fournit des informations supplémentaires.

Les entrées du Répertoire ont trait aux personnages, aux institutions, aux lieux, aux termes, aux documents, etc. Soulignons les entrées les plus développées : Administration (Administration centrale, Administration territoriale, Administration), Bachelier, Calendrier, Censorat, Collège des fils de l’État, Concours mandarinaux, Dao, Huaben, langue classique, Li Bai (Li Bo), Livre des mutations, Livre des poèmes, Noms de personnes, Pavillon de l’Ouest, Pavillon du diagramme du dragon, Pei Du, Printemps et automnes, Secrétaire scrutateur, Système monétaire, Théâtre, Tortue, Wang Yangming, Yinzhi, Zhu Xi, Zhuangzi.

Avant même de lire le Chapitre VI et ces ressources particulières, il est bon de lire l’Introduction aux Spectacles curieux d’aujourd’hui et d’autrefois.

Citation

Cette question, formulée par Li Bo, dès le 8e siècle, est toujours d’actualité :

Vous êtes les serviteurs de l’État, dont vous avez les emplois et dont vous recevez les appointements : pourquoi convoitez-vous d’autres richesses?

Référence

Spectacles curieux d'aujourd'hui et d'autrefois (Jingu qiguan). - Texte traduit, présenté et annoté par Rainier Lanselle. - Paris: Gallimard, 1996. - lxii, 2105p. - (Bibliothèque de la Pléiade). - ISBN 2-07-011332-9. - Cote BAnQ : 895.134608 S7418 1996. - [Citation, p. 196].

Introduction aux Spectacles curieux - p. IX-XLVI
Chapitre VI - p. 168-200
Notice du Chapitre VI - p. 1703-1708
Notes du Chapitre VI - p. 1708-1721
Biographie de Li Bai (Li Bo) - p. 2060-2062

Article connexe

Introduction aux Spectacles curieux d’aujourd’hui et d’autrefois

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Livre numérique gratuit


Ce recueil regroupe une sélection de comptes rendus littéraires. Les auteurs de ces œuvres de fiction sont originaires de plusieurs continents et pays. Les exposés sont généralement brefs, mais certaines analyses sont très développées. Une ou des références bibliographiques complètent les commentaires. Une table des matières interactive permet d’accéder directement aux auteurs et livres désirés. Ce livre numérique est également offert dans la boutique iTunes d'Apple.

14 octobre 2014

Paroles vagabondes | Eduardo Galeano

L’écrivain uruguayen nous entraine dans son univers merveilleux et fantastique. Illustrés par l’artiste brésilien José Francesco Borges, les contes du recueil Paroles vagabondes nous surprennent, nous stupéfient, nous enchantent et nous réjouissent.

Par de multiples fenêtres, nous découvrons des mondes singuliers. Les histoires sont diversifiées, mais plusieurs font partie d’un cycle: Fenêtre sur la parole, Fenêtre sur la mémoire, Fenêtre sur la mort, Fenêtre sur l’art, Fenêtre sur une femme, Fenêtre sur la musique, Fenêtre sur la ville. Comme les autres récits, les contes cycliques s’entremêlent les uns les autres.

Le recueil débute donc par une Fenêtre sur ce livre. Une introduction où le conteur présente l’illustrateur œuvrant dans son atelier artisanal de Bezerros. Une introduction où l’auteur raconte son association avec le graveur: Je lui conte les contes; et ce livre naît. Deux images accompagnent les propos de l’écrivain: un squelette tenant une guitare sous les rayons d’un demi-soleil; deux soleils rayonnants, superposés, se regardant mutuellement. La genèse et la nature du recueil étant ainsi posées, le lecteur peut partir à l’aventure…

Chaque fenêtre s’ouvre sur une histoire particulière. La première, par exemple, s’intitule Histoire des sept miracles. Trois mots bien évocateurs: histoire, sept, miracle.

Les protagonistes sont ainsi présentés dans le paragraphe initial: «Jamais il n’y eut femme aussi difficile ni homme plus sorcier entre l’embouchure de la rivière des Amazones et la Baie de tous les Saints. Pour gagner les faveurs de Maria, José accomplit sept miracles.»

Les épisodes mettent en scène le père de Maria, le seigneur du village, le fiancé de Maria, le défunt époux de Maria, le curé, le policier et le juge. Les sept péripéties sont enjolivées par des illustrations explicites. Ne dévoilons pas ici ces intrigues. Le conte se termine évidemment par une morale et un heureux dénouement.

