29 novembre 2018

Le monde vu d’Asie


Le pouvoir singulier de la carte réside dans son format même: elle permet en un seul coup d’œil d’embrasser des territoires immenses et d’appréhender des questions complexes. […] Outils de connaissance et instruments de pouvoir, les cartes répondent au besoin de s’orienter, de localiser des populations et des ressources, de lever des impôts, et de tracer les frontières «naturelles» et politiques. (Pierre Singaravélou et Fabrice Argounès)

À l’occasion de l’exposition Le monde vue d’Asie. Au fil des cartes, tenue au musée Guimet, le Musée national des arts asiatiques (MNAAG) et les Éditions du Seuil publient un ouvrage de luxe intitulé Le monde vu d’Asie. Une histoire de la cartographie. Les auteurs de cette monographie exceptionnelle, Pierre Singaravélou et Fabrice Argounès, sont aussi les commissaires de l’exposition.

Le livre compte six chapitres thématiques précédés par la préface de Sophie Makariou (présidente du MNAAG) et l’introduction des auteurs. Il est complété par une bibliographie, les remerciements et les crédits iconographiques.

Les chapitres abordent successivement les volets suivants: généralités (introduction), cosmologie et religion, pouvoir et politique, grandes découvertes, apport des jésuites européens, perceptions asiatiques de l’Europe, collections de cartes asiatiques anciennes en Europe. Plusieurs cartes font l’objet d’une analyse spécifique.

Les chapitres sont ainsi constitués: titre sur double page, citation, exposé (avec sous-titres), nombreuses illustrations (cartes et images), notes. Souvent rendues publiques pour une première fois, les splendides illustrations son légendées.

Une ressource documentaire exceptionnelle sur la cartographie asiatique et son histoire plus que millénaire.

Référence

Singaravélou, Pierre; Argounès, Fabrice. - Le monde vu d’Asie. Une histoire cartographique. - Préface de Sophie Makariou. - Paris: Seuil / Musée national des arts asiatiques - Guimet (MNAAG), 2018. - 192p. - ISBN 978-2-02-137500-8 et 979-10-90262-46-1. - [Citation, Introduction, p. 15]. - BAnQ: 912.074 M7414 2018.

Sur la Toile

Musée Guimet (MNAAG)
Cartes chinoises et cartes de la Chine conservées à la BNF
Une cartographie? Une histoire de point de vue (Mireille Descombes, Le Temps, 7 août 2018)

Image

La Carte complète du Grand Empire des Qing unifié et éternel est reproduite dans le livre, aux pages 76-77.

Carte complète du Grand Empire des Qing unifié et éternel
Dynastie des Qing, ère Jiaqing (1796-1820), d'après une carte de 1767
Carte monumentale imprimée en deux tons de bleu sur papier blanc
132,2 x 235 cm
BNF, Cartes et Plans, Rés. Ge A 1096

« Cette carte générale de l'Empire chinois et des régions voisines représente le territoire chinois sur un très beau fond bleu indigo. La Carte complète du Grand Empire des Qing unifié et éternel présente les circonscriptions administratives relatives à la fin de l'ère Qianlong (1736-1795) et au début de l'ère Jiaqing (1796-1820). Cette époque correspond à une période d'extension territoriale maximale, l'Empire n'ayant jamais été aussi étendu ni aussi peuplé que sous le règne de l'empereur Qianlong. La légende introduit brièvement la situation des pays limitrophes, et, à l'extrême ouest, l'océan Atlantique ainsi que des contrées telles que l'Angleterre et la Hollande. Le tracé du fleuve Jaune y est montré avec une grande exactitude. Une note concernant ce fleuve est ajoutée à gauche de la carte. Celle-ci est légendée avec précision. Par exemple, les rectangles avec une barre intérieure signalent chacune des neuf provinces, zhou, les carrés indiquent les préfectures, fu, les cercles les districts, xian, les frontières sont figurées par un trait hachuré. »

Articles connexes

Un voyage à travers le temps
Ambassade hollandaise en Chine (1655-1657)
Carte de la Chine de Selden (1608)
Les concessions de Tientsin

Suggestion

Anciennes cartes géographiques (livre numérique gratuit)

22 novembre 2018

Opium


Nuit d’encre.
Tout est calme, silencieux.

