16 janvier 2013

L’audace de Robert Lepage

Dans la collection The Metropolitan Opera HD Live, la maison Deutsche Grammophon vient de produire un disque Blu-ray intitulé Le rêve de Wagner. Ce documentaire de 114 minutes raconte la genèse de L’Anneau du Nibelung mis en scène par Robert Lepage et Ex Machina.

Avant de visionner le film, il est intéressant de lire le livret d’accompagnement. Celui-ci contient deux textes. Le premier souligne la perspective dans laquelle le metteur en scène québécois a réalisé son œuvre. Le second présente une entrevue de Matt Dobkin avec les réalisateurs du disque, Susan Froemke et Bob Eisenhardt.

Le prologue met en lumière les défis inhérents à la production de L’Anneau du Nibelung, un cycle de quatre opéras d’une durée de seize heures. La complexité de l’histoire est ainsi résumée : « C’est une parodie de la création et de la destruction du monde au cours de laquelle la quête de l’or précipite la chute des dieux et l’avènement de l’ère des hommes.»

Tout le film est centré sur la conception, la production, la mise en place et l’utilisation de la machine tectonique d’Ex Machina. Mais ce fil conducteur est subordonné à la vision cosmique de Richard Wagner réinterprétée par Robert Lepage. Comme l’illustre merveilleusement bien le documentaire, le scénariste québécois puise largement son inspiration dans l’Edda poétique, les sagas islandaises, la topographie tumultueuse de l’Islande et les leitmotive de Wagner.

Au cours de chacune des premières des quatre opéras, des problèmes ont surgi. Le plus important est survenu au cours de la première de L’Or du Rhin lorsque la machine s’est bloquée. Au début de La Walkyrie, la soprano Deborah Voigt est tombée en s’enfargeant dans sa longue robe. Après ces deux opéras, le chef d’orchestre James Levine a dû céder sa place à Fabio Luisi, tandis que le ténor Jay Hunter Morris a joué le rôle de Siegfried au pied levé.

L’appropriation de la machine par les responsables, techniciens, musiciens et chanteurs du Metropolitan Opera, à New York, est démontrée d’une façon exemplaire. Ces épisodes mettent bien en évidence tous les risques pris par Robert Lepage et assumés par la direction du Met. Par ailleurs, les attentes de spectateurs types et leurs appréciations consécutives aux prestations des opéras témoignent de leurs appréhensions initiales et de leurs satisfactions finales.

Face à cette réalisation inouïe, on ne peut qu’admirer l’audace de Robert Lepage et l’ingéniosité des artisans d’Ex Machina. Le documentaire Le rêve de Wagner rend bien compte de leurs prodiges.

Référence

Eisenhardt, Bob; Froemke, Susan; dir. – Wagner’s Dream. The Making of The Metropolitan Opera’s New Der Ring Des Nibelunge. – Berlin : Deutsche Grammophon GmbH, 2012. – (The Metropolitan Opera HD Live). – Disque Blu-ray (114 min) + livret 16p. – N° 00440 073 4851 GH. – (Sous-titres en allemand, anglais, chinois, espagnol et français). – BAnQ : 782.1 W135r 2012. – [Ce disque est vendu séparément ou dans un coffret contenant aussi les quatre opéras de la tétralogie.]

Sur la Toile

Ex Machina (Der Ring des Nibelungen)
The Metropolitan Opera (Met)
Der Ring des Nibelungen (The Opera Critic) (2012)
Le nouveau RING, à New York (Philippe Hemsen)
Quand Lepage raconte le Ring (Radio-Canada)

Articles connexes

L'Anneau du Nibelung (Wagner)
La tétralogie de Richard Wagner

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