Une histoire saisissante! À l’image des autres récits que le lecteur aura grand plaisir à découvrir par lui-même…

Les Paroles vagabondes: un regard percutant sur les humains, avec leurs bonheurs et leurs malheurs, leurs grandeurs et leurs faiblesses. Un regard vers l’extérieur pour mieux comprendre son intériorité, son identité propre, son humanité foncière.

Référence

Galeano, Eduardo. - Paroles vagabondes. - Gravures de José Francisco Borges. - Montréal: Lux Éditeur, 2010. - 334p. - ISBN 978-2-89596-107-0. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: Galeano G152p ou 863.64 G152p F2010.

Article connexe

Le livre des étreintes | Eduardo Galeano

09 octobre 2014

Analyse du livre « Tenir tête » (Gabriel Nadeau-Dubois)

L’essai de Gabriel Nadeau-Dubois sur le Printemps québécois, publié le 10 octobre 2013, a connu une popularité phénoménale. Pendant les vingt-trois semaines qui ont suivi son lancement, Tenir tête a figuré au Palmarès Gaspard/Le Devoir. Il a fait l’objet de maintes recensions. Par ailleurs, il est cité à plusieurs reprises dans le Rapport de la Commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012.

L’architecture de l’essai

La structure de l’ouvrage est organique: dédicace, épigraphe, introduction, trois parties, épilogue, remerciements et chronologie. La première partie porte sur trois assemblées étudiantes débattant de la pertinence d’une grève générale illimitée. La seconde aborde les thèmes de la «juste part» et de l’«excellence». La troisième retrace les moments clés de la grève étudiante et de la crise sociale. Comme plusieurs passages de l’essai, les remerciements sont émouvants. Les repères chronologiques de l’annexe sont tirés de l’excellente anthologie Le Printemps québécois, par Maude Bonenfant, Anthony Glinoer et Martine-Emmanuelle Lapointe (Montréal, Écosociété, 2012).

Le caractère intimiste de l’essai

Tenir tête est encadré par une dédicace et les coordonnées de sa rédaction: À ma mère et à mon père, qui m’ont transmis leur amour des gens et de la justice | Saint-Antoine-de-Pontbriand, juin 2013. La nature intimiste de l’ouvrage est explicitement dévoilée dans l’introduction: J’ai écrit ce livre pour réfléchir à ce que cette grève a révélé de nous-mêmes, pour méditer sur la manière dont elle a transformé nos vies, et notamment la mienne. […] C’est mon récit […].

Un essai temporel

Héritage parental, lieu familial originaire, transformation personnelle. Ces thèmes des citations précédentes témoignent du sens historique chez Gabriel Nadeau-Dubois, un étudiant poursuivant alors la majeure de son baccalauréat en Histoire, culture et société à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).

Tout au long de l’essai, les évocations de temporalité sont innombrables. Citons-en les marques initiales, les premiers mots de l’épigraphe et de l’introduction: Toute l’histoire des progrès de la liberté humaine… | Toute histoire a un commencement… Presque tous les chapitres débutent par une datation: Aujourd’hui (1), Mi-février (2), Octobre 2011 (3), En mai 2012 (5), Le lundi 23 avril (6), 21 avril (7), Nous sommes le 27 avril (8), Deux mois jour pour jour (10). Enfin, la phrase conclusive de l’essai: Au printemps 2012, nous avons marché vent debout, à l’envers du temps, et c’est vers nous que nous allions. Mais au-delà des événements évoqués, le jeune écrivain exprime sa vision de la vie et de la société, le sens de son implication et de son engagement.

L’éducation civique au cœur de l’essai

Gabriel Nadeau-Dubois ayant exprimé à maintes reprises son ambition de devenir professeur, soulignons une des facettes majeures de Tenir tête, sa dimension éminemment pédagogique. Attardons-nous à la première partie intitulée Trois assemblées générales. Axés sur la démocratie, les titres de chapitre sont révélateurs: À douze votes près, Une génération que l’on attendait plus, La haine de la démocratie. Comme au début d’un cours, l’auteur entre en scène d’une façon captivante. Il poursuit ensuite son exposé avec brio. Enfin, il conclut son enseignement par une ouverture sur la société.

Chacun des trois chapitres est constitué de deux sections. La première raconte les péripéties de l’assemblée étudiante, tandis que la seconde section en dégage le sens théorique et les implications pratiques.