J’avance à pas feutrés.
Ils sont là, je le sais.

Un animal me frôle.
J’imagine un chat de ruelle, mais c’est un rat d’égout.

La lune filtre un nuage opaque.
Je m’immobilise. Je le vois. Je les vois.

Tel le commandant discernant l’amer de Bonsecours, je scrute leurs repères.
Ils s’approchent à pas de loup le long de la clôture.

Devant la vieille tanière, la meute s’embusque.
Le vacillement d’une bougie illumine la fenêtre entrebâillée.

D’un geste assuré, un sbire force la porte. Suivent deux acolytes.
Vif comme l’éclair, un individu éberlué s’enfuit par l’ouverture.

La drogue saisie, les visiteurs s’envolent.
La scène de désolation est abandonnée.

Au sol, des corps émincés, recroquevillés, presque inanimés.
Des loques humaines inconscientes du danger.

Je quitte aussi les lieux, mon reportage en tête.
Les abonnés au journal raffolent des faits divers.

Reporter en mission spéciale

Source

Inspiré d’un reportage publié dans un journal de la métropole au début du siècle dernier.

Image

Pavot d'Orient, Papaver orientale ‘Suzanne’, Papaveraceae, Origine horticole, Jardin botanique de Montréal.

Sur la Toile

De l’opium à l’alcool, la prohibition au pays (Jean-François Nadeau, Le Devoir, 17 octobre 2018)

Article connexe

Histoire du pavot: opium, morphine et héroïne

16 novembre 2018

Alexandre de Humboldt, humaniste et scientifique


Une vaste intelligence, une prodigieuse organisation intellectuelle, une rigueur et une honnêteté sans faille, un immense pouvoir de travail et une longue vie […] constituent la personnalité multiple de cet érudit issu du XVIIIe siècle […] et aux connaissances scientifiques et philosophiques universalistes. […] Personne autant que lui ne sera nommé aussi souvent citoyen d’honneur, personne n’aura reçu autant de décorations ou d’ordres divers de son vivant.

Une biographie magistrale par Mireille Gayet, à la mesure d’Alexandre de Humboldt (1769-1859), le dernier savant universel. Précédé de la table des matières, des remerciements, d’une préface de Philippe Taquet et des prolégomènes, le livre compte cinq parties: L’apprentissage, L’explorateur, Approche de la nature, Approche de l’Homme, Les dernières années. L’ouvrage est complété par une chronologie, une bibliographie, un index des noms d’auteurs cités et les sources des illustrations. Celles-ci proviennent surtout du Fond ancien de la Bibliothèque municipale Part-Dieu de Lyon (BML).

La vie prodigieuse du célèbre explorateur, naturaliste, écrivain, pédagogue et diplomate Alexandre de Humboldt est relatée d’une façon captivante, à la lumière des convictions humanistes de cet homme hors du commun. Bien plus, les innombrables découvertes, expériences et innovations scientifiques du savant sont présentées et expliquées dans leur contexte contemporain, tout en soulignant leurs développements ultérieurs jusqu’à nos jours.

Un admirable et merveilleux récit encyclopédique sur Alexandre de Humboldt et les sciences modernes! Quel livre instructif et passionnant! Quelle biographie exemplaire!

Référence

Gayet, Mireille. - Alexandre de Humboldt, le dernier savant universel. - Préface de Philippe Taquet. - Paris: Vuibert, 2006. - 413p. - (Inflexions). - ISBN 978-2-711-77199-8. - [Citations, p. 17 et 338]. - BAnQ: 925 H9198g 2006.

Image

Géographie des plantes équinoxiales / Tableau physique des Andes et pays voisins (1805) - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France. - Ce tableau sans cesse reproduit depuis plus de deux siècles est affiché sur la page 198, dans la section Naissance du concept humboldtien de géographie des plantes du chapitre intitulé L’écologie, p. 192-200.

