18 mars 2008

Les débuts de la Nouvelle-France

Vous connaissez Samuel de Champlain et Marc Lescarbot. Mais qu’en est-il des cartographes Nicolas Vallard, Giovanni Battista Ramusio, Guillaume Levasseur et Pierre de Vaulx?

Ce troisième parcours de l’exposition Ils ont cartographié l’Amérique vous permettra d’apprécier leurs cartes merveilleuses, sur une période de près d’un siècle (1547-1632).

Cartes

1547 – Amérique du Nord (carte manuscrite, Nicolas Vallard) [ 1 ]

Cette imposante reproduction illustre le savoir-faire des cartographes dieppois au milieu du 16e siècle. Le Nord est situé en bas de la carte. Les latitudes et les rhumbs de vent sont inscrits sur la carte. Les toponymes sont amérindiens, français et portugais. Des soldats européens et des Amérindiens armés, une palissade, des scènes de chasse, des chiens et des animaux sauvages illustrent la carte. Cette carte montre les endroits explorés par Jacques Cartier et la colonie éphémère de France-Roy établie par Jean-François de La Roque de Roberval, en 1542.

1556 – Plan d’Hochelaga (carte gravée, Giovanni Battista Ramusio) [ 2 ]

Cette carte est insérée dans le livre de Ramusio intitulé Delle navigationi et viaggi (Venise : Giunta, 1556). Elle provient du Centre de conservation de BAnQ [Gagnon 970 R184de]. Le plan de ce village autochtone est le premier du genre à avoir été diffusé en Europe. La scène du bas illustre la rencontre pacifique et enthousiaste entre les Amérindiens et Jacques Cartier à l’automne 1535. On peut y noter aussi la présence du mont Royal et de champs cultivés.

1601 – Océan Atlantique (carte manuscrite, Guillaume Levasseur) [ 3 ]

Le toponyme Quebecq sur cette carte-portulan indique que la vallée du Saint-Laurent était fréquentée par des pêcheurs et des traiteurs européens bien avant la fondation de Québec par Samuel de Champlain en 1608. C’est aussi un autre exemple de carte dieppoise.

1607 – Acadie (carte manuscrite, Samuel de Champlain) [ 4 ]

C’est la seule carte manuscrite de Champlain qui nous soit parvenue. Elle justifie le surnom de premier cartographe moderne en Amérique du Nord attribué au père de la Nouvelle-France.

1609 – Nouvelle-France (carte gravée, Marc Lescarbot)

Cette carte est insérée dans le livre de Marc Lescarbot intitulé Histoire de la Nouvelle France (Paris : Jean Milot, 1609). Ce livre provient du Centre de conservation de BAnQ [RES AF 205]. La présence de vignes et de maïs indique que les terres fertiles de la Nouvelle-France peuvent soutenir la colonisation.

1613 – Océan Atlantique (carte manuscrite, Pierre de Vaulx) [ 5 ]

Cette grande carte vise à affirmer la souveraineté de la France aussi bien en Amérique du Nord (Acadie, Nouvelle-France, Floride) qu’en Amérique du Sud (Antarctique) : armoiries aux fleurs de lys. Les bancs de pêche au large de Terre-Neuve et de l’Acadie soulignent l’importance commerciale de la pêche atlantique.

1632 – Nouvelle-France (carte gravée, Samuel de Champlain) [ 6 ]

Cette carte et le livre de Champlain intitulé Les Voyages de la Nouvelle France occidentale (Paris : Louis Sevestre, 1632) sont exposés sous une vitrine. Ces documents précieux proviennent du Centre de conservation de BAnQ [971.012 C453vo]. En dressant cette carte, Champlain visait la récupération de la Nouvelle-France après la prise de Québec par les frères Kirke, des corsaires français au service de l’Angleterre.

Notes

Les cartes reproduites dans La mesure d’un continent sont décrites par Jean-François Palomino, aux pages suivantes :

[ 1 ] 1, [ 2 ] 49, [ 3 ] 76-77, [ 4 ] 83, [ 5 ] 78-79, [ 6 ] 84-86.

Références

[ 1° ] Heidenreich, Conrad E. ; Dahl, Edward H. - «La cartographie de Champlain (1603-1632)». – Litalien, Raymonde ; Vaugeois, Denis ; dir. – Champlain : la naissance de l’Amérique française. – Québec : Septentrion, 2004. – 399 p. – ISBN 2-89448-388-0. – Cote BAnQ : 971.0113092 C453 2004.

Dans sa conclusion, ce spécialiste souligne quatre contributions singulières de Champlain :

a) première carte exacte de la côte atlantique au nord du Cape Cod
b) première carte exacte du Saint-Laurent jusqu’à l’Est des Grands Lacs
c) première carte combinant l’exploration anglaise de l’Arctique avec celle de la France au Sud
d) reconnaissance des sources amérindiennes.

[ 2° ] Heidenreich, Conrad E. - «The Mapping of Samuel de Champlain, 1603-1632». – Woodwart, David. – The History of Cartography. – Vol. 3 : Cartography in the European Renaissance. – Chicago : The University of Chicago Press, 2007. – ISBN 978-0-226-90732-1. – Cote BAnQ : GA 201 H588 1987 v.3.2 CAR. – P. 1538-1549. – [The History of Cartography].

«Like some of the better maps of his time, Champlain’s are based on estimate of distance, calculations of latitude, and compass bearings. […] Until the appearance of Nicolas Sanson d’Abbeville’s maps in 1650 and 1656, Champlain’s were the indisputed authorities for New France.» (p.1542 et 1547)

[ 3° ] Litalien, Raymonde ; Palomino, Jean-François ; Vaugeois, Denis. – La mesure d’un continent : atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492-1814. – Québec : Septentrion, 2007. – 300 p. – ISBN 978-2-89448-519-4. – Cote BAnQ : 911.7 L775m 2007.

De Cabot à Cartier (Denis Vaugeois, p. 41-49), La Normandie et la cartographie au XVIe siècle (Jean-François Palomino, p. 50-51), Commerce, religion et exploration (Raymonde Litalien, p. 75-80), De l’Arcadie à l’Acadie (Raymonde LItalien, p. 81-82), Un cartographe en Amérique : Samuel de Champlain (Raymonde Litalien, p. 83-88), Des toponymes plein la carte (Jean-François Palomino, p. 210-219), La grammaire des cartes (Jean-François Palomino, p. 280-281).

[ 4° ] Robert, Jean-Claude. – Atlas historique de Montréal. – Montréal : Libre Expression, 1994. – 167 p. – ISBN 2-89111-525-2. – Cote BAnQ : 911.71428 R641at 1994.

Les premiers visiteurs européens (p. 22-23).

Article connexe

La carte de Champlain de 1616

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