Le premier chapitre raconte le déroulement de l’assemblée générale du 7 février 2012 au Collège de Valleyfield. La première section contient trois séquences (treize pages). Au point de départ, une dramatisation de l’événement: la fin du discours de Gabriel Nadeau-Dubois débutant par l’assertion Aujourd’hui, ici, au Cégep de Valleyfield, l’Histoire vous regarde. Cette entrée en matière est suivie de considérations sur l’importance stratégique du vote à venir. La dernière séquence porte sur la votation: le début du discours de Gabriel Nadeau-Dubois, puis les discussions et le déroulement du vote. La seconde section du chapitre rend hommage aux initiateurs de la grève (trois pages): Cette grande grève se déploie sur un spectre complexe dont les multiples facettes s’observent, se scrutent sous plusieurs angles, mais ce sont les militants et militantes de la première heure qui l’ont tout d’abord rendu possible.

D’un point de vue didactique, ce chapitre est construit d’une façon exemplaire: 1° (amorce) interpellation directe du lecteur par un discours passionné de Gabriel Nadeau-Dubois, 2° (enjeu) explication du contexte dramatique de l’événement et de l’importance stratégique du vote à venir, 3° (événementiel) récit circonstancié du déroulement survolté de la votation, 4° (conclusion) reconnaissance du travail méconnu et héroïque des premiers artisans du mouvement étudiant, et leçon pour les militants et les citoyens.

Le deuxième chapitre raconte le déroulement de l’assemblée générale du 21 février 2012 au Collège de Maisonneuve. La première section contient deux séquences (six pages). La première séquence est brève. Elle met en relief les sentiments personnels du porte-parole de la CLASSE quant à la mobilisation en cours et à la poursuite de la grève jusqu’au 22 mars, la grande manifestation nationale étant prévue pour ce jour-là. La seconde séquence raconte le déroulement harmonieux de l’assemblée: les prises de position contrastées et le résultat du vote largement favorable à la grève générale illimitée. La seconde section contient deux composantes (six pages). La première porte sur l’impact de ce résultat et l’envolée fulgurante consécutive en faveur de la grève: Ce soir-là, j’ai compris que la mobilisation de 2012 serait radicalement différente des précédentes. Gabriel Nadeau-Dubois conclut le chapitre en évoquant le monde monolithique dans lequel il a vécu jusqu’ici, un monde caractérisé par une économie néolibérale provoquant des révoltes populaires et étudiantes: C’est dans un contexte de bouillonnement politique mondial que le mouvement étudiant d’ici a surgi.

D’un point de vue didactique, ce chapitre est construit d’une façon exemplaire: 1° (amorce) sentiments mitigés de Gabriel Nadeau-Dubois sur la poursuite de la mobilisation étudiante, 2° (événementiel) déroulement étonnant de l’assemblée et vote massif en faveur de la grève, 3° (conclusion) mobilisation exponentielle, inusitée et inattendue de la jeunesse québécoise, 4° (épilogue) contexte mondial de contestation du néolibéralisme.

Le troisième chapitre raconte le déroulement de l’assemblée générale du 26 octobre 2011 au Collège Lionel-Groulx. La première section est très brève (deux pages et demie). Une séquence initiale où Gabriel Nadeau-Dubois prend la parole devant une foule hostile. La séquence suivante décrit succinctement le déroulement confus des discussions et du vote défavorable à la grève au cours d’une assemblée où la haine de la démocratie se manifeste ouvertement. La seconde section est constituée de plusieurs composantes (onze pages). La première concerne les fondements démocratiques du mouvement étudiant: Cette grève a été l’un des plus vastes chantiers d’éducation civique qu’ait connus le Québec. Pendant un an, dans des centaines d’assemblée, des dizaines de milliers de personnes ont débattu de l’avenir d’une institution et de sa place dans la société. En contraste, la deuxième composante a trait au mépris de la démocratie étudiante: Les opposants à la grève n’ont jamais pris au sérieux l’aspect pédagogique des assemblées générales étudiantes, pas plus que leur caractère hautement démocratique. La troisième composante souligne la contribution remarquable du mouvement étudiant à la politisation de centaines de milliers de personnes. Le bilan de la grève est formulé en conclusion: Cette grève, avec ses assemblées et le mouvement des casseroles qui en a été le sommet, a été la meilleure école d’engagement politique que l’on puisse imaginer.