Lectures complémentaires

Bleichmar, Daniela. - Visual Voyages. Images of Latin American Nature From Columbus to Darwin. - New-Haven et Londres: Yale University Press, 2017. - xiv, 226p. - ISBN 978-0-300-224023. - BAnQ: 508.0222 B6468v 2017. - [Voir Chapter 4 - New landscapes, p. 156-200, en particulier la reproduction et la description du Tableau physique des Andes et pays voisins, p. 160-164].

Zimmerer, Karl S. - «Mapping Mountains». - Dans Dym, Jordana; Offen, Karl. – Mapping Latin America. A Cartographic Reader. – Chicago: The University of Chicago Press, 2011. – xx, 338p. – ISBN 978-0-226-61822-7. - P. 125-130. – BAnQ : 912.8 M2976 2011.

Sur la Toile

Alexandre de Humboldt, le dernier savant universel - Mireille Gayet (Analyse d’ouvrage)

09 novembre 2018

Un voyage à travers le temps


Kevin J. Brown vient de publier un ouvrage de référence remarquable: Cartes anciennes, sous-titré Un voyage à travers le temps. Le grand format carré du livre favorise la consultation et l’appréciation des 70 superbes reproductions cartographiques contenues dans l’ouvrage. Par ailleurs, les exposés limpides de l’auteur sur l’histoire de la cartographie sont aussi instructifs que captivants.

Les cartes partielles affichées sur la couverture, les pages de garde et dans l’introduction sont reproduites en entier et commentées dans le livre:
- couverture: Pars Orbis (Benedict Arias Montanus, p. 40-41) et Carte générale de toutes les costes du monde (Oierre Mortier, p. 80-81)
- pages de garde: Nova Totius Terrarum Orbis Geographica ac Hydrographica Tabula (Claes Jansz Visscher, p. 46-47)
- introduction: Carte générale du monde (Samuel Dunn, p. 120-121) et Mappemonde nouvelle (George-Louis Le Rouge, p. 64-65).

Précédés d’une introduction, les neuf chapitres du livre suivent un ordre à la fois chronologique et thématique. L’ouvrage est complété par une notice biographique, les remerciements et les crédits photographiques.

Les cartes rares et prestigieuses présentées et commentées au cours du récit historique sont d’une très grande variété quant à leurs buts, types, projections, formats, supports, langues, thèmes et procédés de fabrication.

Les cartes à très petite échelle sélectionnées par l’auteur permettent de comparer les visions du monde et les fonctions des cartes à différentes époques. Voyons des exemples portant sur les transports, les idéologies et les sciences.

Transports
- terrestre (La table de Pentiger, 12e siècle [1er siècle av. J.-C.], p. 16-19)
- océanique à voile (Carte très curieuse de la mer du Sud, 18e siècle, p. 58-61)
- océanique à vapeur (L’Empire britannique et les routes de commerce maritime mondial, 1895, p. 86-87)
- ferroviaire (Nouvelle carte Crofutt du transcontinental américain, du transcontinental européen et des routes autour du monde, p. 180-181)
- aérien (Réseau aérien mondial d’Air France, Lucien Boucher, p. 154-155).

Idéologies
- cosmographie bouddhiste (Carte de tous les pays de l’Univers, 1710, p. 94-95)
- philosophie chinoise (Carte du monde sous les cieux, 18e siècle [3e siècle av. J.-C.], p. 92-93)
- religion chrétienne (Mappa Mundi de Hereford, Richard de Haldingham et Lafford, v.1300, p. 20-21; Carte du monde en forme de feuille à trèfle, Heinrich Buenting, 1581, p. 30-31)
- utopie (Accurata Utopia Tabula, Johann Baptist Homann, 1694, p. 192-193)
- credo maçonnique (Carte de l’île de la Félicité, Johann Martin Weis, 1743, p. 196-197; Planisphère, Victor Levasseur, 1852, p. 172-173)
- théorie réactionnaire (Carte de la Terre carrée et immobile, Orlando Ferguson, 1893, p. 140-141)
- prosélytisme évangélique (Principales religions du monde et progrès de l’évangélisation, Arthur Tappan Pierson, 1894, p. 142-143).

