22 novembre 2018

Opium


Nuit d’encre.
Tout est calme, silencieux.

J’avance à pas feutrés.
Ils sont là, je le sais.

Un animal me frôle.
J’imagine un chat de ruelle, mais c’est un rat d’égout.

La lune filtre un nuage opaque.
Je m’immobilise. Je le vois. Je les vois.

Tel le commandant discernant l’amer de Bonsecours, je scrute leurs repères.
Ils s’approchent à pas de loup le long de la clôture.

Devant la vieille tanière, la meute s’embusque.
Le vacillement d’une bougie illumine la fenêtre entrebâillée.

D’un geste assuré, un sbire force la porte. Suivent deux acolytes.
Vif comme l’éclair, un individu éberlué s’enfuit par l’ouverture.

La drogue saisie, les visiteurs s’envolent.
La scène de désolation est abandonnée.

Au sol, des corps émincés, recroquevillés, presque inanimés.
Des loques humaines inconscientes du danger.

Je quitte aussi les lieux, mon reportage en tête.
Les abonnés au journal raffolent des faits divers.

Reporter en mission spéciale

Source

Inspiré d’un reportage publié dans un journal de la métropole au début du siècle dernier.

Image

Pavot d'Orient, Papaver orientale ‘Suzanne’, Papaveraceae, Origine horticole, Jardin botanique de Montréal.

Sur la Toile

De l’opium à l’alcool, la prohibition au pays (Jean-François Nadeau, Le Devoir, 17 octobre 2018)

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