D’un point de vue didactique, ce chapitre est construit d’une façon exemplaire: 1° (amorce) discours inaugural courageux de Gabriel Nadeau-Dubois, 2° (événementiel) déroulement chaotique des discutions et de la votation, 3° (argumentaire) respect des principes démocratiques et participation significative dans la très grande majorité des assemblées étudiantes, valorisation de la démocratie directe face à l’ineptie des opposants à la grève, 4° (conclusion générale aux trois chapitres) réussite méritoire de la grève.

L’agencement même des trois chapitres est didactique. D’abord, deux assemblées de 2012 favorables à la grève, la première par une très faible majorité, la seconde par une large majorité. La troisième, antérieure aux deux autres assemblées et tout en contraste avec celle du chapitre deux, est caractérisée par son indiscipline et son vote défavorable à la grève.

Cette analyse sommaire de la première partie de Tenir tête pourrait sûrement être formulée d’une façon différente. Toutefois, certains traits fondamentaux de l’exposé sont déterminants: un texte structuré dans ses moindres détails, une conviction sincère envers la démocratie et les institutions publiques, des argumentaires fondés sur des démonstrations factuelles, une visée éducative évidente. Les figures de style sont aussi une dimension remarquable de cet essai, par exemple celle-ci: N’en déplaise aux crapauds qui aiment les eaux mortes des marais et qui craignent le débordement des rivières au printemps, les débats et les conflits politiques, la «la rue», ne sont pas l’ennemi de la liberté politique, ils en sont l’oxygène.

Appréciation

L’essai est le fruit d’une pensée profonde: chaque partie, chapitre et passage suscitent l’admiration, la réflexion, l’adhésion et l’action. Produit par un jeune humaniste, Tenir tête est exemplaire.

Référence

Nadeau-Dubois, Gabriel. - Tenir tête. - Montréal: Lux Éditeur, 2013. - 221p. - ISBN 978-2-89596-175-8. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 371.81 N134t 2013.

Commentaires

Parmi les recensions dédiées à Tenir tête, celles-ci se démarquent:

01 | Gabriel Nadeau-Dubois dans la tourmente (Louis Cornellier, Le Devoir, 19 octobre 2013)
02 | Tenir tête: entrevue avec Gabriel Nadeau-Dubois (Julie Delisle, Le République, 21 octobre 2013) [Lien maintenant inactif]
03 | La rue, le livre (Entrevue de Gabriel Nadeau-Dubois, Le Délit, le seul journal francophone de l'Université McGill, 22 octobre 2013)
04 | Repenser - Heureux d’un printemps (Avryl Gosselin, Le Sans papier, 1er novembre 2013) [Lien maintenant inactif]
05 | Discussion entre Gabriel Nadeau-Dubois et Samuel Archibald ou comment réapprendre à tenir tête (Entrevue de Gabriel Nadeau-Dubois et Samuel Archibald à la librairie Le port de tête, Joakim Lemieux, Les méconnus, 7 novembre 2013)
06 | Le citoyen Nadeau-Dubois (Chantal Guy, La Presse, 15 novembre 2013)
07 | «Tenir Tête» de Gabriel Nadeau-Dubois: mettre les pendules à l’heure (Audrey Neveu, La Bible urbaine, 15 novembre 2013)
08 | Gabriel Nadeau-Dubois. Tenir tête (Nicolas Bourdon, L'Action nationale, janvier 2014)
09 | «Tenir Tête» revisits the Maple Spring (Nora Loreto, Rabble.ca, 6 mars 2014)
10 | Une critique teintée de rouge (Giguère, La Nouvelle Union, 15 mai 2014) [Lien maintenant inactif]

Prix littéraire du Gouverneur général 2014

Le 18 novembre 2014, le Prix littéraire du Gouverneur général, avec une bourse de 25 000 $, est attribué à Gabriel Nadeau-Dubois pour son essai « Tenir tête » :

Dans le communiqué, le jury explique son choix ainsi: «Tenir tête de Gabriel Nadeau-Dubois nous fait entrer dans les coulisses du printemps 2012 pour nous faire entendre ce que le gouvernement n'a pas voulu écouter et ce que les médias n'ont pas toujours su relayer. Dans un style simple et direct, il soulève la question de l'avenir de la démocratie.» (Chantal Guy, Gabriel Nadeau-Dubois remet sa bourse, La Presse, 19 novembre 2014)

Appréciation du récipiendaire:

