Jean Baptiste Louis Franquelin
Jean-François Palomino, cartothécaire à BAnQ et commissaire de l’exposition Ils ont cartographié l’Amérique, a présenté une conférence captivante sur un des plus grands cartographes de la Nouvelle-France.
Introduction
Le conférencier a expliqué l’origine de son intérêt pour Jean-Baptiste Franquelin. Étudiant à Paris, il cherchait un sujet de thèse. Et c’est en explorant les trésors du Département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France (Hôtel de Richelieu) et les centaines de cartes sur la Nouvelle-France conservées au Service historique de la Défense (Château de Vincennes) qu’il a découvert les cartes manuscrites de Franquelin.
Première partie
Le spécialiste a tracé les grandes lignes de l’évolution de la cartographie en Nouvelle-France avant l’arrivée de Franquelin à Québec. Ses explications ont été étayées par la présentation de six cartes.
Dans un premier temps, la cartographie du fleuve Saint-Laurent s’arrête aux rapides de Lachine :
1547 – Fleuve Saint-Laurent (Nicolas Vallard) [ 1 ]
1601 – Fleuve Saint-Laurent (Guillaume Levasseur) [ 2 ]
Dans un deuxième temps, la cartographie de la vallée laurentienne s’étend jusqu’aux Grands Lacs (Ontario, Érié et Huron, d’abord; Supérieur et Michigan, ensuite) :
1632 – Nouvelle-France (Samuel de Champlain) [ 3 ]
1657 – Nouvelle-France (François-Joseph Bressani) [ 4 ]
1669 – Amérique septentrionale (Nicolas et Guillaume Sanson)
1673 – Lac Supérieur (Claude Allouez et Claude Dablon)
Les cartes de 1547, 1601, 1632 et 1657 sont présentées dans la grande salle de la Grande Bibliothèque à l’occasion de l’exposition Ils ont cartographié l’Amérique.
Deuxième partie
Les cartes de Franquelin marquent un troisième jalon dans l’évolution de la cartographie de la Nouvelle-France : le tracé du Mississipi, en premier lieu, et le dessin de toute l’Amérique du Nord, en fin de carrière (connue).
Jean-François Palomino a présenté et décrit treize des cinquante cartes manuscrites de Jean-Baptiste Franquelin, tout en soulignant quelques éléments de la biographie du célèbre cartographe :
1675 – Découverte du fleuve Mississipi [ 5 ]
1678 – Amérique du Nord [ 6 ]
1678 – Plan terrier de la Nouvelle-France [ 7 ]
1683 – Plan de la basse ville de Québec
1684 – Louisiane
1685 – Fleuve Saint-Laurent [ 8 ]
1685 – Environs de Québec [ 9 ]
1686 – Acadie
1686 – Plan de Port-Royal [ 10 ]
1688 – Amérique du Nord [ 11 ]
1693 – Plan de Boston [ 12 ]
1699 – Amérique du Nord [ 13 ]
1708 – Amérique du Nord [ 14 ]
Le diaporama sur l’identification et l’illustration des sources utilisées par Franquelin pour dresser sa carte de 1688 fut un des plus enrichissants.
Les cartes de 1685, 1688 et 1708 sont présentées dans la grande salle de la Grande Bibliothèque à l’occasion de l’exposition Ils ont cartographié l’Amérique.
Conclusion
Le conférencier a souligné quelques caractéristiques majeures de l’œuvre de Franquelin : des cartes magnifiques dont les tracés sont d’une grande précision; des sources locales diversifiés (Amérindiens, coureurs des bois, explorateurs et autres); des détails relevant de l’actualité de l’époque; la profusion des toponymes, surtout amérindiens (plus de 700 sur la carte de 1708); de nouvelles découvertes (ex. : Niagara, Missouri, Arkansas, Chicago, Toronto).
Son héritage le plus important est assurément la richesse toponymique de ses cartes. Celles-ci ont été utilisées à l’époque de la Nouvelle-France (par les cartographes Coronelli, Bellin et Delisle, notamment) et le sont encore aujourd’hui (pour l’étude de l’histoire, de la préhistoire et de l’ethnographie).
Questions
Les questions des nombreux auditeurs ont porté sur une foule de sujets :
- les instruments utilisés pour dessiner les cartes (plume et encre);
- les outils des cartographes (papier, crayons, boussole, astrolabe, compas, chronomètre marin);
- la production des cartes manuscrites et gravées (bois, cuivre);
- l’orientation des cartes anciennes;
- la méconnaissance de la vie de Franquelin avant son arrivée à Québec et après son départ définitif de la Nouvelle-France;
- les dimensions variées des cartes;
- l’apport des cartes, même lorsqu’elles contiennent des erreurs (situées en général dans les parties excentriques du territoire couvert);
- les jalons ultérieurs de l’évolution de la cartographie (l’Ouest avec La Vérendrye, le Pacifique avec Mackenzie).
Le conférencier, fort apprécié, a été chaleureusement applaudi après cette période de questions.
Présentation
Dominique Parent, agente culturelle à BAnQ, a présenté le conférencier au début de cette rencontre qui s’est déroulée le 30 avril 2008.
Baladodiffusion
Souhaitons que cette conférence exceptionnelle soit bientôt proposée en baladodiffusion.
Exposition
La prochaine visite guidée de l’exposition Ils ont cartographié l’Amérique par Jean-François Palomino aura lieu le 14 mai prochain, à 19 h. D’autres visites guidées seront annoncées sur le portail de BAnQ.
Notes
Plusieurs cartes présentées au cours de la conférence sont reproduites dans La mesure d’un continent, aux pages suivantes :
[ 1 ] 211, [ 2 ] 76-77, [ 3 ] 84-85, [ 4 ] 94, [ 5 ] 102, [ 6 ] 103, [ 7 ] 133, [ 8 ] 196-197, [ 9 ] 128 et 232, [ 10 ] 127, [ 11 ] 106-107, [ 12 ] 185, [ 13 ] 105 et 217, [ 14 ] 146-147.
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