Sciences
- astronomie (Nova orbis terrarum delineatio, Philip Eckebrecht, 1658, p. 34-35; Carte générale du monde, Samuel Dunn, 1794,p. 120-121)
- hydrographie (Mappemonde géo-hydrographique, Nicolas Sanson, 1691, p. 56-57)
- géographie physique (Planisphère physique, Philippe Buache, 1752, p. 70-71; Mappemonde physique d’après les vues du professeur Pallas, Edme Mentelle, 1779, p. 118-119; Une vue nouvelle et améliorée des altitudes comparées des principales montagnes et des longueurs comparées des principaux fleuves du monde, William Darton, 1823, p. 126-127)
- lignes isothermes (Carte du monde décrivant le voyage d’exploration américaine, Charles Wilkies, [1842], p. 128-129)
- océanographie (Zu Dr. Jileks Oceanografie, 1880, August von Kilek, p. 134-137).

Les descriptions des types de projections sont nombreuses (exemples):
- projection cordiforme (Universalis Cosmographia, Martin Waldseemüller, 1507; Nova et Integra Universi Orbis Descripto, 1531, Oronce Fine, p. 24-25)
- projection de Mercator (Nova Totius Terrarum Orbis Geographica ac Hydrographica Tabula, Claes Jansz Visscher, 1552, p. 46-47, 43; Carte générale de toutes les cartes du monde, 1703, Pierre Mortier, p. 80-81; plusieurs autres cartes illustrent ce type de projection)
- projection polaire (Planisphère physique, 1752, Philippe Buache, p. 70-71)
- projection stéréographique (Projection géométrique des deux tiers du globe, 1860, Henry James, p. 130-131)
- projection globulaire en relief (Opération Berlin - Opération Tokyo, 1943, p. 150-153).

Complétons cette recension en soulignant l’apport original et le grand intérêt du chapitre dédié à La vision orientale de la cartographie, p. 88-113.
Après une introduction de deux pages sur la tradition cartographique asiatique, l’auteur présente et décrit plusieurs cartes singulières inconnues ou méconnues dans le monde occidental.
À titre d’exemple, voyons la Carte complète des neuf villes frontalières de la Chine Ming [Complete Map of the Nine Border Towns of the Great Ming and of the Human Presence and Travel Routes of the Ten Thousand Countries / 大明九邊萬國人跡路程全圖 / Dàmíng jiǔ biān wànguó rén jì lùchéng quán tú] dressée par Wang Junfu en 1663.
L’Empire du Milieu est représenté au centre en proportion de son importance relative. Sur le territoire chinois, on peut observer la Grande Muraille, les grands fleuves et les îles orientales. Les autres régions du monde ont une taille réduite, voire minuscule:
- dans le coin supérieur droit: l’Amérique du Nord, avec le fleuve Saint-Laurent, le golfe du Mexique, la presqu’île de la Californie, le Mexique
- dans le coin inférieur droit: l’Amérique du Sud, avec les fleuves Amazone et Rio de la Plata
- à gauche, au centre: l’Afrique représentée sous forme de péninsule, avec le Nil et ses deux lacs-sources
- à gauche, dans la partie supérieure: l’Europe, avec les mers Méditerranée, Noire et Caspienne.
D’autres cartes chinoises, une carte coréenne et plusieurs cartes japonaises sont tout aussi intéressantes à découvrir. Ajoutons aussi la carte thématique Jeu de société commémoratif du premier vol aérien entre le Japon et l’Europe [歐訪大飛行記念飛行遊戯 / Oho Daihiko Kinen Hiko Yugi], p. 148-149, publiée en 1925 dans le journal Asahi Shimbun.

Un ouvrage favorisant la découverte et l’exploration d’une grande variété de cartes rares et remarquables.

Remarques

L’ouvrage ne contient pas d’index, de glossaire et de bibliographie.

Dans le commentaire sur la carte de l’Empire britannique (John Cassell), il aurait été approprié de formuler ainsi l’énumération des possessions britanniques (p. 86): «Il n’y a qu’à voir les nombreuses zones colorées en rouge qui permettent de repérer les colonies sous domination britannique, dont celles-ci : Canada, Belize, Guyana, plusieurs îles des Caraïbes, Chypre, Indes, Malaisie, Bornéo, Nouvelle-Guinée, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Nigeria et plusieurs autres grandes colonies africaines.»