«C'est avec étonnement que j'ai appris que le Conseil des arts du Canada me décerne le prix littéraire du Gouverneur général 2014 pour Tenir tête, mon premier livre. Cet honneur s'accompagne d'une bourse importante. En tant que progressiste et indépendantiste, je me suis posé beaucoup de questions sur ce que je devais faire avec ce prix et la bourse qui l'accompagne. J'ai décidé de les redonner à ceux et celles qui, ici et maintenant, défendent le bien commun au Québec.» (Page Facebook de Gabriel Nadeau-Dubois)

Doublons la mise:

Le 18 novembre dernier, le Conseil des arts du Canada a remis à Gabriel Nadeau-Dubois le prix littéraire du Gouverneur-Général pour son essai Tenir tête, publié chez Lux éditeur. Cet honneur, décerné par un jury de pairs, est accompagné d’une bourse de 25 000 $. Gabriel Nadeau-Dubois a décidé de remettre cette bourse à la campagne Coule pas chez nous, un regroupement de citoyens et de citoyennes qui tiennent tête aux pétrolières qui menacent de transformer le Québec en autoroute pour le pétrole sale de l’Alberta. (Doublons la mise, 24 novembre 2014)

«Je donne ce prix à ceux qui défendent le pays réel» (Gabriel Nadeau-Dubois, Lettre au Devoir, 24 novembre 2014)

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Livre numérique gratuit

Le livre numérique Société contient des comptes rendus sur quatre productions de Gabriel Nadeau-Dubois: Les jeunes d’aujourd’hui, Tenir tête, La révolte des riches, Libres d’apprendre.

Ce recueil regroupe une sélection de comptes rendus sur des ouvrages relatifs à la société: sociologie, science politique, économie politique, administration publique, problèmes sociaux, éducation, commerce, ethnologie, philosophie. Une ou des références bibliographiques complètent les commentaires. Une table des matières interactive permet d’accéder directement aux auteurs et livres désirés.

06 octobre 2014

Manuel d’histoire critique

Le Monde diplomatique vient de publier un numéro hors-série intitulé Manuel d’histoire critique, de la révolution industrielle à nos jours. Ce nouveau manuel présente l’histoire contemporaine sous une dizaine de séquences chronologiques:

1. - Industrialisation, colonisation et entrée des masses en politique (1830-1900)
2. - Du conflit mondial aux espérances internationales (1914-1920)
3. - L’entre-deux-guerres (1920-1939)
4. - Les alliances noires (1934-1945)
5. - Lendemains de victoire et démocratie à l’épreuve (1945-1950)
6. - Affrontement Est-Ouest (1950-1991)
7. - De la décolonisation à la fracture Nord-Sud (1945-1970)
8. - Un pays en croissance: la France des «Trente glorieuses» (1945-1973)
9. - Le temps des souverainetés amputées (1980-2008)
10. - Ce monde qui vient

Chaque séquence débute par une réflexion sur une idée reçue afférente à la période étudiée. Chaque article débute par une mise en situation. Les exposés sont accompagnés par des cartes, des illustrations légendées et un encadré (extrait d’un manuel).

Un éditorial de Serge Halimi présente le contexte et l’orientation privilégiés dans cette publication remettant en question les idées reçues sur des faits marquants de l’histoire contemporaine. Son titre est emprunté à l’historien Pierre Vidal-Naquet: «Aucun dogme, aucun interdit, pas de tabous.» Au terme de la lecture de ce hors-série, les lecteurs pourront évaluer la pertinence de ce titre et de la visée du Manuel d’histoire critique.

Plusieurs outils de repérages sont fournis aux lecteurs: sommaire détaillé, liste des auteurs (professions et publications), crédits iconographiques, sources relatives aux manuels scolaires et documents cités dans les encadrés.

Appréciation

La lecture des différents points de vue présentés dans cette publication est captivante, mais ces visions sont uniquement occidentales (sauf quelques images et certaines citations insérées dans des encadrés). La diversité des thèmes abordés et le grand nombre d’auteurs participants favorisent malgré tout la réflexion et suscitent l’étude en profondeur des faits analysés sous de nouveaux éclairages. Ce sont là les principaux méritent de ce manuel singulier. À cet égard, j’aimerais signaler trois articles exemplaires: Et le Paraguay découvrit le libre-échange, par Renaud Lambert, À quoi servit le plan Marshall, par Roger Martelli, et La déferlante néolibérale des années 1980, par François Denord.

Référence

Bréville, Benoît; Vidal, Dominique; coordination. - Manuel d’histoire critique. - Paris: Le Monde diplomatique, 2014. - 179p. - (Hors-série). - ISSN 1241-6290. - [Le Monde diplomatique peut être consulté dans les Bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque de BAnQ].

