25 août 2024

De l’origine de l’Univers à l’origine de la vie


À notre échelle, dans notre vie de tous les jours, il nous est impossible de confondre les notions d’espace et de temps. […] Et pourtant, à l’échelle de l’Univers, toute cette logique se modifie. L’espace et le temps sont associés, l’un ne va pas sans l’autre.

L’homme n’est pas un système clos. L’individu en tant qu’être séparé du monde n’existe pas. […] Le destin de l’homme est cosmique. Les éléments dont il est constitué viennent du cosmos et retourneront au cosmos quoi qu’il arrive. […] Nous vivons sur Terre un temps limité, mais notre mort individuelle est nécessaire à l’évolution de la collectivité. Nous sommes partie prenante de cette évolution.

C’est ainsi que la thématique du temps est abordée par l’astrophysicienne française Sylvie Vauclair dans le Prologue de son volume intitulé De l’origine de l’Univers à l’origine de la vie. Des propos qui m’ont incité à lire ce livre.

Le chapitre initial porte une question fondamentale, source du questionnement qui sera développé tout au long des autres chapitres : Le temps existe-t-il ? Les notions du temps, de l’existence, de la réalité, de la conscience, des idées, de la vie et de la mort, du sens de la vie, sont tour à tour considérées. L’autrice de conclure : « Comme nous le verrons dans la suite de cet ouvrage, le temps, à l’échelle de l’Univers, est celui de l’évolution de la complexité. »

Le temps humain est abordé au chapitre 2. L’histoire de la notion de temps en fonction des phénomènes astronomiques est relatée : la division des jours, l’année solaire et l’année sidérale, les calendriers julien et grégorien, la seconde astronomique et la seconde atomique définie en 1967.

Intitulé Le temps au-delà du temps, le chapitre 3 porte sur la mesure du temps : « l’écoulement du temps n’est pas le même partout dans l’Univers. Il dépend de plusieurs paramètres liés à la vitesse des objets les uns par rapport aux autres, à leur masse et à leur environnement. » Les points suivants sont traités dans ce chapitre : le temps relatif, la Relativité générale et le temps quantique.

Le chapitre 4 présente le temps cosmique, le temps d’expansion depuis le « début » de notre Univers. L’importance du « temps de Planck » est soulignée. Le chapitre 5, intitulé Sortir du néant, porte sur une dimension de l’Univers difficilement compréhensible : « Le langage de tous les jours n’est pas adapté à la description des premiers instants de l’Univers, ni d’ailleurs de l’Univers dans son ensemble. » Après avoir rappelé des images représentatives de l’Univers et défini la notion d’émergence, l’autrice décrit les quatre interactions fondamentales. Quelques théories sur la naissance de l’Univers sont ensuite exposées.

Les chapitres suivants décrivent l’évolution de l’Univers depuis le «temps de Planck », du moins celle des 5 % de matière baryonique : L’univers existe ! (6), Le temps des atomes (7), Le temps des planètes [et du Système solaire] (8), et La Terre, planète spéciale (9).

Les derniers chapitres portent sur l’origine et les constituants de la vie / du vivant : Le passage (10), Le temps de la vie (11), Et maintenant ? (12). Les questions abordées dans ces chapitres sont ouvertes et leurs réponses sont complexes et hypothétiques. Qu’est-ce que le vivant, la vie ? Comment le carbone joue-t-il un rôle déterminant dans l’émergence de la vie ? L’autrice reconstitue le phénomène de la vie en parcourant à rebours les éléments constitutifs de notre corps : la peau, l’intérieur du corps, les cellules, les chromosomes, l’ADN, la double hélice, les bases azotées de l’ADN et de l’ARN, les gènes, les protéines, l’ARN messager. Elle exprime ainsi le grand mystère de l’origine de la vie : «Nous ne sommes pas des poussières d’étoiles, nous sommes des organismes très structurés, construits à partir de poussières d’étoiles. Ce n’est pas tout à fait la même chose ! » Le dernier chapitre fait état des diverses définitions de la vie et des hypothèses multiples sur son origine.

La Conclusion fait écho aux premiers mots de l’introduction : Qui suis-je ? Qu’est-ce que la conscience ? Laissons aux lectrices et aux lecteurs le plaisir de lire les réponses à ces questions fascinantes et existentielles.

Cette conclusion évoque chez moi L’exubérance, le chapitre initial de L’œil américain écrit par le célèbre poète naturaliste québécois Pierre Morency.

Le livre est complété par les notes et références bibliographiques, et les remerciements.

La mise en page remarquable du livre mérite d’être soulignée.
Les chapitres sont titrés et numérotés. Le texte introductif est précédé d’une citation. L’exposé est développé sous plusieurs sous-titres. Les notes et références sont insérées à la fin du livre. L’ensemble est bien aéré et agréable à lire.
Une trentaine de photos couleur sont insérées au milieu du livre, entre les pages 96 et 97. À quelques exceptions près, ces superbes images ont été produites par la NASA.

Cet ouvrage fourmille de connaissances présentées d’une façon captivante et didactique, mais il rappelle surtout des questions séculaires et suscite des réflexions pertinentes sur l’origine de l’Univers et l’origine de la vie. Un livre absolument passionnant !

Référence

Vauclair, Sylvie. – De l’origine de l’Univers à l’origine de la vie. Une virgule dans l’espace-temps. – Paris : Odile Jacob, 2017. – 188 p. + planches de photos couleur. – ISBN 978-2-7381-3620-6. – [Citations : pp. 9, 12, 13; 22; 39; 57; 149]. – BAnQ : 523.1 V357d 2017.

Image

Nébuleuse du Voile – (Caldwell 34 is the western part of the Veil Nebula). – Crédits : NASA, ESA, and the Hubble Heritage Team. – [Image sur la page de couverture du livre; image reproduite et légendée au n° 15 des planches de photos couleur].

Lecture complémentaire

Morency, Pierre. – L’œil américain. Histoires naturelles du Nouveau Monde. – Illustrations de Pierre Lussier. – Montréal : Boréal, 1989. – 358 p. – ISBN 2-89052-308-X. – [Réédition en 2020; papier : 978-2-7646-2648-1; PDF : 978-2-7646-3648-0; ePub : 978-2-7646-4648-9]. – [L’exubérance, pp. 15-23]. – Bibliothèques de Montréal et BAnQ : 508.714 M et 508.714 M8431o 2020.

Sur la Toile

Sylvie Vauclair (Site de l’astrophysicienne).

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