La révision du texte par l’éditeur est lacunaire.
La partie droite de la carte Nova et Integra Universi Orbis Descriptio (Oronce Fine) est identifiée comme étant à gauche (p. 25).
Alors que la Californie est représentée sous une forme insulaire sur la Carte très curieuse de la mer du Sud (Henri Abraham Chatelain), le texte affirme le contraire (p. 59).
Une carte est dressée (et non dessinée) par un cartographe (p. 176).
Par ailleurs, les cartographes distinguent les termes mappemonde et planisphère, alors que cette distinction est confondue à plusieurs reprises tout au long du livre.

Références

Brown, Kevin J. - Cartes anciennes. Un voyage à travers le temps. - Grenoble: Grénat, 2017. - 208p. - ISBN 978-2-344-02516-1. - BAnQ : 912.09 B8788c 2017.

Geographicus Rare Antique Maps (Site de l’auteur)

Images from Geographicus (Wikimedia Commons) - This file was provided to Wikimedia Commons by Geographicus Rare Antique Maps, a specialist dealer in rare maps and other cartography of the 15th, 16th, 17th, 18th and 19th centuries, as part of a cooperation project.

Image

1859 - Nouvelle carte universelle du monde (Félix Delamarche) (Wikimedia Commons, Geographicus) - L’édition de cette carte mise à jour en 1862, sous le titre Nouveau planisphère illustré, est reproduite et commentée aux pages 178-179.

Sur la Toile

Sites cités dans les Remerciements et Crédits Photos (p. 207):

Barry Ruderman Rare Maps
Boston Rare Maps
Geographicus Rare Antique Maps (Site de l’auteur)
HS Rare Books
Library of Congress
Persuasive Cartography (Cornell University)

Livres numériques gratuits

Anciennes cartes géographiques
Atlas du Québec
Cartes commentées
Grammaire de la carte

02 novembre 2018

Samuel de Champlain / Récits de voyages en Nouvelle-France (1603-1632)


L’historien Mathieu d’Avignon a réédité en français moderne les Récits de voyages en Nouvelle-France (1603-1632) de Samuel de Champlain en un seul volume. Publié par Les Presses de l’Université Laval, dans la collection À propos, le livre au format poche se distingue aussi par sa mise en page et sa typographie exemplaires.

L’image de la couverture est une reproduction de la toile Champlain découvre la Baie Georgienne (1925), par le peintre ontarien Charles William Jefferys (1869-1951). Les dessins de la quatrième page de couverture sont extraits de deux œuvres de Champlain reproduites dans le livre: bateau à voile (1632, p. 668), autoportrait (1613, p. 205).

Le livre compte deux parties: Premiers récits de voyages en Nouvelle-France, 1603-1619 et Derniers récits de voyages en Nouvelle-France, 1620-1632. Chaque partie est préfacée par l’historien Camil Girard et introduite par Mathieu d’Avignon. Celui-ci a aussi rédigé les précisions insérées dans le texte, entre crochets, tout comme les notes figurant en bas de page. Une liste des abréviations précède le premier récit. L’ouvrage est encadré par une table des matières détaillée au début du livre et une bibliographie à la fin du livre.

Premiers récits de voyages (1603-1619)

La préface de Camil Girard s’intitule Les récits de voyages de Samuel de Champlain ou la rencontre de l’autre (2008). Elle compte quatre parties:
- la présentation de Champlain et les fondateurs oubliés. Les figures du père et le mythe de la fondation, un livre important publié en 2008 par Mathieu d’Avignon;
- la réévaluation de l’historiographie traditionnelle autour des concepts d’alliances et d’échanges culturels par Mathieu d’Avignon;
- les rééditions successives, complètes ou partielles, des récits de Champlain depuis celle de Charles-Honoré Laverdière (1870);
- les caractéristiques et les avantages de la nouvelle édition annotée des récits de Champlain en français moderne par Mathieu d’Avignon.
Citons un passage de cette dernière partie: «Pour peu qu’on se laisse porter par le témoignage de Champlain, on découvrira tout un univers, une sorte de premier récit d’une cofondation interculturelle du Québec et du Canada, un récit où l’autre est à la fois défini, reconnu, mais ultimement rejeté par Champlain en 1632 et par d’autres dans les décennies et les siècles suivants.»