Remarque

Fait étonnant, la date de ce numéro hors-série n’est pas indiquée dans cette publication. Autre fait surprenant: les noms des auteurs ne sont pas inscrits à la fin des articles. Il faut consulter toute la liste des auteurs, en annexe, pour connaître les auteurs respectifs des différents chapitres.

02 octobre 2014

Expédition en Asie centrale (1820)

Le baron George de Meyendorff (1795-1863) raconte son voyage d’Orenbourg à Boukhara fait en 1820 dans son récit de voyage paru en 1826. Il était alors colonel à l’état-major de l’empereur Alexandre 1er (1801-1825). Cette expédition s’inscrit dans l’expansionnisme russe initié au 18e siècle par la Grande Catherine (1729-1796).

Un extrait de ce récit de voyage est contenu dans l’anthologie Le voyage en Asie centrale et au Tibet publié par Michel Jan aux Éditions Robert Laffont. Cet extrait comprend deux parties : Préparatifs et dangers du voyage, Mœurs et usages des Kirghiz.

La description des préparatifs rend compte de l’imposante expédition dans une région hostile :

- une marche de deux mois dans le désert
- 320 chameaux chargés des provisions de l’escorte
- 38 chameaux chargés des bagages et provisions des autres personnes
- 700 chameaux au total, y compris ceux des marchands boukhares
- 25 charriots, chacun étant attelé par trois chevaux
- deux bateaux placés sur des charriots
- 500 livres de biscuit pour chaque soldat
- quatre quintaux d’avoine pour chaque cheval
- double approvisionnement de munitions pour les deux pièces d’artillerie
- 15 tentes de feutre
- 200 tonneaux d’eau potable
- plusieurs tonnes d’eau de vie
- environ 72 000 roubles pour s’approvisionner à Boukhara
- désignation de cinq guides kirghiz, dont un chef
- 60 autres Kirghiz pour soigner les animaux, charger et conduire les chameaux
- répartition des chameaux appartenant à différents propriétaires
- cérémonie solennelle du départ le 10 octobre

Les dangers anticipés sont tout aussi considérables :

- une météorologie inclémente : froids, ouragans, giboulées
- soldats sans pelisse pour se protéger des intempéries
- attaques nocturnes de nomades kirghiz (enlèvement de chevaux)
- pratique de la terre brûlée par ces mêmes nomades
- attaques de Khiviens (parfois avec 4 à 5 000 attaquants)
- hostilité de Boukhares vis-à-vis des explorateurs chrétiens

La deuxième partie raconte les coutumes des nomades kirghiz : mélancolie et chansons, sentiment viscéral d’indépendance (sauf pour leur religion musulmane), répartition des tâches domestiques entre les femmes et les hommes, autorités (beg, ancien, béhadir, sultant, khan), importance déterminante de l’opinion publique, exemples de sanctions féroces entre eux, rivalités contre des voisins (Khiviens, Boukhares, Chinois), comportement différencié selon la horde d’appartenance (grande, moyenne, petite).

George de Meyendorff conclut ainsi cette seconde partie : « […] les Kirghiz pourront un jour devenir tributaires de l’empereur de Russie; mais il faut préalablement les défendre contre les Khiviens et leur prouver ainsi l’efficacité d’une protection dont ils sentiront tout le prix. »

Deux cartes diffusées dans la Bibliothèque numérique Gallica (BnF) nous permettent de suivre l’itinéraire de cette expédition. La première a été dressée par George von Meyendorff, la seconde par Jacques de Khanikoff. Ces deux cartes et plusieurs autres sur l’Asie centrale sont référencées et décrites dans le livre numérique gratuit Anciennes cartes géographiques présenté à la fin de cet article.




Référence

Jan, Michel. – Le voyage en Asie centrale et au Tibet. Anthologie des voyageurs occidentaux du Moyen Âge à la première moitié du XXe siècle. – Cartes établies par Christian Bunel. – Paris : Robert Laffont, 1992. – xxxii, 1482p. – (Bouquins). – ISBN 2-221-05912-3. – [« George de Meyendorff (1820) », p. 206-214].

Images

Carte du Khanat de Boukhara et d'une partie des steppes des Kirghiz (George de Meyendorff) - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Carte de la Mer d'Aral et du Khanat de Khiva (Jacques de Khanikoff) - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Livre numérique gratuit


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