08 avril 2014

L’archivistique à l’ère du numérique

Les Presses de l’Université du Québec, dans leur collection Gestion de l’information, viennent de publier un livre sur l’état actuel de la discipline archivistique : L’archivistique à l’ère du numérique. Les éléments fondamentaux de la discipline, par Carol Couture et Marcel Lajeunesse.

Introduction

L’introduction présente un survol de l’enseignement de la discipline archivistique aux 19e et 20e siècles, le programme de recherche sur les fondamentaux de l’archivistique mené par les auteurs dans la décennie 1990, et l’impact de la révolution informatique sur les fondamentaux de l’archivistique.

L’ouvrage compte trois parties : Les législations archivistiques et les politiques sur les archives, Les principes et les fonctions archivistiques, La formation et la recherche en archivistique. Au cours de leur travail de recherche et de rédaction, les auteurs ont profité du concours de François Gravel (chapitre 1), Hélène Bernier (chapitre 2) et Ivan Barreau (chapitre 3).

Les législations archivistiques et les politiques sur les archives

Le chapitre initial débute par une longue introduction. Celle-ci résume et réactualise une étude réalisée en 1989-1990 sur les éléments constitutifs des législations et politiques archivistiques dans le monde. Après avoir énuméré les principales sources documentaires et formulé des observations générales, les auteurs analysent huit éléments spécifiques : particularismes nationaux, détermination des décideurs et archivistes, planification stratégique, suivi actif, outils et moyens financiers, harmonisation et cohésion, échéancier, caractère incitatif et coercitif.

Plusieurs considérations font ensuite l’objet de ce chapitre : définitions des archives, autorités de tutelle et organismes nationaux d’archives, contrôle des archives publiques et privées, gestion des archives courantes, intermédiaires et définitives, conservation et restauration des documents, classement et description des archives, libre accès aux documents et restrictions, services de référence et de reprographie, personnel des institutions d’archives, supports spéciaux tels les documents électroniques, sanctions en cas de malveillance. Une conclusion et des références bibliographiques complètent le chapitre.

Les principes et les fonctions archivistiques

Le deuxième chapitre est divisé en deux sections : Les principes archivistiques et Les fonctions archivistiques. Il est complété par une conclusion et de nombreuses références bibliographiques.

Le concept de fonds d’archives (avec ses composantes, séries, sous-séries, dossiers et pièces) et le respect des fonds d’archives demeurent les principes de base de l’archivistique contemporaine. À cet égard, les auteurs formulent plusieurs réflexions dont certaines ont trait aux idées postmodernistes inspirées des écrits du philosophe Jacques Derrida. Les autres principes de l’archivistique sont ensuite cités : territorialité, cycle de vie des archives, lien entre activités et création d’archives, intervention en amont.

Chacune des multiples fonctions archivistiques fait l’objet d’une analyse détaillée dans le nouveau contexte du numérique et de l’informatisation de la société (points particuliers) : création (métadonnées), évaluation (macroévaluation, modèle pansociétal, microévaluation, analyse des besoins et calendriers), acquisition (sites sur la Toile), classification (fonds d’archives, classification fonctionnelle, mixte, à facettes), description (normalisation, besoins des usagers et instruments de recherche, contributions des usagers), diffusion (expositions virtuelles, réseaux sociaux, numérisation) et préservation (patrimoine numérique, projet InterPARES, concertation) des documents.

La formation et la recherche en archivistique

Le troisième chapitre contient trois sections : Le rappel des principales conclusions de l’étude de 1999, La formation en archivistique durant la période 2000-2012 et La recherche en archivistique durant la période 2000-2012. Plusieurs annexes et des références bibliographiques suivent la conclusion de ce chapitre.

La situation actuelle de la formation et de la recherche en archivistique dans le monde est analysée en fonction du chemin parcouru depuis 1999. Les auteurs visent à dresser un tableau des tendances récentes dans ces deux domaines.

Sous le volet de la formation en archivistique, deux aspects sont abordés : les éléments d’organisation (institutions de rattachement, ressources humaines, matérielles et associatives) et les éléments reliés à l’enseignement (méthodes, formation à distance; programmes, matières, stages). Plusieurs données statistiques viennent étayer les propos des auteurs.

Sous le second volet, les auteurs dégagent d’abord deux caractéristiques générales : l’émergence du courant postmoderniste et l’explosion numérique. Ils poursuivent leur étude sur la recherche en archivistique en traitant des typologies thématiques, de la diffusion, de la méthodologie et de l’aide à la recherche. Ils s’attardent finalement à l’importance du numérique dans la recherche. À titre d’exemple prioritaire, les trois phases du projet InterPARES sont décrites avec minutie, sous trois aspects : organisation et financement, méthodologie et questions de recherche, résultats obtenus. D’autres projets de recherche sont ensuite esquissés.

La conclusion de ce chapitre est aussi nuancée que positive. Ainsi, continuités et changements caractérisent l’évolution de l’archivistique depuis 1999. D’une part, la poursuite de l’ « académisation », la présence traditionnelle de l’histoire et un très relatif accroissement des effectifs professoraux. D’autre part, l’impact du numérique, le surgissement du postmodernisme en archivistique, le plus grand nombre de doctorants et le rayonnement de leurs recherches, de nouveaux moyens pédagogiques (la formation à distance, en particulier), et le développement de l’archivistique en Asie orientale.

Appréciation

Tout au long de leur exposé méticuleux, basé sur des sources documentaires exhaustives, les auteurs commentent leurs objets d’analyse en formulant des recommandations précises, voire prescriptives. À cet égard, leur étude peut être considérée comme un guide d’action en vue de parfaire la discipline archivistique.

Les archivistes trouveront dans ce livre une synthèse utile dans l’exercice de leur profession. Chez les étudiants en archivistique, cet ouvrage favorisera une vision systémique de leur champ d’études. Les autres lecteurs auront le plaisir de découvrir le devenir de l’archivistique, ses fondamentaux et son rôle marquant au sein d’une société désormais informatisée.

Référence

Couture, Carol; Lajeunesse, Marcel. – L’archivistique à l’ère du numérique. Les éléments fondamentaux de la discipline. – Québec : Les Presses de l’Université du Québec, 2014. – xvi, 278p. – (Gestion de l'information). – ISBN 978-2-7605-3998-3. – BAnQ : 025.1714 C872a 2014. – [Les nombreux hyperliens indiqués dans les références bibliographiques sont actifs dans la version numérique.]

Sur la Toile

Quelques-uns des sites cités dans L’archivistique à l’ère du numérique :

Conseil international des archives (ICA)
École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI)
École des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (EBAD)
International Research on Permanent Authentic Records in Electronic Systems (InterPARES)
Portail international archivistique francophone (PIAF)

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