L’Introduction (2009) Mathieu d’Avignon compte cinq parties:
- la renommée et les réalisations de Samuel de Champlain (Brouage vers 1567-1570 - Québec le 25 décembre 1635);
- la portée historique, le contenu et les caractéristiques des récits de Champlain;
- la présentation des récits de voyages de 1603, 1613 et 1619;
- les remarques sur la retranscription des récits en français moderne;
- la découverte personnelle des récits fascinants de Samuel de Champlain.
Citons un passage de cette introduction: «Si les actions et les réalisations de l’homme sont si bien connues aujourd’hui, c’est en grande partie grâce aux récits de voyages qu’il a rédigés au fil des ans. L’homme, quant à lui, demeure néanmoins énigmatique et discret sur sa vie privée.»

Cette première partie de l’ouvrage contient la retranscription intégrale des trois premiers livres de Samuel de Champlain: Des Sauvages… (1603), Les voyages de sieur de Champlain Saintongeais… (1613), Voyages et découvertes en la Nouvelle-France… (1619).

Derniers récits de voyages (1620-1632)

La préface de Camil Girard s’intitule Repenser l’historiographie des fondations (2010). Elle compte cinq parties:
- la présentation du livre A-t-on oublié que jadis nous étions «frères»? Alliances fondatrices et reconnaissance des peuples autochtones dans l’histoire du Québec, un livre publié par Mathieu d’Avignon et le préfacier en 2009;
- le contexte de la première rencontre (1997) et des échanges successifs entre le préfacier et Mathieu d’Avignon;
- les alliances franco-amérindiennes dans un contexte difficile de respect mutuel et de souveraineté partagée;
- les moyens diplomatiques utilisés par Champlain face au soutien mesuré des compagnies et au contexte géopolitique nord-américain;
- la première conquête anglaise et l’occupation du Québec (1629-1632);
- apport de Mathieu d’Avignon dans le renouvellement de l’historiographie en fonction d’«une histoire plus inclusive, une histoire qui transcende les mythes entourant les découvertes, les conquêtes, la colonisation et les héros nationaux.»

L’Introduction (2010) de Mathieu d’Avignon compte quatre parties:
- une précision: l’ouvrage contient seulement la seconde partie du dernier livre de Samuel de Champlain intitulé Voyages de la Nouvelles-France… (1632);
- des considérations et des références sur la réécriture des premiers récits de Champlain contenus dans la première partie de son livre Voyages de la Nouvelles-France… (1632);
- la présentation des récits relatés dans la seconde partie du livre Voyages de la Nouvelles-France… (1632) et d’autres textes, dont le Traité de la marine et du devoir du bon marinier;
- citons la dernière partie de cette introduction: «L’objectif que je m’étais fixé en 1997 comme "apprenti-historien", soit de rééditer en français moderne tous les récits de voyages en Nouvelle-France de Champlain, a été atteint, enfin. Mes propres explorations et discussions en compagnie de ce personnage historique célèbre s’achèvent. Les tiennes, "ami lecteur", comme il le dirait lui-même, peuvent quant à elles se poursuivre…»

Notes et bibliographie

Le livre de Mathieu d’Avignon est enrichi par plus de 300 notes infrapaginales. Par ailleurs, la bibliographie en fin d’ouvrage compte deux parties: Sources manuscrites et imprimées (43) et Références [1925-2010] (63).

Hommages contemporains

Champlain a surmonté les dangers et les peines.
L'Ange Paris
Aux Français, sur les voyages du sieur de Champlain
[1613]

Puisses-tu d’âge en âge vivre,
Par l’heureux effort de ton livre:
Et que la même éternité
Donne tes chartes renommées
D’huile de cèdre parfumées
En garde à l’immortalité.

