L’Opéra de Pékin
Le 20 juillet 1978, à 7 h 00, nous atterrissons à l’aéroport de Beijing. C’est le début d’un voyage de trois semaines en Chine. Dès notre arrivée, le guide nous fait parcourir le cœur de la capitale : la place Tian an men, le Monument aux héros du peuple, le Mausolée de Mao, le Palais des musées, le Palais de l’Assemblée du peuple, le Temple du Ciel. Déjà émerveillés, nous arrivons à notre hôtel, celui de l’Amitié, à 10 h 30.
J’ai gardé un souvenir impérissable de ce voyage, notamment de la célèbre place Tian an men. Savoir qu’on vient de construire, trente ans plus tard, un immense opéra à proximité du centre du monde suscite ma curiosité. Certes, la place a moins d’un siècle d’existence, mais son agencement est tout de même en harmonie avec la Cité interdite et les quartiers environnants. Comment dès lors apprécier la nouvelle construction de Paul Andreu ? Avant de répondre à cette question, parcourons son livre L’Opéra de Pékin.
Au début de son livre, l’architecte Paul Andreu a inséré une préface et une conversation. Le premier texte est d’Olivier Poivre d’Arvor. Le second est un dialogue entre l’auteur et l’écrivain François Cheng.
Tous les chapitres sont abondamment illustrés.
Partie I
Le chapitre initial traite du métier d’architecte : «C’est un métier difficile, exigeant.» Le chapitre suivant décrit le Grand Théâtre national de Chine : «Il y a sous la voûte trois salles, une grande salle d’opéra, une salle de concert et un théâtre, qui sont chacune, à chaque représentation ou à chaque concert, le lieu de rencontre d’un public et d’artistes.» Le chapitre trois s’amuse des surnoms attribués au bâtiment et précise que celui-ci a la forme d’un super-ellipsoïde.
Le chapitre 4 explique le processus de création du dessin des garde-corps en recourant à l’informatique et à de nouvelles techniques. Le chapitre suivant est plus long. Il porte sur la charpente de la voûte, avec l’enjeu des coûts de la main-d’œuvre et des matériaux.
Dans le chapitre 6, l’architecte raconte les péripéties du concours menant à l’acceptation finale de son projet (modifié par les autorités chinoises). Le chapitre 7 explique pourquoi il n’y a pas de motifs chinois traditionnels dans l’Opéra de Pékin.
Cette première partie de l’ouvrage se termine par une citation de l’auteur sur l’architecture.
Partie II
Pendant près de dix ans, les conversations entre Paul Andreu et ses collègues chinois ont eu lieu par le truchement de la traduction. Le chapitre 2 traite du parti, celui de la disposition générale des salles au niveau des accès routiers. Le chapitre suivant traite des étapes de conception et de réalisation de la salle d’opéra, compte tenu des contraintes acoustiques.
Dans le chapitre 4, l’architecte réfléchit, d’une façon dialectique, sur les relations entre la salle et le spectacle. Le chapitre 5 porte sur les bruits du chantier, comme si on les entendait. Le chapitre 6 est consacré aux murs et au plafond de l’auditorium, celui-ci étant l’aboutissement d’une genèse surprenante.
Le chapitre suivant évoque les colères et les moments de découragement de l’architecte, mais aussi de son appréciation des travailleurs chinois. Au chapitre 8, l’auteur raconte une fable illustrant le contraste bénéfique entre le projet initial et le projet final. Un article de journal rédigé par Andreu, pour contrer la désinformation sur son projet, est reproduit dans le chapitre 9.
Cette partie se termine par des considérations de l’auteur sur la définition de l’«architecte».
Partie III
Le chapitre 1 explique le choix du tissu de la salle du théâtre. Le chapitre suivant souligne l’usage social, autant que culturel, des grands espaces aménagés sous le toit : un quartier de la ville, selon l’ambition de l’architecte.
Le chapitre 3 montre le découpage de la voûte en domaines irréguliers et son revêtement en bois de couleur rouge. Dans le chapitre 4, l’auteur épilogue sur le pourquoi et le comment de ses décisions au cours de l’élaboration et de la réalisation de son projet.
Les galeries extérieures du théâtre et de l’auditorium font l’objet du chapitre 5 : murs, garde-corps et bandeaux. L’éloge dithyrambique des ouvriers constitue la trame du chapitre 6. Dans le chapitre suivant, l’auteur explique une des singularités de son projet : l’absence de porte et de fenêtre.
Au chapitre 8, Andreu présente par des métaphores les passages souterrains donnant accès à la construction. Chapitre 9 : sans le dire, la conception des jardins entourant l’Opéra de Pékin est conforme à celle des jardins traditionnels chinois.
L’auteur complète cette partie du livre en traitant de l’intégration concomitante du «concept» et de l’«exécution» du projet.
Partie IV
Le chapitre 1 évoque le processus dynamique de l’élaboration et de la réalisation du projet, la mémoire (image mentale de l’architecte) et les documents (imprimés et électroniques) y jouant leur rôle respectif. Chapitre 2 : l’architecte gravit la colline du Charbon pour observer les rapports réciproques entre le Palais de l’Assemblée du peuple et le toit de l’Opéra, ainsi que l’impact de celui-ci dans le paysage de la ville.
Dans le chapitre 3, l’auteur évoque le plaisir qu’il a eu a effectué des travaux manuels au cours de la réalisation du projet. Au chapitre suivant, Andreu illustre les difficultés finales de son travail par quelques exemples. Le dernier chapitre donne lieu à une réflexion philosophique sur le projet achevé / inachevé et le futur de l’architecte Andreu.
Le volume est complété par des statistiques et des plans du bâtiment, une biographie de l’auteur et des remerciements.
Comment apprécier la nouvelle construction de Paul Andreu ?
Une impression générale se dégage de l’observation des nombreuses photos du volume : l’imposante courbure du toit contraste avec les lignes traditionnelles de la Cité interdite, la petitesse des maisons environnantes et les grands bâtiments rectilignes de style soviétique de la place Tian an men. L’élévation de la voûte est aussi notable, mais beaucoup moindre que le laisse voir les photos quand on considère les autres édifices en hauteur de l’avenue Chang an jie.
Tout compte fait, l’Opéra de Pékin est un bâtiment admirable, exceptionnel. Le livre d’Andreu le démontre d’une façon remarquable. Une fois de plus, comme ils l’ont fait tant de fois au cours de leur histoire plurimillénaire, les Chinois ont accueilli, adapté et assimilé le savoir des étrangers.
永恒中国 La Chine éternelle…
Référence : Andreu, Paul. – L’Opéra de Pékin : le roman d’un chantier. – Paris : Chêne / Hachette, 2007. – 239 p. – ISBN 978-2-84277-776-0. – Cote BAnQ : 725.822092 A561o 2007.
Conférence : L’opéra de Pékin (Paul Andreu, 19 octobre 2004, Canal-U)
Site : Paul Andreu Architecte Paris
Photos : Paul Andreu et l’Opéra de Pékin (Linternaute)
Vidéos : Avec Paul Andreu, architecte du nouvel opéra de Pékin (France 2) - Nouvel opéra de Pékin (France 2) - L'opéra de Pékin par l'architecte Paul Andreu (France 3)
Plan : Centre historique de Beijing (Cartes Google)
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