Pierre Motin
Ode à monsieur de Champlain sur son livre et ses cartes marines
[1613]

Cartes, plans et dessins (pages)

645 - [Carte / Comment effectuer un levé côtier]
302-303 - Carte de la Nouvelle-France (1612)
272 - Carte de la Nouvelle-France en vrai méridien (1613)
668-669 - Carte de la Nouvelle-France (1632)
109 - Chouacouet
205 - Défaite des Iroquois au lac Champlain
354 - Dessin d’une Huronne-Wendat pilant du maïs
93 - Habitation de l’île Sainte-Croix
131 - Habitation de Port-Royal
183 - Habitation de Québec
92 - Île Sainte-Croix
368 - La fête des morts en Huronie
363 - «La forme [des] danses» des Hurons-Wendats
334 - La prise avortée d’un village iroquois
142 - Le Beau-Port
252 - Le grand sault Saint-Louis
124 - Mallebarre
271 - Moyen de prendre la ligne méridienne
340 - Partie de chasse en Huronie
75 - Port de La Hève [«La Haie»]
178 - Port de Tadoussac
85 - Port des Mines
78 - Port du Rossignol [«Port au Mouton»]
150 - Port-Fortuné
81 - Port-Mouton
84 - Port-Royal
118 - Port Saint-Louis
334 - Portrait d’Amérindien dessiné par Champlain
319 - Portraits d’Amérindiens dessinés par Champlain
357 - Portraits d’ Huronnes-Wendats par Champlain
230 - [Prise d’un] fort des Iroquois
179 - Québec
100 - Rivière Quinibequy [Kennebec]
88 - Rivière Saint-Jean
654 - Table des estimes
667 - [Le nœud et la ligne anglaises]
154 - Une escarmouche près du Port-Fortuné

Références

Samuel de Champlain. - Récits de voyages en Nouvelle-France, 1603-1632. - Réédition en français moderne, introduction et notes de Mathieu d’Avignon. - Québec: Les Presses de l’Université Laval, 2018. - xiv, 692p. - (À propos). - ISBN 978-2-7637-3912-0. - [Citations, p. 6, 7, 401, 404, 62 et 66]. - BAnQ: 971.0113 C453r 2018. - Bibliothèques de Montréal (en deux volumes): 971.0113 C (2009 et 2010).

La version numérique de ce livre, en deux volumes, offerte sur le portail Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), permet en plus la recherche plein texte.

Entrevue avec Mathieu d'Avignon [2009] (Vidéo, 4:43 min)

Relire Samuel de Champlain avec Mathieu d'Avignon (15 02 2012) (Vidéo, 57:01 min)

Mathieu d'Avignon (Biographie et publications) (Wikipédia)

Image

Carte commémorative « Voyages et explorations (1603-1615) de Samuel de Champlain (1567-1635) - Ville de Québec (1608-2008) » - [Carte en haute résolution] - Source : Service hydrographique du Canada, Gouvernement fédéral du Canada

Sur la Toile

Samuel de Champlain (Marcel Trudel, Dictionnaire biographique du Canada)

Articles connexes

La carte de Champlain de 1616
La carte de Champlain de 1632
Les Innus de Uepishtikueiau [Sylvie Vincent]
Le grand dessein de Champlain [David Hackett Fischer]

Suggestion

Atlas du Québec (livre numérique gratuit)

Nouvelle édition 2020 revue et augmentée.

L’Atlas du Québec compte trois parties: un répertoire de cartes numériques, un guide d’interprétation d’anciennes cartes géographiques et des descriptions de cartes exemplaires.

La première partie contient un répertoire de cartes et plans relatifs au Québec couvrant cinq siècles: régime français, régime anglais et fédération canadienne.

La deuxième partie est destinée plus particulièrement aux étudiants pour l’interprétation d’anciennes cartes géographiques. L’observation globale de la carte, l’analyse de ses éléments et l’élaboration d’une synthèse constituent les trois étapes de l’interprétation d’une carte. Ainsi, les cartes contenues dans cette partie sont regroupées sous les thèmes Types de cartes, Grille d’analyse et Synthèse.

La troisième partie présente les descriptions de cinq cartes exemplaires: Nouvelle-France (Gastaldi, 1556), Amérique du Nord (Franquelin, 1688), Amérique (Danet, 1731), Pistes cyclables à Montréal (Anonyme, 1897), Atlas de Montréal (Pinsoneault, 1907).